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vendredi 29 juillet 2011

Louis Desnoyers, Les Aventures de Robert-Robert (1)

Quand Mon bonheur reprend Les Aventures de Robert-Robert (1) en 1906, il s'agit déjà d'un texte ancien. Il est paru tout d'abord dans Le Journal des enfants entre d'octobre 1834 à janvier 1837 avant d'être publié en volume en 1839 (2). Louis Desnoyers (1802-1868) est important dans l'histoire de la littérature car il fut avec Balzac le fondateur de la Société des Gens de Lettres en 1838.
Dans son Encyclopédie, Pierre Versins s'arrête à plusieurs reprises sur Les Aventures de Robert-Robert car plusieurs épisodes relèvent de la conjecture romanesque. Une des nombreuses illustrations:





(1) L'édition dans le périodique ne respecte pas le titre original qui est Aventures de Robert-Robert et de son fidèle compagnon Toussaint Lavenette (pour l'édition en volume chez Hortet et Ozane, 1839, 2 vol. in-8°).
(2) Le livre connaît un succès important, le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France donne une trentaine d'éditions différentes entre 1839 et 1959 sans compter les publications en périodiques.

jeudi 28 juillet 2011

Camille Flammarion, Les Inondés de Mars (2)

Comme annoncé au début du mois de juin, le texte "Les inondés de Mars" est désormais disponible dans la section "Téléchargement" d'ArchéoSF.
Pour les amateurs d'exploration planétaire, je signale l'exposition Voyages planétaires programmée à la Cité des Congrès de Nantes du 3 au 9 octobre 2011 en parallèle avec un colloque international de planétologie (toutes les informations sur le site officiel).


Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei et pour le Défi martien de Guillaume.
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mercredi 27 juillet 2011

Maurice Limat, Le Mystère des hommes volants (1937)

Maurice Limat n'a que 23 ans quand il publie Le Mystère des hommes volants dans la collection Le Petit Roman d'aventures (éditions Ferenczi, 1937) - et encore n'est-ce pas son premier ouvrage car il a ouvert la collection un an plus tôt avec La Montagne aux vampires (lire la chronique sur Les Peuples du Soleil). On y retrouve Teddy Verano, cher au coeur de certains amateurs d'anticipation ancienne. L'illustration de couverture est signée par le talentueux Georges Vallée:


Le fascicule a été réédité, comme beaucoup d'autres, en 1950 dans la collection Mon Roman d'aventures avec la couverture suivante:

Couverture

mardi 26 juillet 2011

La réforme politique de 1950 par Brévannes (1874)














Le mois dernier est parue l'anthologie En 1950 aux éditions e-styx. Quatre textes, quatre visions d'un futur antérieur qui n'a pas eu lieu. Dans le registre humoristique, Brévannes proposait en 1874 dans Le Tintamarre, une réforme politique pour cette même année 1950.









La Réforme politique de 1950 
par Brévannes (1874)




Première publication: Le Tintamarre, hebdomadaire satirique et financier, Dimanche 14 juin 1874, p. 4

Illustration Daumier, « Le ventre législatif » in L'Association mensuelle, 1834





DIVAGATIONS D'ÉTÉ

Avouez que nous sommes en ce moment, au Tintamarre, les plus heureux des journalistes, et que notre journal est le seul journal qui se puisse lire sans attaques de nerfs.
Vaut-il pas mieux, dites-moi, agiter un grelot aux joyeux tintements, et non une sonnette aux lugubres accents, pour appeler l'attention de ses concitoyens et leur ' prêcher la conciliation? :

Venez donc à nous, hommes de bonne foi et de bonne volonté; nous ne quitterons pas notre terrain, dans lequel le rire fleurit et où la politique ne salirait pousser, la poison qu'elle est !
Et dire que si nous planons ainsi dans de sereines régions, au-dessus, bien au-dessus des passions humaines et des folies des grands, nous, le devons à la paternelle malveillance de ceux qui régissent la presse.
Le gouvernement nobis hoec otia fecit.(1)
Béni soit-il, cent mille fois béni, de nous avoir dit, comme on dit aux enfants tapageurs et gâtés : Ne joue pas avec les allumettes, mon petit, tu te brûlerais; que je t'en voie une seule entre les mains, je t'assomme!
Grâce à cette douce défense, tandis que nos gros confrères suent et s'essoufflent, sont menacés de congestions et deviennent épileptiques, nous sommes, au contraire, frais, roses, reposés, souriants, appréciés des dames.
Voyez-vous que, nous laissant la bride sur le cou, on nous eût autorisés à parler des choses du jour, de ces débats parlementaires qui ont en Europe un si merveilleux retentissement et qui frappent tant de pauvres cervelles? (et l'on sait si c'est appétissant, une cervelle frappée, par ses temps de chaleur !)
Voyez-vous, dis-je, jusqu'où nous serions allés?
Supposez que, voulant donner notre avis sur le renouvellement de la Chambre, nous nous soyons exprimés de la sorte : il est permis de croire que,dans un temps donné et limité par la Providence, les honorables membres qui composent en ce moment l'Assemblée devront faire place à d'autres: leur mandat expirera nécessairement, croyons-nous, le jour de leur mort.
Que si, partant de ce principe à peu près irréfutable, nous songeons aux élections futures, en politiques prévoyants, nous nous permettrons de soumettre aux méditations des arbitres futurs de nos futures destinées le règlement qui suit :

ARTICLE 1er.

A partir de l'an 1950, époque probable du renouvellement par extinction, tout candidat sera tenu de réciter devant ses électeurs, dans toutes les réunions publiques, L'Eloge de la Folie, du nommé Erasme.


ARTICLE 2.

Au commencement de chaque séance publique, il sera remis à chaque élu un poignard et un revolver à six coups.
A la moindre interruption, le président rangera l'Assemblée en deux camps et commandera le feu. On ne ramassera pas les blessés.

ARTICLE 3.

Il sera procédé chaque dimanche au remplacement des victimes du devoir et de l'art oratoire.
La présente loi sera maintenue jusqu'à entente parfaite des représentants de la nation.
Des notaires et des aumôniers parlementaires seront attachés à l'établissement pour recevoir les dernières volontés des mourants.

ARTICLE 4.

Tout représentant qui n'aura pas injurié ses confrères ou ne leur aura pas craché à la figure trois fois au moins par séance, sera déclaré indigne et radié du tableau des législateurs souverains.

ARTICLE 5.

Des femmes de la Halle feront chaque semaine un cours public aux aspirants candidats.


ARTICLE 6, etc., etc.

Arrêtons-nous ici.

On serait capable, si nous allions plus loin, d'incriminer ce malheureux projet de loi, dont nous ne réclamons la prise en considération que pour le siècle prochain.
Mais on peut juger par cet aperçu badin des écarts de plume auxquels pourrait nous entraîner la violence de notre tempérament.
Si nous versions, comme tous les journaux à pose, dans l'ornière où se traînent les chars des Etats, que resterait-il à la France?


BRÉVANNES.


(1) "qui nous a fait ces loisirs". La citation exacte est  extraite des Bucoliques de Virgile: "O Meliboee, deus nobis haec otia fecit". ("O Mélibée, c’est un dieu qui nous a fait ces loisirs")

lundi 25 juillet 2011

De l'anticipation ancienne à lire sur le blog Sur l'autre Face du Monde


Jean-Luc Boutel propose sur son blog plusieurs nouvelles à lire souvent introuvables car publiées dans des revues. Il introduit chacune des nouvelles avec les liens thématiques qui existent avec d'autres textes de conjecture romanesque rationnelle (ou pas). Petite liste de ce qui est paru jusqu'à ce jour (il suffit de cliquer sur le titre pour arriver sur le texte de la nouvelle):

Jean Painlevé, "La fin des robots" ( 1933)
Victor Forbin, "Le déluge de feu" (1902)
G. de Pawlowski, "La révolte des machines" (1936)
Hal Pink, "La plante qui hurle" (1935)
François Pafiou, "La disparition du rouge" (1908)




(Illustration: magasin des imprimés de la bibliothèque Nationale, vers 1880)

dimanche 24 juillet 2011

Avion fusée pour vols interplanétaires

Le Space opera se nourrit des avancées de la science tout comme la science répond à certains rêves de l'Humanité tel celui d'explorer le cosmos. Dans la seconde partie des années 1930, la société Byrrh, productrice de vin tonique au quinquina, publia une série de 24 "regards sur l'avenir". Parmi eux, le n° 2, est consacré à l'avion fusée qui devait permettre les vols interplanétaires... Si la Lune a bien été atteinte par l'homme, les autres corps du système solaire reste le domaine des sondes...

Dans son « Voyage de la Terre à la Lune », Jules Verne avait imaginé un obus lancé avec suffisamment de force pour atteindre l'astre des nuits.
La difficulté de transporter des passagers à l'intérieur d'un tel projectile apparaît aujourd'hui insurmontable car on sait que le choc qu'ils ressentiraient au départ est sensiblement égal à celui qu'éprouverait un homme qui se trouverait devant l'obus à as sortie du canon. Il fallait donc trouver un mode de lancement possible, c'est à dire relativement lent au début de sa course et qui irait ensuite en s'accélérant progressivement. C'est pourquoi on a pensé à la fusée dans laquelle la déflagration lente d'un explosif qui comprime l'air, prend en quelque sorte appui sur lui et chasse ainsi en avant l'engin dans lequel elle se produit.
Des essais ont été faits avec une bicyclette poussée par les explosions progressives de fusées. Sur un autodrome allemande une voiture automobile a réalisé la même performance.
On peut donc penser qu'un avion-fusée, convenablement aménagé, pourrait emmener sans heurt des passagers, dépasser les couches denses de l'atmosphère, trouver la stratosphère où l'air raréfié n'exige plus qu'une puissance moindre et atteindre ainsi d'autres planètes. La Science de l'Astronautique et les voyages interplanétaires prédits par Jules Verne seraient alors réalisés.


Tout change, tout progresse...
Seul BYRRH ne peut s'améliorer car il est la perfection des Vins Toniques au quinquina.


Retrouvez les autres chromos de cette série:
2. Avion fusée pour les vols interplanétaires
16. La Télévision multipliée et agrandie sur la place publique
18. Exploitation de l'énergie thermique des mers
22. Cultures souterraines accélérées
24. Eolienne géante pour l'utilisation de l'énergie du vent




Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei
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samedi 23 juillet 2011

John Carter of Mars - Trailer officiel

Les studios Disney ont lancé la campagne promotionnelle pour l'adaptation du cycle de Mars avec John Carter, personnage créé en 1912 par Edgar Rice Burroughs (le père de Tarzan). Les premières images sont fort belles.
Rappelons que John Carter of Mars fut l'un des premiers succès du Planet Opera aux Etats-Unis.




Merci à Guillaume ;)

[essai] L'exploration imaginaire de l'espace

On doit à Lucian Boia un essai sur l'exploration de l'espace avant que l'homme ait quitté la stratosphère. L'essai L'exploration imaginaire de l'espace nous emmène sur les traces des astronautes de fiction qui de Lucien de Samosate aux grands auteurs du XIXe et du XXe siècle, c'est, avec cette exploration de l'imaginaire spatial, toute une galerie d'oeuvres de science  et de science fiction anciennes qui se dévoile au lecteur.
Longtemps, les Sélénites furent à l'honneur. Les progrès de l'astronomie ont tué cet imaginaire, même si la face cachée de la Lune a continué à nourrir l'imagination des écrivains. Mars est bien sûr la grande star de ce volume avec les nombreuses explorations, rencontres et parfois guerres menées par les Terriens sur la planète rouge mais on trouve aussi Neptune, Jupiter ou Vénus.
Les illustrations sont nombreuses, extraites des oeuvres dans lesquelles le texte était souvent soutenu par des dessins, et l'on peut y voir des Vénusiens, Martiens ou même Solariens dans cette iconographie de l'autre. 
Il est intéressant de voir, rétrospectivement, à quel point certaines hypothèses scientifiques relèvent tout à fait de la fiction alors que d'autres, littéraires, trouvent des confirmations partielles dans la science moderne.


Lucian Boia, L'Exploration imaginaire de l'espace, Editions La Découverte, 1987.

Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei

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vendredi 22 juillet 2011

Le Cirque de l'avenir ( Chromo )

Nous poursuivons notre série sur les chromos représentant des anticipations avec cette première vignette consacrée au cirque de l'avenir dans laquelle les chevaux sont vraiment à vapeur!

mercredi 20 juillet 2011

Quand la technique nous facilite la vie!






Dessin publié dans l'Almanach national de 1933 (Edition de l'Epatant)

lundi 18 juillet 2011

Capitaine Ricardo, Futura City



Quand on regarde la couverture de Futura-City, on se dit: tiens une planète ou un futur lointain. Les beaux vaisseaux spatiaux, les combinaisons, les têtes sous bocal et les rayguns semblent tout droit sortis d'un pulp américain. On les doit à Fred Funcken, bien connu des amateurs d'illustrations et de bande dessinées.
Futura City n'est pourtant ni éloignée dans le temps, l'histoire se situant dans les années 1949-1950, ni dans l'espace car elle a été construite par des savants nazis revanchards dans la Vallée de la mort.
En revanche, l'aspect conjectural apparaît bien vite quand on apprend que ces savants nazis ont mis au point un rayon de la mort qu'ils ont décidé d'installer en orbite autour de la Terre en... faisant apparaître un second satellite à côté de notre bonne vieille Lune. Il ne s'agit pas d'un satellite artificiel (sans doute trop long à construire) mais d'une petite planète attirée dans la zone grâce à un autre rayon, très puissant il va sans dire.
Les observatoires terrestres découvrent des traces de vie sur l'astre et que chacune des puissantes lueurs qui apparaît sur notre nouveau satellite coïncide avec la destruction d'une ville terrestre. Les nazis auraient-ils pactisé avec des extraterrestres?
Nos héros, Victor Vincent, Jim Morrison, Jenny Farrel et Epervier-Volant, parviennent à atteindre la planète après avoir détruit Futura City mais réussiront-ils à déjouer les plans des Nazis?
Nous le saurons dans un prochain épisode!


Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei

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Paris manque d'ozone !

Le vulgarisateur Samuel Henri Berthoud explique pourquoi l'air est moins sain que celui des Pyrénées: la faute à l'ozone! Alors qu'Airparif surveille les pics d'ozone, Berthoud soulignait le déficit de ce gaz dans l'air parisien.


S'il faut s'en rapporter aux expériences de M. Pietra Santa, communiquées à l'Institut dans la séance de lundi dernier, l'air de Paris serait bien loin de ressembler, pour la salubrité, à l'air des montagnes des Pyrénées.
Cette vérité n'est pas nouvelle; mais ce qui est nouveau, c'est la démonstration exacte qu'en fait l'auteur du mémoire.
Ce qui manque à l'air de Paris, et ce dont abonde l'air des Pyrénées, c'est l'ozone.
Or l'ozone, dont on constate la présence à l'aide d'un .appareil de M. Berigny, appareil dont un papier, rendu sensible, forme la base, l'ozone, dis-je, est de l'oxygène électrisé qui joue un rôle important et utile dans les phénomènes de la respiration.
Nous savons donc maintenant pourquoi on respire plus salubrement à Pau qu'à Paris. Il reste à découvrir comment on pourrait respirer aussi bien à Paris qu'à Pau.
Hélas la science croit avoir remporté une grande victoire quand elle a obtenu un pourquoi. Mais qu'importe de savoir pourquoi notre fille est muette, si nous ne savons comment la guérir !  

S. Henry Berthoud, « Février, Paris manque d'ozone » 
in Les Petites chroniques de la science, 1862.

dimanche 17 juillet 2011

Enfin une preuve tangible de la vie extraterrestre!






Dessin publié dans l'Almanach national de 1933 (Edition de l'Epatant)

vendredi 15 juillet 2011

Pierre de La Batut, La Jeune fille en proie au monstre (1)

En 1921, paraissait La Jeune fille en proie au monstre (une histoire de monde souterrain avec survivance de civilisation ancienne) de Pierre de La Batut en publication préoriginale dans la revue Je Sais Tout ( le roi des Magazines!) aux éditions Pierre Lafitte. Le texte était accompagné de quelques images dont celle-ci:

jeudi 14 juillet 2011

Un tunnel ou un pont entre la France et l'Angleterre (3)

A la fin du XIXe siècle, le projet de relier l'Angleterre au continent ne semble plus qu'une question d'années. Dans Les Découvertes de Monsieur Jean (1883) signé Emile Desbeaux est évoqué le début des travaux de percement d'un tunnel sous la Manche...




Oh! mais tu es un savant, monsieur Jean! dit M. de Gaël. Et sais-tu comment s'appelle la mer que tu as devant les yeux?
Mais oui, répondit Jean d'un petit ton ennuyé comme si la question était trop facile, c'est la Manche.
En effet. Et pourquoi ce nom ?
Parce que cette mer a la forme d'une manche.
C'est bien cela! l'océan Atlantique s'introduisant entre l'Angleterre et la France se resserre et prend la forme d'une manche d'habit, dont l'épaule serait à l'île d'Ouessant et le poignet au pas de Calais. C'est, en tout, cas, une manche peu ordinaire, et il a fallu aux premiers pêcheurs qui l'ont parcourue et baptisée une certaine dose de bonne volonté, car à l'endroit où nous la voyons elle est large de deux cent cinquante kilomètres et sa longueur totale en compte cinq cent vingt. Le vaste bassin de la Manche est resserré entre la Bretagne et les comtés de Devon, Sussex et Cornouailles en Angleterre. En France, ses rivages sont de couleur grise, découpés, bordés de rochers battus par les vagues, semés de nombreux îlots et d'écueils perfides; en Angleterre, ils se déploient en longues lignes de falaises blanchâtres aux pieds desquelles le flot roule des galets.
C'est une manche de géant! dit Fernande.
Et le tunnel? dit M. Jean.
M. de Gaël regarda son neveu, fort étonné :
Comment! tu sais qu'on creuse un tunnel sous la Manche?
Puis, s'adressant à André
Crois-tu qu'on réussira dans cette difficile opération ?
Je le crois, répondit André. Le percement a bien débuté. On a reconnu le terrain et tout fait supposer que les roches sont assez tendres pour être percées de Douvres à Calais et, en même temps, assez résistantes pour qu'un éboulement ne soit pas à craindre.
Alors, dit Fernande, on pourra traverser la Manche à pied sec !
Oui, comme ce héros de roman à qui l'auteur faisait
traverser l'Océan à franc étrier. On ira de Calais à Douvres en chemin de fer, en voiture ou à pied avec soixante mètres de mer au-dessus de la tête.
Comme ce sera curieux, ce tunnel ! dit Fernande.
C'est égal ! M. Jean est très fort, ajouta M. de Gaël en souriant, il sait tout!

Émile Desbeaux, Les découvertes de monsieur Jean : la terre et la mer
Editions P. Ducrocq, 1883, p. 24-25

mardi 12 juillet 2011

Lucien Deslinières et J. Marc-Py, La Résurrection du Docteur Valbel ou le Monde dans un demi-siècle (1921)

Quand l'anticipation finit par devenir uchronique

Les anticipations deviennent souvent des « uchronies a posteriori » quand le temps raconté est dépassé par l'histoire. C'est un phénomène bien connu et savamment étudié par Eric B. Henriet dans son indispensable L'Histoire revisitée (1). L'essayiste écrit: « [Ces anticipations] décrivent une histoire du futur à court terme et n'ont a priori rien à voir avec l'uchronie. Cependant, si un lecteur béotien de cette fin du XXe siècle tombait par hasard sur un de ces ouvrages et qu'il ne disposait pas par ailleurs de sa date de parution, il pourrait être induit en erreur et le confondre avec une pure uchronie. » (p. 58), rappelle que Les Mémoires du futur 1960-3750 de John Atkins fonctionne sur ce principe avec ce résumé: « Un homme féru d'histoire, vivant en 3750, découvre une importante bibliothèque du passé et envisage d'écrire l'histoire de la Terre du XXe siècle jusqu'à son époque. » (p. 59) mais les grands historiens auxquels il se réfère se nomment Wells, Huxley, Orwell, Bradbury, Asimov, Van Vogt,..., et cite StephanBaxter affirmant que «  tous les récits, films, séries télévisuelles de science-fiction se passant dans le futur sont amenés avec le temps à devenir des histoires alternées » et Gérard Klein « il est en effet piquant de constater que la science-fiction anticipatrice produit des uchronies à mesure que les dates de ses histoires du futur sont rattrapées par le passage du temps » (p. 60).

Un exemple d'uchronie a posteriori


Quand on se plonge dans un livre comme La Résurrection du Docteur Valbel ou le Monde dans un demi-siècle. Grand roman d'anticipations sociales (2), on est frappé par le caractère « uchronie a posteriori » de l'ouvrage (3). Cette anticipation publiée par Lucien Deslinières et J. Marc-Py (souvent faussement orthographié J-Marc Py) en 1921 dans L'Hebdomadaire illustré du monde du travail accompagnée d'illustrations de Jean Clar (4) décrit une Europe utopique en 1971 dans laquelle se réveille le Docteur Valbel après un sommeil produit par un sérum qu'il a testé sur lui-même en 1921 afin de voir si le monde de la seconde partie du XXème siècle sera plus conforme à ses opinions (socialistes). Il n'est pas déçu et va même convaincre l'Amérique capitaliste de basculer dans le socialisme. L'oeuvre présente aussi de nombreux aspects techniques extrapolés dans les domaines de la société (forcément), de l'agriculture (rendements, utilisation des ressources de la science), de l'industrie (pour Paris, la majorité des industries a été concentrée au nord de la ville et l'on décrit ces ruches industrielles), des transports (yacht aérien, automotrice,...), de l'urbanisme (confort, téléphone dans tous les logements, suppression du métro remplacé par un tramway aérien,...),...

A partir du roman, l'on peut s'amuser à écrire une histoire de ce qui n'a pas été...

Chronologie d'une révolution qui n'a pas eu lieu 
15 octobre 1921: Le docteur Raymond Valbel s'administre un sérum qui doit l'endormir jusqu'au 11 mai 1972

1922: Naissance du docteur Chaudois

Vers 1922: Révolution socialiste en Europe

1927: mystérieuse épidémie qui décime les Fuégiens. Leur souvenir est conservé au Musée ethnographique de Paris.
1932: Découverte dans une maison démolie de l'ancienne rue de Champagne (Paris) du corps du docteur Valbel lors du percement de l'avenue de l'Humanité affranchie.
1950: Naissance d'Adler Dunois
1953: Naissance de Séverine Dunois, soeur d'Adler
1959: Le docteur Chaudois découvre l'immunité contre la syphilis et la tuberculose
11 mai 1972: « Résurrection » du docteur Valbel
Printemps 1972: Voyage des docteurs Valbel et Chaudois accompagnés d'Adler et Séverine Dunois et du milliardaire américain William Burton et sa fille Gladys à travers l'Europe et ses colonies d'Afrique du Nord avant de rejoindre l'Amérique
Juin 1972: Eruption de l'Etna, la Sicile est ravagée, Palerme anéantie.
Eté 1972: Conversion de William Burton au socialisme après de longues discussions avec ses hôtes français. Lors d'un nouveau séjour à Paris, William Burton promet: « avant six mois le socialisme sera proclamé aux Etats-Unis ». Il rédige un ouvrage que sa fortune lui permet de tirer à cinquante millions d'exemplaires. Il entame une propagande incessante
15 mars 1973: La révolution sociale éclate aux Etats-Unis
22 mars 1973: Mise en place du régime socialiste aux Etats-Unis. Socialisation de la propriété privée. William Burton devient le président du Conseil des Administrateurs.

Pour conclure

Si dans le monde décrit dans La Résurrection du Docteur Valbel, il existe des pratiques eugéniques par la stérilisation des « dégénérés », le centralisme démocratique, la sélection sociale importante, c'est tout de même une utopie pour Deslinières et Marc-Py qui promettent l'avènement prochain de rendements agricoles stupéfiants, d'un cadre de vie agréable pour tous, d'une durée journalière du temps de travail réduite à quatre heures, de la mise en place de conseils socialistes,... la promesse d'un bonheur également partagé...


(1) Eric B. Henriet, L'histoire revisitée. Panorama de l'uchronie sous toutes ses formes, Collection Interface, n° 3, Encrage, 2003.
(2) Lors de sa parution en volume aux éditions France-édition en 1921, le roman perd son sous titre générique.
(3) C'est le cas pour toutes les anticipations passées qui précisent l'époque décrite. Voir par exemple le recueil  En 1950. Quatre contes et nouvelles (1892-1909) qui réuni des textes qui ont pour point commun la description d'une même année dans des domaines différents des anticipations (technique, littéraire, militaire,...) mais que le lecteur du XXIe siècle sait erronées (page de publicité éhontée mais j'ai pris tellement de plaisir à réunir ces textes jamais réédités jusqu'alors...)
(4) L'édition en volume ne reprend malheureusement pas les illustrations.

lundi 11 juillet 2011

Chromo : anticipation: éolienne géante pour l'utilisation de l'énergie des vents

L'utilisation de la puissance éolienne est ancienne (moulins, pompes à eau,...). Au XXe siècle a commencé à se poser la question d'un usage plus rationnel (et rationalisé) du vent pour produire de l'énergie électrique.
 Si la série Regards sur l'avenir éditée par le vin Quinquina Byrrh se veut sérieuse, elle propose quelques images amusantes comme cette éolienne qui ressemble fort à une Tour Eiffel "costumisée"!



Un vendeur du site Delcampe m'a autorisé à reproduire quelques-unes de ses chromolithographies anticipatrices. Je l'en remercie. L'image ci-dessus est en vente ICI

Retrouvez les autres chromos de cette série:
2. Avion fusée pour les vols interplanétaires
16. La Télévision multipliée et agrandie sur la place publique
18. Exploitation de l'énergie thermique des mers
22. Cultures souterraines accélérées
24. Eolienne géante pour l'utilisation de l'énergie du vent

dimanche 10 juillet 2011

A propos de la planète Mars par LM (1907)

Le Bulletin commercial. Journal des intérêts Scientifiques, Pratiques et Moraux des Pharmaciens contient une rubrique météorologique dans laquelle on peut lire, en juillet 1907, cet extrait signé L.M.:


Mars est notre aînée. Elle a été crachée avant nous par la formidable nébuleuse solaire qui a donné naissance à notre système planétaire, petit patelin perdu dans l'immensité des pays célestes. En vertu de leur antériorité, les Martiens sont supposés plus avancés que nous dans l'art de la vie. Il n'y a point là-bas de sales automobiles répandant partout la puanteur, du pétrole, obscurcissant les voies de circulation de suffoquantes poussières et écrasant d'une façon désinvolte tout ce qui piète innocemment sur le sol, bêtes et gens. Les moyens de transport, consistent en une toupie gyroscopique aménagée en voiture. Les roues, car il y en a, exécutent 3,000 révolutions à la minute. Elles sont actionnées par un moteur électrique et le truc ou voiture filant non pas sur deux rails mais sur un seul, sur une sorte de câble plat, ne peut jamais verser, attendu que selon les lois propres à la rotation de la toupie, les virages du truc ne le font pas incliner au dehors mais en dedans. On peut imaginer du moins que cela fonctionne déjà de cette manière dans Mars puisque M. Louis Brennan, ingénieur irlandais, vient nous proposer ce système tardivement à nous, jeunes Terriens, dans l'enfance du génie.








Ce billet est publié dan le cadre du  le Défi martien Guillaume. Je n'ose pas l'inscrire pour le challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei (si, je peux?).

samedi 9 juillet 2011

Wilfried de Fonvielle, A la surface de Mars (1901)


La nouvelle "A la surface de Mars" a été publiée en 1901. Wilfried de Fonvielle imagine une planète rouge très avancée technologiquement et socialement (c'était la mode à l'époque). Le texte, court, est bien peu narratif et essentiellement descriptif. Et cette description est bien celle d'une société idéale, qui ne connaît pas la guerre ni les inégalités entre "hommes" et "femmes", comme l'on peut en juger à partir des quelques extraits suivants.


La place des femmes sur Mars est enviable:

"Quant aux femmes, leur type s’approche beaucoup de celui que les poètes de la terre considèrent comme la perfection. Dante n’aurait pas eu besoin de voyager longtemps à la surface de Mars pour rencontrer sa Béatrice ! Homère, s’il avait recouvré l’usage de ses yeux, y aurait vu plus d’une Hélène, en présence de laquelle les plus vieux Troyens oubliaient, comme ceux d’ici-bas, et leur âge, et leurs infirmités, et les malheurs de leur patrie."


Evidemment, il ne peut y avoir de "sexe faible":

"Dans une planète où la force physique est peu de chose, on comprend facilement que la femme soit devenue reine, et que les Sémiramis soient plus communes que les Césars. Partout où il y a des couples royaux, les rois sont réduits à l’état de princes consorts et les peuples ne s’en plaignent point."


L'armée? Oui mais pour d'autres buts que sur Terre:

"Comme à la surface de la terre, il y a, à la surface de Mars, des armées ; celles de Mars sont de beaucoup les plus nombreuses et les mieux disciplinées, mais elles ne font couler que de la sueur et non du sang, car elles sont consacrées à l’exécution de grands travaux de terrassement que les peuples de la planète mettent leur gloire à exécuter. Ils ont depuis longtemps des tribunaux d’arbitrage pour vider les querelles entre nations."

Mars doit donc être un modèle pour les Terriens:

"C’est pour cela que les études de Mars sont de plus hautes importances, car chaque apparition nous apporte de nouvelles lumières sur un état social dont nous apprécierons de mieux en mieux la perfection, et qui nous fera de plus en plus honte."

"S’ils ont des armées, ce sont des armées recrutées pour l’exécution des grands travaux publics et l’entretien des canaux d’irrigation nécessaire à la vie de l’espèce ; s’ils ont des guerres, ce sont des guerres d’encre ou de plume, ce sont des rivalités instructives. Leur vie n’est pas moins occupée que la nôtre, parce qu’ils s’attachent aux questions d’art et de philosophie, ainsi que de science, une importance que nous réservons pour les affaires susceptibles d’être cotées en Bourse."



Pour en savoir plus, on peut se référer au bel article, dont est extraite l'image précédente, consacré à l'imaginaire de la planète Mars publié sur le blog Sur l'Autre Face du Monde.


Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei et pour le Défi martien de Guillaume.


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