Une nouvelle énigme du lundi sur ArchéoSF avec cette image trouvée sur Gallica.
A quoi sert ce véhicule ?
Source de l'image: Gallica
On s'est étonné de me voir à différentes reprises condamner sévèrement les romans policiers, genre Sherlock Holmes. On m'a accusé d'étroitesse d'esprit, parce que j'avais mis en garde mes lecteurs contre les magazines dû se publient des histoires dé ce genre, Je sais tout et Les lectures pour tous en particulier. Je prie mes honorables critiques de lire ces quelques lignes extraites du Journal des Débats, numéro du 28 décembre 1909. Il s'agit de deux jeunes assassins de Jully, qui, sans raison aucune ont tué cinq personnes : un fermier, sa femme, deux domestiques et une bonne. Le Journal des Débats écrit:« Les renseignements recueillie dans le canton d'origine (ce sont deux suisses) de ces précoces malfaiteurs nous apprennent que ce sont de détestables lectures qui ont perverti et même aboli en eux tout sens moral.— Dure leçon pour notre amour propre national. Nous sommes très fiers de la « diffusion de l'instruction », dont notre démocratie se fait un saint devoir ; tous les Suisses savent lire ; mais hélas ! que lisent-ils ?« On peut, avec certitude (1: (1) C'est moi [Léon Jules] qui souligne.), accuser du carnage de Jully la littérature dite « criminelle » (dans la Suisse allemande On l'appelle : « littérature des bas-fonds»), c'est-à-dire ces histoires de vol; de violence et de meurtre, grossièrement enluminées d'images dignes du texte, qui s'étalent depuis quelques années à la devanture des kiosques, et puis, par le colportage, pénètrent jusque dans nos hameaux reculés. »Est-ce assez décisif ? Peut-être bien voudrait-on reconnaître que le correspondant du Journal des Débats est bien informé et d'esprit plus large que moi. Pourtant il aboutit il est forcé d'aboutir aux mêmes conclusions. Et nunc intelligite reges, erudimini qui judicatis terram. [«Et maintenant, rois, comprenez ; instruisez-vous, vous qui jugez la terre.» ]
Cinq actes et douze tableaux, pour La Tour du Monde d'une Orpheline : on ne peut guère faire le tour du monde à moins. Un bandit a volé la formule du diamant à son inventeur après l'avoir assassiné. Suzanne, la-fille de la victime, se met à sa poursuite, accompagnée de son fiancé, de Florette qui est la joie du voyage et de Coquillet, qui porte les bagages. .Les scènes pittoresques se succèdent ; on voit fabriquer le diamant, on entend crier les hyènes au Maroc, on assiste à un tremblement de terre à Messine, etc., etc.. Bref, on en a pour les yeux, pour les oreilles et pour l'argent.
On est abasourdi de la violence, de l'élan, de la langue. On est plongé dans un hôpital psychiatrique (une "maison de santé") de province. Le narrateur est lui-même affecté d'une schizophrénie qui peu à peu l'emporte.
Le gardien, les docteurs, pratiquent chacun une langue extraordinaire – et surtout Léonard, l'infirmier, mais aussi celui qui va avec son ami le cocher de fiacre alcoolique "serrer" les malades dans leurs crises –. La langue se déforme, se réinvente à souhait pour dire la folie qui la dépasse.Dans la première partie, les crises du narrateur sont espacées. Lui-même ne se les remémore pas. Alors c'est une description salle par salle de l'asile, de tous ses patients, de leurs discours et leurs comportements, plus de vingt ans avant l'extraordinaire enquête "Chez les fous" d'Albert Londres.Mais quand sa maladie devient plus insistante, ce qui ronge au-dedans le narrateur et le dédouble devient en soi une histoire dans l'histoire, et la façon dont la science-fiction se mêle à la réalité.On en sort lessivé, avec des hurlements dedans. Et quel paradoxe que cette joie pourtant, à emmener dans ce lieu mental une langue éblouie, surchauffée…
On admire souvent les gravures et dessins d’Albert Robida (1848-1926), sans toujours savoir d’ailleurs qu’il s’agit de lui. 60 000 dessins, 200 œuvres illustrées, direction de périodiques (comme La Caricature ou le Petit Français illustré), auteur d’environ 70 livres sur divers thèmes, l’œuvre d’Albert Robida est importante en quantité mais aussi en qualité.Ses illustrations évoquant du futur sont sans cesse reprises d’exposition en ouvrage mais ses fictions sont moins connues. Sa bibliographie est pourtant riche de livres, feuilletons et autres récits du futur dont il assure aussi l’illustration comme Le Vingtième siècle, La Guerre au Vingtième siècle, La Vie électrique…Comme caricaturiste, anticipateur, illustrateur, il aborde de nombreux genres de la science-fiction d’alors de la projection dans le futur au voyage dans le temps comme avec Jadis chez aujourd’hui ou L’Horloge des siècles. Souvent plus audacieux que Jules Verne, il est aussi plus juste dans ses prévisions : il imagine des femmes égales des hommes, un appareil de communication total (le fameux téléphonoscope), des cieux parcourus par des aéroplanes, des rues pleines d’automobiles mais aussi une Terre menacée par la pollution.
Encore un drame policier : Nick Carter. C'est un nom connu, puisque les exploits de celui qui le porte sont régulièrement racontés dans des publications périodiques. Le Nick Carter de l'Ambigu est attaché à la poursuite du redoutable bandit Melvill, amoureux de la jeune milliardaire miss Dodler. Le tout ne se termine point par un mariage : Melvill est tué par la balle que la jalouse Carmen destinait à miss Dodler. Et le bandit meurt sympathique.Il est sympathique tout le temps, du reste. Il est si malin et joue de si bons tours à Nick Carter !Un collaborateur de Romans-Revue a déjà dit ce qu'il fallait penser de ces récits d'aventures au cours desquelles le lecteur est sollicité d'applaudir à l'audace, à l'habileté, à la crânerie des chevaliers du vol et du crime. Nous répéterons après lui qu'il est absolument fâcheux de voir des gens tranquilles crier : bravo ! aux brigands de la scène. Il est vrai que nous vivons à une époque où les faveurs de la foule sont pour les criminels notoires et celles du jury pour les assassins sentimentaux.
Le genre du théâtre du Grand-Guignol, c'est l'Horrible. Le Hangar de la rue Vicq d'Âzir est dans ce genre. M. de Paris, dont les quatre aides ont été trouvés assassinés dans un terrain vague, en engage quatre autres. Or, ces quatre nouveaux manoeuvres sont quatre bandits qui ont à venger leurs « copains». Le bourreau les emmène dans le fameux hangar où se dresse la guillotine et leur donne ses instructions, une leçon de couperet. Alors, pour voir s'ils ont bien profité de la leçon, il leur demande de le ligoter. Il figurera le condamné. Voilà nos quatre apaches qui, soudain, prennent leur rôle au sérieux — ils sont là pour çà —et poussent l'infortuné bourreau sur la bascule.Ils l'exécutent, se sauvent, et la fille du guillotiné qui vient chercher son père arrive juste pour contempler ce spectacle.Spectacle bien fait pour charmer le coeur et l'esprit.L'Horrible expérience, même genre. Le docteur Charrier prétend ressusciter les morts, en remettant leur coeur en mouvement au moyen d'une machine électrique. Sa fille meurt dans un accident d'automobile. En présence de son fiancé, il l'étend donc sur son bureau, essaie d'émouvoir soncoeur de syncopée à l'aide de son instrument. Le cadavre est secoué de mouvements spasmodiques et dans un de ces mouvements le docteur est saisi à la gorge par l'une des mains de sa fille qui l'étrangle.Ce qui fait deux cadavres au lieu d'un. Toujours le charme de l'esprit et du coeur.
"L'esprit du théâtre contemporain, frivole, sensuel, moqueur, est proprement l'esprit diabolique. Il y a un syndicat de malfaiteurs littéraires qui travaillent méthodiquement à la dépravation de l'âme française par le théâtre.Sous prétexte de vouloir simplement nous distraire, en nous offrant de temps en temps « une soirée », prenons garde d'être leurs complices."Maurice Gilbert