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jeudi 29 décembre 2016

Ilidza in der Zunkuft / Ilidza dans l'avenir (vers 1910?)

Ilidza est une commune située à proximité de Sarajevo (aujourd'hui capitale de la Bosnie-Herzégovine). Au moment de la production de la carte postale ci-dessous, elle était sous administration austro-hongroise, ce qui explique que le texte est rédigé en allemand.
Comme d'autres cartes de la même époque nous montrant une ville de l'avenir, encombrée de moyens de transports terrestres et aériens, grâce à un photomontage, on trouve les mêmes éléments plaqués sur une vue d'une rue d'Ilidza.
On peut par exemple consulter la vision de Ratzebourg dans l'avenir ou de Paris (les grands boulevards ou la Place de la Concorde)


dimanche 25 décembre 2016

jeudi 22 décembre 2016

Ratzebourg dans l'avenir / Ratzeburg in Zunkuft (vers 1910)

Les cartes postales montrant l'avenir des villes sont relativement  nombreuses avant la première guerre mondiale... mais avec des photomontages identiques !
Ainsi peut-on admirer Ratzebourg (nord de l'Allemagne) dans l'avenir avec une vision des moyens de transport tout à fait similaire à ceux de Paris. Il existe pour Paris une carte "Paris Futur, place de la Bastille colonne du 14 juillet" où l'on voit le même train - ou aérocar - suspendu et des tramways tout à fait identiques et "Paris futur les grands boulevards". D'autres villes ont eu le même traitement en terme de photomontages, nous y reviendrons.


mercredi 21 décembre 2016

Félix Dubois, Tombouctou la mystérieuse (1897)

Tombouctou a nourri l'imaginaire et on a même pu y voir l'avenir de la civilisation (comme dans la nouvelle Jazz-Band publiée en 1920). L'avenir de la ville malienne a même inspiré une vitrine de Noël d'un grand magasin parisien en 1923 imaginant Tombouctou en 2124 ! (lire la description de cette vitrine)
En guise de conclusion à son ouvrage Tombouctou la mystérieuse (1897), Félix Dubois se livre à une courte anticipation en forme de rêve fortement marqué par l'idéologie coloniale.

Dans le lointain des temps futurs, je. vois Tombouctou ayant rejeté ses haillons d'aujourd'hui et redresse sa taille courbée par les malheurs. Alors le marigot en sable de Kabara aura été déblaye, approfondi. Le Niger pourra apporter jusqu'à là ville des eaux plus abondantes. On aura ménagé à celles-ci,par des travaux faciles, un débouché dans le nord et l'est. Une fraîche ceinture entourera la ville de toutes parts. Elle aura retrouve ses jardins, ses verdures, ses palmiers d'autrefois. Striée d'avenues ombragées, elle sera une plaisante et active cité cosmopolite, trait d'union entre le monde blanc et le monde noir. Le Sahara aura été dompté. Une chaîne d'acier lui aura été imposée dont les anneaux seront des rails. Les locomotives électriques auront permis de réaliser le chemin de fer transsaharien. Avec une vitesse de foudre les convois circuleront entre Alger et Tombouctou, les flots de la Méditerranée seront unis aux flots du Niger. Touaregs, Kountas, tous les nomades improductifs auront été rejetés dans le désert stérile, leur patrie première. Our' Oumaïra, l'endroit sinistre, aura disparu des mémoires. De Kabara l'on entendra à Tombouctou des éclats de vie, les gais sifflets des vapeurs venant apporter et chercher les produits multiples.
Je rêve aussi Tombouctou devenue un foyer de civilisation et de science européennes, françaises. comme elle fut jadis un centre de culture musulmane. De nouveau la réputation de ses savants s'étendra jusqu'au lac Tchad, jusqu'au pays de Kong et à l'Atlantique.
J'arrive a croire enfin qu'à ce moment l'on aura répare de douloureuses injustices. Croit-on que rien n'évoque encore le souvenir de René Caillié en cette ville qu'il raconta le premier à l'univers, non plus qu'ailleurs dans le Soudan où il déploya tant de vaillance ? Les monuments, les places et les grandes voies rappelleront également les noms de Colbert, de Faidherbe, de Galliéni, d'Archinard, comme ceux de Mungo-Park, de Laing, de Barth. Dans les écoles, on enseignera l'histoire de tous les pionniers, et les maîtres diront aux enfants « Honorez-les et pensez à eux avec reconnaissance. »
Dans le lointain des temps futurs, je vois Tombouctou apparaître superbe, lettrée, riche, reine du Soudan, telle qu'elle se dessine dans le lointain des temps passés, telle que son panorama en donne l'illusion aux voyageurs des temps présents.

Félix Dubois, Tombouctou la mystérieuse, Librairie E. Flammarion, 1897

A lire:
Dans la même veine, le docteur Carton imagine l'avenir de La Tunisie en l'an 2000 (1922).

lundi 19 décembre 2016

Une revue préhistorique aux Eyzies (1924)

Une brève publiée dans le journal l'Intransigeant nous informe qu'une revue (c'est à dire un spectacle humoristique, souvent léger, et avec danses, souvent légères aussi) eut pour cadre la grotte des Eyzies en Dordogne. Quoi de plus normal que le thème fut la préhistoire. L'auteur de la brève en profite pour livrer un coup de griffe à ses contemporains...


In L'Intransigeant, 11 septembre 1924

samedi 17 décembre 2016

Tombouctou en 2124 (1923)

Une partie de l'imaginaire conjectural s'est effacée car personne ou presque n'en a gardé de traces. Régulièrement, dans la presse de l'époque, des descriptions de spectacles peuvent être relevées mais souvent l'image manque: au lecteur d'imaginer ce que les contemporains ont bien pu voir. En 1923, pour les fêtes de Noël, un grand magasin parisien proposait une vitrine montrant "Tombouctou en l'an 2124". Un chroniqueur du Petit Parisien nous en livre la description:



ALLONS VOIR AUX VITRINES LE "JOUET" DE L'ANNÉE

[…] L'actualité fournit ses sujets aux décorateurs. Si l'on demandait à la moyenne des « gosses » qui vont au cinéma ou qui s'intéressent aux beaux voyages ce qui les a cette année, le plus frappés, la plupart répondraient «Nanouk » et « le Raid des autos-chenilles à travers le Sahara ». La plupart des magasins ont donc, pour flatter leurs petits clients, leur scène de « Nanouk » et leur vue de « Tombouctou en l'an 2124 ».
Ici, on voit, au fond du paysage, des autos-chenilles défiler sur la crête des dunes et descendre lentement vers la capitale du désert. Dans les rues grouillantes, tout un peuple bizarrement accoutré se presse, flâne, court à ses affaires et danse au son du jazz-band. Entre les minarets et les terrasses, des palmiers étrangement mécaniques se plient-sous une brise irréelle, mais qui doit être- terrible, si l'on en juge aux convulsions des pauvres arbres. Une girafe, un seau à la bouche, monte de l'eau à tous les étages.
Ailleurs, la vision de Tombouctou dans deux cents ans est plus formidable encore: un aérobus monstre, dont la porte d'entrée est un énorme rideau de fer, crache autant de public qu'une sorte de métro aux heures d'affluence. On déballe des fruits « exotiques » : poires, pommes, raisins ; des légumes, carottes et oignons, que se disputent les gens chic. Devant le grand théâtre et le magasin d'antiquités, les passants s'arrêtent ou font la queue. Au milieu de la grand'place, se tient le cireur. Le client met cinq francs dans un appareil, en choisissant la couleur de son cirage : il y en a du jaune, du vert, du rouge et même du noir. Pendant que les brosses mécaniques font leur devoir, des cornets acoustiques versent l'harmonie (par sans-fil) au cœur des citadins. Un édifice monumental absorbe une foule compacte qu'il ne rend pas : il constitue la gare de départ des aérobus.
Si les pronostics de nos humoristes se réalisent, comme se sont réalisées celles de Wells et de Jules Verne, Paris n'a qu'à bien se tenir pour conserver son rang de capitale du monde: Tombouctou ne tardera pas à le dépasser. […]

Raymond de Nys, « Allons voir aux vitrines le jouet de l'année »,
in Le Petit Parisien, n° 17087, 11 décembre 1923


jeudi 8 décembre 2016

Prophétie : Napoléon reviendra dans 2000 ans ! (1928)



PROPHÉTIE

Napoléon reviendra dans 2000 ans !

Pour une nouvelle sensationnelle, c'en est une, mais qui ne se vérifiera pas demain. Un correspondant à Venise d'un journal américain vient de télégraphier à celui-ci qu'il a appris, de la meilleure source, que Napoléon Ier réapparaîtra dans deux mille ans pour conquérir les territoires du pôle Nord. Il précise que ces territoires appartiendront à l'Industrie américaine qui décidément ne se refusera rien.
Ce correspondant bien informé ne cacha pas sa source d'information, il est en relations avec un médium vénitien, le professeur Luigi Belletti, et c'est ce professeur loquace qui lui a révélé, en quelques mots précis, cet avenir lointain.
Nous ne connaissons pas le professeur Luigi Belletti, mais nous avons aussi nos relations parmi les princes de l'occultisme, et l'un de ceux-ci à qui nous disions notre scepticisme sur le retour de Napoléon sur la terre, nous a déclaré :
« Homme de peu de foi, vous êtes incorrigible. Comment pouvez-vous douter de la véracité des affirmations de l'éminent professeur ? Mais le retour de Napoléon n'est pas douteux et à brève échéance...
« A brève échéance ? Deux mille ans, c'est pourtant...
« Deux mille ans ce n'est rien dans l'éternité. Napoléon a affaire ailleurs...
« ” Mais où peut-il bien être ?
Notre interlocuteur nous regarda bien dans les yeux :
«  Etes-yous capable de garder pour vous mes confidences ?
« Certes !
« Eh hien ! Napoléon fait dans Mars ses grandes manoeuvres en vue de la conquête du pôle Nord. Mars est en grande partie, vous ne l'ignorez pas, envahie par la glace. Napoléon étudie la situation et si, depuis quelque temps l'attention des Terriens est si fort attirée par les Martiens, c'est parce qu'ils y a, grâce à Napoléon, des rapports de pensées entre eux. »
Nous quittâmes notre médium en pensant qu'on a toujours tort si l'on veut être initié aux vérités supérieures, d'être un homme de peu de foi.


Anonyme, in La Presse, n° 3487, 24 août 1924

vendredi 2 décembre 2016

Une curieuse conception de M. Payot (1912)

La presse numérisée permet de découvrir l'existence de textes non par un accès direct mais par citation. Le journal catholique La Croix mentionne ainsi en 1912 un article de Jules Payot, recteur de l'université d'Aix, personnalité anticléricale et très engagée dans le combat laïque. On y découvre les germes d'une anticipation sociale. Reste à trouver le texte d'origine paru dans ce fameux Volume... [mise à jour 08/02/2022: le texte est désormais disponible sur ArchéoSF en cliquant ICI]

Une curieuse conception de M. Payot

Un ami nous écrit:

J'ai découvert, sous la signature de M. Payot, dans le numéro du 28 octobre 1911, du Volume, une description de notre époque qui mérite notre attention. Elle est immédiatement suivie de l'exposé des transformations qui, depuis, se sont réalisées, car .M. Payot suppose qu'un certain M, Sagace, l'homme des Neiges, que nous pouvons pressentir n'être autre que lui-même, est demeuré quatre-vingts années enseveli dans les glaces du Mont-Blanc et qu'il revient à la vie vers l'an 2000. Il est à la fois curieux et intéressant de voir ainsi se réaliser sous la plume du recteur de l'Université d'Aix, l'une des conceptions de son esprit.
Voici d'abord, telle qu'elle est décrite, notre vie en l'année 1911:

« A l'époque où l'homme des Neiges avait, vécu sa première vie, le nombre des neurasthéniques était considérable. La civilisation, purement matérielle, stimulait à l'excès les sentiments individualistes. L'éducation était pénétrée de matérialisme. M. Sagace s'en rendait compte et il en était humilié. Au milieu de la société polie où il vivait maintenant, les souvenirs de la vie d'autrefois lui revenaient en foule. Combien l'isolement y était cruel? Il repassait, dans sa mémoire, sa vie d'étudiant à Paris, dans l'abandon moral et la solitude du cœur, au milieu des camarades également abandonnés. Dans ses divers postes, même impression de solitude.
Les instincts sociaux, on le trompait, sans les satisfaire. La vie sociale n'avait ni ordre, ni force, et le gaspillage était inouï. Les uns s'enfermaient dans des cabarets ou dans des cafés, dépensant chaque jour des sommes appréciables, puisque les cafetiers innombrables de chaque localité vivaient, malgré la concurrence, et que la plupart d'entre eux faisaient fortune. Les gens « plus distingués » avaient leur cercle, où ils dépensaient beaucoup les rares « intellectuels » de la ville y trouvaient quelques revues premier essai, mal venu, d'une coopération pour la vie en commun.
A ces dépenses, formidables au total, s'ajoutaient les dépenses des cafés-concerts, des cinématographes, des théâtres, des conférences, des spectacles de toutes sortes, destinés à tromper le besoin que chacun avait de sortir de son isolement et de se trouver en communion d'idées et de sentiments avec ses semblables.

Après la description de notre époque, voici la conception élaborée par M. Payot:
 
« Aussi, quand un groupe d'hommes et de femmes énergiques entreprirent de fonder une maison commune, furent-ils suivis par beaucoup de gens, heureux d'échapper à leur isolement.
Malgré l'opposition haineuse des cafetiers et des entrepreneurs de spectacles, chacun des adhérents fit le compte de ce qu'il dépensait dans l'année « pour tromper ses besoins sociaux » et il en fit l'avance. On put, avec ces souscriptions, commencer la maison commune. Bibliothèque, modeste d'abord, salles de lecture, salles pour sociétés intimes, jardins d'enfants, belle salle des fêtes, attirèrent peu à peu la majeure partie de la population. Le programme portait qu'on mettrait en commun ce qu'on pouvait avoir de talents et de bonne volonté. Des représentations furent organisées et de véritables aptitudes pour la diction se révélèrent, soirées musicales, lectures, déclamations, se succédèrent d'abord chaque semaine, puis plus souvent. De petites équipes de diseurs, de chanteurs, s'organisèrent. Peu à peu la maison commune prospéra et s'agrandit.
Bientôt, on fit appel à toutes les ressources due l'art. Partout les maisons communes s'élevèrent, comme les cathédrales aux XIIe et XIIIe siècles. Architectes, peintres, sculpteurs rivalisèrent. La beauté artistique de ces maisons qui devinrent partout des palais, expliquait que les maisons particulières fussent si sobres d'objets d'art c'est que chacun mettait son orgueil à enrichir la maison de tous et que chez soi on se contentait de fleurs... »

Est-il besoin d'indiquer qu'il ne nous sera pas nécessaire d'attendre jusqu'à l'an 2000, pour voir partout réalisée, pour peu que nous y mettions un peu de bonne volonté, la conception de M. Payot, il est une maison commune où nous pouvons venir si nous souffrons trop de l'isolement. De cette maison nous devons réapprendre le chemin et nous pouvons, revivant les traditions ancestrales, contribuer à augmenter la richesse ou beauté de sa décoration intérieure.
A côté de l'église, déjà en divers coins de France s'est ouverte la maison familiale avec ces bibliothèques, ces salles diverses, cette mise en commun des bonnes volontés, rêvées par M. Payot.
Naturellement, M. Payot ignore ou feint d'ignorer ces tentatives.
N'était-il pas intéressant de rencontrer un esprit, si hostile nos idées, si près de reconnaître la nécessité d'organisation que nous tâchons de réaliser.

Anonyme, « Une curieuse conception de M. Payot »,
in La Croix n°8852, 27 janvier 1912.