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jeudi 30 juin 2011

Un nouveau texte mis en ligne: "Un repas en 1910" d'Alfred Capus

Le texte de l'anticipation liquide d'Alferd Capus "Un repas en 1910" sur le thème de la disparition de l'eau pure est disponible dans la section "Téléchargement".
Lire la chronique consacrée à cette nouvelle sur ArchéoSF.



Edward Brooker, Voyage à travers Mars

Dans le genre « littérature conjecturale déjantée », la série Le Maître de l'invisible d'Edward Brooker est incontournable. Le Maître de l'invisible est une sorte de réminiscence de Fu Manchu, avec un méchant Chinois qui veut dominer l'univers contre lequel luttent une troupe de valeureux Européens composée d'un journaliste, de savants, de militaires. Péril jaune, inventions délirantes, voyage dans l'espace sont au programme. Résumer une telle série relève de la mission impossible car il faudrait quasiment tout raconter tant les rebondissements sont multiples.
Nous nous arrêterons sur "Voyage à travers Mars", seizième épisode du Maître de l'invisible.



Retenus prisonniers par des Martiens (munis de vingt doigts, de bec et communiquant par croassements), nos héros risquent bien de mourir, sacrifiés dans une guerre entre les royaumes de Harko II et de P'to-P'to III. Heureusement Faustulus et son pistolet électrique sont là pour les sauver des griffes des terribles Hurkas.
Soumis au roi, Harko II doit se résoudre à laisser les Terriens partir. Ils vont découvrir un peu plus la planète rouge.



Le "Voyage à travers Mars" permet de se rendre de la richesse de la géographie, de la faune et de la flore martiennes. C'est le genre d'oeuvres dont on apprécie de lire des extraits pour goûter toute la saveur de l'imagination débordante.
Pour commencer, un volcan qui crache des paillettes d'or dans l'indifférence générale:
« Tous regardèrent dans la direction indiquée et leur stupeur faillit les empêcher de battre des ailes, ce qui aurait pu provoquer une chute vertigineuse dans le vide. A dire vrai, le spectacle auquel ils assistaient avait quelque chose d'effrayant d'où leur surprise assez compréhensible. Au-dessus de la colline la plus élevée s'érigeant à faible distance. du moins à vol oiseau, montait un incessant et puissant jet de vapeur jaune entouré de flammes, à croire qu'ici la planète Mars se muait en enfer.
Au fur et à mesure que P'to-P'to III et son escorte se rapprochaient de la colonne incandescente, la chaleur augmentait au point de devenir suffocante tandis que, de loin en loin, se percevait un sourd grondement assez semblable au bruit provoqué par un tremblement de terre. Craintive, Sa Majesté ne s'expliquait pas ce phénomène ; les savants, avec leur conception de Terriens, se représentaient un volcan en éruption. Néanmoins, cette vapeur aussitôt condensée au contact de l'air et retombant en fines paillettes d'or les intriguait fort. »

Et le terrible monstre martien:

« - Achtung ! cria le docteur Faustulus, préparez-vous à vous envoler, respirez, respirez fort, un... deux...
Il allait dire « trois », mais au moment où le mot s'apprêtait à. franchir sa gorge, quelque chose d'inouï, d'incroyable, de formidable se produisit, qui les cloua tous sur place. Un sinistre mugissement, plats violent et plus prolongé que les autres, emplit l'air, ébranla le sol, et. brusquement, MOGO, le monstre martien, surgit au milieu du lac, déchaîné, en furie.
C'était là, certainement, l'atroce bête auquel le roi P'to-P'to III avait fait allusion lors d'une de ses conversations avec le docteur Faustulus. Comment dépeindre MOGO qui tenait à la fois du dragon et d'un animal préhistorique ? Jamais les Terriens n'auraient osé imaginer un pareil phénomène. De la même teinte rouge-orange que le têtard, il ne risquait pas d'augmenter, comme lui, de volume, vu sa taille déjà gigantesque. Avec cela, il offrait un aspect des plus jerricanes, et la frayeur des savants atteignit à son comble quand ils le virent cracher des flammes en contorsionnant sa, gueule immonde. Même l'Allemand. d'habitude d'un sang-froid à toute épreuve, n'avait pu s'empêcher de trembler à la vue du monstre en train d'émerger des profondeurs du lac ; quant au roi, par bonheur, il ne s'était pas rendu compte, ayant perdu connaissance au moment du formidable " coup de tonnerre " . Fallait-il croire le tempérament martien moins résistant ou attribuer cette faiblesse au grand âge du souverain ? »

Un lac pas ordinaire:

« on aurait dit plutôt une sorte de bassin contenant une molle pâte de guimauve lente à se mouvoir et d'où s'exhalait une curieuse odeur, loin d'être désagréable. La masse paraissait en pleine ébullition à en juger par les bulles d'air montant à la surface et crevant dans un incessant glouglou ».

Evidemment, tout est à l'avenant et le lecteur s'extasie devant la débauche d'inventions concentrée en si peu de pages!

Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei et pour le Défi martien de Guillaume.
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mercredi 29 juin 2011

Le vélocipède, c'est l'Avenir!

En ces temps de Grenelle de l'environnement, le vélo est à la mode. Déjà à la fin du XIXe siècle, on lui promettait un grand avenir, notamment en remplacement du cheval et les dessinateurs d'imaginer des statues qui ne sont plus équestres mais vélocipédiques!

Caricature publiée à la Une de l'hebdomadaire L'Auto-Vélo, Journal comique & illustré, n°3, Première année, Dimanche 30 mai 1897.


Source: Gallica.

mardi 28 juin 2011

Carte réclame Suchard: le Pôle en ballon ( chromo )

L'aérostation a fait rêver jusqu'aux catastrophes dont furent victimes les Zeppelins. Dans le chromo suivant, le dessinateur imagine un monde dans lequel aucun point du Globe ne serait inaccessible au ballon (et au chocolat Suchard!). Moins "anticipateur" que les cartes consacrées à la locomotion aérienne et à la locomotion maritime, il témoigne tout de même de la volonté d'arpenter toute la planète à la manière d'un Jules Verne: nous sommes ici plus dans le voyage extraordinaire que dans la pure science-fiction.


Sur les débuts de l'aérostation et son influence sur la fiction, on pourra lire la nouvelle Voyage au ciel de Samuel Henri Berthoud publié dans la collection ArchéoSF aux éditions e-styx.net.



Retrouvez les autres épisodes de cette série:

la Locomotion maritime

Vincent T. Hurl, Le Vagabond de l'espace

De Harold Vincent Schoepflin (1893-1968), on ne connaît que deux nouvelles traduites en français. La première « Le Vagabond de l'espace » en 1946 sous le pseudonyme de Vincent T. Hurl et la seconde sous celui de Harl Vincent, « Le rôdeur des terres incultes ».
Ces deux nouvelles furent publiée pour la première dans Astounding Sories of Super-Science en novembre 1930 sous la signature de Harl Vincent, prétendument traduite en français dans le périodique Anticipations, n°9, éditions La Lucarne (Belgique) puis reprise dans la réédition de cette revue par les éditions Recto-Verso en 1989 sans mention .

La seconde originellement publiée dans Astounding Stories en avril 1935 a été traduite pour l'anthologie dirigée par Jacques Sadoul, Les Meilleurs récits de Astounding stories, période 1934/37 en 1974 chez J'ai Lu.
Editée de manière individuelle en français (mais...), chacune de ces nouvelles fait partie d'un court cycle en anglo-américain: « Carr Parker » pour la première et « Prowler » pour la seconde. Le lecteur francophone ne connaît donc pas le destin de ces personnages.
On doit à Schoepflin de nombreux textes inédits en français qui relèvent pleinement du premier âge d'or des pulps avec des titres qu'il est inutile de traduire pour saisir le thème des nouvelles: « The War of the Planets » (1928), « Venus Liberated », « The Explorers of Callisto » (1930), « Lost City of Mars » (1934), … en tout environ soixante-dix nouvelles.

L'anthologie de Sadoul étant trop facile à trouver, je n'évoquerai que de « Le Vagabond de l'espace ».
Le texte paraît donc en français dans la revue Anticipations des éditions la Lucarne en 1946. Dans les pages de ce périodique, on trouve des nouvelles tirées des pulps (souvent d'avant guerre) ainsi que du rédactionnel en lien avec l'espace.
« Le vagabond des étoiles » bénéficie dans les pages d'Anticipations d'une « adaptation » et non d'une traduction. On peut donc qu'être fort prudent par rapport au respect de l'oeuvre originale.
Résumons l'histoire: Bert Redmond se rend dans un bourg de l'état de New York à l'appel de Joan pour y trouver la maison Carnody malgré les avertissements de la population locale. Joan y est installée avec son frère Tom qui mène des expériences sur la cinquième dimension! Grâce à la modulation des intervalles d'oscillation de l'énergie qui constitue la matière, il est possible de voir un autre univers dans lequel plonge le regard Bert. Bien sûr il y a un problème: Joan et Tom sont enlevés par des hommes-araignés et Bert se trouve propulsé dans « un noir abîme d'infini ».Heureusement, il rencontre le vagabond de l'espace qui le recueille dans une sphère et qui peut lui venir en aide car ils sait où sont sa fiancée et son frère. C'est un monde inconnu que peut découvrir Bert: « il y avait des formes géométriques brillantes se déplaçant dans l'espace infini […] un arc gigantesques de formes lumineuses franchissait la sombre étendu d'un cosmos inconnu ». Une course dan l'espace, le temps et l'infini commence pour aboutir à Utaria, lieu de destination du Vagabond. On ne passe pas sans risque les bornes de l'espace infra-dimensionnel... Le planet se fait opera, le Vagabond dévoile un monde ignoré de Bert et des humains, un monde en péril dans lequel défilent « les entités mystérieuses et intangibles du Cosmos ».
Il est temps de prévenir Joan et Tom de leur folie à vouloir traverser le cosmos, découvrir les univers existant dans les autres plans. Tom ne peut se laisser convaincre et par son sacrifice sauve la Terre d'une inévitable invasion... Le Vagabond des étoiles « surveillerait l'univers, les nombreux habitants des différents plans. Il avertirait les peuples à forme et émotions humaines des dangers qu'ils pourraient courir. Il les aiderait. Expiant à travers l'Infini, offrant sa souffrance à la cause de la Vie. »

Il suffit maintenant de se référer à l'édition originale disponible ICI pour voir à quel point le texte a été modifié. Mais s'agit-il bien du même texte? De toute évidence non. Soit l'adaptateur s'est laissé porté par son imagination, soit il s'agit de la traduction d'un autre texte.

Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei
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lundi 27 juin 2011

En 1950, quatre contes et nouvelles 1892 - 1909

Après la réédition de Voyage au ciel de Samuel Henri Berthoud, le second volume que propose Publie.net dans la collection ArchéoSF vient de paraître.
L'anthologie En 1950. Quatre contes et nouvelles 1892-1909  réunit quatre textes parus dans la presse au tournant du siècle et ayant pour point commun d'imaginer l'an 1950. A ma connaissance, ces textes sont réédités pour la première fois depuis leur parution dans des périodiques variés.
La réunion de ces textes, par delà leur diversité, permet d'approcher une vision d'un futur antérieur qui n'a jamais eu lieu.

La présentation de l'éditeur:

Avec ArcheoSF, explorer les archives de la science-fiction ancienne : curiosités, inventions...
2050 représente, dans l’imaginaire collectif, une somme d’inquiétudes entre changement climatique, fin du pétrole, déséquilibres démographiques et inconnues géopolitiques.
1950, c’était il y a plus d’un demi-siècle. Pour les hommes et femmes de la fin XIX e siècle, l’écart temporel était le même et ils rêvèrent de ce temps à venir comme la promesse d’un autre monde. De nombreux écrivains, humoristes et vulgarisateurs scientifiques se sont emparés du thème « 1950 » s’appuyant sur les avancées scientifiques pour produire des anticipations. Albert Robida écrivit et dessina « 1950 » et les années suivantes dans Un potache en 1950En 1965Le Vingtième siècle… Son empreinte est manifeste sur certains des textes rassemblés ici.
L’anonyme Un clou pour l’exposition de 1950 publié en 1899 est placé sous le signe de l’Exposition Universelle de 1900 au cours de laquelle de nombreuses innovations soulageant l’homme de l’effort de la marche furent présentées.
Dans Énigme d’amour publié en 1909, E Ribière-Riverlas présente une intrigue sentimentale sur un fond inspiré par Robida et Jules Verne avec des moyens de transports et de communication variés extrapolés.
Plus léger est le conte Une élection académique en 1950 dans lequel Paul Blin imagine qu’une loi de 1949 « prescrit que les membres de l’Académie française seraient élus par les représentants de la presse, formant un collège électoral dans chaque chef-lieu de département ».
Pour finir L’attaque de la coupole cuirassée. Épisode d’un siège … en 1950 de Pierre Ferréol est une anticipation militaire. Après la guerre de 1870-1871, ce genre a fleuri. Des auteurs comme le Capitaine Danrit, Pierre Giffard  ou même Octave Béliard , ont écrit de nombreuses guerres futures mettant en scène des engins extrapolés tels des aéroplanes blindés, des dirigeables cuirassés, des chars, des super-canons ou des forts imprenables.

Un bonus exclusif vous est proposé sur le site ArchéoSF avec une amusante anticipation politique de Brévannes datant de 1874 (suivre le lien) jamais rééditée depuis sa première publication.

Illustrations:  Couvertures de En 1950 version 1 et 2

dimanche 26 juin 2011

Vladimir Maïakovsky, Le Prolétaire volant (1925)

Vladimir Maïakovsky (1893-1930) a écrit de nombreux textes qui peuvent relever de l'anticipation. Dans l'extrait qui suit - trouvé au détour du web et dont je cherche la source (si quelqu'un connaît le recueil, merci de me l'indiquer dans les commentaires) - on trouvera anticipés des voitures volantes, les communications interplanétaires et plus prosaïquement le rasoir électrique, la brosse à dents électrique ou la baignoire qui se déplace (ce qui rappellera quelque chose aux lecteurs de la nouvelle "La Journée d'un journaliste américain en 2889" signée Jules Verne (mais certainement rédigée par son fils Michel). 



II. LE MODE DE VIE DE L'AVENIR

AUJOURD'HUI

(...)
Et pour ce
----------------nid
------------------------entre des cages
et des salaisons
----------------où il n'y a pas
------------------------même
la place de poser un coin de lèvres
----------------il faut s'agiter
------------------------des jours entiers
et se défendre
----------------contre les expulsions
------------------------avec un ordre du syndicat
--------ou un papier de la CACVS.
On rentre
--------à la nuit
----------------épuisé par la ville.
Le mufle tout écumeux
--------on voudrait bien le laver.

(...)

je tends le museau
--------vers le vasistas.
Je vois
--------dans les cieux
----------------l'affairement des aéroplanes.
Voilà qui
----------------doit 
----------------transformer à neuf
notre vie
-------- morose 
----------------de sardines !

CE QUI SERA

Une année
--------avec des zéros à l'infini
Les derniers
--------tonnerres des batailles
----------------auront fini de tonner.
A Moscou
--------il n'y aura plus
----------------ni ruelles
------------------------ni rues
rien que des aérodromes
--------et des maisons.
Les jours futurs
--------nous sont obscurs
----------------et indistincts.
Mais
--------en manière de plaisanterie,
je vais représenter
--------un citoyen de l'avenir
pendant
--------un jour et une nuit.

LE MATIN

Huit heures.
--------Le radio-réveil poli
----------------crie :
"Camarade -
--------levez-vous
----------------si vous ne dormez plus !
L'usine
--------appelle.
Pour le moment
--------rien à commander
----------------au réveil ?
Au revoir !
--------Salut !"
Surgissant de son sommeil
--------mais déjà tout
----------------à son ardeur active
le citoyen a branché
--------l'autoraseur électrique.
Une minute 
--------et le voilà peigné
----------------ses joues
------------------------sont plus lisses
que la citoyenne Vénus
--------de Milo elle-même.
Il a planté la fiche dans la prise
--------ouvert la bouche
et l'electrobrosse
--------hop !
----------------fait briller les dents.
Plus besoin de personnel !
--------Appelée par un bouton
la baignoire elle-même
--------vient clapoter
----------------sous lui.
D'abord
--------elle le savonne
puis se met
--------à le gratter et à le frotter.
Un coup de sonnette
--------et le plateau à thé
----------------de lui-même
se présente 
--------sous le nez
----------------du citoyen.
Pour le vêtement
--------il n'y a plus ni vestes
----------------ni pantalons
la chemise
--------ne serre plus
----------------de ses mesures trop étroites.
D'un coup
--------il s'enveloppe
----------------des talons jusqu'aux mains
dans la soie
--------d'une pièce génialement taillée.
Il glisse sa paire de pieds
--------dans des chaussures.

(...)
EN ALLANT AU TRAVAIL
Un ascenceur traverse la pièce.
--------Il y monte 
----------------et sort
sur la surface lisse
--------d'un toit fleuri.
Un dirigeable
--------qui se dirige 
----------------vers son lieu de travail
s'approche
--------jusqu'à la corniche.

(...)

AU TRAVAIL

L'usine.
--------La Centrale de l'air.
----------------On fait ici
de l'air 
--------pressé
----------------pour les communications interplanétaires.
Un petit cube
--------pour une cabine de n'importe quelle dimension
et pendant vingt-quatre heures
--------on respire l'odeur des pins.
(...)
De la même façon
--------avec des nuages
----------------on fabrique
de la crème
--------et du lait artificiel.
Bientôt
--------on oubliera
----------------jusqu'au nom des vaches.
(...)
L'ascenceur
--------en dépose un par étage.
Et là ni bruit
--------ni foule !
Simplement un clavier
--------dans le genre des "Underwood".
Il fait bon travailler.
--------C'est déjà facile.
De plus
--------la radio diffuse
----------------une musique qui donne la mesure.
Il suffit de frapper
--------sur les lettres qu'il faut
et tout
--------le reste
----------------est fait par des machines.
Quatre heures.
--------Elles ont passé comme un rien.
(...)

LE DEJEUNER

(...)
La vaiselle
--------s'auto-dessert.
Tu manges
--------et tu t'en vas !
Le citoyen
--------porte le radiophone
----------------à son oreille.
Il y lance simplement
--------tout en calinant ses petits :
----------------"Donnez-moi Tchoukhlomskaïa !"

(....................................)

LA SOIREE
(...)

Sur les voies lactées
--------suivant les zigs-zags des comètes
----------------avec derrière eux
un aéroplane attaché
--------comme un poulain.
----------------Ca c'est l'espace !
Rien à voir
--------avec le Parc Pétrovski
où tout est usé
--------par les derrières des couples.
En marchant
--------il raconte
----------------comment c'était en vingt-cinq.
- Aujourd'hui
--------j'ai entendu des radio-livres.
Oui...
(...)
il y avait aussi
--------ce qu'on appelait
----------------des automobiles.
C'était vraiment
--------,qu'on me pardonne,
----------------un drôle de moyen de déplacement !
Ca n'allait pas dans l'air
--------ni
----------------dans l'eau,
Ca ne pouvait
--------traverser
ni les forêts
--------ni les maisons.
Vous imaginez un peu
--------ce que c'était !
(.......)

Il descend de l'avion.
--------Un bouton,
----------------tu touches.
L'avion se replie
--------et se met dans un coin
----------------comme un parapluie.
Il s'est déshabillé.
--------Trois mots 
----------------dans le micro :
- Demain
--------me réveiller
----------------à sept heures et demie ! -
le citoyen satisfait
--------se tourne
----------------sur le côfé
baîlle
--------et ferme les paupières.
C'est ainsi
--------que passe
----------------ses journées,
le citoyen
--------au XXX° siècle

samedi 25 juin 2011

Carte réclame Suchard: la locomotion maritime ( chromo )

Après un chromo représentant la locomotion aérienne de l'avenir, voici une autre carte réclame éditée par Suchard sur le thème de l'anticipation. Le dessinateur imagine une sorte de galère qui doit sans doute fonctionner à l'énergie électrique mais comment, cela reste un mystère...


Retrouvez les autres épisodes de cette série:

Maurice Lannes, Le Voyageur de Mars

Il est des auteurs mystérieux. Maurice Lannes dont l'érudit Claude Herbulot nous informe sur A Propos de Littérature Populaire qu'il n'était pas inscrit à la Société des Gens de Lettres de France (SGDL) et qu'il a contribué sous ce nom et sous différents pseudonymes ( Morris Lane, Lann Moriss, M.Sennal, Rice Lancen et Rice Lesnes) à la littérature populaire (notamment aux éditions L'Arabesque) et fut scénariste de BD (pour Tangor dans le magazine OK).
Quelle est l'ampleur de son oeuvre science-fictionnelle? Je l'ignore. 


On lui doit pourtant un amusant conte "Le Voyageur de Mars" réédité dans A&A n° 89 (juillet 1984).


Dans ce texte, un trentenaire vient interroger le Dr Maxime Geotor, d'origine irlandaise, installé à Noirmoutiers, au sujet d'un voyage vers Mars qui se serait déroulé le 20 octobre 1934. Le texte indique que dix ans ont passé (ce qui situe l'action en 1944). Geotor est considéré comme un vieux fou. Le 20 octobre 1934, à bord d'une fusée de sa conception, il s'est extrait de l'attraction terrestre. Grâce à la technique de la vitesse progressive, il a pu atteindre Mars en cinquante heures. Arrivé à destination, il pose sa fusée et découvre la planète qui n'est pas rouge mais verte et blanche: "je [...] stoppai ma fusée au milieu d'une immense plaine limitée au loin par des hautes montagnes blanches". Malheureusement, Geotor ne peut sortir de la fusée sans la détruire car le métal s'est soudé lors du voyage du fait des hautes températures. Il décide de mener une petite exploration à vitesse réduite qui lui permet de découvrir "une immense forêt aux arbres étranges". Ne doutant pas que dans un tel environnement la vie animale se soit développée, il en recherche les traces: un animal noir apparaît pour aussi disparaître dans les sous bois. Il est temps de retourner sur Terre car le niveau de carburant baisse.



A son retour, nul ne veut croire à cet extraordinaire voyage. Ruiné par la construction de cette première fusée, Geotor ne peut envisager un second voyage et le conte se termine sur ces mots: "Maxime Geotor travaillait à un plan de fusée interplanétaire, poursuivant son rêve, son rêve étrange qui était peut-être une réalité".

De quand date ce texte exactement? L'absence de mention de la Guerre 1939-1945, la date de 1944 comme époque de l'histoire, semble le placer avant 1939. On ne peut pourtant exclure que l'auteur ait fait abstraction de l'actualité si le texte date effectivement de 1944. Autre élément: l'illustration indique la date d'avril 1951: est-ce une nouvelle illustration pour le texte? Cela reste pour moi une énigme...


Le texte est paru dans L'Intrépide n° 104 du 1/11/1951 mais a peut être été publié auparavant...



Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei et pour le Défi martien de Guillaume.

vendredi 24 juin 2011

J. Deligne, "De la Terre à la planète Mars en fusée" (1951 ?)

La nouvelle « De la Terre à la planète Mars en fusée» de J. Deligne écrite sans doute vers 1947 (la date est citée dans le texte) a été reprise dans A&A n° 89 consacré à « L'année 1951 de la science fiction » sans mention de la publication originale. Peut-être s'agit-il d'un numéro de Lisez-Moi aventures (si un lecteur de ce site a eu référence, je suis preneur).

Le 12 juin 1984, on célèbre le vingt-cinquième anniversaire du premier voyage vers Mars (ce qui place ce premier voyage en 1959, l'auteur était optimiste!) par un trajet offert à des journalistes.
On trouve sur Terrre des autogires, des « taxis fuséiformes » en matière plastique mus par des moteurs électriques captant l'électricité atmosphérique et bien sûr une astrogare située à Issy-les-Moulineaux.
Après s'être recueillis devant la statue du héros Yves Sazuret, les journalistes pénètrent dans la fusée du même nom. Elle possède un grand hall décoré d'énormes plantes vertes, des salons, des cabines tel que l'on peut les trouver dans un transatlantique. Le narrateur laisse la parole au mécanicien de bord qui explique le fonctionnement de la fusée. Le lecteur apprend que la maîtrise de l'atome permet les voyages interplanétaires et notamment d'atteindre Mars en quarante-deux heures trente!



Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei et pour le Défi martien de Guillaume.
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jeudi 23 juin 2011

Bars et brasseries en 1950 ( une anticipation datant de... 1885 )

L'anticipation s'attache à traiter de tous les sujets parfois de manière humoristique. "Bars et Brasseries", billet publié en 1885 dans le journal La caricature dont le rédacteur en chef était le grand Albert Robida, imagine les troquets . Cela devrait faire sourire Nicolas attaché à La Comète plus qu'aux divers bars à thèmes de Paris et sa banlieue. Le voyage vers le futur se déroule grâce à l'entremise d'une "somnambule" qui a la capacité de voir l'avenir, la machine à explorer le temps d'HG Wells ne sera révélée qu'en 1895...
Après l'eau pure disparue en 1910 dans le texte "Un repas en 1910" d'Alfred Capus, voici l'avenir des bars et brasseries!



PROPOS DU JOUR
BARS ET BRASSERIES

On sait qu'aujourd'hui la mode est aux brasseries bizarres ou terrifiantes, aux auberges du bon vieux temps, ou aux bouges de l'ancien Paris.

Entre Salis avec ses garçons académiciens, et Lisbonne avec ses forçats et ses garde-chiourme, se meut toute une pléiade d'aimables plaisantins qui vendent des bocks dans un décor plus ou moins moyen âge.

Ça avait commencé par les brasseries à femmes, mais les femmes c'est bien moderne — celles qui sont antiques, du reste, ne font point recette — et c'est alors qu'on a eu l'idée d'exploiter le moyen-âge, les bagnes, les pontons.
En présence d'une tendance si bien marquée, nous avons été dare-dare consulter la somnambule ordinaire de la Caricature qui a bien voulu gentiment nous dévoiler l'avenir.

L'aimable somnambule nous a invité à venir faire un tour de boulevard avec elle.
Nous sommes en 1950.
Le boulevard a toujours le même aspect et nous reconnaissons parfaitement la plupart des maisons.
Regarde par ici à droite, me dit ma charmante introductrice.
Là!... c'est le café de Suède.
Non, la brasserie du Groenland; ce n'est pour ainsi; dire qu'un immense bloc de glace artistiquement creusé. — Il y a des cabinets particuliers pour les amoureux.
On s'assied sur la neige durcie et on prend un bock sur une banquise.
Et le service?
— Il est fait par des ours blancs...
Véritables?
Non, pas ceux-ci. Le patron de l'établissement avait bien eu cette idée géniale de dresser de vrais ours à porter des bocks, mais ces animaux se montraient capricieux en diable et de temps en temps ils consommaient les consommateurs avant que ceux-ci eussent payé — ce qui causait une perte sensible au patron. Il a donc fallu se résigner à employer des garçons recouverts simplement d'une admirable pelure d'ours... Pour ceux qui ne sont pas avertis, cela fait le même effet.
Et puis, on peut prendre son bock plus tranquille.
Regarde par ici maintenant
A côté des Variétés ?
Oui, c'est un bar très à la mode; le bar des Décapités... Tu vois, les garçons sont très;alertes, bien qu'ils n'aient point de tête. Ils portent tous un élégant costume de condamné à mort après l'exécution. On passe leur, chemise et leur cou au carmin de temps à autre : c'est adorable de réalisme. Le patron a pris un brevet pour le truc grâce auquel il transforme instantanément ses garçons en décapités.
Et c'est plein de monde par ici ! C'est égal, ils ont une drôle de manière de se divertir en 1950.
Remarque la forme des bocks.
Mais ce sont des têtes !
Parfaitement imitées ; le garçon sert ainsi à boire dans sa propre tête, c'est charmant.

Allons un peu plus loin, ma bonne somnambule tout ceci n'est point d'une gaieté folle.
Tiens, voici la brasserie des Tortures où on ne peut prendre une consommation qu'après avoir été tenaillé, martyrisé, roué, écartelé — tout cela très légèrement, bien entendu. Là, quand on veut boire un bock, un garçon vous couche par terre, vous fourre une ouillette dans la bouche et v'lan ! on y verse le bock... c'est la question préalable, ça coûte en plus dix centimes de pourboire.
Voici un peu plus loin le bar des Vidangeurs.
Très suave.
Les garçons portent l'uniforme de l'ancienne Compagnie Richer ; les tonneaux de bière ont la forme des... autres tonneaux; et quand on veut un bock, un employé crie d'une voix de stentor :
« Pompez !
Merci, ma bonne somnambule, je n'ai plus soif.
Veux-tu voir maintenant l'estaminet des Ecorchés c'est gentil et très coquet, les garçons ont le costume de l'emploi.
Non, de. grâce, j'en ai assez.
Ah! pour le coup, voici un établissement suave... une brasserie de jeunes filles...
Eh ! mais, nous avions ça dans le temps.
Non, une brasserie servie par des rosières authentiques, elles ont leur certificat cousu sûr l'estomac.
Diable ! et on ne peut le détacher?
Non! impossible; aussi il n'y a personne dans l'établissement.
Mais- qu'est-ce que j'aperçois là-bas?... je reconnais ça... c'est...
Un café... oui, un vrai café avec ses divans, ses glaces et ses dorures, une résurrection du siècle dernier et çà fait fureur.
Bravo! à la bonne heure... et si cela a tant de succès que vous le dites, ô somnambule... 
Eh bien ! dame, il arrivera qu'il n'y aura plus que des cafés.
Comme autrefois !
Tu l'as dit.
Ici, la somnambule se réveilla, et il nous , fut impossible d'en savoir davantage.

YORICK

La Caricature, n° 306, 7 novembre 1885, p 355 - 358