Je
suis dégoûté de la France
Depuis
qu'elle n'a plus le sou.
Je
veux pourtant faire bombance,
N'importe
comment, n'importe où.
Foin
du beau ciel de ma patrie
Qui
me crotte comme un barbet!
Je
veux aller en Icarie;
Allons,
partons, monsieur Cabet!
Au
diable soit qui me querelle!
J'ai
renié tous mes parents;
De
mes amis le plus fidèle
Ne
me prêterait pas cinq francs.
Les
femmes... je n'en avais qu'une,
Et
pourtant... perfide Babet!...
Mais,
là-bas, la femme est commune.
Allons,
partons, monsieur Cabet!
Vous
souriez, mon camarade;
Mais,
là-bas, comme nous rirons!
Amis
comme Oreste et Pylade,
Nous
boirons et nous mangerons.
Passant
ma vie à ne rien faire,
Aimant
et fumant comme un bey,
Je
deviendrai propriétaire...
Allons,
partons, monsieur Cabet!
Vous
baissez, mon cher, vous baissez
De
vos tours on commence à rire;
Ici
nous sommes enfoncés.
Mais,
au sein de nos colonies,
Où
l'on ne sait pas l'alphabet,
Nous
passerons pour deux génies;
Allons,
partons, mon cher Cabet!
Cabet,
si tu n'es pas un cuistre,
Comme
tu vas me festoyer!
Je
serai le premier ministre
De
l'empereur Cabet premier.
Tondant
de près cette canaille,
Comme
des chèvres du Thibet,
A
ses frais nous ferons ripaille;
Allons,
partons, mon cher Cabet!
Ainsi,
l'âge de l'innocence
Reviendra
pour ces chérubins;
Nous
n'accepterons de la France
Que
ses femmes et que ses vins.
Assis
sur les vertes fougères,
Soufflant
dans notre galoubet,
Nous
ferons danser nos bergères;
Allons,
partons, mon bon Cabet!
Eh
bien, n'êtes-vous pas des nôtres?..
Pourquoi
me tendre ainsi les bras?...
Ah!
vous faites filer les autres,
Cabet,
et vous ne partez pas!...
Dites-moi
donc, en Icarie,
A-t-on
rétabli le gibet?
Je
veux mourir dans ma patrie;
Ne
partons pas, monsieur Cabet!
Source de l'image: Gallica
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