Dans Le Mémorial des Vosges du 6 février 1906 est relatée une conférence donnée par M. Michon pour les Amis de l'Université de Nancy ayant pour titre "La femme future, d'après la littérature contemporaine". Il évoque les auteurs Paul Bourget, Marcel Prévost, Paul Adam,
Anatole France, etc. Au cours de la conférence puis de la discussion qui suit, ces messieurs imaginent certes une femme libérée, indépendante, émancipée... mais toujours mariée et mère...
Les « Amis de l’Université de Nancy »
C’est à Epinal que la « Société des amis de l’université de Nancy
» inaugurait, il y a quelques années, la série de ses conférences au pays de
Lorraine. L’orateur était M. Bichat, doyen de la faculté des sciences, décédé
l’an dernier. M. Mieg, adjoint au maire d’Epinal, qui présidait la réunion de
dimanche, dans le grand salon de l’Hôtel de Ville, a évoqué la mort du regretté
défunt et lui a adressé, en excellents termes, aux applaudissements unanimes
d’un auditoire nombreux et choisi, un souvenir ému.
M. Michon, le conférencier du jour, professeur à cette même
université de Nancy, auquel M. Mieg a souhaité ensuite la bienvenue, a dit
tout d’abord combien ses souvenirs d’enfance lui étaient revenus en foule à son
arrivée à Epinal, où il a passé sa toute première jeunesse. Il a continué par
une allusion flatteuse à l’ouvrage récent de M. René Perrout : Autour de mon clocher, où l’auteur,
qu’anime le véritable esprit lorrain, montre une ferveur si discrète et si
profonde pour notre vieille cité.
M. Michon a développé ensuite, en littérateur érudit et
fortement documenté, en philosophe averti et éclairé, avec parfois une ironie
très fine, et toujours un excellent esprit, le sujet de sa conférence : « La femme
future, d’après la littérature contemporaine ».
Il a dépeint cette femme de 1950, de l’an deux mille et au delà, telle que la prévoient
les romanciers imaginatifs : Paul Bourget, Marcel Prévost, Paul Adam,
Anatole France, etc. Il a montré la femme indépendante, totalement émancipée,
entièrement détachée des soins matériels du ménage ; abandonnant la
coquetterie et ses moyens naturels de séduction ; l'intellectuelle
intransigeante entichée de sa science, la vierge apôtre du féminisme...
finissant toutefois par avouer qu’elle n’a pas, trouvé le bonheur dans la
sécheresse du cœur.
Le distingué conférencier estime que l’émancipation de la femme
future ne peut aboutir qu’au maintien du mariage, et même à sa consolidation,
car il y aura toujours l’enfant et par conséquent la mère. Aucun, progrès
social ne pourra être acheté au prix de la dissolution de la famille. Le député
allemand Richter l’a démontré lumineusement dans cette brochure que le Mémorial a publiée : « Où mène le
socialisme ».
La femme de l’avenir, fût-elle libérée moralement et
légalement, abandonnât-elle son foyer pour s’adonner à la science, aux plaisirs
ou à la politique, restera toujours mère ; le culte de l’enfant sera
toujours vivant en son cœur, avec ses devoirs et aussi besoins de tendresse.
Cette puissance, cette volonté impérieuse de la nature seront, quoi qu’il
-advienne, la meilleure sauvegarde de la société contre les excès du féminisme
à outrance.
M. Mieg a félicité M. Michon —que l’auditoire avait, de son
côté, chaleureusement applaudi — et il l’a remercié d’avoir démontré que « la
femme future ne sera pas supérieure à la femme d’aujourd’hui ».
M. Henry Mengin, président de la société, qui a pris le
dernier la parole, a remercié de son hospitalité gracieuse l’aimable
municipalité d’Epinal, et en particulier M. Mieg, qui a eu la délicate
attention d’adresser un souvenir à la mémoire du regretté M. Bichat. Il a
remercié enfin l’assistance, puis très spécialement M. Michon, « professeur
éminent, savant distingué et causeur charmant ».
M. Mengin —très applaudi — a terminé par d'heureuses
considérations sur la famille et sur le rôle important de la mère, à qui tout
homme doit généralement ce qu’il a de cœur, d’esprit et d’intelligence. M.
Mengin ignore ce que l’avenir réserve à nos arrière-neveux ; mais il estime
qu’ils auront lieu de se déclarer satisfaits s’ils trouvent dans la femme future
ces trois vertus qui la font toute : la grâce, le dévouement et la pudeur.