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mercredi 5 septembre 2012

Louis Figuier, La Femme avant le déluge (feuilleton, épisode 3)

Nous voici plongés pour la troisième semaine consécutive dans la comédie de Louis Figuier La Femme avant le déluge.
ArchéoSF a présenté le texte et reproduit l'avertissement de l'auteur (épisode 1) puis proposé les deux premières scènes (épisode 2). Nous abordons maintenant la troisième scène de ce "théâtre scientifique" écrit par Louis Figuier. On remarquera certes quelques éléments scientifiques (le mammouth par exemple) mais surtout la poursuite d'une intrigue amoureuse entre Diane et Ludovic.

LA FEMME AVANT LE DELUGE


SCENE III

LES MÊMES, LUDOVIC, en costume de lieutenant de marine. Il a un fusil sur l'épaule et un carnier rempli d'oiseaux morts.

LUDOVIC.
Bonjour, M. Ramponeau. (A Diane.) Vous permettez, belle cousine ?
Il lui prend la main, d'un air dégagé, et la porte à ses lèvres.

DIANE, retirant sa main.
Et si je ne permettais pas ?

LUDOVIC.
Je me passerais de la permission.
Il reprend sa main, et la porte de nouveau à ses lèvres

DIANE, retirant sa main.
Vous êtes de plus en plus insupportable !

LUDOVIC.
Et vous, de plus en plus jolie... Votre costume avec ces fourrures, vous va à ravir. Ah si je pouvais changer ces arbres en soldats, (Il montre les sapins) je leur ferais porter les armes devant votre gracieuse crânerie.
Il présente les armes.

DIANE, à Ludovic, d'un petit ton boudeur.
Mais non, mon cousin, je n'ai pas la moindre crânerie;je suis, au contraire, fort timide.

LUDOVIC.
Une veuve n'est jamais timide, ma cousine; et s'il y avait un régiment de veuves, on vous décernerait, d'une voix unanime, le grade de capitaine.

RAMPONEAU, bas à Diane.
Il a de l'esprit !

DIANE, avec dépit, bas.
Oui, à mes dépens.

LUDOVIC, à Ramponeau.
Et qu'avez-vous fait de nos deux savants, ce matin?

RAMPOMEAU.
Ils sont encore au bord de la mer, occupés à dégager leur antique Mammouth, enfoui sous les glaçons.

LUDOVIC.
Eh bien, moi, j'ai poursuivi du gibier vivant. (Il ouvre son carnier.) Tenez, voilà ma chasse.

DIANE, s'approchant curieusement.
Voyons!

RAMPONEAU, regardant dans le carnier.
Plongeons, manchots, grèbes, guillemots et pingouins Cela fera une jolie brochette! Mais à dire vrai, j'aurais préféré à tout ce gibier d'eau un petit chevrotain.

LUDOVIC.
Si cela peut vous être agréable, M. Ramponeau, j'ai le temps d'aller vous tuer un chevrotain!

DIANE, prenant les oiseaux morts.
En attendant, je vais dire à Christiana de plumer ces volatiles!
Elle entre dans la chaumière.

LUDOVIC, qui a suivi Diane des yeux. (A Ramponeau.)
Ah M. Ramponeau, que ma cousine est jolie, qu'elle est gracieuse et bonne! (Criant, d'un air en colère.) M. Ramponeau ! votre nièce est adorable!

RAMPONEAU.
Eh bien, demandez-moi sa main; je vous l'accorde sur le-champ.

LUDOVIC.
Non... je l'adore, mais je ne veux pas l'épouser.

RAMPONEAU.
Et pourquoi, Monsieur?

LUDOVIC.
Vous voulez une confidence?

RAMPONEAU.
Une explication, tout au plus.

LUDOVIC.
Eh! bien, sachez, M. Ramponeau, que j'ai fait un serment.

RAMPONEAU.
Un serment ! et à qui?

LUDOVIC.
A moi-même.

RAMPONEAU.
Mais, quel serment vous êtes-vous fait à vous-même ?

LUDOVIC.
Je me suis juré de ne pas épouser de veuve.

RAMPONEAU.
Pourquoi donc cela, M. Ludovic ?

LUDOVIC.
C'est une idée a moi. Ah si Diane ne s'était pas mariée

RAMPONEAU.
Elle l'a été si peu ! si peu !

LUDOVIC, vivement.
Si peu! si peu! Tenez, vous me feriez dire quelque sottise. J'aime mieux vous quitter. M. Ramponeau, je vais tuer votre chevrotain.
Il sort par la droite.

A suivre !

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