Dès l'antiquité, les historiens se livrèrent à des suppositions historiques, tentant de remettre en cause le déterminisme historique ou utilisant ces hypothèses à des fins de propagande (ce fut le cas de Tite-Live cherchant à démontrer la supériorité romaine sur les troupes macédoniennes, texte recueilli dans Une Autre histoire du monde).
Plutarque se laisse aller à ce penchant dans sa Vie de César: que ce serait-il passé si Vercingétorix avait attendu que César soit empêtré dans la guerre civile avec Pompée?
Entre les nations révoltées, les plus considérables étaient les Arverniens et les Carnutes, qui avaient investi de tout le pouvoir militaire Vercingentorix, dont les Gaulois avaient massacré le père, parce qu'ils le soupçonnaient d'aspirer à la tyrannie. Ce général, après avoir divisé son armée en plusieurs corps et établi plusieurs capitaines, fit entrer dans cette ligue tous les peuples des environs, jusqu'à la Saône ; il pensait à faire prendre subitement les armes à toute la Gaule, pendant qu'à Rome on préparait un soulèvement général contre César. Si le chef des Gaulois eût différé son entreprise jusqu'à ce que César eût eu sur les bras la guerre civile, il n'eût pas causé à l'Italie entière moins de terreur qu'autrefois les Cimbres et les Teutons.
Plutarque, "Vie de César", XVIII, in Vies Parallèles (vers 100-120 ap. JC)
Plutarque a fait observer que si Vercingétorix eût attendu jusque-là pour appeler les Gaulois aux armes, il n'aurait pas rempli l'Italie de moins de terreur que les Teutons et les Cimbres. Si c'est un reproche qu'il a voulu adresser au héros arverne, il ne repose pas sur le plus léger fondement; car Vercingétorix ne pouvait prévoir un avenir que rien n'annonçait,puisque Pompée et César paraissaient alors unis par les liens de la plus étroite amitié. Vercingétorix au contraire, jugea parfaitement du moment où il fallait s'opposer à la politique envahissante des Romains dans la Gaule à la fin de leur sixième campagne, toute cette contrée, moins l'Arvernie et ses clients, et quelques parties de l'Aquitaine avait fléchi devant leurs armes victorieuses. Il appela aussitôt ses compatriotes à la liberté. En tardant davantage il avait à craindre que César ne soumette l'Arvernie et le reste de l'Aquitaine,et que les Gaulois, s'habituant au joug de Rome, ne restassent sourds à la voix d'un libérateur. Mais dans le cas où l'historien grec aurait voulu dire que si Vercingétorix avait connu en quel temps éclaterait la guerre entre Pompée et César, il devait, si c'était possible, attendre cette époque pour commencer la sienne, on ne pourrait qu'applaudir à la justesse de ce raisonnement.Vercingétorix alors, nouveau Brennus, aurait pu pendant que ces deux rivaux se disputaient, en Grèce,l'empire du monde, porter l'incendie au sein de Rome même; et, s'il était dans sa destinée de succomber, il serait mort après avoir rendu à l'Italie les maux sans nombre dont elle avait accablé la Gaule.
Michel Girard, Histoire de Vercingétorix, 1863, p. 188-189
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