Sixième et dernier épisode de notre feuilleton aéroplanesque A rire d'ailes! (1909) par Gabriel Timmory.
A RIRE D'AILES ( feuilleton, sixième et dernier épisode)
Du
DIX-SEPTIEME au DEUX MILLE HUIT CENT QUATRIEME TABLEAU.. — Défilé
de S. M. Guillaume II dans ses différents uniformes (mise en scène
de M. de Bülow)
DEUX
MILLE HUIT CENT CINQUIEME TABLEAU. — Le
théâtre de la Nature (mise en scène de M. Jéhovah). Le Roi et
Amélie remontent en aéroplane pour revenir à Paris.
Le
temps s'est enfin mis au froid. En passant au-dessus de Champigny,
cependant que souffle une bise glaciale, les voyageurs aperçoivent,
sur une sorte de tertre, entouré d'arbres dénudés, un monsieur et
une dame, qui, avec des gestes larges, semblent déclamer.
Ils
atterrissent et reconnaissent, avec stupéfaction M. et Mme. Silvain.
LE
ROI, à
Silvain.
— Comment vous, cher maître, ici, en peplum, par dix degrés
au-dessous de zéro ?
SILVAIN,
— Oui, moi, Silvain.
Mme
SILVAIN. — Et sa femme.
AMÉLIE.
— Que faites-vous donc ?
SILVAIN.
— Vous ne devinez donc pas ? Sur cette scène, où, tout l'été,
s'illustre Albert d'Armont, nous jouons, tout l'hiver, la tragédie.
LE
Roi. — Quelle singulière idée.
Mille
SILVAIN. — Nous avons tellement l'habitude du théâtre en plein
air que nous étouffons dans une salle de spectacle.
AMÉLIE.
— Mais vous êtes seuls, vous n'avez pas d'auditoire
SILVAIN,
très
noble.
— Nous jouons, pour Dieu. et pour nous!... Enchaînons, Louise !
MIIlC
SILVAIN, très
aimable.
— Vous savez que les billets de faveur ne sont pas supprimés : si
vous voulez prendre un siège.
LE
ROI. — Excusez-nous : nous sommes très pressés.
AMÉLIE.
— Oui, on nous attend.
Ils
filent, cependant que le couple Silvain continue à rugir dans le
désert.
DEUX
MILLE HUIT CENT SIXIEME TABLEAU. — Une
soirée à la Santé (mise en scène de M. le Dr Doyen). Les détenus
de la Santé, ayant, comme ceux de Riom et de Nîmes, réclamé un
adoucissement à leur régime, M. Clemenceau les a autorisés à
donner une grande soirée. On s'est disputé les invitations. Quand
le Roi et Amélie arrivent, la fête bat son plein.
LE
DIPLODOCUS, se
dandinant.
— Je m'amuse beaucoup à Paris. C'est un ville charmante.
UN
MONSIEUR, s'approchant
de lui.
— Peut-on vous racheter quelques vertèbres ?
Le
diplodocus lui en cède deux ou trois au plus juste prix.
LEMOINE,
à Le Poittevin. — Je ne me serais jamais douté que les prisons
fussent aussi mondaines. Vous avez eu tort de me laisser filer.
LE
POITTEVIN. — Je vous fais toutes mes excuses.
LE
MONSIEUR, à
Lemoine,
— Peut-on vous racheter quelques diamants?
LEMOlNE.
— Des diamants, je n'en ai pas sur moi. Mais j'ai la recette. (Il
la lui vend).
UNE
JEUNE FEMME. — Il me faudrait trouver, cette .fois, un
établissement sérieux.
LE
MONSIEUR, accourant. — Voulez-vous que je vous rachète votre
capital ?
LA
JEUNE FEMME.— Hélas, monsieur, j'ai été épousée, puis plaquée
par un Bulgare : je n'ai plus de capital...
LE
MONSIEUR. — Du moment que vous avez encore les intérêts, on peut
encore s'arranger ! (Il
l'entraîne dans une cellule confortablement
meublée où l'affaire se conclut et l'amiable.)
meublée où l'affaire se conclut et l'amiable.)
ABD
EL MAL-AZIZ, ex-sultan
du Maroc,
se promenant tristement.
— Pourvu que Moulaï n'arrive pas ici ! Il me ferait flanquer à la
porte.
LA
FEMME D'UN MINISTRE. — Ne vous désolez pas, pauvre Sire ! vous me
donnez un sujet de pièces.
ABD-
EL - MAZ - AZIZ. Vraiment?
LA
DAME. — Oui... J'ai même déjà le titre: Répudié
!
LE
MONSIEUR de
tout à l'heure surgissant à ce moment.
— Superbe, le titre ! Voulez- vous que je vous le rachète ?
LA
DAME. — Volontiers. (Il
le lui paye au poids de l'or).
AMÉLIE
(au mon- sieur). — Ah ça, qui êtes-vous donc, monsieur, qui
voulez tout racheter ?
LE
ROI. - Oui, qui êtes-vous?
LE
MONSIEUR. — Le député Bourrat. Depuis que j'ai mené à bien le
rachat de l'Ouest, je veux tout racheter.
AMÉLIE.
— C'est un tic.
BOURRAT,
— C'est une manie. (Au
Roi, lui montrant Amélie.)
Voulez-vous que je vous la rachète?
Le
Roi proteste violemment.
Dispute.
A ce moment, un autre scandale se produit. Abdul-Hamid qui, devenu
trop Jeune-Turc, est tombé en enfance, se rend tellement
insupportable qu'on le flanque à la Sublime Porte. On prend parti
pour ou contre le sultan. Bagarre. Nuit.
DEUX
MILLE HUIT CENT SEPTIEME TABLEAU. — Apothéose (mise en scène
de M. Santos-Dumont). Réconciliation générale autour de Wright
trônant sur son pylône. Charles Humbert embrasse Bunau-Varilla.
Chaumié embrasse Téry. Antoine embrasse Ginisty. La Veuve Joyeuse,
qui arrive de Berlin, embrasse tout le monde... Projection. Feux de
Bengale.
LE
ROI. — Joli tableau !
AMÉLIE.
— Ça. nous fait une sortie.
MM.
MICHEAU ET SAMUEL, survenant, — En attendant, vous aurez l'un et
l'autre, cinq louis d'amende pour avoir raté votre entrée !
RIDEAU
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