Pages

lundi 13 mai 2013

Gabriel Timmory, A rire d'ailes! (1909) [feuilleton, épisode 6 - fin]

Sixième et dernier épisode de notre feuilleton aéroplanesque A rire d'ailes! (1909) par Gabriel Timmory.



A RIRE D'AILES ( feuilleton, sixième et dernier épisode)


Du DIX-SEPTIEME au DEUX MILLE HUIT CENT QUATRIEME TABLEAU.. — Défilé de S. M. Guillaume II dans ses différents uniformes (mise en scène de M. de Bülow)

DEUX MILLE HUIT CENT CINQUIEME TABLEAU. — Le théâtre de la Nature (mise en scène de M. Jéhovah). Le Roi et Amélie remontent en aéroplane pour revenir à Paris.
Le temps s'est enfin mis au froid. En passant au-dessus de Champigny, cependant que souffle une bise glaciale, les voyageurs aperçoivent, sur une sorte de tertre, entouré d'arbres dénudés, un monsieur et une dame, qui, avec des gestes larges, semblent déclamer.
Ils atterrissent et reconnaissent, avec stupéfaction M. et Mme. Silvain.
LE ROI, à Silvain. — Comment vous, cher maître, ici, en peplum, par dix degrés au-dessous de zéro ?
SILVAIN, — Oui, moi, Silvain.
Mme SILVAIN. — Et sa femme.
AMÉLIE. — Que faites-vous donc ?
SILVAIN. — Vous ne devinez donc pas ? Sur cette scène, où, tout l'été, s'illustre Albert d'Armont, nous jouons, tout l'hiver, la tragédie.
LE Roi. — Quelle singulière idée.
Mille SILVAIN. — Nous avons tellement l'habitude du théâtre en plein air que nous étouffons dans une salle de spectacle.
AMÉLIE. — Mais vous êtes seuls, vous n'avez pas d'auditoire
SILVAIN, très noble. — Nous jouons, pour Dieu. et pour nous!... Enchaînons, Louise !
MIIlC SILVAIN, très aimable. — Vous savez que les billets de faveur ne sont pas supprimés : si vous voulez prendre un siège.
LE ROI. — Excusez-nous : nous sommes très pressés.
AMÉLIE. — Oui, on nous attend.
Ils filent, cependant que le couple Silvain continue à rugir dans le désert.

DEUX MILLE HUIT CENT SIXIEME TABLEAU. — Une soirée à la Santé (mise en scène de M. le Dr Doyen). Les détenus de la Santé, ayant, comme ceux de Riom et de Nîmes, réclamé un adoucissement à leur régime, M. Clemenceau les a autorisés à donner une grande soirée. On s'est disputé les invitations. Quand le Roi et Amélie arrivent, la fête bat son plein.
LE DIPLODOCUS, se dandinant. — Je m'amuse beaucoup à Paris. C'est un ville charmante.
UN MONSIEUR, s'approchant de lui. — Peut-on vous racheter quelques vertèbres ?
Le diplodocus lui en cède deux ou trois au plus juste prix.
LEMOINE, à Le Poittevin. — Je ne me serais jamais douté que les prisons fussent aussi mondaines. Vous avez eu tort de me laisser filer.
LE POITTEVIN. — Je vous fais toutes mes excuses.
LE MONSIEUR, à Lemoine, — Peut-on vous racheter quelques diamants?
LEMOlNE. — Des diamants, je n'en ai pas sur moi. Mais j'ai la recette. (Il la lui vend).
UNE JEUNE FEMME. — Il me faudrait trouver, cette .fois, un établissement sérieux.
LE MONSIEUR, accourant. — Voulez-vous que je vous rachète votre capital ?
LA JEUNE FEMME.— Hélas, monsieur, j'ai été épousée, puis plaquée par un Bulgare : je n'ai plus de capital...
LE MONSIEUR. — Du moment que vous avez encore les intérêts, on peut encore s'arranger ! (Il l'entraîne dans une cellule confortablement
meublée où l'affaire se conclut et l'amiable.
)
ABD EL MAL-AZIZ, ex-sultan du Maroc, se promenant tristement. — Pourvu que Moulaï n'arrive pas ici ! Il me ferait flanquer à la porte.
LA FEMME D'UN MINISTRE. — Ne vous désolez pas, pauvre Sire ! vous me donnez un sujet de pièces.
ABD- EL - MAZ - AZIZ. Vraiment?
LA DAME. — Oui... J'ai même déjà le titre: Répudié !
LE MONSIEUR de tout à l'heure surgissant à ce moment. — Superbe, le titre ! Voulez- vous que je vous le rachète ?
LA DAME. — Volontiers. (Il le lui paye au poids de l'or).
AMÉLIE (au mon- sieur). — Ah ça, qui êtes-vous donc, monsieur, qui voulez tout racheter ?
LE ROI. - Oui, qui êtes-vous?
LE MONSIEUR. — Le député Bourrat. Depuis que j'ai mené à bien le rachat de l'Ouest, je veux tout racheter.
AMÉLIE. — C'est un tic.
BOURRAT, — C'est une manie. (Au Roi, lui montrant Amélie.) Voulez-vous que je vous la rachète?
Le Roi proteste violemment.
Dispute. A ce moment, un autre scandale se produit. Abdul-Hamid qui, devenu trop Jeune-Turc, est tombé en enfance, se rend tellement insupportable qu'on le flanque à la Sublime Porte. On prend parti pour ou contre le sultan. Bagarre. Nuit.

DEUX MILLE HUIT CENT SEPTIEME TABLEAU. — Apothéose (mise en scène de M. Santos-Dumont). Réconciliation générale autour de Wright trônant sur son pylône. Charles Humbert embrasse Bunau-Varilla. Chaumié embrasse Téry. Antoine embrasse Ginisty. La Veuve Joyeuse, qui arrive de Berlin, embrasse tout le monde... Projection. Feux de Bengale.
LE ROI. — Joli tableau !
AMÉLIE. — Ça. nous fait une sortie.
MM. MICHEAU ET SAMUEL, survenant, — En attendant, vous aurez l'un et l'autre, cinq louis d'amende pour avoir raté votre entrée !

RIDEAU 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire