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mardi 30 octobre 2012
lundi 29 octobre 2012
Enigme du lundi : à quoi sert cet appareil?
Après une énigme champêtre la semaine dernière, retour à la maison avec cet appareil: à quoi sert-il?
dimanche 28 octobre 2012
Les dimanches de l'abbé Béthléem 17: octobre & novembre 1909
Dix-septième épisode de notre exploration de Romans-Revue dirigée par l'Abbé Bethléem qui proposait au début du XXe siècle une lecture morale (rigoriste même) des parutions récentes (voir la présentation sur ArchéoSF).
Cette semaine, les mois d'octobre et novembre 1909.La revue des articles consacrés à la littérature conjecturale pour le mois d'octobre 1909 est pour le moins rapide : il n'y a rien.
Peu de choses aussi en novembre 1909 bien que les revues scientifiques soient à l'honneur...
En effet, la
partie Les revues, journaux & périodiques est consacrée aux
revues scientifiques : « d'abord les revues consacrées aux
travaux scientifiques originaux ; puis celles qui se trouvent à un
degré intermédiaire entre la science originale et la simple
vulgarisation ; enfin les revues de vulgarisation proprement dite. »
mais rien sur les feuilletons publiés dans ces revues.
La
section Romans du mois n'est guère plus riche. Signalons le recueil
de Mark Twain, Le Capitaine tempête et un conte vraisemblablement à
tendance utopique de G. Sarrazin, L'Inspirée (voir sur Google Books
un article sur cet ouvrage ):
Figurez-vous une douzaine de contes, tous plus fantastiques les uns que les autres, bourrés d'une grosse ironie et de cet esprit un peu primitif que les Anglais appelait humour. Imaginez des paradoxes aussi gros que celui-ci : il meurt plus d'hommes dans leur lit que dans les catastrophes de chemin de fer ; donc le lit est plus dangereux que le bateau ou le train le plus meurtrier. Concevez une Visite burlesque au paradis, dans un paradis étrange, d'un capitaine américain, plus fort que les héros mystérieux de Wells ; ou bien le roman d'une esquimaude, très riche parce que son père possède une douzaine et demie d'hameçons, dont le charmant fiancé se perd parce qu'il a voulu les contempler la nuit ; ou encore le journal, d'Eve et de la rencontre d'Adam ; — et vous n'aurez pas l'idée des inventions saugrenues, des imaginations baroques, des livres de l'indicible génie américain, Twain.
Il n'est pas très facile de voir à quoi tend ce récit à la louange de la vie idéale, ni même s'il est un symbole. Le but est imprécis, comme le conte lui-même qui tient à la fois du rêve, et, sauf l'esprit de l'Ile des Pingouins.Donc une poétesse du pays de la Nouvelle-Hellénie chante et songe. Un homme est célèbre par sa parole et sa science encyclopédique. Elle va l'entendre. Elle le voit. Il l'aime.Mais devenu ministre,il est cause que l'HelIénie est surprise et battue par un peuple voisin. L'inspirée, la poétesse, part soulever les habitants des monts qui s'arment et la suivent.Victoire. Mais le ministre-esthète est tué. Elle sait qu'il l'aimait. Et c'est le désespoir. Mais un maréchal soupire pour elle, et va s'exiler. Elle l'épousera donc. Ainsi finit l'inspirée. La manière n'est pas moins idéale, ou irréelle, que le sujet.
A dimanche prochain!
mardi 23 octobre 2012
lundi 22 octobre 2012
Enigme du lundi: que fait cet homme?
ArchéoSF prend cette semaine la clef des champs avec cette image et cette question: que fait cet homme?
dimanche 21 octobre 2012
Les dimanches de l'abbé Béthléem 16: septembre 1909
Seizième épisode de notre exploration de Romans-Revue dirigée par l'Abbé Bethléem qui proposait au début du XXe siècle une lecture morale (rigoriste même) des parutions récentes (voir la présentation sur ArchéoSF).
Cette semaine, le mois de septembre 1909.
Commençons par
une remarque sur des romans, revues ou périodiques qui ne sont
devenus objets de critique littéraire que récemment. Si la critique
produite dans Romans-Revue,
nous l'avons vu à l'envi dans tous les épisodes qui précèdent,
est fortement morale (et finalement peu littéraire), on trouve tout
de même des réflexions qui peuvent paraître "modernes"
pour l'amateur de littérature populaire et de littérature de genre.
Il faut attendre le colloque de Cerisy en 1967 (actes réunis en 1970
sous le titre Entretiens
sur la paralittérature)
pour voir émerger une véritable critique de ce vaste continent
littéraire qui échappait jusqu'alors largement aux travaux des
chercheurs (nous citerons a contrario et dans le désordre les
travaux de Jacques Van Herp, Yves Olivier-Martin, Pierre Versins,
Régis Messac,...). Et quand on lit cette anecdote rapportée par
Léon Jules critique du périodique La
Mode illustrée:
J'en étais là de mon article quand un ami vint me trouver— Pas possible ! tu lis des journaux de mode à présent ?— Quel mal y a-t-il ?— Non mais, à quoi cela peut-il te servir ! Est-ce que par hasard, tu songerais à monter un atelier de confections ?— Point, je fais de la critique.— De la critique sur les journaux de mode ?— Hé, mon cher, pourquoi pas ? Est-ce que dans ces journaux, on ne traite pas des questions intéressant la morale ? Est-ce qu'il est indiffèrent de conseiller à une femmedes parures excentriques ou des plaisirs dangereux ? Est-ce que, à propos de tel ou tel détail, de tel ou tel compte-rendu, à propos de danse, d'éducation, de médecine ou délégislation, à propos de tout et de rien, on ne peut pas donner des entorses à la foi ou aux bonnes moeurs ? Est-ce que les romans, contes et nouvelles, publiés dans les journaux de modes, ne peuvent avoir aucune valeur bonne ou mauvaise, et doivent échapper aux prises de la critique ?— Va, toujours, mon bonhomme. Mais, à ce compte, et si tu épluches d'aussi près que tu me le dis, toutes ces babioles, bonnes pour les femmes, tu ne dois pas trouver grand chose de sérieux à dire, ou tu dois en trouver de trop.— Comment cela ?— Oui ; car, étant donné ton genre, ou tu dois passer à travers ces mille riens, sans y rien comprendre, ou si tu y vois quelque chose, ce ne peut être évidemment que des grandes machines de philosophie, que tu bâtis toi même.— Mais, du tout, j'essaie de comprendre ce qu'on dit, pourquoi on le dit, et si l'on a raison de le dire.
Dans la catégorie "Ceux dont on parle", Anatole France est à l'honneur si l'on peut dire. Le titre L'Ile des pingouins est mentionné (une histoire parodique de la France qui se termine par un chapitre purement conjectural: "Les Temps futurs"). Ici le chroniqueur Roger Duguet se lâche en lançant ces mots (qui donnent une idée du ton parfois féroce de la revue):
Sa palinodie du panégyrique de Zola n'est rien en comparaison des récents factums, lourds, grossiers, sans saveur, autant qu'une profession de foi de franc-maçon, sur les murs de son bourg pourri électoral. Ainsi le virus dreyfusiste et la main-mise du pouvoir occulte qui règne aujourd'hui sur la France déforment jusqu'aux génies les plus ailés. C'est la marque de l'Etranger sur le front de la race.
Et l'on apprend qu'Anatole France est "à la solde d'un Comité judéo-protestant pour la défense de la
politique religieuse de la secte devant l'opinion universelle".
Dans la section "Romans du mois", relevons celui de JH Rosny Nymphée (texte récemment recueilli dans La Guerre des Règnes ) classé dans la catégorie Romans pour grandes personnes:
Rien n'est plus commun qu'un livre de J.-H. Rosny. On peut dire aussi que rien n'est plus rare. Les auteurs de Vamireh, après avoir écrit des romans de passion et de volupté, comme les premiers boulevardiers venus, se remettent aujourd'hui au genre qui leur valut leur réputation. Ils ne craignaient pas de déduire les civilisations primitives ; ils ne redoutent pas d'évoquer des paysages et des moeurs étranges dans Nymphée. Nous n'osons pas dire qu'ils y sont plus heureux que dans leurs lentes investigations à travers les sociétés modernes.
L'histoire d'un explorateur, perdu en un-pays inconnu, qui y trouve des hommes mi-poissons mi-hommes, se voit enlever sa fiancée et la sauve enfin : l'histoire d'un autre explorateur poursuivi par les noirs, accueilli par un lion qu'il apprivoise, qui le défend et lui fait retrouver une jeune mauresque dont il est épris ; ce sont Nymphée et Le Lion ; ce sont deux contes qui se ressemblent à merveille, où l'imagination la plus exubérante se joue avec plaisir.On dirait d'une invention hardie de Jules Verne. Avec, en moins, l'intérêt de l'intrigue ; avec, en plus, quelques détails osés, et une satire parfois du mariage et de la société d'aujourd'hui.Mais n'est-ce pas faire injure aux frères Rosny de les comparer à Jules Verne ?J'en connais qui diraient que c'est leur faire beaucoup d'honneur.Comparaison n'est pas raison.
A dimanche prochain !
samedi 20 octobre 2012
Kobo, Kindle et toutes les liseuses ont retrouvé leur ancêtre
Une image datant de 1935 : The Book Reader of the Future, Everyday Science and Mechanics, avril 1935.
jeudi 18 octobre 2012
Gustave Marx, L'Amour en mille ans d'ici (1899?) & Pierre Véron, Le Raccommodeur de cervelles
Gustave Marx a écrit au moins une anticipation dans une veine tout à fait étrange. Les anticipations religieuses, ou tout au moins portées dans leur écriture par les sentiments et opinions religieux de l'auteur existent : on citera par exemple dans le domaine ancien Le Maître de la Terre de Robert-Hugh Benson qui fit d'ailleurs polémique dans les milieux catholiques au début du XXe siècle (on peut lire des éléments de ce vif débat ICI, LA et encore LA).
Avec Gustave Marx nous entrons donc dans un domaine étrange: l'anticipation à tendance utopique cabalistique avec L'Amour en mille ans d'ici (1899?). C'est avec surprise qu'en feuilletant une reliure de numéros de l'Omnibus, l'un de ces multiples journaux-romans de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, que je suis tombé sur ce texte. Le début est fortement cabalistique puis on voit apparaître une anticipation scientifique et technique (l'être humain a conçu en 1954 des ailes individuelles et toute la société en est changée) pour finir par une utopie complète. Parmi mes contacts je n'ai trouvé personne connaissant ce texte. Une réédition s'imposait donc. Publie.net a donc repris dans la collection ArchéoSF ce texte pour le tirer de l'oubli. Laissez vous surprendre !
Autre réédition, dans un tout autre style, avec un recueil de nouvelles conjecturales humoristiques de Pierre Véron : Le Raccommodeur de cervelles & autres nouvelles. ArchéoSF a déjà évoqué la figure de ce journaliste dont le texte conjectural le plus connu est sans doute En 1900 (1878) dans lequel l'auteur propose quelques extrapolations amusantes (lire Les Journaux à vapeur).
Le recueil contient cinq nouvelles et un portrait de Jules Verne par Pierre Véron. Ces textes écrits dans un style alerte emmènent le lecteur dans des mondes fantaisistes où l'on peut raccommoder les cervelles, prendre l'omnibus aérien entre la place de la Concorde et le Bois de Boulogne, imaginer la fin du monde, chercher désespérément un refuge solitaire pour jouer au Robinson ou retrouver, avec un archéologue du futur, Paris 3000 ans après un déluge.
Informations techniques:
Editions Publie.net
Collection ArchéoSF
Illustrations des couvertures: Roxanne Lecomte (voir son blog)
Livrels garantis sans DRM
Prix: 2,99 euros
Incluant Version liseuse / tablette (ePub) - Version Amazon Kindle (Mobipocket) - Version web
Disponibles directement chez Publie.net, chez les librairies indépendantes ePagine , Librairie Immatériel et sur les plates-formes comme Amazon, Fnac, Virgin,...
Remerciements: Merci à François Bon pour la confiance, à Roxanne Lecomte pour le travail d'illustration et de relecture et aux Savanturiers qui font vivre ces textes.
Incluant Version liseuse / tablette (ePub) - Version Amazon Kindle (Mobipocket) - Version web
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mardi 16 octobre 2012
Enigme du lundi, réponse du mardi
L'énigme de ce lundi était difficile. L'objet mesure 21 cm de hauteur. Il s'agit en fait d'un vase à rayonnement. Un cristal de roche est enchâssé dans de l'argent dont le rayonnement était censé protéger des affections oculaires.
Une nouvelle énigme lundi prochain!
lundi 15 octobre 2012
Engime du lundi : à quoi servait cet objet ?
Comme chaque lundi, l'énigme scientifique et technique d'ArchéoSF.
A quoi servait cet objet?
Indice pour celle de ce lundi, nous sommes dans le domaine de la médecine...
dimanche 14 octobre 2012
Les dimanches de l'abbé Béthléem 15: août 1909
Quinzième épisode de notre exploration de Romans-Revue dirigée par l'Abbé Bethléem qui proposait au début du XXe siècle une lecture morale (rigoriste même) des parutions récentes (voir la présentation sur ArchéoSF).
Cette semaine, le mois de août 1909.
Cette semaine, le mois de août 1909.
Etudiant
les périodiques, Romans-Revue s'arrête sur des magazines de mode.
Voici donc La Mode du Petit Journal épinglé en raison de la
publication d'un roman de René d'Anjou :
René d'Anjou donne encore actuellement à La Mode un roman intitulé : L'Oiselle. Il s'agit d'une femme, d'une jeune fille plutôt, qui a trouvé le secret de voler dans les airs, absolument comme un oiseau. Elle a été éduquée par une espèce de sorcier, membre d'une société secrète, détenteur de secrets merveilleux, et elle aime un jeune homme dont la naissance est inconnue, mystérieuse, et qui lui aussi est vrai qu'en l'occurrence, l'homme c'est une femme ! Tout s'affilie à la société secrète. Dans ce récit, circule un très fort courant d'occultisme, de fatalisme, de mysticisme frelaté.
C'est purement et simplement détestable. Et ce qu'il faut bien remarquer, c'est que l'auteur se prend au sérieux et parle du ton convaincu d'un homme à qui c'est arrivé. Il est vrai qu'en l'occurrence, l'homme c'est une femme ! Tout de même la crédulité devrait avoir des bornes, et, en tout cas, il est très dangereux, malsain et coupable de servir de pareilles calembredaines, à des jeunes filles.
Et
ces mots inoubliables:
« On conseille aux jeunes filles le tir au pistolet, l'escrime, la gymnastique. Il paraît que c'est excellent pour donner du sang-froid, de l'adresse, de l'énergie... toutes les qualités. Moi, je le veux bien, pourvu qu'elles n'oublient pas d'apprendre à tricoter ! »
La
rubrique nécrologique parle nous d'Henry de Parville:
M. Henri DE PARVILLE est mort le 13 juillet [1909] à l'âge de 71 ans ; il était officier de la Légion d'honneur,avait été pendant dix ans ingénieur expert auprès des tribunaux civils, et plusieurs fois lauréat de l'Institut.
Sa collaboration aux journaux parisiens fut considérable. Pendant trente-huit ans, il rédigea le feuilleton scientifique hebdomadaire des Débats. Il collabora en outre au Constitutionnel, au Moniteur, au Journal officiel, au Correspondant, etc.Il laisse plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique : Causeries scientifiques (en 28 volumes) ; Découvertes et inventions modernes ; Un habitant de la planète de Mars ; l'Electricité et ses applications, etc. Il dirigeait en outre depuis plusieurs années le journal La Nature
A dimanche prochain !
samedi 13 octobre 2012
Ce que la SF doit à Marie Curie...
Dès la découverte du radium, un vent de folie radioactive a déferlé sur la France. On imaginait un "lorgnon au radium" (1904) permettant de voir à travers à peu près tout, on parlait de "corps merveilleux" (1904), bien plus tard Marie Curie devient l'une des héroïnes de la Brigade Chimérique .
Ajoutons quelques titres comme Le Radium qui tue de Paul d'Ivoi, Les Prospecteurs de Radium de Jean Normand ou La Caverne au radium d'Henry de Graffigny (et bien d'autres!) pour voir que ce matériau considéré comme quasi-magique (dans la bande dessinée Les Hommes immortels - 1945 - de René Bastard, une civilisation précolombienne survivant dans un volcan vénère le radium) est incontournable.
De nombreuses biographies de Marie Curie ont été écrites. Parmi elles, voici quelques biographies pour la jeunesse :
jeudi 11 octobre 2012
Paul d'Ivoi, Les Cinq sous de Lavarède (illustrations)
Paul d'Ivoi propose dans Les Cinq sous de Lavarède un défi plus extraordinaire encore que celui du Philéas Fogg dans Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. En effet, il ne s'agit pas seulement de faire le tour du monde mais encore de ne partir qu'avec 5 sous pour réaliser l'exploit.
En 1939, L'Epatant met à sa Une des illustrations de Pellos pour ce roman:
mardi 9 octobre 2012
Enigme du lundi... réponse du mardi
Personne n'a trouvé la réponse à la dernière énigme du lundi même si certains étaient fort proches de le faire.
Reprenons l'image:
Et la réponse extraite de l'ouvrage du Dr Milène Lucci, La Femme, médecin du foyer:
"On emploie à présent [nous sommes en 1923] l'électricité directement, en plaçant, pour ainsi dire, le corps humain dans l'appareil qui produit l'électricité, et aussi en le transportant et en l'associant à d'autres éléments, comme dans les bains hydro-électriques. Ceux-ci sont très doux, agréablement supportés et on les trouve dans toutes les maisons de santé. Le Dr Schnée a inventé un appareil spécial. C'est une espèce de siège avec 4 récipients, deux pour les bras et deux pour les jambes. Le liquide est traversé par le courant électrique dont l'action est très légère et donne d'excellents résultats dans les maladies nerveuses".
Pour nous calmer, soyons électrique!
lundi 8 octobre 2012
dimanche 7 octobre 2012
Les dimanches de l'abbé Béthléem 14 : juillet 1909
Si les deux précédents épisodes (mai 1909 et juin 1909) de ces dimanches de l'abbé Béthléem était riches en terme de littérature conjecturale, c'est moins le cas cette semaine. Pour ce quatorzième épisode nous aurons donc du théâtre policier, une étrange utopie (tout au moins pour les lecteurs du XXIe siècle) et une lettre de Pierre Lafitte, directeur de Je Sais tout.
Commençons
par une incursion dans le domaine policier avec une pièce de théâtre et une incursion dans le domaine
policier. Pierre de Lune est l'adaptation du roman The Moonstone (La Pierre de Lune) de Wilkie Collins (1886):
Pierre de Lune, pièce en 5 actes et 7 tableaux, tirée du roman de Wilkie Collins, par MM. Louis PERICAUT et Henri DESFONTAINES.
Nous n'en finissons plus avec les pièces policières. Autant cela, qu'autre chose, après tout ! Pierre de lune, est dans le goût de Sherlock Holmes et de Arsène Lupin.Une « pierre de lune » un merveilleux joyau, jadis volé dans un temple au front d'une divinité indoue, est tombée par suite d'un legs, dans la possession d'une jeune Anglaise Miss Rachel Verinder, laquelle a deux cousins également épris d'elle, Franklin et Godfrey. Or, un caractère sacré est attaché au diamant et des brahmanes se sont mis à la poursuite de la pierre miraculeuse, décidés à rentrer en sa possession par tous les moyens. Au moment où, pour le garder contre leurs entreprises, Rachel va, mettre le bijou en sûreté, il lui est dérobé. Les soupçons de la police se portent naturellement d'abord sur les prêtres hindous. Mais la jeune fille à vu et reconnu le voleur, elle finit par le nommer : c'est son cousin Franklin. .Or, celui-ci n'est pas responsable du crime. La minutieuse enquête du sergent Koff, le célèbre détective, finit-par démontrer qu'il a agi inconsciemment, sous l'empire d'une surexcitation nerveuse, et il démasque le véritable coupable,le cousin Godfrey, hypocrite et criblé de dettes, qui a profité de l'état cataleptique du jeune homme pour lui faire voler le diamant, et le lui ravir ensuite. La pierre sacrée sera rendue aux Hindous; Godfrey se fera justice à lui-même et Rachel épousera Franklin.L'imprévu, l'étrange des combinaisons policières sont tout le mérite des oeuvres de ce genre.
Signalons
ensuite une sorte d'utopie pro-mariage ensuite dans la catégorie
« Romans pour grandes personnes » de la rubrique « A
travers les Romans du mois » (la loi du 6 juin 1908 "permettant de rendre obligatoire pour le juge la demande de conversion de séparation de corps en divorce présentée par l'un des deux époux trois ans après le jugement" est toute récente et crée une vive émotion dans l'opinion catholique) :
— Louis Lefebvre, Le Couple invincible, Perrin, 3,50.
La donnée est étrange un peu, le reste l'est bien moins.
Original et hardi à la fois.Donc, d'un naufrage seuls des enfants français ont échappé.Ils ont abordé une île inconnue, fondé la ville blanche.Là régna d'abord l'union libre. Puis le mariage qu'on brisait à volonté, pour rien. La situation des femmes était très critique.Deux personnes s'unirent un jour par un mariage véritable.Ils furent condamnés tous deux pour avoir enfreint une loi sévère de la ville blanche. En prison, ils vécurent heureux, dans l'union la plus parfaite, malgré leur malheur. On allait les délivrer quand on découvrit l'épouse près du cadavre de son mari. « Vous l'avez tué, cria-t-elle, ne me plaignez pas cependant : nous nous sommes unis pour toujours, je ne serais jamais seule. »Une loi fut publiée qui permettait désormais le mariage indissoluble. De l'état de nature ce peuple s'était élevé à la vie morale la plus haute, tandis que la France, la mère patrie, suivait exactement la voie contraire....
Dans
la partie correspondance est reproduite une lettre de Pierre Lafitte
à propos de l'article du mois précédent consacré à Je Sais Tout:
Monsieur l'abbé,
Je viens de lire dans votre intéressante publication, l'article que vous avez bien voulu consacrer à Je sais tout. Je me trouve tout à fait d'accord avec vous au sujet des critiques que vous formulez sur ce magazine, et les réflexions que vous en faites sont celles que je fais tous les jours à mes collaborateurs depuis plusieurs mois. Je tenais donc à vous remercier du service que vous m'avez rendu en l'occurrence, en prouvant à mes collaborateurs que ce que je leur disais est la vérité, et je vous remercie également de la bienveillance impartiale avec laquelle vous avez écrit cette étude consacrée à Je Sais tout.Veuillez agréer, Monsieur l'Abbé, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.Pierre LAFITTE.
samedi 6 octobre 2012
Docteur Louis Carton, La Tunisie en l'an 2000
Il est des livres que je recherche depuis fort longtemps. La Tunisie en l'an 2000 du docteur Louis Carton en fait partie. Malgré des fouilles dans les catalogues des bibliothèques, des bouquinistes, dans les méta-moteurs de recherches je ne l'ai pas encore trouvé (et je pense que je ne le trouverai sans doute jamais).
Quelques informations glanées ici ou là donc seulement pour cet ouvrage: publié chez G. Van Oest et Cie en 1922, le livre est sous-titré Lettres d'un touriste en compte 256 pages. Le docteur Louis Carton (1861-1924), archéologue aujourd'hui contesté, a dirigé de nombreuses fouilles en Tunisie au temps de la colonisation (lire une biographie).
On trouve cet ouvrage mentionné dans des publications universitaires comme la dernière en date Clémentine Gutron, "Voyager dans le temps avec un archéologue à travers la Tunisie coloniale : Louis Carton (1861-1924) et sa Tunisie en l'an 2000" in Explorations et Voyages scientifiques de l'Antiquité à nos jours, Editions du CTHS, 2008.
Le pire est que le texte est là, à portée de clic sur le site Hathi Trust Digital Library mais qu'on ne peut le consulter de France. Il a été numérisé par Google mais on ne peut pas le consulter non plus. Si quelqu'un a une solution pour consulter le livre, je suis preneur!
Il me faut donc me contenter de connaître l'existence de cet ouvrage (à moins, je le répète que quelqu'un, peut-être un universitaire américain - il est dans plusieurs bibliothèques universitaires outre-atlantique en version numérique-, puisse me procurer une copie numérique du texte).
Pour vous faire partager d'autres (trop maigres) informations sur cette anticipation, voici la reproduction d'un article paru en 1922:
Docteur
Louis Carton, La Tunisie en l'An 2000
Sur
un homme et
une
oeuvre
Il
y
a
un
an
tout
juste,
les
personnes
qui,
en
ce
siècle
ingrat,
éprouvent
encore
de
l'émotion,
si
on
leur
parle,
si
on
les
fait
se
souvenir
de
la
beauté
antique,
ces
personnes
avaient,
frémi
d'indignation.
Car
Mme
Burnat-Provins,
tout
animée
elle-même
d'une
juste
révolte,
venait
d'écrire
un
article
sur
le
scandale
de
Carthage.
Carthage,
capitale
d'un
peuple
qui
a
fait
trembler
Rome,
est
à
.quelques
kilomètres
de
Tunis.
Rien
n'y
étant
gardé,
les
déprédations
qu'y
commettaient
les
visiteurs
étaient
inouïes.
Cette
terre
auguste
était
deux
fois
ruinée.
Une
cité,
dont
les
siècles
ont
répété
le
nom,
et
qu'il
eût
été
si
beau
et
,si
utile
pour
la,
France
de
relever,
servait
de
carrière
on
en
extrayait
des
marbres
pour
la
construction
! Incurie
de
l'administration...
Nous
nous
étions
fait
l'écho
de
Mme
Burnat-Provins,
et
les
lecteurs
du
Figaro
avaient
été
affligés
à
l'idée
de
la
détresse
de
Carthage.
Eh
bien
je
veux
aujourd'hui
les
réconforter
Tout
va
beaucoup
mieux
à
Carthage..
Le
docteur
Carton
vient
de
m'en
informer,
et
je
tiens à
communiquer
tout
de
suite
cette
bonne
nouvelle
à
ceux
que
la
mauvaise
avait
affectés.
*
**
Le
docteur
Carton
est
le
bon
ange
des
ruines
tunisiennes.
C'est
lui,
avec
de
P.
Delaltre,
qui
a
exhumé
les
palais,
les
temples,
les
fontaines,
tous
les
monuments
antiques
qu'on
peut
rencontrer
dans
cette
riche
région
de
l'Afrique
du
Nord.
Il
vit
pour
cette
œuvre
il
s'y
est donné
tout
entier.
Débarqué
à
Gabès
en
1886,
comme
aide-major,
dès
1887,
il
sent,
au
milieu de
cette
atmosphère
antique,
son
cœur
s'ouvrir
à
la
passion
de
l'archéologie,
et
il
a
presque
tout
de
suite
le
bonheur
de
dégager
une
grande
ruine
Dougga.
Il
a
travaillé
avec
Gaston
Boissier,
Georges
Perret,
Héron
de
Villefosse,
c'est
dire
qu'il
a
été
sous
les
meilleurs
maîtres.
Il
connaît
parfaitement
la
Tunisie
et
il
a repéré
tous
les
points
où
l'on
peut
espérer
les
plus
belles
trouvailles.
Aujourd'hui,
il
est
à
Bulla.
Regia,
non
loin
de
la
route
où
chevaucha
souvent
sur
sa
mule
saint
Augustin,
l'ancienne,
route
qui
reliait
Hipipone
à
Carthage.
On
a
dégagé
à
Bulla
Regia
des.
palais.
souterrains
qui
renferment
des
mosaïques,
des
pavements
de
marbres
multicolores
et
des
fresques.
On
y
trouve
encore
un
temple
d'Apollon,
un
théâtre,
des
thermes
qui
donnent
nettement
l'impression
que
cette
ville
fut
réellement
une
capitale.
Le
docteur
Carton
a
fait
aménager
là
une
citerne
qu'il
habite
et
d'où
il
dirige
les
fouilles. La
situation
a
donc
changé
à
Carthage
et
en
Tunisie
elle
s'est
améliorée
depuis
que
M.
Lucien
Saint
est
gouverneur.
C'est
lui
qui
ayant
compris
l'intérêt
qui
s'attache
à
ces
recherches,
les
a
encouragées
et
a
puissamment
soutenu
le
docteur
Carton.
Les
temps
héroïques
de
l'archéologie
tunisienne
sont
donc,
espérons-le,
révolus,
et
maintenant
va
s'ouvrir
une
période
de
réalisations
méthodiques
très
précieuses.
La
Résidence
a
déjà
accordé
une
forte
subvention
pour
Bulla
Regia,
et
les
élus
de
la
colonie
s'apprêtent
à
voter
une
somme
importante
pour
sau;ver
les
restes
de
Carthage.
Est-ce
donc
qu'il
y
aurait
aussi
de
l'argent
pour
des
entreprises
non
exclusivement
sportives
?
*
**
C'est
à
M,
Saint,
en
reconnaissance
de
son
appui
éclairé,
que
le
docteur
Carton
vient
de
dédier
La
Tunisie
en
l'an
2000,
un
volume
de
curieuse
anticipation.
Le
savant,
y
décrit
là
son
rêve
les
vestiges
carthaginois
retrouvés,
les
cités
antiques
déblayées,
et
toute
la
vie
des
anciens
mêlée
à
notre
existence
moderne.
Que
trouvons-nous
à
Carthage
aujourd'hui
?
écrit-il
à
peu
près
« On
sait
le
prestige
qu'exerce
en
tous
pays
ce
grand
nom
de
Carthago.
Tous
les
visiteurs
arrivent
l'imagination
surexcitée.
Tous,
quand
ils
s'en
vont,
sont
déçus.
Ce
n'est
pas
être
sincère
que
de
parler
avec
enthousiasme
des
célèbres
ruines
de
Carthage
et
de
n'y
offrir
que
quelques
monuments
abandonnés
dans
un
chaos
de
fondrières,
de
tas
de
pierres
et
de
villas
modernes.
Qu'on
se
hâte
donc
de
donner
au
service
des
antiquités
une
loi,'
un
personnel,
.les
fonds
nécessaires
pour
mettre
en
valeur
une
ruine
qui,
par
la
déception
qu'elle
cause
aujourd'hui
aux
visiteurs,
dessert,
au
lieu
de
la
servir,
la
Tunisie. »
Cet
appel,
M.
Saint
l'a
entendu,
je
l'ai
dit.
Le
docteur
Carton
peut
donc
écrire
ses
anticipations
dans,
la
pensée
qu'elle
correspondent
bien
exactement
à
ce
que
l'avenir
verra.
En
l'an
2000,
le
touriste
qu'il
amène
en
Tunisie
ne
souffre
d'aucun
ennui,
ni
contre-temps,
pour
lui-même,
ni
ses
bagages,
en
chemin
de
fer
et
dans
le
transbordement
à
Marseille
du
train
au
bateau.
Tout
est
parfaitement
organisé
et
s'accomplit,
pour
ainsi
dire,
automatiquement.
Mais
ici,
j'arrête
M.
Carton.
Croit-il
vraiment
que
dans
quatre-vingts
ans
on
voyagera
encore
par
voie
ferrée
et
par
steamer
?
N'aura-t-on
pas,
depuis
longtemps,
fui
les
wagons
incommodes
et
les
catastrophes
des
grandes
lignes
?
Qui
donc,
en
l'an
2000,
voudra
encore
prendre
un
autre
chemin
que
celui
des
airs
et
du
ciel?
Ah
oui.
peut-être
quelque
archéologue
amoureux
du
passé,
et
qui
rêvera
longuement
au
temps
des
chemins
de,fer,
comme
nous
rêvons
à
celui
des
diligences.
Enfin,
le
touriste
du
XXe
siècle
arrive
à
Tunis.
Tous
les
petits
défauts
que
l'on
peut
trouver
aujourd'hui
à
la
ville
ont
naturellement
disparu
elle
est
parfaite,
son
aménagement
est
irréprochable.
Mais
c'est
a
Carthage,
bien
sûr,
que
le
docteur
Carton
conduit
immédiatement
son
voyageur.
Quel
changement
! Les
temples,
les
palais
et
tout
un
quartier
de
la
ville
antique,
sont
dégagés,
mis
en
valeur,
exposés
à
l'admiration
des
visiteurs.
Que
s'est-il
donc
passé
?
Ceci,
tout
simplement.
le
Comité
des
« Amis
de
Carthage »
a
su
faire
adopter
par
l'administration
et
les
propriétaires
de
terrain
le
plan
qu'il
avait
conçu
et
les
mesures
à
prendre
pour
sa
réalisation.
Les
propriétaires
de
terrain
ont
compris
qu'ils
servaient
leurs
propres
intérêts
en
autorisant
des
fouilles
chez
eux.
D'autre
part,
un
décret
a
imposé
à
quiconque
voulait
bâtir
ou
planter
d'en
faire
la
déclaration
six
mois
à
l'avance,
afin
que
l'Etat
puisse
explorer
d'abord
le
sous-sol
et
exproprier,
.en
cas
de
découverte
valable.
Une
société
financière
est
venue
au
secours
des
«
Amis
de
Carthage,
elle
a
racheté
tous
les
terrains
intéressants
et
l'Etat
lui
a
prêté
son
,concours
pour
les
fouilles
et
la
restauration
des
ruines.
Voilà
par
quelle
méthode
Carthage,
en
l'an
2000,
est
devenue
l'un
des
points
du
globe
les
plus
fréquentés
par
toutes
les
personnes
cultivées
et
artistes.
Espérons
que
l'imagination
du
docteur
Carton
n'est
en
avance
sur la
réalité
que
de
quelques
lustres,
et
que
nous
pourrons
tous voir
les
merveilles
qu'il
nous
annonce.
Et,
en
tout
cas,
félicitons-le
de
sa
foi
et
de
sa
ténacité
il
agit,
et
agit
bien.
On
peut
le
remercier.
Sa
passion
sert
et
la
civilisation
et
la
France.
Eugène
Montfort,
Le
Figaro,
68e année, 3e série, n°106, 16 avril 1922