La presse humoristique s'est souvent emparée de l'anticipation à la seule fin de faire un bon mot. C'est le cas dans ce texte extrait du Pêle-Mêle publié le 21 avril 1929.
Toujours plus haut.
En l'an 2040, un
après-midi d'avril, la plus vive animation régnait à bord de
l'aérobus qui, trois fois par semaine, assurait le service régulier,
en douze heures, entre Paris et notre grande île africaine de
Madagascar.
Le gigantesque avion
avait eu un léger retard occasionné par un incident inattendu dans
la région des étoiles. L'appareil ne semblait plus fonctionner avec
la même régularité. Aussi les passagers du grand navire aérien,
en proie à la plus vive inquiétude, s'empressèrent-ils de se
renseigner auprès du capitaine.
— Nous n'avançons
presque plus, lui dit l'un d'eux, qui venait de consulter
l'indicateur de vitesse, et je vais manquer sûrement la réunion du
conseil d'administration que je devais présider à 15 h. 27 à
Tananarive.
Le contrôleur du
bord s'empressa de le rassurer :
— Monsieur, lui
dit-il, nous n'aurons, au maximum, que deux minutes et trois secondes
de retard.
— Ah ! tant
mieux ! mais, enfin, pourriez-vous m'expliquer pourquoi l'aérobus
glisse si lentement ?
— Monsieur, c'est
parce que nous sommes montés trop haut. En ce moment, nous passons
au travers de la voie lactée, et l'hélice est en train de faire du
beurre !...
Anonyme, "Toujours plus haut", Le Pêle-Mêle, n° 270, 21 avril 1929
Source de l'image: Gallica: L'aérobus de 1000 chevaux de Sadi-Lecointe, 1919, Le Miroir, 12 octobre 1919.