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vendredi 2 janvier 2015

L'Arrosoir arrosant Chambéry (1884-1886) dépouillement complet

L'Arrosoir arrosant Chambéry publié entre le 15 janvier 1884 et le 1er juillet 1886 compte 58 numéros à la périodicité irrégulière.
Dirigé par Paul Oney, le périodique se veut « une feuille illustrée, amusante, satirique et littéraire ». Nulle force politique n'est épargnée. Parmi les numéros, trois textes sont conjecturaux, de la forme satirique bien entendu.


NOS DEPECHES
(Par fil spécial)

Cognin,minuit.
Grande découverte! Jean Bambois inventé machine amputation.
Demande sujets sérieux pour expériences. Seront logés, nourris gratis. Auront deux jambes de bois après opération. Course au Nivolet sera faite tous les samedis.

Bissy, 11 heures soir.
Révolution hier. Ennemis surpris artillerie.Enlevé plusieurs pièces.
Envoyez renfort, restons dans les lieux. Ennemi nous connaît pas ; ferons sentir qui nous sommes.

L'Arrosoir arrosant Chambéry, n°4, mars 1884

Coup de griffes

Lundi 26 août. [1884]—
Adieu fiacres, cochers !
Sous peu, nous n'aurons plus à souffrir les cochers, et nous ne serons plus obligés de faire notre testament avant de monter dans un compartiment de la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée. Nous allons tous aller en en ballon. Un certain Bernard vient, en effet, de découvrir un moyen pour diriger les aérostats.
Vous voyez d'ici la place de l'Hôtel de ville avec cinq ou six rangées de ballons !
Vous entendez déjà les voyageurs :
- Cocher, à Aix ! Je suis en retard, j'ai un rendez-vous pour 6 heures, il est moins 10 !…
- Nous avons le temps, monsieur !
Les gens tseng auront leur ballon. On ne donnera plus rendez-vous dans les bois, on flirtera dans les airs.
Nous n'irons plus aux courses à Marlioz ; nous n'aurons plus d'accident de chevaux, ces derniers seront remplacés par des ballons ; nous n'aurons les aréostats-courses.
Lorsqu'un député, un sénateur ou un maire voudra parler au peuple, il s'élèvera à 10 ou 15 mètres, et de là prononcera son petit discours. Mais ne
bâtissons pas de châteaux en Espagne ! Voici ce que nous lisons dans un journal de Paris :
« M. Bernard n'a pas pu faire hier sa seconde expérience, l'état atmosphérique l'en ayant empêché. »
Ce qui veut dire :
« M. Bernard voulait aller au nord, mais le vent qui venait de cette direction ne lui a pas permis de lâcher son ballon. »
La petite bête n'est donc pas encore trouvée !…
Attendons !


Paul Oney, « Coup de griffes », L'Arrosoir arrosant Chambéry, n° 14, 1er septembre 1884

Encore un instrument

Le phonographe a vécu. Cet instrument qui, autrefois, a fait fureur, vient d'être détrôné par l'odorographe.
Cet instrument a été découvert à Balti. Dans un petit appareil où roule, mû par un ressort, un cylindre quadrillé de cellules, à chacune desquelles correspond un fil de cuivre électrique, on envoie par un tube telle ou telle odeur prise à une rose, à un oeillet, au thym, à l'haleine même d'une personne.
Un mois ou quelques années après l'insufflation, on retrouve le parfum, l'odeur, aussi vifs qu'au premier jour.
Voilà une découverte qui aura du succès auprès de notre secrétaire, M. Pontamafray, qui pousse de ces soupirs…

L'Arrosoir arrosant Chambéry, 39, septembre 1885

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