ISSN

ISSN 2496-9346

lundi 30 juillet 2012

Enigme : à quoi sert cet équipement?

Nouvelle énigme du lundi avec cette photographie extraite d'un livre datant de 1917:


dimanche 29 juillet 2012

Les dimanches de l'abbé Bethléem 4 : Août 1908 : La Roue fulgurante de Jean de la Hire et autres textes

Nous poursuivons notre exploration de la revue Romans-Revue dirigée par l'abbé Bethléem avec le mois d'août 1908. Ce numéro d'août 1908 de Romans-Revue est plutôt intéressant pour l'amateur d'anticipation ancienne avec dans la partie "Romans à lire" La Roue Fulgurante de Jean de La Hire (article de R. Varède) :
Et les livres à lire?

Ma foi, ils sont aussi rares, ou presque, que les gelées en août.
CouvertureLes auteurs ont chômé. Ils nous ont dit des aventures galantes, autant et plus qu'on en désirait, ils ont ressassé de vieilles histoires bien connues, ils ont écrit des diatribes et des plaidoyers, dissimulés sous des récits d'amours ardentes et de passion. Cela pour une partie de nôtre société, celle qui veut sonder ses corruptions, celle qui se plaît aux idylles mondaines. Et les autres, la grande majorité ? Hélas ! on les a oubliés.
Est-ce que tous, même les plus petits, ne sont pas capables aujourd'hui de connaître la vérité, même et surtout laide, la réalité brutale ? Est-ce que l'on se gêne tant que cela pour les plus jeunes sur nos plages à la mode et dans nos casinos? Allez donc y voir plutôt.
Quand je vous disais que notre littérature est une littérature de villes d'eau et de bains de mer.
Donc, parmi cent que j'ai explorés, — car je n'ai pas la prétention de tout voir et de tout dire, — un seul livre à lire. Il serait pour tous absolument, n'étaient une ou deux pages d'ailleurs à peine utiles au récit.
Roman extraordinaire et fantasque comme ceux de Wells, instructif parfois et à tendances scientifiques comme ceux de Jules Verne, ce livre de Jean de la Hire dont les lecteurs du Matin ont eu la primeur.
Ce sont les aventures de quatre hommes et d'une jeune fille dans la planète Mercure. Il serait trop long de dire comment ils y sont emportés, ce qu'ils voient d'étrange et d'horrible, comment ils en descendent enfin, sauves par un spirite hindou, le grand héros du livre.
L'imagination y abonde et à chaque page. Et l'on est tenté parfois d'oublier ce que le récit a d'invraisemblable et de déconcertant, tant l'auteur semble souvent se prendre au sérieux.
C'est là un vrai roman d'aventures scientifiques, comme nous en avons peu chez nous. Jules Verne est évidemment dépassé, et de beaucoup, en étrangeté et en singularité, par M. Jean de la Hire.





Il est aussi fait mention du roman de Michel Corday Mariage de demain dont le titre est semble-t-il un faux ami (Corday a écrit des textes d'anticipation : voir sa bibliographie sur BDFI ).

Dans « Les pièces de théâtre », Alexis Cornu décrit le vaudeville Peter Pan, monté par l'impresario Ch. Trohman d'après Barrie, comme une « curieuse féérie enfantine. »
« A travers les revues » signale la parution des nouvelles fantastiques « La vieille Agneta» de Selma Lagerlof (4 juillet 1908) et « Le fantôme » d'Eugène Vernon dans la Revue Bleue (11 juillet 1908) et de l'article « Ogres et Ogresses » de Rémy Saint-Maurice (25 juillet 1908)

A dimanche prochain !

A lire sur ArchéoSF:

Les dimanches de l'abbé Bethléem 1: mars-mai 1908
Les dimanches de l'abbé Bethléem 2: juin 1908
Les dimanches de l'abbé Bethléem 3 : juillet 1908 : contre les récits d'Indiens, de trappeurs, de détectives, etc.!

vendredi 27 juillet 2012

Le baccalauréat clinique en l'an 3000

Une petite carte (ou un buvard?) publicitaire pour les cours Fides propose une anticipation des futurs examens avec le baccalauréat clinique en l'an 3000!




jeudi 26 juillet 2012

Le Sphinx des glaces de Jules Verne, illustration de Georges Dutriac

Dès la page de garde émerge dans la brume le Sphinx des glaces pour ce cartonnage publié aux éditions Hachette en 1931. Peintre, illustrateur, aquarelliste mais surtout anonyme... on rencontre sa signature dans de nombreux ouvrages pour des gravures d'illustrations. Dutriac (1866-1958) a illustré de nombreuses oeuvres de Jules Verne - on retrouve ses gravures des cartonnages anciens jusqu'à la bibliothèque verte - et du domaine populaire en volume (il a illustré le Capitaine Danrit) ou en revue (pour Lecture pour tous par exemple). Et pourtant on sait bien peu de choses sur lui. 
Un site consacré à la Semaine de Suzette, revue enfantine à laquelle il a collaboré, nous donne quelques informations dans cet article.




mercredi 25 juillet 2012

Capitaine Danrit : Le Jules Verne militaire




Capitaine Danrit. La Guerre fatale, grande publication illustrée à 10c... : [affiche] / [non identifié] - 1
Dans le prochain numéro de Galaxies Science Fiction, la rubrique « Le Bouquineur » se penchera sur l'oeuvre du Capitaine Danrit. En voici un extrait:

Le Capitaine Danrit, de son vrai nom Emile Auguste Cyprien Driant (1855-1916), fut surnommé par Jean-Jacques Bridenne « l'utopiste de la guerre ». Car Danrit a une obsession: la guerre, la guerre, la guerre! Partout, tout le temps et contre tous...

« Le Jules Verne militaire »
Il produit de vastes « fresques guerrières », pour reprendre l'expression de Pierre Versins, qui comptent des centaines de pages : 2827 pour La Guerre de demain, 1279 pour L'Invasion noire, 1192 pour La Guerre fatale ou encore 1000 pour L'Invasion jaune. Les titres même donnent une idée du contenu : guerres futures dans lesquelles l'ennemi c'est l'autre, l'étranger: Allemands, Anglo-saxons, Noirs ou Asiatiques. Ces œuvres ne brillent pas pour leurs qualités littéraires, ce sont souvent de mauvais feuilletons mâtinés de passages théoriques, mais l'intérêt qu'il porte aux progrès techniques lui fait imaginer de multiples inventions comme les ballons métalliques, les forteresses cuirassées, les gaz toxiques et armes bactériologiques,...
[...]
Difficile dans cette production fort cohérente de faire un choix. Difficile aussi d'accéder à cette œuvre sans la juger après les deux guerres mondiales parce que Driant est l'exemple même de toutes les haines et rancœurs de son temps. Marqué par la défaite de 1870, il est anti-allemand, choqué par l'incident de Fachoda notamment, il est anti-anglais, angoissé par la démographie des peuples émergents, il verse facilement dans le racisme anti-noir et anti-asiatique, il est encore ennemi de tout ce qui représente à ses yeux l'anti-France: francs-maçons, instituteurs laïques, journalistes qui vont trop peu d'efforts pour la Nation. Rappelons que ces œuvres violentes pleines de batailles furieuses, de sang versé et de joyeux massacres étaient destinées à fortifier le patriotisme de la jeunesse française, que le succès fut au rendez-vous et que nombre d'élèves du début du XXe siècle eurent comme livres de prix des livres de Driant/Danrit.

A lire sur ArchéoSF:
Affiche publicitaire pour La Guerre de demain ( 1889 )
Capitaine Danrit, « Le cyclisme militaire aujourd'hui et demain » (1894), article à tendance conjecturale 

lundi 23 juillet 2012

Enigme : A quoi sert ce matériel ?

Une gravure extraite d'une revue du début du XXe siècle nous présente une table et du matériel. Mais à quoi sert cet équipement ?




Source de l'image: Gallica

dimanche 22 juillet 2012

Les dimanches de l'abbé Bethléem 3 : juillet 1908 : contre les récits d'Indiens, de trappeurs, de détectives, etc.!

Pour ce troisième volet des dimanches de l'abbé Bethléem, nous nous permettrons de nous écarter de la voie conjecturale pour nous déplacer vers le domaine des périodiques populaires pour la jeunesse car le numéro de juillet contient un long article consacré aux séries Buffalo Bill, Marc Jordan, Nick carter, Sitting Bull, etc. qui attaque vigoureusement les publications des éditions Eichler parues entre 1907 et 1914. 



Passons donc sur le roman de Conan Doyle Un Drame sous Napoléon, (catégorie «romans mondains ») et plongeons nous dans la section « Les ravages des magazines». Après avoir éreinté les périodiques La Vie heureuse, Lectures pour tous et Nos Loisirs, E.D. se penche sur le cas des publications pour la jeunesse :

« Buffalo-Bill », « Marc Jordan », « Nick Carter », « Sitting Bull » et autres magazines d'Indiens, de trappeurs, de détectives, etc.

Je ne crois pas qu'il soit possible ni qu'il soit bon de proscrire le roman de nos bibliothèques scolaires et populaires, ainsi que certains le prétendent... Au temps de l'adolescence et de la jeunesse, l'imagination a besoin d'être nourrie et dirigée. Mais vraiment les publications dont je parle ne nourrissent ni ne dirigent: elles surexcitent, elles dévergondent et elles égarent. On a vu des jeunes garçons s'échapper de la maison paternelle pour se rendre dans un coin solitaire entouré d'arbres, et là, tatoués avec de l'encre, des plumes de poule dans les cheveux, ils brandissaient des arcs et des flèches et dansaient, autour d'un feu, à la façon des Peaux-Rouges, une danse guerrière. On sourirait, si c'était le jeu d'une heure. Mais ces adolescents vivent tous les jours de cette vie là.

Au dévergondage de l'imagination se joint la perversion du goût : René Bazin « scie » ; Jules Verne lui-même ennuie. Il faut, pour parcourir ces auteurs, un effort d'intelligence que Nick Carter ne réclame pas. Et voici que ces publications remplissent la serviette de nos collégiens, gonflent les poches de nos apprentis, tandis que, assemblés par dizaines, les gamins de nos rues stationnent devant les étalages et se repaissent, le nez en l'air, des abominables gravures de rapt, de vol, de vengeance, de meurtre — de la boue et du sang — des journaux illustrés. Ces innombrables productions forment le digne pendant des cartes postales absurdes de la camelote des bazars, des fanfreluches criardes, des statuettes de carton-pierre, de toutes les abominations que l'on ose prôner parfois sous le nom « d'art à bon marché » et « de littérature populaire ». Et, en effet, une maison allemande, qui gagne gros, en étudiant ces récits pseudoaméricains, a eu l'audace de s'intituler « librairie d'art et de littérature populaire ». Ceux-là qui ont le sourire facile lorsqu'on prône l'éducation du goût par l'image et par le livre, lorsqu'on parle d'art pour le peuple, d'esthétique populaire, au lieu de réfléchir et, au besoin, de faire la part des exagérations, sourient et « blaguent» les innocentes manies des pédagogues et des moralistes. Ils oublient que tout se tient dans la vie, individuelle ou sociale, et que la dépravation du goût, dans le public, est toujours accompagnée de l'abaissement de la moralité générale.

Je sais aussi des pères de famille qui ne rient pas ou qui ne rient plus. Un jeune homme d'intelligence supérieure et de délicate sensibilité est en train de gâter sa vie, grâce aux histoires d'Indiens. Il prétend, il veut, d'une volonté qu'on pourra amollir peut-être, mais qu'on ne brisera pas, quitter sa famille et sa patrie pour pouvoir embrasser une carrière de second, de troisième ordre même, où rien de ce qui constitue la richesse de son admirable personnalité ne sera mis en valeur, mais qui lui permettra d'exercer l'énergie brutale qu'il adore en Buffallo Bill et de courir, dans des pays étranges et inconnus, des aventures à l'instar de ses héros favoris.

Or, j'ai bien des raisons de croire que cette déviation de la volonté n'est pas un fait unique dans l'histoire des lecteurs de ces récits d'apaches.
Et qui sait si ces récits d'apaches ne créent pas, précisément, des vocations d'apaches? Les juristes qui étudient les causes de l'augmentation de la criminalité juvénile y ont-ils songé ? Oui, ils y ont songé. Mais les mamans qui ne s'effarouchent guère dès que les livres que lisent leurs fils, ne contiennent pas de mots grossiers, ni de phrases malséantes ; les pères, qui ne se préoccupent que de leurs affaires et du bel héritage sonnant qu'ils laisseront à leur progéniture; et non point du cœur, de l'esprit, de l'âme qu'ils doivent élever,.ne lisent point les doctes élucubrations des criminalistes. On a tort d'être indifférents ; on à tort surtout de sourire. Si ceux de nos enfants qui rêvent aux exploits des Sioux et des détectives n'aboutissent pas tous à ces conséquences extrêmes, chez tous, cependant, de telles- lectures provoquent une diminution de leur valeur intellectuelle et morale de leur personnalité.
Quelques images des couvertures de ces fascicules publiés au début du XXe siècle:


Dans les "Comptes-rendus et fiches pratiques" relevons la critique suivante d'un ouvrage contenant des éléments conjecturaux dans la section « romans mauvais ou réservés » signée R. Rambaud:

Pour lire en traîneau, nouvelles entraînantes, par Paul-Théodore VIBERT (Berger-Levrault et Cie). — Livre d'un anticlérical-maniaque qui se croit un génie.

Signalons , à destination des amateurs de littérature policière, qu'il y a une critique de Coupable ? de W. Le Queux

Enfin « A travers les périodiques » annonce de la parution de l'article « La Planète Mars, siège de la vie » de Camille Flammarion et d'un article de Regouly : « Peter Pan en France », jolie pièce de M. Barrie, joué en anglais à Paris, pour enfants, c'est une histoire « croque-mitainesque » et dans la revue Illustration (13 juin 1908), d'un article de l'Abbé Moreux (vugarisateur scientifique fécond) : « Les êtres géants de l'époque secondaire », par l'abbé Th. MOREUX, avec 12 dessins ou schémas dans Le Mois Littéraire et pittoresque de juillet 1908.

A dimanche prochain !


A lire sur ArchéoSF:



samedi 21 juillet 2012

Michel Jules Verne, Zig-Zags à travers la science

Fichier:Michel Verne.jpg 

Michel Jules Verne (1861-1925) est bien sûr célèbre pour être le fils de Jules Verne, l'auteur des Voyages Extraordinaires. C'est aussi l'auteur d'un roman. Le Volcan d'or est signé Jules Verne mais Michel l'a réécrit, modifiant profondément le sens), co-auteur de différents romans et nouvelles datant de la fin de la carrière de son père et d'articles et nouvelles signés sous son nom. 
On doit à Michel Jules Verne une série d'articles publiés dans le supplément littéraire du Figaro en 1888. Si Un express de l'avenir est régulièrement réédité, les huit autres textes sont plus rarement repris.

Publie.net propose pour la première fois en numérique [edit du 25/11/2015: désormais disponible en version papier avec L'Eternel Adam] le recueil complet de Zigzags à travers la science. Une occasion de (re)découvrir une oeuvre fortement marquée par la science et qui propose souvent des aspects science-fictionnels plus audacieux que ceux développés par Jules Verne.

Zigzags à travers la science est disponible sur le site publie.net, sur les sites des librairies epagine.fr, Librairie Immatériel, et Amazon, Fnac, Virgin,...



Image: Michel Verne jeune (source: Collection Fermann [Allemagne])

Maurice Leblanc, Les Trois yeux

L'oeuvre de Maurice Leblanc ne se résume pas à Arsène Lupin. Aux côtés du gentleman-cambrioleur d'autres personnages vivent, aiment, meurent parfois.

Maurice Leblanc en quittant pour un temps l’univers lupinien nous entraîne avec Les Trois Yeux dans le domaine de ce merveilleux scientifique théorisé par un autre Maurice, Maurice Renard: « Il n’y a de merveille que dans le mystère, dans l’inexpliqué. Tout prodige cesse d’en être un aussitôt que nous pénétrons ses causes réelles et sa véritable nature, dès qu’il passe du ressort de l’ignorance ou de celui du doute dans celui de la science. » Car derrière l’étrange se cache la science et l’écran sur lequel apparaissent les Trois Yeux est l’image même de ce merveilleux scientifique qui « brise notre habitude et nous transporte sur d’autres points de vue, hors de nous-mêmes.»

Les Trois Yeux est désormais disponible aux éditions Publie.net dans la collection ArchéoSF.


Lire une critique de cette édition numérique: ICI

jeudi 19 juillet 2012

Jules Verne, De la Terre à la Lune par Jean Routier (1950)

L'illustrateur Jean Routier offre une très belle illustration pour la jaquette du volume de la Bibliothèque Verte De la Terre à la Lune chez Hachette en 1950:


mardi 17 juillet 2012

Un simulateur de tir cinématographique ( 1912 )

Une image assez étonnante aujourd'hui sur ArchéoSF avec un simulateur de tir cinématographique (1912) 

Le Petit journal. Supplément du dimanche






Le Petit Journal. Supplément illustré, dimanche 30 juin 1912
Source: Gallica

dimanche 15 juillet 2012

Les dimanches de l'abbé Bethléem 2 : juin 1908 Jean Blaize : Rêve de lumière & Jules Verne, La Chasse au Météore

Chaque dimanche, ArchéoSF vous présente des extraits de Romans-Revue, périodique dirigé par l'abbé Bethléem. Il ne s'agit pas ici de faire la critique de l'oeuvre du bon abbé Bethléem mais d'y rechercher les oeuvres relevant du domaine de la science-fiction et d'y retrouver les jugements émis à l'époque de leur parution.


Le numéro du mois de juin 1908 est particulièrement riche avec deux romans conjecturaux (pour l'un ce doit être très marginal) chroniqués et quelques varia.

La rubrique « A travers les livres du mois » est signé R. Varède et donne deux ouvrages pouvant nous intéresser.

Le numéro mentionne tout d'abord un roman classé dans la catégorie « Romans mondains» qui recèlerait quelques pages utopiques : Jean Blaize (auteur né sur l'île Maurice en 1860 et mort à Versailles en 1937), Rêve de Lumière aux éditions Plon, Nourrit et Cie (1908)

Le nouveau roman de M. Jean Blaize débute par un mariage, mais il s'achève en drame, en catastrophes. Le monde, mes amis, a de terribles dessous.

Le rêvé de lumière n'est pas, comme on serait tenté de le croire d'abord, celui d'Olivier Gerdeuil, le fils du grand industriel député, qui abandonne des relations suspectes pour épouser la fille d'un aristocrate, Christiane de Verse. C'est celui qu'il ébauche quand il se prépare à résoudre la question sociale, à se dévouer pour les humbles et les petits. Projets grandioses, utopies généreuses ne peuvent se réaliser. Un beau-frère jaloux l'entraîne au fond des flots où tous deux se baignent. Christiane, qui vient de donner un fils au foyer naissant, meurt en apprenant la lugubre nouvelle.

Mais le fils vivra et accomplira les desseins paternels.

Il y a donc une idylle, puis un long essai de réforme sociale, et enfin un drame horrible, dans ce roman. C'est beaucoup : il est touffu et long. C'est trop : l'esprit est désorienté en allant d'une partie à l'autre et ne voit pas le lien logique qui unit les pages.
Les discussions religieuses y côtoient les dissertations politiques. Sans ennui pourtant. Car la manière de M. J. Blaize n'est pas sans charme. Son livre, décousu un peu, est écrit.

Et ce dernier jugement : « Rêve de lumière est d'un progressisme extravagant jusqu'à l'utopie ».

La Chasse au météore de Jules Verne, paru en 1908, quant à lui, est classé dans les «romans à lire »

La Chasse au Météore, roman aux allures scientifiques, aux aventures étonnantes et merveilleuses, instructif et amusant qui fait regretter davantage encore le délicieux écrivain qui charma les jeunes gens et les enfants...

Deux savants-amateurs d'Amérique découvrent en même temps un météore. C'est un bolide d'or qui ferait la fortune du monde. Il les rend malheureux : ils se jalousent, ils rompent le mariage projeté entre leur neveu et leur fille. Mais un Français original a inventé une machine qui attire vers la terre ce météore fabuleux. Il tombe enfin au Groenland, a deux pas du savant français. Celui-ci, apprenant les troubles et les disputés causés par ce bolide, dédaigneux de l'argent, l'attire vers la mer où il s'effondre enfin.

Tout le monde alors se réconcilie. Suivent un mariage et un divorce bien américains.

Cette histoire invraisemblable est aimablement contée, vivante et mouvementée. Elle fera les délices des jeunes lecteurs, et des autres, tout en leur apprenant, morale pratique, que l'or est bien loin de faire le bonheur.

Pour l'anecdote on relèvera dans « A travers les périodiques » la mention d'un article sur le diabolo comparé entre autres choses à un « monstre infime de l'espace, oiseau de la planète Mars » paru dans L'Illustration du 16 mai 1908 :

H. LAVEDAN : Courrier de Paris. — Sur le « diabolo». « Une fois parti, cet étrange objet, ce double disque de caoutchouc, selon la main qui lui imprime le vol, la direction et la vie, prend en l'air les aspects les plus variés. Tour à tour, c'est une alouette qui monte et à laquelle il ne manque que de chanter ou bien un bouchon de Champagne qui semble sauter tout droit du goulot de quelque invisible et féerique bouteille, ou une noire chauve-souris, ou bien une manière de champignon, de cèpe ailé, monstre infime de l'espace, oiseau de la planète de Mars, et rien n'est plus curieux que de le voir, innombrable, monter et redescendre alternativement sans bruit, dans un incessant va-et-vient de chandelles romaines. »

Pour finir cette question d'un lecteur:

Ne pourriez-vous pas donner une classification des illustrés qui se vendent à profusion dans les bibliothèques des gares ?

On trouverait-là des renseignements précieux et un moyen de prémunir la jeunesse trop friande de ces publications. Ce serait opportun avant l'ouverture des vacances.

R. — Ah ! s'il suffisait de renseigner la jeunesse pour la prémunir !

Nous avons sous les yeux la « liste des journaux et publications dont le transport par chemin de fer est interdit en Belgique.» : c'est une série d'illustrés obscènes dont les titres mêmes sont scandaleux.
Nous ne la publierons pas. Nec nominetur in vobis. Nous plaignons les jeunes gens qui achètent dans les gares tout ce qui frappe leurs regards.

A dimanche prochain !

A lire sur ArchéoSF:

samedi 14 juillet 2012

Une anthologie essentielle : Chasseurs de chimères


Couverture

Omnibus a édité quelques volumes qui intéressent l'amateur d'anticipation ancienne.

Chasseurs de chimères (2006), anthologie réunie par Serge Lehman pour les éditions Omnibus comprend des textes essentiels, certains d'auteurs connus, d'autres d'auteurs à redécouvrir. Une excellente entrée en matière pour qui veut découvrir le vaste domaine de la SF ancienne et un moyen peu onéreux pour l'amateur d'avoir sous la main des textes parfois difficiles à trouver en édition originale.


Quatrième de couverture:


J.-H. Rosny-Aîné, Les Xipéhuz - Jean de La Hire, La Roue fulgurante - Octave Béliard, La Découverte de Paris - Maurice Renard, Le Péril bleu - Michel Epuy, Anthéa - Jean d'Esme, Les Dieux rouges - Claude David, Après la grande migration - Raoul Brémond, Par-delà l'univers - André Maurois, Le Peseur d'âmes - Jacques Spitz, Les Signaux du soleil - B.R. Bruss, L'Apparition des surhommes.
L'irruption des auteurs américains et la création des grandes collections qui vont dominer la scène et populariser le genre ne doivent pas faire oublier l'existence d'une veine francophone de la science-fiction, une école originale, vivante, qui forme un patrimoine littéraire à redécouvrir.
Démontrant une modernité insoupçonnée, les romans et nouvelles qui composent ce recueil abordent — et parfois inventent — la plupart des thèmes classiques du genre : le contact avec une entité extraterrestre (Les Xipéhuz), le space opera (La Roue fulgurante), la lutte contre des envahisseurs invisibles (Le Péril bleu), la survie d'hommes préhistoriques à notre époque (Les Dieux rouges), la conscience artificielle (Après la grande migration), l'immortalité de l'esprit (Le Peseur d'âmes), la menace de l'extermination (Les Signaux du soleil) ou la domination d'une espèce (L'Apparition des surhommes)...
Sélectionnés parmi des milliers de titres, les romans qui composent cette anthologie brossent un panorama passionnant de la science-fiction avant la lettre.




A lire sur ArchéoSF:

Sur Rosny-Aîné: 

La Guerre des règnes (anthologie réunie par Serge Lehman)
Le Roman scientifique de JH Rosny par Georges Casella


Sur Jean de La Hire:
Emmanuel Gorlier, Nyctalope ! L'Univers extravagant de Jean de La HireJean de La Hire, Le Mystère des XV


Sur Octave Béliard:
Octave Béliard, L'ombre sur le livre


Sur Maurice Renard:
Sylvie Testud est Roxanna Orlac (sur l'adaptation des Mains d'Orlac)
Sur les éditions Omnibus:


Edgar Rice Burroughs, La Légende de Tarzan



vendredi 13 juillet 2012

[Réédition] Edgar Rice Burroughs, La Légende de Tarzan

Après la réédition de plusieurs aventures de la série John Carter (of Mars), on ne peut que se réjouir de la nouvelle initiative d'Omnibus qui réédite plusieurs titres de la série Tarzan dans le volume La Légende de Tarzan (parution en septembre 2012) Ce ne sont sans doute pas les plus conjecturaux qui soient mais on peut espérer que le cycle complet sera un jour accessible en français...

Source: BDFI

jeudi 12 juillet 2012

Jacques Pascal, Si le chemin de fer... (1934)


Couverture
La revue Lectures pour tous recèle de nombreux textes conjecturaux. Jacques van Herp en a fait le relevé pour la période 1905-1925 dans Je Sais tout le roi des magazines, éditions Recto Verso, Bruxelles, 1986.


Lectures pour tous paraît de 1898 à 1974. Revue bimensuelle elle absorbe Le Tour du monde en 1930 puis Je sais tout (son grand concurrent) en 1939. Elle devient hebdomadaire en 1954. En 1971 elle fusionne avec Constellation et disparaît en 1974.

Dans ces centaines de numéros, l'amateur d'anticipation trouve ici et là des articles, des nouvelles et mêmes des romans  conjecturaux. C'est le cas de l'article d'anticipation "Si le chemin de fer..." signé Jacques Pascal paru dans le numéro de janvier 1934.



Jacques Pascal postule que le chemin de fer est conçu longtemps après l'automobile. Il suit ici une affirmation d'un responsable de réseau ferré : « Si le chemin de fer avait été inventé après l’automobile, on aurait affirmé que le chemin de fer était un progrès sur l’automobile. ». 

En 1950 les routes sont fort encombrées et les accidents très nombreux. Mais les mesures de sécurité (comme le contrôle technique des véhicules!) sont onéreuses et les compagnies d'autoroutes déficitaires.

Heureusement outre-atlantique on vient d'inventer des véhicules qui circulent sur des rails ! Oui des Railways ! Poussée par de puissants lobbies, cette nouvelle technologie, le chemin de fer, est en train de détrôner la reine automobile. Sentant la concurrence désastreuse pour elles, les compagnies d'autoroute se lancent dans la construction de voies ferrées. Et l'on affirme alors : « Si l’automobile avait été inventée après le chemin de fer, on aurait affirmé que l’automobile était un progrès sur le chemin de fer. »

Le texte de cet article illustré est disponible dans la section "Téléchargement" d'ArchéoSF.





mercredi 11 juillet 2012

Octave Béliard, L'ombre sur le livre

Les amateurs d'anticipation ancienne connaissent bien le nom d'Octave Béliard. Il fut le premier a obtenir le prix Jules Verne avec La Petite fille de Michel Strogoff en 1927 et on lui doit Les Petits hommes de la pinède (1929) qui est un chef-d'oeuvre ainsi que des nouvelles de science fiction ou fantastiques (bibliographie sur BDFI). Il fut aussi (et surtout) docteur et dans l'article - dont le titre sonne comme celui d'un texte fantastique - qui suit il nous met en garde contre les dangers infectieux que représente le livre ! ce texte est à rapprocher de celui d'Albert Cim, Hygiène des liseurs (1901).




L'ombre sur le livre

La langue, enseignait Esope, est à, la fois ce qu’il y a de meilleur et ce qu’il y a de pire. La même chose pourrait assurément se dire du livre, qui n’est autre, à le bien comprendre, que de la langue en conserve, de la confiture de parole, si l’on préfère. Par conséquent, le bienfait du livre est immense et le mal qu’il peut répandre a une force de diffusion non moins immense.
On a toujours signalé les victimes du livre. Cela s’entend généralement, au moral, des personnes que leurs lectures ont égarées hors du chemin de la raison ou de la vertu. Mais, en qualité de médecin, j’ai en vue d’autres victimes du livre, celles qui le sont au physique ; celles à qui le livre matériel. le « bouquin », assez bien nommé parce qu’il est souvent aussi sale et malodorant qu’un bouc, apporte des maladies infectieuses.
Il n’est pas question de troubler les bibliophiles qui chassent l’introuvable exemplaire d’une édition précieuse. Outre que les livres qu’ils feuillettent dans les librairies spéciales et dans les boîtes des quais ont été purifiés par un très long sommeil sur des rayons oubliés, les chasseurs eux-mêmes, qui sont des adultes, doivent être considérés comme suffisamment immunisés et « mithridatisés » par la lente adaptation aux poisons de la vie. Au demeurant, ils consentent à courir quelques périls, insignifiants au regard des joies que leurs découvertes leur procurent.
Mais c’est à l’enfance qu’il faut songer ; à l’enfance qui est l’âge éminemment vulnérable, qui est guettée par les maladies transmissibles dont l’homme fait a épuisé les risques.
Le livre véhicule de la pensée, rien de mieux ; le livre véhicule des contagions, rien de pire. Aucune raison d’économie ne saurait prévaloir contre le soin élémentaire de donner à chaque écolier des livres neufs, et non des bouquins d’occasion passés de main en main. Il paraît pourtant que ce transfert de livres usagés, provenant la plupart du temps d’inconnus, est d’un usage courant !
Les mœurs ont de ces illogismes. Les hygiénistes interdisent à juste raison les baisers donnés aux enfants par des personnes étrangères à leur famille.
La maman qui conduit son fils à l’école lui fait d’excellentes recommandations pour qu’il n’échange pas, par méprise ou par jeu, sa casquette ou son béret avec le couvre- chef d’un petit camarade qui pourrait avoir la gourme ou des parasites. Et pourtant ces contacts, directs ou par l’intermédiaire d’objets, sont rares, accidentels et fugitifs.

UN DANGER POUR LES PETITS

Nous avons tous été écoliers et nous avons tous jeté les yeux sur des écoliers apprenant leurs leçons, faisant leurs devoirs, ou profitant de l’inattention du surveillant pour bavarder et bayer aux corneilles. Considérez celui-ci qui s’abrite derrière un traité d’arithmétique pour étouffer un bâillement, un éternuement, une quinte de toux, une confidence coupée de rires que le voisin doit seul entendre. Considérez cet autre qui cherche laborieusement dans le dictionnaire la signification d’un mot rare ou l’aoriste d’un verbe irrégulier ; vous le voyez délicatement mouiller son pouce de salive pour tourner les pages rétives.... Cela fait à la longue une tache légère au coin des feuillets, une ombre sur le livre ; et le dictionnaire passant de main en main, de doigt mouillé en doigt mouillé, se charge d’empreintes superposées qui donneraient de l’embarras à M. Bertillon lui-même.
L’élève qui a éternué dans son livre déclarera peut-être une rougeole dans une dizaine de jours et, dans ce cas, il est déjà contagieux ; l’élève qui a toussé montrera peut-être une coqueluche dans deux semaines, et il est dangereux déjà.
Je ne voudrais pas noircir le tableau ; il y a heureusement des bactéries qui, déposées sur le papier, n’y vivent pas longtemps et sont rapidement détruites. Mais il y en a aussi qui, desséchées comme des poussières mortes, se remettent pourtant à vivre, bien des mois après, à la faveur d’un peu d’humidité. Le dernier pouce mouillé qu’on traîne sur la cornière des pages et qu’on reporte ensuite à la bouche a ramassé tout cela.... Il serait catastrophique, songeons-y, que l'enfant sans défiance prit ainsi la tuberculose ou la fièvre typhoïde.
De la longévité des microbes desséchés, on a des exemples stupéfiants. Et l’on connaît des épidémies de scarlatine qui durent leur origine à de petits lambeaux épidermiques tombés de la peau des scarlatineux convalescents et conservés dans les bouquins.
Pour comble d’infortune, les livres les plus dangereux sont, bien entendu, les meilleurs, les plus indiqués dans les programmes d’instruction, parce qu’ils sont les plus étudiés et les plus lus. On risque tout autant de s’intoxiquer avec un Traité de botanique qu’avec des champignons qu’on ne connaît pas et qu’il apprend à connaître, avec un recueil de problèmes sur les racines carrées, qu’avec des racines de ciguë et d’aconit. Le doux Virgile lui-même peut cacher du venin sous les feuilles de l'Enéide, comme l’herbe la plus inoffensive cache un serpent, latet anguis in herba. Et le studieux lycéen, en apprenant par cœur dans son « Théâtre classique » le cinquième acte de Britannicus, risque d’y trouver un poison que Néron n’y fit point verser.
Tout cela, parce que ses parents, qui veillent à ce qu’il se serve d’une brossé à dents strictement personnelle, n’ont pas été suffisamment prévenus que le livre usagé équivaut à peu près, sous le rapport de la propreté, à la brosse de tout le monde.

SÉCURITÉ TROMPEUSE

Encore est-il facile de laver un objet usuel, de le désinfecter, de le faire bouillir. Le livre, lui, est pratiquement réfractaire à la stérilisation, et un passage à l’étuve ne peut être qu’un de ces simulacres de désinfection dont une hygiène de façade se contente et qui nous procurent un fallacieux sentiment de sécurité.
On ne saurait envisager l’exposition à la chaleur humide, héroïque tueuse de microbes à la vérité, mais aussi fort ennemie du papier, et d’où le livre sortirait peut-être parfaitement stérile, mais radicalement inutilisable. Force est donc d’employer l'étuve sèche... qui tue les microbes sur la couverture et sur la tranche du bouquin, mais est bien loin de détruire tous ceux qui pullulent entre les feuillets. A moins que l’on ait la patience de remettre au four le livre ouvert, autant de fois qu’il est nécessaire pour chauffer également toutes les pages. Mais, par ce procédé, combien faudrait-il de temps pour étuver un dictionnaire, et quel serait le prix de cette ahurissante opération ? Le livre tout neuf est à coup sûr meilleur marché.
Personnellement, si j’avais dû utiliser pour mes études des livres déjà feuilletés, par des mains d’étrangers et d’inconnus, j’ai l’impression que j’aurais eu pour eux du dégoût et de l'hostilité. Je ne me flatte pas de n’avoir manipulé que des livres neufs : deux frères m’avaient précédé sur le chemin du baccalauréat et leur bibliothèque devint naturellement la mienne. Mais les programmes n’étant point immuables, chaque année j’avais pourtant la joie de recevoir un petit tas d’ouvrages vierges de tout contact profane, qui sentaient encore la colle et l’encre d’imprimerie. Aucun parfum ne me plaisait mieux que ces discutables odeurs-là, aucune occupation ne me semblait aussi divertissante que de couper les pages de ceux de ces livres qui étaient brochés et d’y lire des passages pris au vol comme si, par une incursion furtive, je préparais mes futures découvertes.
Il me faut avouer que mes parents, qui n’avaient que trop de prétextes à être économes, ne partageaient point entièrement ma joie et eussent bien préféré que mes maîtres montrassent plus d’esprit de suite dans le choix des livres classiques. Mais ils étaient des gens soucieux de propreté, qui ne m’eussent pas mis entre les mains du papier sali et de provenance suspecte, pensant fort justement que les livres neufs coûtent moins que les médicaments et les nuits anxieuses.

Dr OCTAVE BÉLIARD
Texte paru dans Lecture pour tous n°  d'octobre 1933

lundi 9 juillet 2012

Ebenezer Howard, La cité -jardin ( Garden City ), Fin XIXe siècle

En 1898, Ebenezer Howard publie To-morrow : A Peaceful Path to Real Reform (Demain, une vraie réforme par une voie pacifique) ouvrage dans lequel il développe la théorie de la cité-jardin. Contrairement à d'autres utopies architecturales, la cité-jardin va se développer en Angleterre, en France (une quinzaine par exemple en Ile de France sous l'impulsion de l'office HBM de la Seine - une dizaine existe toujours - ou encore à Reims) ou en Belgique.
Le modèle urbanistique des Cités-jardin est notamment popularisé en France par Georges Benoît-Levy avec son ouvrage La Cité-jardin (1904).

France Inter a consacré une émission à la cité Jardin de Stains (disponible en podcast),. Sur cette cité on peut aussi visiter un fort joli site internet.




dimanche 8 juillet 2012

Les dimanches de l'abbé Bethléem 1 : mars-mai 1908

L'abbé Louis Bethléem est l'auteur d'un gros ouvrage intitulé Romans à lire et romans à proscrire qui a connu de nombreuses éditions entre 1905 et 1940 et qui cite selon Jean-Marie Seillan (1) 50.000 titres de 1500 auteurs en 600 pages!
Sous ce pseudonyme de Louis Bethléem on trouve le vicaire de la communauté paroissiale de Cambrai. Pour diffuser la bonne parole, il dirige Romans-Revue (devenu ensuite Revue des lectures). Il serait tentant comme l'indique Jean-Marie Seillan dans son article de relever le bêtisier de l'abbé Bethléem mais ce serait nier les fondements idéologique de l'oeuvre de l'abbé Bethléem qui repose sur une morale intransigeante aujourd'hui dépassée.

Il ne s'agit pas ici de faire la critique de l'oeuvre de l'abbé Bethléem mais d'y rechercher les oeuvres relevant du domaine de la science-fiction et d'y retrouver les jugements émis à l'époque de leur parution.
Pour cela, je dépouille l'intégralité de la collection du périodique Romans-Revue à la recherche des mentions des dites-oeuvres. Tous les dimanches de juillet-août (prolongations possibles!), je présenterai ce que l'on peut y trouver.

Commençons par le début de la collection disponible dans la bibliothèque numérique Gallica avec la période mars-mai 1908.

Mars 1908

Pratiquement rien dans ce numéro à part la mention de la publication d'une nouvelle d'Edgar Poe dans numéro du mois de mars du Mois littéraire et pittoresque dans la section Pages oubliées de «En ballon en l'an 2848 » (texte plus connu sous le titre «Mellonta Tauta» – c'est à dire « ce qui doit arriver », plus littéraire mais moins anticipateur).

Avril 1908:

Une critique de la pièce de théâtre Le Grand soir. Je n'ai pas lu ce texte qui n'est pas répertorié dans les ouvrages de référence consacré à la SF. Il n'est pas sûr qu'il s'agisse d'une anticipation révolutionnaire...

Le grand soir , par Léopold KAMPF, traduction de Robert d'HUMiÈRES. — Drame farouche du révolutionnaire polonais que les mains gantées de la haute bourgeoisie parisienne ont si fort et si longtemps applaudi cet hiver, au théâtre des Arts... Le grand soir est un long cri de révolte et dé haine, poussé contre l'ordre social avec une sauvagerie puissante et convaincue qui a transporté de ravissement les bénéficiaires de là société. L'empressement de notre grand monde à venir frissonner devant cet impressionnant spectacle est, à cent vingt ans d'intervalle, la .réplique assez curieuse des acclamations dont l'aristocratie du XVIIIe siècle accueillait les satires démolissantes du gentilhomme de Beaumarchais, (id.)

Mai 1908:

Dans la section "A travers les périodiques", on trouve deux mentions intéressantes extraites du périodique Le Correspondant, 25 avril 1908 :
1/ un article à tendance conjecturale
2/ un article sur l'inventeur Thomas Edison

Francis MARRE : Si la guerre éclatait demain: Après que d'autres,en grand nombre, ont étudié l'organisation-de la défense nationale, du point de vue de l'armement et de la discipline, M. Marre examine avec des détails précis et suggestifs la question des transports et du ravitaillement.

[...]
J. ARREN: T.-A. Edison, inventeur. Notes anecdotiques sur l'illustre américain. Le génie est une longue patience, disait Buffon, et Edison faisant écho par delà l'Océan déclare : « Le génie est 2 pour 100 d'inspiration et 98 pour 100 de transpiration.» Par là il veut dire que la faculté d'inventer est la faculté de travailler plus que les autres. Il considère que le métier d'inventeur peut s'apprendre comme celui d'acteur ou de médecin. L'étincelle créatrice est dans la plupart des intelligences humaines, mais il faut la développer. Tout le monde ou à peu près naît inventeur ; très peu d'hommes le deviennent parce qu'ils sont trop paresseux pour remuer à terme leur idées.

A dimanche prochain !

(1) Jean-Marie Seillan, "Les derniers feux de la censure catholique en France. Les romans à lire et romans à proscrire de l'Abbé Bethléem", in Jacques Domenech, Censure, autocensure et art d'écrire, Bruxelles, éd. Complexe, 2005