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mercredi 25 mars 2015

Ernest Blum, L'Histoire en l'an 2000 (1889)

Le regard rétrospectif fictif est souvent un moyen efficace pour se moquer de l'actualité contemporaine. Alors que les prétendants au trône se déchire pendant que la Troisième République s'installe, Ernest Blum imagine le regard que porteront les historiens de l'an 2000 sur cette querelle.

 L'Histoire en l'an 2000

Ou comme quoi M. le comte de Paris rendra besogne dure aux commentateurs de l'avenir.

...Arrivons maintenant aux événements qui marquèrent la fin du dix-neuvième siècle.
À la mort du comte de Chambord, petit-fils de Charles X et fils du duc de Berry, Philippe VII devint le chef platonique de la maison de France. Le parti légitimiste le reconnut, en effet, comme tel, mais un nommé Louis-Philippe Il tenta de disputer ce titre au nouveau chef.
Philippe VII, fort de ses droits, ne céda pas, et la lutte entre les deux prétendants fut vive.
Ce fut alors que, comme dans la fable, surgit un troisième larron qui essaya de profiter de la division des deux parents, et ce troisième larron s'appelait Philippe.
Qui aurait le droit de porter les trois fleurs de lys d'or? qui serait le chef des royalistes de France? Est-ce Philippe VII, Louis-Philippe II ou Philippe?
L'opinion de certains chefs de groupes d'alors était bien que la succession politique du comte de Chambord défunt devait revenir au comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe Ier et fils du duc d'Orléans ; mais nul ne savait au juste le vrai nom du comte de Paris, — l'histoire n'est même pas parvenue à nous transmettre intactes les appellations de ce rejeton de princes.
Se nommait-il Henri, Honoré, Alfred ou Louis? II ne faut, pas avoir quelquefois trop de noms, sous peine de n'en laisser aucun.
La vie du reste fort obscure du comte de Paris — puisqu'elle s'est consumée dans l'attente de la disparition de la troisième République sous laquelle nous vivons encore aujourd'hui — n'a permis à aucun écrivain du temps de tenter une biographie sérieuse dudit comte.
Quant au combat qu'il faudrait appeler le combat des trois-Philippe, Pililippe VII, ,Louis-Philippe II et Philippe, il se termina également comme dans la fable, par la mort des trois combattants. Un jour on ne trouva sur le champ de bataille que les trois couronnes de ruolz que les trois prétendants s'étaient fait faire chacun à bon marché et comme pour en imposer aux masses….

Ernest Blum, « L'histoire en l'an 2000 » in Le Rappel, n° 4927, daté du 6 septembre 1889.



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