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jeudi 24 septembre 2015

Squares et statues de l'avenir (1930)

En 1930, le périodique Comoedia demande à différentes personnalités "Quelles sont les statues de Paris qu'il faudrait supprimer ?". Paul Reboux répondait déjà dans un programme théâtral:

M. Paul Reboux

Nous n'avons pas eu le plaisir d'interroger M. Paul Reboux. A peine cette enquête était-elle commencée que nous trouvions ces lignes de lui dans un programme de théâtre.
Imaginez qu'un cataclysme ait soudain plongé la France entière dans un océan Atlantique subitement élargi.
Les scaphandriers-archéologues du XXXe siècle; en découvrant Paris dans les profondeurs abyssales de la mer, seraient exposés à de bien singuliers raisonnements.
— Etrange découverte! diraient-ils. Nous avons constaté que les habitants de cette fameuse Ville-Lumière ne devenaient importants que bien après l'âge mûr. En effet, les statues dont les fragments ont été trouves sur les places publiques sont toutes des statues de vieux messieurs. Les Français avaient-ils donc coutume de ne trouver de valeur aux-hommes qu'à l'âge où ceux-ci avaient cessé d'en avoir? Ou bien les personnes mûres avaient-elles coutume, chez ce peuple, d'opposer une solide barrière au développement des mérites nouveaux? Quoi! Pas un homme beau et bien fait, dans la force de l'âge, n'a mérité de Paris une statue ? ne rendait-on hommage qu'à la décrépitude.? Il y aurait du vrai -en de telles réflexions.
Pourquoi, d'ailleurs, garnir de statues nos places et nos refuses, au point de les rendre aussi encombrés que nos chaussées ? Il est pourtant des moyens plus habiles, plus logiques, et de meilleur goût pour perpétuer le souvenir d'un grand homme...
Qu'on donne à une découverte le nom de son auteur ; à une loi scientifique le nom du savant qui, le premier, l'a formulée à ,un remède le nom du médecin ou du chimiste qui l'a imaginé. Voilà l'hommage rationnel.
Pour l'écrivain, pour le poète, une édition soignée, mais d'un prix accessible au populaire, fixerait harmonieusement, la pensée et l'art d'un auteur.
Il vaut mieux, en effet, répandre et célébrer les œuvres des gens, que de figer ceux-ci en une altitude quelconque, pour que, cinquante ans plus tard, cette statue d'un illustre oublié ne serve plus que de point de rencontre aux amoureux, à l'heure crépusculaire des rendez-vous...

In Comoedia n° 6334 daté du 21 mai 1930

Il existe un dessin signé André Hellé (1871-1945) sur le même thème de l'invasion des squares par les statues. La date et la provenance restent inconnues pour le moment :



 

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