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mardi 23 août 2011

Louis Desnoyers, Les Aventures de Robert-Robert (2)

Les aventures amphibies de Robert-Robert et de son fidèle compagnon Toussaint Lavenette est un roman de Louis Desnoyers régulièrement réédité pendant plus d'un siècle. Si c'est avant tout un roman d'aventures maritimes, il comporte deux fragments relevant de l'anticipation et de la littérature de l'imaginaire. Le second est un appendice: « Petit voyage de l'innovation à travers la routine de la Terre, pour faire pendant au grand voyage de Laroutine à travers la Lune. Un songe creux de Robert Robert en 1832. Paris civilisé » qui nous entretient d'un Paris anticipé (nous y reviendrons) dans lequel on trouve par exemple des véhicules fonctionnant sans chevaux: des automobiles. Le premier, sur lequel nous allons nous arrêter, a pour titre « L'histoire fantastique de mon cousin Laroutine et de son grand voyage au fin fond de la Lune ». Pour distraire ses compagnons de voyage (à bord de La Rapide les voyages maritimes sont tout de même longs), l'imaginatif Lavenette raconte ce conte, le présentant comme une histoire de famille.
Couverture

Laroutine est moqueur. Il raille sans cesse ses contemporains à propos de tout et de rien. Lors d'une exhibition aérostatique au Champ de Mars, il remplace à lui seul l'équipage malade d'un ballon contre la moitié de la recette de l'attraction. Cependant le gaz était prévu pour cinquante-sept et non pour un seul homme. Malgré ses demandes insistantes pour descendre, le voici emporté. Mais alors que le personnage de Voyage au Ciel de Samuel Henri Berthoud voulait monter plus haut que l'éther, Laroutine souhaite plutôt que l'expérience cesse. L'ascension est très rapide et le ballon se retrouve bientôt entre la Terre et la Lune, à l'exact équilibre des forces. S'agitant dans la nacelle, Laroutine donne involontairement une secousse qui le pousse vers l'astre de la nuit. De là-haut, notre voyageur découvre des régions variées baignées dans des airs suaves. La descente est douce et Laroutine alunit sur « un magnifique diamant, presque taillé à pic, des larges flancs duquel, au milieu d'arbres violets, portant naturellement des pruneaux confits, s'échappait un torrent qui avait la couleur, le goût et la saveur du lait de nos pays ». Ce premier contact donne le ton du voyage lunaire de Laroutine.
Le voyage sur la lune est une fantaisie - dont nous n'abordons que quelques éléments - dans laquelle les sélénites usent d'une monnaie inverse à la nôtre (des « napoléons en fer » et des « centimes en argent »), changent de souverains une douzaine de fois par an (c'est le plus lourd qui est élu), l'éducation est gratuite, n'agiotent pas à la Bourse, … Pourtant la Lune n'est pas épargnée par les conflits quand les ambitions de deux souverains s'affrontent mais les combtas sont dignes de la guerre picrocholine et l'on se bat à coups de bonbons opiacés, de flots de vin muscat ou de poil à gratter.

Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei 


Illustration: Louis Desnoyers, Le Voyage dans la Lune, collection Hypermondes n°3, Editions Francis Valéry, 1981 (tirage limité à 250 exemplaires.

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