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ISSN 2496-9346

mardi 31 décembre 2013

Enigme du lundi, réponse du mardi

L'énigme du lundi (celle d'hier) proposait cette image:


Extraite de l'encyclopédie Walt Disney "Explorons l'avenir" ( éditions Hachette / Le Livre de Paris, 1973), elle représente un avant-poste au coeur de forêt vierge. On y voit une autoroute, où circulent des voitures contrôlées électroniquement, qui assure les liaisons avec les grandes métropoles. L'avant-poste, sorte de comptoir colonial futuriste, permet de se loger. On y débite du bois précieux récolté dans la jungle. La légende précise en outre : "détail curieux: la maquette de la forêt compte trois millions de feuilles" .
Evidemment tout ceci n'est guère écologiquement correct dans nos années 2013-2014 !

Il existe d'autres images de ce type comme ces machines spéciales qui tranchent les arbres géants comme des fétus de paille à coups de rayons laser...



... ou cette maquette d'engin pour la construction de routes en Amazonie:


lundi 30 décembre 2013

Enigme du lundi : que représente cette image?

Dernière énigme du lundi de l'année 2013 avec cette image: que représente-t-elle?


Merci à tous ceux qui ont joué cette année, en 2014 de nouvelles énigmes du lundi sont prévues !

samedi 28 décembre 2013

Alexandre Raveleau, Nos Années Science-fiction ( 2013 )

La science-fiction à la télé ? Il y en a plein et depuis longtemps ! C'est en tout le sentiment que l'on a en parcourant Nos Années Science-Fiction.
Alexandre Raveleau nous offre un bel album abondamment illustré grâce auquel on se replonge avec délices dans les vieilles séries de SF, du Docteur Who au Prisonnier, de Cosmos 1999 aux Envahisseurs en passant par X-Files, V, La Quatrième dimension ou même Temps X...
Les textes nous permettent de resituer les séries ( en fait j'ai beaucoup vu de rediffusions et il y a parfois un décalage important entre la diffusion de la série dans son pays d'origine et en France) et on admire les nombreuses illustrations avec plaisir.
Il y a quelques petites madeleines à déguster et le livre m'a donné envie de revoir quelques séries.

Présentation de l'éditeur:
Si enfant vous rêviez d'habiter une base lunaire, de commander un vaisseau spatial, de voyager dans le temps, d'affronter des aliens cruels, de traverser des mondes parallèles alors cet ouvrage est fait pour vous. "L'espace, l'ultime frontière... " Ces premiers mots du générique de Star Trek raisonnent encore dans votre tête, cette série mythique totalement révolutionnaire pour l'époque (les années 60) a illuminé vos soirées et surtout votre imaginaire. Que ce soit Buck Rogers, le cosmonaute du 20ème siècle transporté en plein coeur du 25 ème siècle, l'équipe de la station lunaire Alpha de Cosmos 1999, les deux savants visionnaires de Au coeur du temps, l'équipage téméraire de Voyage au fond des mers, les héros incroyables de La Quatrième dimension ou le reporter David Vincent des Envahisseurs, ils ont tous marqué nos mémoires d'enfant ou d'adolescent.   La science-fiction est certainement le genre qui a le plus participé aux bouleversements culturels de la seconde moitié du 20 ème siècle. Les lecteurs, les cinéphiles comme les amateurs du petit écran ne voient plus le monde en deux  mais en trois dimensions. L'horizon est illimité, l'action est propulsée à la vitesse de la lumière. Costumes improblables, décors hallucinés, scénarios délirants, visions d'avenir franchement avant-gardistes... tous les ingrédients qui ont fait la magie de ces séries et films sont réunis dans cet album souvenirs pour vous téléporter loin de ce monde.

vendredi 27 décembre 2013

Pierre Mac Orlan, Les Plaisirs de la Campagne. Souvenirs de 2912


Description de cette image, également commentée ci-après
Pierre Mac Orlan est connu pour des textes relevant de la science-fiction et du fantastique aux côtés d'une vaste production (avec le célèbre Le Quai des brumes) où se mêlent romans d'aventures, contes humoristiques, chansons, essais, mémoires, reportages, etc.
Vers 1910 (sans doute 1912) paru le volume Contes de la pipe en terre ( éditions Librairie Ambert ) contenant « Les plaisirs de la campagne. Souvenirs de 2912 ». Le texte fut réédité au moins deux reprises: dans Le Journal Amusant (en 1928) et dans le Bulletin des Amateurs d'Anticipation Ancienne et de Littérature Fantastique n° 2 et 2 bis ( en 2000 ).
Dans ce conte humoristique, Pierre Mac Orlan imagine une campagne qui n'a plus rien de naturel. C'est un topoï dans l'anticipation ancienne que l'on retrouve décliné par exemple dans Nouvelles de l'avenir de Joseph Méry ( vers 1845) ou dans Un épisode de l'an 2000 ( 1897, texte disponible gratuitement sur ArchéoSF les textes).

LES PLAISIRS DE LA CAMPAGNE
SOUVENIRS DE 2912

Nous n'étions plus très jeunes, Garwell, Flint et moi. Mais l'orgueil de notre vieillesse et sa joie légitime étaient de nous réunir plusieurs fois par semaine pour deviser des choses du passé, ce passé de notre adolescence où tout semblait merveilleux.
L'almanach électrique suspendu dans le studio de Garwell annonçait la date du 7 novembre 2950. Cela ne nous rajeunissait pas, car Garwell était né en 2895, Flint en 2897 et moi en 2899. Nous nous suivions de près, et c'est pourquoi nous nous aimions comme de vrais camarades.
Ce soir-là, donc, un peu d'amertume se mêlait à nos discussions sur les progrès incessants de la civilisation. Flint soutenait que l'on ne pouvait pas vivre sous l'eau sans le secours d'appareils, ni plonger dans les grandes profondeurs sans craindre les vexations de la pesanteur. Pourtant, des hommes se promenaient, sur le fond de la mer avec une aisance de langouste, et Garwell, avec un soupir, fut obligé de convenir que Flint radotait, comme tous ces vieux bonshommes qui nient l'évidence même.
De là à se vautrer dans les souvenirs de jeunesse, il n'y eut qu'un pas.
Cornebleu ! jura Garwell, ces inventions nouvelles, où cela mène-t-il, triple-dieu ! Jadis, on ne jouait pas au poisson ; il nous restait encore quelques mystères dans un coin de la pensée. Maintenant, il n'y a même plus un lambeau de campagne digne de ce nom.
« Je me souviens des parties fines d'autrefois avec ma petite amie, à cette époque savait s'amuser en ce temps-là. Pas de Minnie Dropp. Ah ! mille diables ! qu'on plaisirs compliqués, non ; pas de promenades au fond de l'eau ou au centre de la terre, mais la bonne et saine campagne : la Nature tout simplement, la Nature toute nue, telle qu'elle était alors, avant le progrès, bien entendu.
« Je me souviens d'une excursion que nous fîmes en Picardie, Minnie et moi. C'était en quelque sorte un voyage de noces et puis une occasion de respirer un peu cet air pur qui, alors, n'était pas fabriqué par les usines intermondiales. Nous prîmes le tube pneumatique, à la bonne franquette, et ça valait bien, à mon avis, vos odieux transports instantanés par les ondes électriques. En vingt minutes, Minnie et moi fûmes introduits dans le tube et poussés jusqu'en Picardie, mon pays natal. Un peu fripés par le voyage, nous nous secouâmes le long d'un champ pavé en bois, et qui avait été aménagé pour permettre aux chevaux de labour de porter des sabots à roulettes. Dieu, que c'était beau ! A droite et à gauche, des arbres fruitiers rangés au cordeau et; des champs de salades, de choux et d'oseille à perte de vue. Maintenant, il n'y a plus de champs de salades, de choux et d'oseille, nous avons de la salade chimique, des choux chimiques et de l'oseille chimique. C'est le progrès, n'est-ce pas. De vrais moutons mille pattes — un croisement curieux donnant une moyenne de 60 gigots par tête — broutaient çà et là des herbes cuites ; une eau stérilisée gazouillait dans un ravin en zinc. Minnie, grisée par l'oeuvre du Créateur, frappait dans ses mains et sautait comme une enfant.
Heureux temps !
« Oui, mes camarades, nous savions nous amuser, et la campagne n'était pas une fiction. Elle offrait des distractions qui reposaient l'esprit du tumulte des villes. C'est ainsi qu'en traversant une plantation de jeunes poteaux télégraphiques, nous nous trouvâmes devant un parc d'attractions : le Luna-Picardic-Magic-Etablissement. — « Allons-y ! » demanda Minnie. Nous entrâmes et, Dieu ! ce que nous vîmes de choses rares ! Il y avait de tout, tout ce qu'on peut rêver à la campagne.
« Dans un clos entouré de ronces métalliques, moyennant 10 francs, les dames éprises d'émotions fortes pouvaient se faire poursuivre par une vraie vache. Il fallait les entendre crier ! Plus loin, moyennant 20 francs, on mettait à votre disposition un mètre carré de gazon et là, pendant une demi-heure, on pouvait se rouler sur l'herbe, de droite à gauche et de gauche à droite. Encore avec un supplément de 40 francs, on entendait dans un phonographe pépier de vrais oiseaux qui vivaient vers 1910. C'était vraiment intéressant. Plus loin, toujours plus loin, avec 50 francs seulement, on pouvait entrer sous une cloche de verre et s'asseoir sur un vrai nid de fourmis. Minnie fut enthousiasmée. Cette promenade resta toujours gravée dans sa mémoire et la petite y pensait encore quelques jours avant de mourir. Oui, je le répète, c'était le bon temps, conclut tristement Garwell. Les hommes de ma génération n'allaient pas chercher midi à quatorze heures, ils vivaient simplement, et tout allait pour le mieux.»
Nous hochâmes la tête et attendîmes qu'une onde électrique qui desservait notre quartier nous transportât dans notre lit.

Pierre Mac Orlan, in Le Journal Amusant, n° 493, 21 octobre 1928

Image : Portrait de Pierre Mac Orlan
Pour en savoir plus: le site du Comité Pierre Mac Orlan

jeudi 26 décembre 2013

Jules Lermina : Bavardage ( sur le futur ) ,1910



Jules Lermina a produit quelques textes de science fiction et des textes fantastiques aux côtés d'une importante oeuvre romanesque tendant vers le socialisme avec notamment des suites d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue.
On trouve dans un numéro du quotidien L'Aurore ce "bavardage" dans lequel Jules Lermina se demande : "Que sera le monde de demain ?". Rappelons la proximité de Jules Lermina avec les milieux socialistes et anarchistes et que L'Aurore accueillait Zola, Clémenceau, etc.

Bavardage

Que sera le monde de demain ? Les utopistes d'autrefois ont toujours tablé sur le connu, pour le développer, l'améliorer, l'idéaliser. Que ce soit la République de Platon, la Cité du soleil de Campanella, l'Utopie de Thomas Morus, les fantaisies de Voltaire et dans des temps plus récents la Cité future, l'An 2000 de Bellamy et tant d'autres dont la liste serait interminable, on a toujours tablé sur les faits actuels ou les institutions existantes pour bâtir un système qui n'était après tout qu'une sorte d'épanouissement de ce qui était en ce qui peut être.
Aujourd'hui, il semble bien qu'il n'en soit pas de même et, en dépit des détracteurs du temps présent, il est bien difficile de ne pas avouer qu'un monde nouveau commence, scientifiquement, industriellement si dissemblable du passé que tout point de repère nous manque pour imaginer l'avenir.
L'aviation, dans la catégorie des conquêtes physiques, le radium, dans le domaine des sciences naturelles nous ouvrent des horizons tellement imprévus que même avec l'irnagination la plus envolée il est impossible de deviner ce que ces découvertes peuvent produire de changements, dans la vie sociale, dans les rapports des peuples entiers, dans la carte au monde, dans la configuration géographique de la terre.
Nos fils seront-ils plus heureux que nous ? C'est notre espoir, mais comme ce qui se modifiera le moins sera la mauvaiseté humaine, nous en sommes à nous demander si tous ces progrès ne seront pas exploités pour rendre plus âpre, plus féroce la lutte pour la vie et pour la domination.
Plus de frontières, c'est-à-dire plus de guerres plus de compétitions farouches pour un bout de terrain, €”plus de douanes, la production universelle servant à satisfaire les besoins de tous. sans monopole national, sans accaparement, et produisant le bien-être pour tous. Ce serait trop beau, comme aussi cette pensée nous éblouit de toutes les forces motrices produites par la matière elle-même par la radio-activité, domestiquée et mise au service de l'effort humain, réduit à un rôle de direction et d'intellectualité.
Voilà le rêve que peuvent former les utopistes d'aujourd'hui : mais ne sont-ils pas arrêtés par cette conviction que demain apportera encore des découvertes nouvelles, dont nous ne pouvons avoir aucune précision ? Qui sait si l'X de demain ne bouleversera pas toutes les notions acquises, de telle sorte que nous soyons pour les vivants futurs les hommes d'avant cet X, c'est-à-dire des sortes d'ignorants et de sauvages, comme nous disons aujourd'hui les préhistoriques ou les hommes du moyen âge.
Dormir mille ans -€” et se réveiller en l'an 3000, ce que très certainement, nous aurions l'air d'imbéciles ! Cette certitude rabat un peu notre caquet, pas vrai !


Jules LERMINA in L'Aurore, n° 4659, 10 août 1910

Image : Jules Lermina

Pour en savoir plus:
L'Effrayante aventure de Jules Lermina
Biographie de Jules Lermina
Bibliographie de Jules Lermina ( fantastique et SF)