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jeudi 3 novembre 2016

John-Antoine Nau, Force ennemie : le premier Prix Goncourt

Il fut un temps où l'Académie Goncourt était présidée par Joris-Karl Huysmans et était composée de Octave Mirbeau, J.-H. Rosny, aîné, Léon Daudet, Léon Hennique, Paul Margueritte, J.-H. Rosny jeune, Gustave Geffroy, Lucien Descaves, Élémir Bourges... Nous sommes en 1903 et l'Académie décerne son premier prix: ce sera Force ennemie de John Antoine Nau. Une œuvre de science-fiction recevant le premier prix Goncourt!

Bien après l'obtention du prix, lors d'une réédition en 1919, le quotidien Le Populaire rappelle l'intérêt et l'importance de l’œuvre:

Préfacée par Louis Descaves, l’œuvre si poignante de John-Antoine Nau, Force ennemie, vient d'être à nouveau éditée, chez Flammarion. Force ennemie fut le premier prix Goncourt et les dix peuvent s'enorgueillir de celui-là.

Le Populaire, 17 janvier 1919
Dans la préface mentionnée par Le Populaire on peut lire:

J’avais porté le livre à Hüysmans; il l’aima tout de suite…. et l’auteur d‘À Rebours n’était pas de ceux qu’on satisfait aisément. Longtemps après, il lui arrivait de dire : « C’est encore le meilleur que nous ayons couronné ».
Il faut reconnaître, en tout cas, que le souhait des Goncourt n’a jamais été mieux accompli que par Nau. La distinction dont il était l’objet ne l’a incité qu’à composer d’autres livres, peu nombreux, lentement, avec soin et sans aucune pensée de lucre. Loin de se croire encouragé au négoce, Nau donna l’exemple, au contraire, d’une dignité de caractère et d’un exclusif souci d’art, qui rappelaient le Prix Goncourt pour en préciser la signification et en accroître le prestige.
En 1922, à propos de la remise du prix Goncourt, on pouvait lire dans Les Potins de Paris ces lignes concernant John-Antoine Nau:
 
Le roman d'aventures, le roman exotique, si l'on veut, date de John-Antoine Nau qui obtint le premier prix Goncourt en 1903 avec Force Ennemie. John-Antoine Nau qui mourut en mars 1918 à Tréboul fut un grand voyageur. Sur place, il composa Le Préteur d'Amour qui se passe aux Antilles ; La Génia, aux Indes ; Cristobal le Poète, en Algérie ; Thérèse Donali, en Corse...
Mais John-Antoine Nau était venu trop tôt. Son siècle ne se plaisait pas à ses narrations lointaines et véridiques. Son temps, néanmoins, doit être venu aujourd'hui. Si la justice existait, John-Antoine Nau aurait un marbre immense et les romans de Pierre Benoit se tirerait en édition à quatre sous. Ce serait encore beaucoup d'honneur...

Les Potins de Paris, 6 février 1922
A lire:
Force ennemie de John-Antoine Nau, collection ArchéoSF (disponible en numérique, 4,99 euros seulement)

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