A RIRE D'AILES (épisode 3)
DEUXIEME
TABLEAU. — Une
loge de l'Odéon (mise en scène de
M. Ginisty).
M. Ginisty).
LE
ROI, se
tâtant pour voir. s'il n'a rien de cassé.
, - Sapristi ! Quelle aventure !... Ma chérie, est-tu intacte ?
AMÉLIE.
— Oui. autant que je puis l'être.
LE
Roi. - Où sommes-nous ?
AMÉLIE.
- Attends... Oui... c'est ça... Nous sommes à l'Odéon.
LE
ROI. — C'est ce qui s'appelle tomber dans le vide... Mais au moins,
tu ne te ressens pas de ta chute ?
tu ne te ressens pas de ta chute ?
AMÉLIE.
— Oh, moi, tu sais ! Une chute de plus ou de moins !...
M.
ANTOINE, sortant
de son cabinet, d'où il a entendu le bruit des voix.
— C'est insensé, ma parole ! Pour une fois qu'il y a du monde ici,
pas un de mes fourneaux d'employés n'a l'idée de me prévenir ! (II
se rue dans la. loge avec le plus aimable empressement.)
Ah! monsieur! Ah! madame! Que c'est gentil à vous d'être venus !...
Que faut-il vous servir? L'Abbé
Mouret,
L'Apprentie,
Ramuntcho
?
LE
ROI (vivement). — Non, merci.
ANTOINE.
— Préférez-vous une nouveauté, L'Arlésienne
?
AMÉLIE.—Non,
mon vieux: j'aime mieux Sherlock.
ANTOINE,
furieux. — Foutez-moi le camp !
On
chasse le Roi et Amélie.
Demeuré
seul, Antoine, pour oublier l'affront qui vient de lui être fait,
décide d'assister au ballet de ses conférenciers.
TROISIEME
TABLEAU. —
Le Ballet des Conférenciers (mise en scène de M. P.-L. Fleys). —
Entrée de M. Nozière, en Grec : il sort d'une carafe pour esquisser
avec des Bacchantes des pas voluptueux. — Arrive ensuite M.
Bernardin, en rasoir, qui prend des poses plastiques, au milieu des
femmes personnifiant les différentes Barbes. M. Laurent Tailhade, en
Satyre, lutine des Nymphes. Après quoi paraît M. Abel Bonnard ! des
Naïades arrosent généreusement la petite cressonnière qu'il a sur
la tête. — Et c'est enfin M. Lajeunesse, qui surgit tout nu d'un
fossé, avec la voix duquel (voix de fossé), il roucoule une romance
: les petits oiseaux, croyant entendre un rossignol, accourent de
toutes parts et prennent leurs ébats sur l'air immortel de Viens
Poupoule,
Nuit.
QUATRIEME TABLEAU. — La place Saint-Michel (mise en scène de M.Lépine). — Des chariots. Des tombereaux. Des madriers. Des grues (à vapeur, malheureusement). — Des charpentes métalliques. Des tas de moellons. Des ornières. L'auto-taxi que le Roi et A mélie ont pris en quittant l'Odéon vient de s'embourber : les voyageurs en sortent péniblement quand arrive un agent.
QUATRIEME TABLEAU. — La place Saint-Michel (mise en scène de M.Lépine). — Des chariots. Des tombereaux. Des madriers. Des grues (à vapeur, malheureusement). — Des charpentes métalliques. Des tas de moellons. Des ornières. L'auto-taxi que le Roi et A mélie ont pris en quittant l'Odéon vient de s'embourber : les voyageurs en sortent péniblement quand arrive un agent.
L'AGENT.
— Qu'est-ce que vous faites-là ?
AMÉLIE.
— Vous le voyez bien. Nous essayons de traverser la place.
L'AGENT.
— Naturellement ! Ça vous est égal de gêner la circulation !
LE
Roi. - En quoi ?
L'AGENT.
- Mais en circulant, parbleu ! Parole d'honneur, ils sont extra-
ordinaires tous ces lascars-là ! Ça vient ici à pied, en voiture, à cheval, en auto, en tramway ! Et ça ne s'aperçoit pas que ça tient de la place! Et ça récrimine quand il y a des accidents ! Mais, nom d'un pétard, si tous les passants se mettent à encombrer les rues, où voulez-vous qu'on mette les briques, les moellons, les gravats, les machines, les tas de pavés et autres ustensiles propices à la réflexion de la voie publique ? Tâchez moyen de disparaître !
ordinaires tous ces lascars-là ! Ça vient ici à pied, en voiture, à cheval, en auto, en tramway ! Et ça ne s'aperçoit pas que ça tient de la place! Et ça récrimine quand il y a des accidents ! Mais, nom d'un pétard, si tous les passants se mettent à encombrer les rues, où voulez-vous qu'on mette les briques, les moellons, les gravats, les machines, les tas de pavés et autres ustensiles propices à la réflexion de la voie publique ? Tâchez moyen de disparaître !
LE
ROI. - Si on allait dîner ?
AMÉLIE.
— Où ça, chez Paillard ? Chez Henry ? Chez Lapré ? au Café de
Paris ?....
LE
ROI. — Pas du tout : je vais t'emmener dans le seul restaurant qui
soit vraiment à la mode...
soit vraiment à la mode...
AMÉLIE.
— Et quel est-il ?
LE
Roi. — La caserne du Prince Eugène.
CINQUIEME
TABLEAU. — Réfectoire
du Prince Eugène, (Mise en
scène du prince Eugène Héros)
scène du prince Eugène Héros)
— Depuis
que M. Chéron a donné mission à M. Marguery d'améliorer
l'ordinaire des soldats, tout le monde veut y goûter : le réfectoire de la caserne du prince Eugène est le rendez-vous de la plus élégante société parisienne ,M M. Chéron et Marguery sont littéralement débordés.
l'ordinaire des soldats, tout le monde veut y goûter : le réfectoire de la caserne du prince Eugène est le rendez-vous de la plus élégante société parisienne ,M M. Chéron et Marguery sont littéralement débordés.
M.
MARGUERY (apportant un plat à M. Caillaux). — Voilà votre veau,
monsieur. C'est moi-même qui l'ait fait revenir.
M.
CAILLAUX. — Ah ! il est revenu ? Je l'impose !
Violente
discussion. — Les autres clients, qu'on néglige, protestent.
M.
PIERRE WOLFF. - Et ma tête de veau ?
M.
LE GÉNÉRAL D'AMADE. — Et mes épinards ?
Mme
JEANNE BLOCH. - Et mon gras-double ?
JANE
DERVAL. — Et mes tripes? Jamais on ne les a attendues aussi
longtemps !
M.
ANDRÉ DE FONQUIÈRES. — Et mes suprêmes d'émincés à la
Montespan ?
M.
GAILHARD. — Et mes suprêmes d'évincé
à la Messager ?
Mlle
PAULETTE DARTY. — Et mon eau de Vals lente ?
M.
ALEXANDRE DUVAL. - Et mon bouillon ?
Arrivant
au milieu de de tohu-bohu, le Roi et Amélie ne trouvent à se mettre
sous la dent qu'une paire de pantoufles de cavalerie. Ils s'enfuient.
La suite demain!
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