ISSN
ISSN 2496-9346
mercredi 31 décembre 2014
mardi 30 décembre 2014
En l'an 2000 : la fin des piétons (1956)
Une petite blague parue en 1956 anticipant la fin des piétons.
En l'an 2000
Simple anticipation sur les temps
futurs, mais probable au train où vont les choses.
Vers l'an 2000, un monsieur, en se
présentant au bureau d'une compagnie d'assurances, demande à un
employé installé derrière un guichet :
- Je voudrais m'assurer contre tout
accident, déclare-t-il.
- Rien de plus simple, répond
l'employé. Vous allez souvent en avion ?
- Jamais.
- En hélicoptère ? En soucoupe
volante ?
- Pas davantage.
- En automobile ?
- J'ai ces moyens de locomotion en
horreur.
- En motocyclette ?... En scooter,
alors ?
- Non, je suis un simple piéton.
- Un piéton ! S'eclame l'employé,
ne cachant son effroi. Je regrette, mais c'est trop dangereux. Aucune
compagnie n'assure plus les piétons.
Journal et feuille d'avis du Valais
(Suisse), 53e année, n°60, jeudi 19 avril 1956
lundi 29 décembre 2014
Phil, La Belle époque ! (1930), dessin préhistorique
Libellés :
Archéologie en image,
humour,
Phil,
préhistoire,
Ric et Rac
samedi 27 décembre 2014
Dépaquit, Prophéties météorologiques (1911)
Les prévisions météorologiques font partie des sujets de conversation préférés. Ici le savant météorologue prévoit le temps pour les siècles, voire les millénaires à venir, mais a besoin de la sagesse populaire pour connaître le temps qu'il fait présentement...
Jules Dépaquit, "Prophéties météorologiques", Le Journal, n° 6979, daté du 5 novembre 1911.
Source: Gallica
mercredi 24 décembre 2014
[video] Le Noël de l'an 2000 vu en 1971
ArchéoSF vous souhaite un joyeux Noël !
mardi 23 décembre 2014
Offre de Noël publie.net #3
C'est le moment de compléter votre collection ArchéoSF !
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samedi 20 décembre 2014
Offre de Noël publie.net #1
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mardi 16 décembre 2014
[numérique] Paris Futurs, l'anthologie mise à jour et augmentée
INFORMATION : Version numérique de Paris Futurs. Une première version a été publiée en 2013. La seconde version mise à jour et augmentée est disponible chez publie.net, collection ArchéoSF.
Si vous souhaitez uniquement la version numérique, elle est disponible ici:http://librairie.publie.net/.../9782814507401/paris-futurs
Une version papier est aussi disponible. Face au succès des précommandes, une quarantaine d'exemplaires supplémentaires sont disponibles. Attention, ce tirage est en quantité limitée. En cas de besoin, un autre tirage sera proposé (mais pas avant mi-janvier).
lundi 15 décembre 2014
La mode en 1950 ou 2000 (1928)
Anticiper les éléments du quotidien est une occupation régulière des chroniqueurs. Ici Le petit Grégoire imagine la mode du futur...
SOURIRES
Ce
que
sera
la
mode
en
1950
ou
en
l'an
2000
?
A
ce
sujet,
les
Américains
se sont
livrés
à
des
prévisions
fantaisistes.
En
France,
nous
étudions
le
problème plus
sérieusement
et
j'aperçois,
d'ailleurs,
au
tréfonds
d'un
article
publié
par
le
docteur
P.
E.
Morhardt,
dans
la
«
Vie
Médicale »
quelques
indices
qui
se
traduiront
fatalement
- tôt
ou
tard
- par
des
réalités...
Ce
docteur,
en
avance
d'un
siècle
au moins
sur
son
époque,
ne
tari
pas
d'éloges sur
le
costume
féminin.
Et
je
crois, fichtre,
qu'il
a
raison
nos
soeurs
respirent
mieux
que
nous,
elles
n'enfouissent pas
leurs
bras,
ni
leurs
jambes, ni
leur
gorge
dans
des
tissus
épais, elles
reçoivent
très
intelligemment
le
maximum
de
radiations
solaires...
Ce
maximum
est
même
franchi,
en
été,
sur
les
plages,
mais
passons...
Il
est
donc
scientifiquement
établi
que le
vêtement
hygiénique
est
le
vêtement
fin,
aéré,
transparent,
décolleté.
-
A bas
les
faux-cols
! ajoute
le
docteur Morhardt,
s'adressant
surtout
aux hypertendus
qui
risquent
chaque
soir une
hémorragie
cérébrale...
Et
si
vous
m'en
croyez,
messieurs,
utilisez
les fards
afin
d'éviter
les
vieillissements
précoces...
Très
bien.
Je
constate
avec
plaisir
que l'homme
est
appelé
à
s'orienter
vers la
dentelle,
la
chaussette
ajourée,
la
poitrine
au
vent,
pendant
que
la
femme,
de
plus
en
plus,
manifestera
son
goût
pour
le
feutre
à
large
bord, les
gilets,
les
cravates,
les
bottes
à
l'écuyère...
Laissons
le
temps
faire
son ouvrage,
mais
un
jour
- ne
me
demandez pas
de
date
précise,
je
vous
en
prie
un
jour
- les
deux
tendances
se rejoindront
: la
logique
exigera
alors que
les
couturiers
sortent
de
leurs
ateliers
le
complet
convenant
aux deux
sexes,
le
costume
léger
et
ouvert, combinaison
idéale
issue
de
la
robe
et
du
pantalon,
du
veston
et
du
corsage!...
Cette
solution
est
conforme,
après
tout,
aux
suggestions
élastiques
du
docteur Morhardt...
Et
elle
implique,
au surplus,
une
économie
appréciable
dans
les
budgets
familiaux,
l'habit
étant endossé
par
Monsieur
dès
que
Madame est
de
retour
à
la
maison...
-
Mais qui
portera
la
culotte
?
interroge le
vieux
légiste
imbu
des
préjugés du
Code
Napoléon...
-
La question
ne
se
pose
pas,
Monsieur
le
vêtement
unique,
en
égalisant
les
sexes,
supprime
le
problème
de l'autorité
conjugale...
Le
Petit
Grégoire,
chronique « Sourires », in L'Ouest
Eclair,
n° 9873, 7 novembre 1928
A lire sur ArchéoSF: La mode en l'an 2000 (1898)
samedi 13 décembre 2014
Henriot, Le refroidissement climatique (1922)
jeudi 11 décembre 2014
Le Petit Grégoire, Mais que deviendra le Kid? biographie anticipée (1934)
Un petit texte paru en 1934 dans la rubrique "Sourires" à la Une de L'Ouest-Eclair imagine que le Kid du film du même nom de et avec Charlie Chaplin a vécu sa vie à l'envers, à l'instar de ce qui se passe dans L'Horloge des siècles d'Albert Robida.
SOURIRES
Mettre
la
charrue
devant
les
boeufs,
commencer
par
où
l'on
devrait
finir,
constitue
un
exercice
acrobatique
peu
en
vogue
chez les
Français
: n'empêche
qu'il
est
très
américain...
En
douteriez-vous
en
lisant
la
vie
de
Jackie
Coogan
?
Cette
vie
est
une
marche
à rebours
qui
inflige
un
solennel
démenti
à
tous
les
professeurs
d'expérience
et
de
sagesse... Elle
n'est
pas
encore
écrite,
je
sais... Mais
je
peux
vous
en
tracer
les
grandes
lignes
:
«En
1919,
cinq
lustres
brillant
sur
sa
jolie tête,
Jackie
avait
déjà
conquis
une
gloire mondiale
réservée
d'ordinaire
aux
vieillards
éminents...
Entre
deux
parties
de bille,
il
tournait
les
chefs-d'oeuvre
de
l'écran, lesquels
tournaient
ensuite
tous
les
cervelets
de
la
planète...
On
l'appelait
l'enfant prodige
en
réalité,
il
était
le
vieux « prégosse
»,
c'est-à-dire
le
mortel
qui
a
été
quinquagénaire
avant
d'être
gamin.
« En
1924,
l'artiste
couvert
de
lauriers
et de
dollars
prenait
une
retraite
bien
gagnée.
A
l'âge
de
dix
ans,
on
aspire
non
à
la
pompe
mais
au
repos
- cela
se
conçoit
- quand
on
a
porté
la
perruque
des
jeunes premiers
d'Hollywood
et
abîmé
ses
prunelles aux
feux
pleins
d'artifices
des
sunlights...
« En
1935,
ayant
décroché
sa
majorité
à la
manière
d'un
président
du
Conseil
luttant contre
les
coups
du
destin,
le
petit
père
conscrit
obtenait
la
démission
de
son
conseil judiciaire...
Tout
comme
un
barbon
séquestré en
raison
de
ses
folles
dépenses.
«
En
1955,
Coogan
songea
- il
n'est
jamais trop
tard
pour
bien
faire
- à
acheter
un
peu
d'instruction...
Il
en
avait
les
moyens...
On
le
vit,
quadragénaire
studieux,
briller
dans
la
lecture
et
l'écriture.
Vers 1960,
il
passait
son
certificat
d'études
américaines.
«
Enfin,
en
1985,
il
atteignait
l'enfance,
cette
enfance
joyeuse
et
sans
soucis
qui laisse
de
si
beaux
souvenirs
chez
les
hommes...
»
Ainsi
se
termina
l'aventure
fantastique
du «
Kid
»
qui
descendit
le
chemin
de
l'existence au
lieu
de
le
monter...
Plus
tard,
les
enfants
d'Amérique
étudieront,
non
sans
ébahissement,
cette
course d'une
lumineuse
écrevisse
dans
le
livre que
prépare
un
érudit
californien
et
qui aura
pour
titre
«
De
viria
illustribus
urbis...
Hollywoodis
».
Le
Petit
Grégoire,
« Sourires », L'Ouest
Eclair,
n° 13873, 31 octobre 1934.
Notes:
Il y a des coïncidences étonnantes entre la vraie vie de Jackie Coogan et cette biographie fictive:
En 1935, il a 21 ans, il gagne un procès lui permettant de récupérer une partie des droits dont il avait été spolié par sa mère et son beau-père.
Dans les années 1960, il ne s'instruit pas mais joue dans la série La Famille Adams (il incarne l'oncle Fester).
Il n'atteint pas tout à fait l'enfance en 1985 car il meurt d'une crise cardiaque en 1984.
mardi 9 décembre 2014
Octave Uzanne, Les Bibliothèques de l'avenir (1901)
[Mise à jour Mars 2019: le texte Les bibliothèques de l'avenir est d'abord paru dans la Revue biblio-iconographique en 1897 (en deux parties: n° de janvier et n° de février 1897) sous le titre Nos livres devant la postérité accompagné du sous-titre Les bibliothèques de l'avenir]
Les Bibliothèques de l'avenir
Les Bibliothèques de l'avenir
Les
bibliothèques
de
l'avenir,
dit
M.
Octave
Uzanne
dans
la Revue
franco-allemande du
mois
de
février
dernier,
ne
contiendront
qu'un
choix
de
livres
très
judicieux.
Aucun
roman,
fort peu
d'ouvrages
de
poésie,
quelques
rares
récits
historiques,
de
nombreuses
bibliographies,
des
dictionnaires
spéciaux
à
pleins rayons
et
des
œuvres de
référence
autant que
possible.
A
ce
fonds de
roulement
on
joindra
une
pharmacie
de
l'âme,
c'est-à-dire
une
sélection
de
moralistes
blacks and
whites, faits
pour être lus
selon
les
éclairages
intérieurs
et
d'après
les
élévations
du
thermomètre
intellectuel,'a
niveau
des
mélancolies
ou
des
joies excessives.
«
Les
romans,
ces
dupeurs
d'imagination
et
ces inutiles gaspilleurs
de
temps
seront
a
jamais
proscrits,
ainsi
que
les
œuvres
de
théâtre,
qu'on
pourra
voir
interpréter
– et encore
-
mais qu'on
ne lira
plus.
Le
bibliophile,
devenu
pratique,
considérera
sa
bibliothèque
comme
un
immense
directory des
littératures
universelles,
comme
un
guide
à
travers
les
connaissances
générales
de
la
bibliographie,
comme
une
source
claire
de
tous
renseignements
littéraires.
On
collectionnera
les
index de
toutes
natures, les
encyclopédies
condensées,
les
glossaires
des mots
et des
choses, les compendiums des
sciences
modernes,
de
façon
à
posséder
sous la
main,
en
un
cabinet
confortable,
une
sorte
de
bibliothèque
servant
d'office
à
toutes
les
littératures
du
monde.
Tous
les livres
seront
solidement
reliés
avec
certaines
allégories
ou
symboles
sur
les
dos,
afin
de
faire
reconnaître
leur
classement,
leur nature
ou
leur
genre.
«
Il
m'est
avis
qu'aucun
bibliophile
de
l'avenir
ne
possédera
plus des
masses
de
livres
très
encombrants
et
d'autant
plus
pénibles
à
consulter
que
trop
souvent
y
manquent
les
tables
et
les
index.
«
Mais,
comme
la
curiosité,
la
science,
l'amour
de
l'étude,
la
passion des
écritures
d'art
ne
perdront
pas
leurs
droits,
le
lettré
du XXe
ou
XXIe siècle
sera
abonné
à
quelque
cercle
considérable,
sorte de
Polybilion club,
où
il
aura,
a
sa
convenance,
pour
lire
sur
place
en
de
merveilleux
salons
silencieux
– sinon pour
emporter
domicile
–tous les
ouvrages
dont
ces
index
auront
bien
pu
lui
révéler
l'existence.
Ces
polybiblion clubs
seront
constitués
aisément
au
capital
de
deux
ou
trois
mille
sociétaires,
lesquels,
par
esprit
de
tranquillité
et
aussi
d'économie,
ne
trouveront
pas
excessif
de
verser,
comme
cotisation
annuelle
à
ces
bibliophilic
clubs un
millier
de
francs,
afin
de
constituer
à
cette
maison de
science
une
rente
générale
de
2
à
3
millions
nécessaires
à
l'achat
et
à
l'entretien
des
livres
et
au
train
des
conservateurs.
On
peut
concevoir
aisément
quel
allégement
ce
sera
pour les
bibliophiles
que
d'être
relevés
du
souci
d'entretenir
une
grande
bibliothèque.
Ils
obtiendront
téléphoniquement
de
leur club
des
renseignements
et
des
assurances
d'envois
de
livres,
et
ils
ne
conserveront
à
leur
disposition,
en
une
seule
armoire, que
le
matériel
nécessaire
a.
l'aiguillage
de
leur
intelligence
sur
toutes
les
voies
possibles
de
la
littérature,
de
l'histoire,
de
la
science,
de
la
théologie
et
des
voyages,
»
Octave
UZANNE (Revue
franco-allemande,
février
1901).
In
Revue universelle, 1901.
A lire sur ArchéoSF : Paul Otlet, Le journal téléphoné et la fin du livre
A consulter : le blog Octave Uzanne
A lire chez Publie.net : Albert Robida et Octave Uzanne, La fin du livre (1895)
Illustration : La fin du livre, illustration de Robida
Libellés :
Archéologie textuelle (essais et critiques)
lundi 8 décembre 2014
Rêves d'hier, réalités d'aujord'hui (1959-1960)
La collection de vignettes Les Merveilles du monde éditée par le Chocolat Nestlé et le Chocolat Kohler proposait en 1959-1960 une série d'images consacrées aux rêves d'hier devenus réalités à la fin des années 1950. On y trouve des images inspirées de Robida et d'autres grands illustrateurs ayant anticipé l'avenir.
En voici quelques exemples :
En voici quelques exemples :
dimanche 7 décembre 2014
Paris Futurs en précommande : la page Facebook
Les précommandes pour Paris Futurs se terminent le 12 décembre. Il ne vous reste plus que quelques jours pour y participer.
Paris Futurs est une anthologie rassemblant 18 textes narrant l'avenir de Paris. Ces textes ont été publiés entre 1830 et 1906 et n'ont jamais été pour la plupart réédités depuis.
Une page Facebook est dédiée à cet événement.
Les précommandes se font sur le site compagnon de la collection ArchéoSF.
Paris Futurs est une anthologie rassemblant 18 textes narrant l'avenir de Paris. Ces textes ont été publiés entre 1830 et 1906 et n'ont jamais été pour la plupart réédités depuis.
Une page Facebook est dédiée à cet événement.
Les précommandes se font sur le site compagnon de la collection ArchéoSF.
samedi 6 décembre 2014
Clémence Roberte, Paris en ruines (critique, 1840)
Le poème "Paris en ruines" recueilli dans Paris Futurs a fait l'objet
d'une critique au moment de sa parution en 1840.
Le critique en fait la pièce majeure du recueil Paris Silhouettes (1840).
Dans
quelques jours le Salon va s'ouvrir, il nous donnera l'occasion de
nous étendre à ce sujet; pour aujourd'hui, parlons de poésie et
surtout parlons du recueil que vient de publier mademoiselle Clémence
Robert, sous le titre de Paris Silhouettes. Poëte passionnée
et ne sacrifiant rien aux idoles du jour, mademoiselle Robert ne
s'arrête point à ces sujets légers, badins, sans portée, mais sa
muse grave, sérieuse, s'inspire à de plus hautes pensées; ici,
dans une pièce intitulée : Paris en ruines, l'auteur anticipant sur
l'avenir, va, nouveau Jérémie, pleurer sur les ruines de la
nouvelle capitale du monde, et foulant les ruines de celle grande et
noble cité , elle invoque les dieux, elle invoque les arts, mais :
Les
dieux, les arts sont morts. — Les artistes aussi :
Ils
croyaient en leurs dieux , en leurs oeuvres ici ;
Ils
voyaient rayonner cette double étincelle
Du
sujet et de l'art qui fait l'oeuvre immortelle ,
Ils
croyaient vivre au loin tous les siècles durant,
Folie!
orgueil humain!...
Après
nous avoir montré Paris en ruines et le néant humain, l'auteur nous
fait voir les arts immortels, vainqueurs même des ruines et des
ravages du temps, car là sous ces débris, dans ce chaos, pour
montrer la puissance des arts:
On
y voit un Hercule enchaîné sous un arbre
Dans
les noeuds du lichen, cette rouille du marbre ;
Une
Vénus
couchée
et
le
jet
de
jasmin
Remplaçant
la
ceinture
autrefois
à
son
sein
;
Puis
les
vierge;
du
ciel,
les
roses
séraphiques
Que
l'art
faisait
éclore
en
ses
jardins
bibliques.
Enfin
après
nous
avoir
promenés
sur
ce
désert,
sur
ce
Paris en
ruines,
l'auteur
termine
en
ne
laissant
plus
pour
seul personnage
de
cette
scène
lugubre,
qu'un
vautour
perché
sur
l'une
des
colonnes
mutilées
du
Louvre.
Libellés :
Archéologie textuelle (essais et critiques)
mercredi 3 décembre 2014
Discours de Jean Vignaud pour les obsèques de JH Rosny aîné (1940)
Le Temps, quotidien fondé en 1861 et disparu en 1942, propose dans son édition du 20 février 1940 une relation des obsèques de JH Rosny aîné. Jean Vignaud, président de la Société des gens de lettres, prononce à cette occasion un discours dont des extraits sont repris. Pour l'anecdote, rappelons que Jean Vignaud fut retenu pour le premier prix Goncourt décerné en 1903. Il obtint 1 voix pour Les Amis du peuple contre 3 voix se portant sur Ville Lumière de Camille Mauclair et 6 voix pour le lauréat John-Antoine Nau et son roman de science-fiction Force Ennemie (1).
Obsèques
de
M,
J.-H.
Rosny
aîné
président
de
l'académie
Goncourt
Ce
matin,
à
10
h.
15,
ont
eu
lieu
les
obsèques
de
M.
J.-H.
Rosny
aîné,
président
de
l'académie
Goncourt, président
honoraire
de
la
Société
des
gens de
lettres.
De
nombreux
amis
appartenant
au monde
de
la
littérature
et
des
arts
s'étaient
réunis à
la
maison
mortuaire.
Des
discours
ont
été
prononcés,
notamment
par
le professeur
Jean
Perrin,
de l'Académie
des
sciences, ancien
sous-secrétaire
d'Etat
à
la
recherche,
scientifique, parlant
au
nom
de
M.
Yvon
Delbos,
ministre de
l'éducation
nationale,
par
M.
Léo
Larguier,
au
nom
de
l'académie
Goncourt,
et
par
M. Jean
Vignaud,
président de
la
Société
des
gens
de
lettres.
Discours
de
M.
Jean
Vignaud
M.
Jean
Vignaud
a
retracé
en
termes
émus
la
longue et
brillante
carrière
de
son
maître
et
ami,
auquel il
a
apporté le
tribut
d'admiration
et
de
reconnaissance de
tous
les écrivains
de
France.
Après avoir
dit
quelle
impression
de
nouveauté
et de
force
avait
produite
1
apparition
de
son
premier
roman
Nell Horn,
et
passé
en revue
ses
romans préhistoriques
tels
que
Vamireh,
la Guerre
du feu,
et
ses
autres
romans
de
mœurs
révolutionnaires
:
le
Bilatéral,
les
Amours
rouges,
la
Charpente
et
l'Impérieuse
bonté,
M.
Jean
Vignaud
a
dit
en
ces
termes
quels
étaient
les
dons
magnifiques de
l'illustre
écrivain,
et
quel
fut
le
retentissement de
son
oeuvre
:
De
cette
oeuvre
énorme
à
laquelle
collabora
pendant
plusieurs années
Rosny
jeune,
que
nous
associons
aujourd'hui
dans
notre
admiration
et
notre
chagrin,
on
ne peut,
faute
de
temps,
que
souligner
la
grandeur
et le
rayonnement.
Hors
de
nos
frontières,
certains
écrivains,
comme
Wells,
devenus
justement
célèbres,
se sont
inspirés.
de
ce
merveilleux
sçientifique
dont
Rosny
aîné
a
été
le
créateur.
«
Il
possède,
a
dit
de
lui
le grand
savant
Jean
Perrin,
une
connaissance
vaste
et
précise
des
lois
de
la
nature.
Mathématiques,
astronomie,
physique,
géologie,
biologie
lui
sont
également
familières.
En
science
comme
en
littérature,
Rosny,
a
les dons
d'un
créateur
génial.
«
Après
la
lecture
de
bon
beau
travail:
le Pluraliste,
Jean
Perrin
a
dit
combien
il
regrettait
que
Rosny
n'ait
pu
trouver
le
temps
nécessaire
à
l'expérimentalisme.
Observation
pénétrante, rigueur
logique,
imagination
prodigieuse,
sens
profond de
la
beauté
propre
aux
sciences
«
ce
sont
plus qu'il
n'en
fallait,
dit-il,
pour
en
faire
un
des
premiers
physiciens
de
tous
les
temps
».
Enfin,
l'imagination
du
romancier
est
si
puissante
qu'elle
donne
à
ses
productions
la
réalité
des
choses
vues.
Chacun
de
ses
personnages,
- a
dit
plus
loin
M.
Jean
Vignaud -
se
demande
avec
désespoir
au
nom
de
quelle fatalité
la
vie
est
toujours
souillée
par
les
ténèbres
du
meurtre.
Depuis
vingt-cinq
ans, les
hommes
de notre
temps
tiennent
le
même
propos.
Et
quand
Rosny aîné
parle
de
ces
ferromagnetaux,
de
ces
êtres
de fer
vivant
qui
cherchent
à
précipiter
la
mort
de
l'humanité,
il
semble
qu'il
ait
prévu
la
barbarie
germanique,
qui
par
ses
déportations
de
peuples,
par
le
rétablissement de
l'esclavage,
par
sa
haine
de
tous
les
cultes, voudrait
ramener
une
partie
de
l'Europe
aux
jours les
plus
obscurs
de
la
préhistoire,
et
faire
peser
sur ses
populations
je
ne
sais
quelles
vieilles
terreurs
primitives.
Mais
le
.visionnaire
aura
raison
jusqu'au
bout,
car
il
nous
montre
dans
tous
ses
romans
l'esprit
d'union
et
d'amour
triomphant
de
la-férocité
et
de
l'infamie.
Dans
les
fresques
révolutionnaires
brossées
par
J.-H. Rosny
aîné,
ses
personnages
les
plus
audacieux
défendent
éloquemment
l'idée
de
patrie. Il
fut aussi
un
ardent
féministe.
Si
la
foule
n'a
pas
entendu
ses
prophéties,
ses
cris
d'alarme ou
ses
appels
désespérés,
a
dit
en
terminant
M. Jean
Vignaud,
c'est
parce
que,
semblable
aux
grands oiseaux
du
large,
il
est
demeuré
au-dessus
d'elle, trop
haut
dans
l'espace.
Il
n'a
jamais,
par
des
complaisances, par
des
compromissions,
par
des
soumissions,
recherché
ses
suffrages.
Il
a
demandé
à
son
art
seul
des
forces
secrètes
et
des
points
d'appui.
C'est
pourquoi
Rosny
aîné
représente
pour
nous,
ses
admirateurs
et
ses
amis,
l'homme
de
lettres
fier,
pauvre, indépendant,
l'artiste
à
l'état
pur,
l'honneur
et la
dignité
de
notre
profession.
In
Le Temps, n° 28647, 20 février 1940
Jean Vignaud prononça en 1936 un discours en l'honneur de JH Rosny aîné que l'on peut lire sur le blog JH Rosny.
Jean Vignaud prononça en 1936 un discours en l'honneur de JH Rosny aîné que l'on peut lire sur le blog JH Rosny.
(1) Force ennemie de John-Antoine Nau est disponible aux éditions Publie.net dans la collection ArchéoSF.
Libellés :
Archéologie textuelle (essais et critiques)
lundi 1 décembre 2014
vendredi 28 novembre 2014
J.H. Rosny Jeune, Les pilules de Berthelot (1941)
Dans cet article, JH Rosny fait référence au célèbre discours du chimiste Berthelot annonçant l'avènement de la nourriture sous formes de pilules. Il évoque aussi des textes de fiction et pose la question de la valeur anticipatrice de la littérature d'imagination scientifique.
Les
pilules de Berthelot par J.H. Rosny Jeune
Président
de l'Académie Goncourt
Dans ma jeunesse, les auteurs aimaient parler de l'époque où il suffirait d'avaler quelques pilules pour arriver à nous sustenter. Les repas, ces lourds repas où la chair se délecte, n'existeraient plus pour une humanité vivant d'amour et d'eau fraîche. C'était à la fois un sujet de moquerie et on ne sait quelle espérance pour les âmes éthérées. Personne, bien entendu, n'y croyait. Mais il faut se défier de l'imagination humaine: elle va toujours plus loin qu'on ne croit ; elle nous devance par une intuition supérieure sur la route de la chimère, et un jour, triomphante elle s'écrie « Je vous l'avais prédit ! » On a donc pu affirmer avec quelque apparence de raison que d'avoir imaginé un phénomène devient presque une preuve de sa prochaine apparition sur le terrain de la réalité. Goncourt, qui prenait des notes au diner de Magny, écoutait volontiers le grand chimiste Berthelot lui expliquant qu'on pourrait un jour se nourrir avec des pilules. Il lui racontait aussi qu'on vendrait force motrice chez les épiciers. Cela semblait fabuleux, et pour ce qui est de la force motrice, cela s'est de point en point réalisé, car l'automobiliste qui va chercher un bidon d'essence chez le Potin de l'étape achète bel et bien de la force motrice... Et nous pourrions multiplier les exemples. Tout ce que nous voyons au cours de guerre ne se trouve-t-il pas en principe chez Jules Verne ? Le « Nautilus » est bien l'ancêtre du sous-marin, le ballon dirigeable qui vogue à travers l'Afrique devance le Clipper américain, le grand canon de la Terre à la Lune annonce le canon Calais-Douvres ; l'explorateur du ciel, le professeur Piccard, va devenir l'explorateur de la mer profonde, et ce n'est pas en quatre-vingt jours qu'on fait aujourd'hui le tour du monde, ce n'est pas même en quatre-vingts heures. Ne sera-ce pas demain en quatre-vingts minutes ?...
Pour en revenir aux pilules de Berthelot, observons que le chimiste s'était complètement trompé quant à la voie à suivre. En bon chimiste, ami de nos savants médecins, il était allé par le chemin le plus court : son hypothèse prévoyait la formidable condensation de substances alimentaires : du bifteck comprimé, réduit à ses éléments. Les véritables précurseurs furent ici nos midinettes. Et faut avoir vécu de mon temps pour savoir avec quel mépris les savant» médecins parlaient des crudités. Ces choses-là, ne possédant aucune valeur nutritive, ne faisaient qu'encombrer les organes digestifs : elles propageaient les pires maux, poussaient à la déchéance et à la mort. Mes camarades et moi n'écoutions rien de tout cela ; nous n'aimions les carottes et les navets que crus, les pommes que vertes, les châtaignes que déchirées à belles dents. Les cousettes, les foudres d'Esculape, se refusaient à lâcher la laitue. la romaine, les coquillages. Il n'y avait pas jusqu'à ces pauvres petites chlorotiques qui ne rêvassent de dévorer des aliments extraordinaires : des araignées, des trognons de choux, et tant d'autres picas, craie, charbon dont les chers maîtres familiers des pièces de Molière, riaient à se tordre. Et pourtant, là était le salut. La chose débuta, si je ne me trompe, avec le béribéri, une maladie des plus dégoûtantes qui vous gangrenait les membres, vous faisait mourir morceau par morceau. Une goutte d'un liquide recueilli sur l'enveloppe des grains de riz suffit à réduire à néant ce mal épouvantable... On n'était, d'autre part, déjà aperçu que le scorbut, autre plaie de nos malheureux marins d'Islande, de nos voyageurs au pôle Nord, se guérissait de grains de moutarde, du jus de citron, des oignons crus. La vitamine C ou D fut ainsi découverte. Les cures héroïques de foie de morue n'eurent plus de secret pour nos Esculape. Ce n'était pas tant l'huile, corps gras à qui, à défaut d'autres suppositions, on faisait honneur des plus miraculeux redressements de la santé, c'étaient des particules microscopiques, les vitamines D, les vitamines C, rien du tout, qui agissaient avec une efficacité merveilleuse. Les pilules de Berthelot cessaient d'être des résumés de rôtis à la broche ou de poulets à la crème : c'étaient des atomes crochus qui s'accrochaient aux organismes les animaient, ne les lâchaient plus.
Pour beaucoup de gens encore, les vaisseaux remplis de vitamines que les Américains nous envoient sont une inconcevable surprise. Quoi ! ces bonbons que vont sucer nos gosses, qu'on va leur distribuer comme des bons points, ces pastilles, ces boules de gomme, en pralines au chocolat, c'est de la supernourriture ! Cela cale nos viscères, fait pousser nos membres, augmente notre poids, développe notre cerveau. Des Industries sont nées, toutes plus singulières les unes que les autres, fouillant avec de petits instruments subtils les graines de nos céréales, les pépins de nos fruits. Que dis-je les graines ? Les points germinatifs, les gemnules, la peau des oranges et des citrons, rien n'échappe à ces chasseurs d'atomes. il leur faut des vitamines A, B, C, D, des semences de vie Quand ils en ont recueilli de quoi remplir un dé à coudre, ils n'ont pas perdu leur journée. Nous sommes affamés, nous crions misère, nous nous sentons chaque jour plus faibles, plus languissants. Que croyez-vous qu'on va nous envoyer ? Que croyez vous qu'un blocus impitoyable va livrer aux poissons de la mer ? Des vitamines, encore des vitamines.
Les pilules de Berthelot !
Publié dans Le Petit Parisien du 27 février 1941
jeudi 27 novembre 2014
Paris Futurs : une anthologie de SF ancienne en pré-commande
ArchéoSF balaye l’ensemble des genres de la science-fiction ancienne et se propose de dénicher des perles rares, de remettre au goût du jour des textes oubliés, des anticipations, des aventures extraordinaires, des utopies, des uchronies, des histoires de savants fous, des récits préhistoriques…
Cette collection dirigée par Philippe Éthuin, née en numérique aux éditions publie.net (une vingtaine de titres, d’autres à venir très bientôt), et sur le web avec son site compagnon archeosf.publie.net où sont régulièrement mis en ligne des textes tout droit sortis de nos archives, saute désormais le pas du papier et propose ce premier fascicule autour des Paris du futur, imaginés, fantasmés, rêvés par des écrivains des XIXeet XXe siècles. Paris en ruines, Paris ville-lumière, Paris utopique, Paris dramatique, Paris sous la glace… Dix-huit textes pour vous faire voyager dans le temps et jouer aux archéologues du futur.
Cette collection dirigée par Philippe Éthuin, née en numérique aux éditions publie.net (une vingtaine de titres, d’autres à venir très bientôt), et sur le web avec son site compagnon archeosf.publie.net
Table des matières
Les Ruines de Paris. Songe — Roland BaucheryLa ville nouvelle ou le Paris des Saint-Simoniens — Charles Duveyrier
Paris en ruines — Clémence robert
Paris futur — Théophile Gautier
Paris futur — Joseph Méry
Paris futur — Victor Fournel
L’avenir — Victor Hugo
Transformation de Paris — Tony Moilin
Les ruines de Paris — Gustave Nadaud
La vie à Paris en 1987 — Mirliton
Paris futur — Pierre Véron
La statue de Gambetta en l’an 2000 — M. Millaud
Le Paris futur ou l’An trois mille sept cent quatre-vingt-neuf — Arsène Houssaye
La mort de Paris — Louis Gallet
Paris futur — Jules Hoche
En 2305… De certaines peintures découvertes dans les ruines de Paris — François Crucy
L’inscription — Eugène Fourrier
L’inondation du métropolitain — Paul Vibert
PUBLICATION 12 décembre 2014
PRIX 12€
PAGES 80
ISBN 9782371760295
DISPONIBILITÉ : en précommande, voir informations ci-dessous.
FORMAT Fascicule dos carré collé + version numérique (EPUB et MOBI) téléchargeable sans frais supplémentaires et sans DRM + un texte numérique non réédité depuis 1850 offert pour toute précommande.
PRIX 12€
PAGES 80
ISBN 9782371760295
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COMMENT SE PROCURER PARIS FUTURS ?
Il vous est possible de précommander Paris Futurs, ce qui vous assure d'avoir un exemplaire (tirage pour l'instant limité). Il vous sera envoyé dès parution — le 12 décembre —, et vous le recevrez dans un délai de 48 à 72h (délais postaux de lettre verte en vigueur). Les pré-commandes vous donneront accès à la version numérique de Paris Futurs en plus de votre exemplaire papier et Publie.net ajoute en cadeau un ouvrage numérique surprise sur le même thème.
Prix : 12 € TTC
• mode de livraison : La Poste
• frais de livraison : 2,31€, envoi en lettre verte
TOTAL 14,31€ (soit un exemplaire de Paris Futurs au format papier + la version numérique + un livre numérique en cadeau)
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mardi 4 novembre 2014
Henri Derville, La Piocheuse à vapeur (1857)
Au milieu du XIXe siècle, la science semblait pouvoir soulager les hommes du dur labeur. Les machines les remplaceraient non pas pour améliorer les dividendes des actionnaires mais pour épargner aux travailleurs les peines du travail. En 1857, Henri Derville imagine une piocheuse à vapeur qu'il décrit dans une poésie qui pourrait se résumer par ces vers:
Ce qu'on traitait hier de chimère et d'audace / Sera réalité demain.
LA
PIOCHEUSE
A
VAPEUR.
Le
laboureur,
un
jour,
brisé
dans
son
courage,
Étancha
la
sueur
qui
baignait
son
visage;
Et,
jetant
l'aiguillon
lassé,
Il
mesura
de
l'œil
l'horizon
sans
limite,
Et
s'assit
tristement
sur
l'herbe
parasite,
Au
bord
du
sillon
délaissé.
«
Seigneur!
mon
bras
est
faible
et
la
tâche
est
immense, »
Dit-il.
«
A
chaque
pas
le
sillon
recommence!
«
A
chaque
jour
nouveau
labeur!
«
Le
soc
heurté
se
brise
aux
roches
de
la
plaine;
«
Sous
leur
joug
ruisselant
mes
chevaux
hors
d'haleine
«
Se
penchent,
mornes,
sans
vigueur.
«
Bien
rude
est
le
métier
auquel
on
nous
condamne!
«
Ce
pain
que,
par
nos
bras,
tu
fais
tomber
en
manne,
«
Pour
nous,
Seigneur,
est
incertain.
« Sur
nous
seuls
des
travaux
le
poids
toujours
retombe.
«
Nous
passons
notre
vie
à
creuser
une
tombe
« Devant
la
porte
du
festin
!
»
Il
disait;
et,
vers
lui
poussant
sa
marche
ardente,
Léviathan
de
l'art,
un
monstre
à
voix
stridente
Vient
poser
sa
masse
de
fer.
D'une
quadruple
roue
il
écrasait
la
terre;
Et
ses
naseaux
fumants,
comme
un
rouge
cratère,
Lançaient
la
vapeur
et
l'éclair.
Cyclope
infatigable
en
ses
forces
accrues,
Du
sol
le
plus
rebelle
au
tranchant
des
charrues
Il
s'emparait
en
souverain.
Les
tronçons
enfouis
des
forêts
défrichées,
Les
roches,
de
leur
lit
à
regret
arrachées,
Cédaient
à
sa
griffe
d'airain.
De
cent
hommes
ensemble
il
achevait
la
tâche.
Il
cardait
le
sillon
qu'il
fouillait
sans
relâche,
Mordant
la
terre
à
pleine
dent,
Stigmatisant
au
sein
cette
ingrate
nourrice,
Comme
s'il
eût
voulu,
dans
son
puissant
caprice,
S'en
venger
en
la
fécondant.
—
Jeunes
encor,
pourtant
d'apparence
débiles,
Pâlis
par
l'air
malsain
que
respirent
les
villes,
Par
les
soucis,
par
le
travail,
Deux
hommes,
les
bras
nus,
les
mains
noires
de
poudre,
Comme
pour
enseigner
son
chemin
à
la
foudre,
Veillaient
debout
au
gouvernail.
Et,
comme
l'éléphant
courbé
devant
son
maître,
Jalouse
de
leur
plaire
et
prompte
à
se
soumettre
Au
doigt
invisible
et
fatal,
Gonflant
et
dégonflant
sa
puissante
narine,
Tour
à
tour
bélier,
flèche,
ou
serpent,
la
machine
Obéissait
à
leur
signal.
Voyant
l'homme
muet,
de
son
regard
austère
Sonder
les
profondeurs
d'un
terrible
mystère
Dans
le
sombre
avenir
caché:
«
— Frère
lui
dirent-ils,
ta
misère
s'achève!
«
Sous
des
dieux
inconnus
un
autre
jour
se
lève
«
Pour
l'homme
à
la
glèbe
arraché.
«
Accepte
les
effets
sans
connaître
les
causes.
«
Nous
avons
travaillé
pour
que
tu
te
reposes
;
«
Au
joug
nous
venons
te
ravir.
«
La
Science
affranchit
l'homme
de
la
matière.
«
Et
la
matière,
bois,
métal,
vapeur
ou
pierre,
«
Est
l'esclave
qui
doit
servir!
«
Les
éléments,
pliés
aux
lois
de
la
Science,
«
Ne
sauraient
déranger
la
magique
alliance
«
Qu'elle
les
force
à
contracter
:
«
Le
foyer
donne
à
l'air
ses
gerbes
d'étincelles;
«
L'onde
sa
liberté;
l'éclair
donne
ses
ailes
;
«
Le
fer,
un
frein
pour
les
dompter.
«
Point
de
rébellion
dans
l'ignorante
plèbe!
«
L'activité
de
l'homme
enlevée
à
la
glèbe
«
Vers
d'autres
buts
va
prendre
essor.
«
Le
bien-être
de
tous
est
au
fond
du
problème.
«
Pour
qui
doit
travailler
et
vivre
de
soi-même
«
Assez
de
maux
restent
encor.
«
Le
jour
vient,
il
est
proche!
où
l'antique
routine
«
Doit
céder
en
tous
lieux
la
place
à
la
Machine,
«
Servante
de
l'humanité;
«
Où
la
Machine,
aux
champs
par
elle
mis
en
friche,
«
Sèmera;
de
surcroît,
en
le
faisant
plus
riche,
«
Le
grain
qu'elle
aura
récolté.
«
La
Science
résout
tout
problème
en
sa
route.
«
Qu'importe
qu'elle
trouve
et
l'injure
et
le
doute,
«
Et
le
mépris
sur
son
chemin
!
«
A
toute
vérité
le
temps
garde
sa
place.
«
Ce
qu'on
traitait
hier
de
chimère
et
d'audace
«
Sera
réalité
demain.
«
Marchez,
savants,
marchez!
à
vous
enfin
le
monde!
«
La
distance
vaincue,
il
faut
qu'on
la
féconde!
«
Donnons
aux
Landes
des
fermiers
!
«
Il
est,
au
mont
Atlas,
une
terre
française
«
Où
le
vent
du
désert
souffle
encor
trop
à
l'aise.
«
Qu'on
y
bâtisse
des
greniers!
«
Des
wagons,
par
milliers,
sur
nos
routes
nouvelles,
«
Se
croisent
en
réseaux
;
-
qu'ils
portent
des
javelles
«
Au
lieu
de
porter
des
soldats!
«
Taillons
dans
l'horizon
nos
champs
après
nos
rues!
«
A
tes
Cincinnatus,
France,
il
faut
des
charrues
«
A
la
mesure
de
leurs
bras!
«
Il faut à nos enfants des gerbes plus nombreuses
«
Pour vaincre le fléau des misères haineuses;
«
Car la faim a son aiguillon.
«
Il faut que l'avenir, issu de nos prodiges,
«
Sous la poudre des temps retrouvant nos vestiges,
«
Connaisse le peuple au sillon! »
Le
vieillard écoutait; mais son âme incertaine
Devait
longtemps encor traîner la lourde chaîne
D'un
passé fécond en douleurs.
Il
s'éloigna, semblable à l'homme qui s'éveille,
Et
croyant, entendre à son oreille
L'Evangile
des jours meilleurs
Ferme
de L'Epine 1856.
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