Source: Gallica
ISSN
ISSN 2496-9346
samedi 31 mars 2012
Les Martiens sur Terre !
vendredi 30 mars 2012
Victor Méric, La Guerre qui revient: Fraîche et Gazeuse ! (1932)
Victor Méric (1876-1933, voir sa fiche Wikipédia) a toujours été un homme engagé à gauche et militant de la paix. Sa dernière oeuvre parue, Fraîche et Gazeuse, éditions Sirius, 1932, dénonce le risque d'une guerre aérochimique.
De l'autre côté de l'échiquier politique José Germain fait de même en 1936 dans la nouvelle" La Ville sous les bombes" (lire la chronique).
D'autres fictions révèlent le péril supposé de ce type de guerre sale. Citons par exemple Français... Garde à vous! La guerre aéro-chimique que prépare l'Allemagne de Charles du Hemme et Hubert-Jacques.
Nous retiendrons enfin que Victor Méric proposa dans La Der des der. Roman de la prochaine guerre en 1930 des scènes saisissantes de guerre aéro-chimique. La couverture du roman est d'ailleurs plutôt inquiétante:
Au cours de mes recherches sur le thème, j'ai découvert un article paru dans L'Echo de Tlemcen, journal républicain de gauche (donc paru en Algérie) datant du 19 avril 1932 et incitant à acheter l'ouvrage de Victor Méric:
Le Livre de la Semaine
Fraîche et Gazeuse
par Victor Méric (Editions Sirius).
Victor Méric raconte, en avant propos que des éditeurs firent mauvais accueil à son manuscrit. « La guerre ne se vend, plus », disaient-ils. Ils oubliaient certains récits du front, traduits de l'allemand. Souhaitons qu'ils se trompent. Le grand succès d'un tel livre ne serait pas seulement une juste récompense pour un auteur qui, depuis trente-cinq ans, lutte contre la guerre. Ce serait encore une efficace contribution à la cause de la paix.
Il s'agit, en effet, d'une description, effroyable et .fidèle, de ce que serait la guerre à venir, la guerre aérochimique. Les explosifs irrésistibles, les gaz impitoyables sont classés, énumérés sans omission : leurs effets sont exposés minutieusement. Des chiffres précis de hautes et troublantes références viennent renforcer ces récits hallucinants. Et, en attendant le règne de la, Fusée et du Rayon de la mort, nous voyons apparaître au ciel l'avion sans pilote, qui verse en silence son poison sur la ville.
En résumé : la guerre serait portée au coeur de la nation ; les armées n'y joueraient aucun rôle; nul ne pourrait échapper à la mort ; il n'existe aucun moyen efficace de défense ni de protection ; on ne peut pas interdire les industries de guerre, puisqu'elles naissent d'industries de paix ; ce serait donc bien la fin de la civilisation.
Un seul espoir demeure ; c'est que les foules placées en face de telles possibilités, en éprouvent une épouvante salutaire. « Si les hommes connaissaient les conditions vraiment monstrueuses de la prochaine guerre, aucun individu n'oserait risquer un geste capable de déchaîner la catastrophe. » Le problème revient donc à faire connaître ces conditions monstrueuses. Le livre de Victor Méric s'y emploie très exactement. M.C.
Source de l'article: Gallica
Source de l'article: Gallica
La Guerre qui revient: fraîche et gazeuse est disponible aux éditions Publie.net.
jeudi 29 mars 2012
E. Top, La Fin d'un Soleil ( 1904 )
Dans cette fantaisie ce ne sont rien moins que les Martiens qui viennent nous voler le Soleil morceau par morceau!
La Fin d'un Soleil
Chacun se souvient de l'aventure arrivée à Sam Heless Froyd, l'astronome distingué; qui, se promenant en rase campagne et en pleine nuit; vit tomber à quelque pas de lui un bolide; cela ne parut point surprenant et; sur le moment personne n'y porta attention. Mais, aujourd'hui, le fait devient plus intéressant : De la discussion jaillit la lumière, dit une maxime ; ici ce fut le contraire, de la lumière naquit la discussion.
En effet, grâce au bolide de notre distingué Sam Heless Froyd, nous sommes maintenant à même d'assurer que notre soleil disparaît petit à petit, que nous n'en posséderons plus une miette d'ici quelque temps, et que la cause en est simple: on nous le vole !
Prévoyant l'incrédulité, je m'empresse d'éclairer (c'est le mot) la situation par l'intermédiaire démon docte ami Sam Heless Froyd, à qui je laisse la parole et le dessin.
Ce qui suit est le compte-rendu in-extenso d'une conférence avec projections que mon honorable collaborateur n'a pas encore faite et que j'ai eu le bonheur d'enregistrer à son insu.
« Me promenant dans, les environs de Bellatrix, une île que j'ai découvert il y a quelques années à 32' 4" du 17e degré méridien SS. W. de la mer de Glace, et de l'île des Phoques, un bolide tomba devant moi ; ce phénomène ne m'eut pas inquiété autrement si, chose curieuse, en voulant prendre ce corps, je n'avais senti, sous la pression de mes doigts, une violente chaleur, je dirai même sans exagérer une sensation de brûlure; cela me sembla extraordinaire et je résolus d'emporter chez moi ce minerai: pour cela, je l'enveloppai dans mon mouchoir , je mis le mouchoir dans la poche de mon pardessus et je partis.
Chose étrange, la nuit était complètement noire, et cependant) je distinguais les choses comme en plein jour ; les coqs chantaient sur mon passage. Je n'en compris la raison que plus tard.
Lorsque j'arrivai chez moi, ma première occupation fut de sortir mon minerai. Jugez de ma stupeur : Ma poche était complètement brûlée et mon épiderme roussie; j'étais presque mulâtre !
Vous devinez aisément ce qu'était mon bolide : « du Radium ! du Bromure de Radium pur ! » j'ai calculé depuis que j'en avais là pour près de 40.500.000 francs, et cela me tombait du ciel.
Immédiatement, je prévins toutes les sommités astronomiques et; de tous les points du monde; des , lunettes furent braquées vers le ciel.
Immédiatement, je prévins toutes les sommités astronomiques et; de tous les points du monde; des , lunettes furent braquées vers le ciel.
Nos recherches ne demeurèrent pas vaines ; le lendemain matin,, nous découvrîmes une nouvelle tache dans le soleil. C'était clair ! c'était de là que s'était détaché mon bolide, et les autres taches du soleil, c'était autant de bolides ou de parties qui lui étaient enlevées.
Dès ce jour, nous eûmes le mot de l'énigme : le soleil était en Radium, et le fameux minerai d'oxyde d'urane, vulgarisé sous le nom de Pechblende de Joachimstal par M. et Mme Curie, n'est autre qu'un morceau de soleil.
Mais en réfléchissant bien, on se demanda comment, en pleine nuit, j'avais pu recevoir une pierre du soleil et, longtemps, le monde astronomique demeura perplexe.
Pendant ce temps, je veillais et j'observais. Je me rendit plusieurs soirs de suite à la même heure à Bellatrix, et, dé nouveau, je vis tomber un bolide.
Je fis monter dans mon île un observatoire armé de télescopes puissants et, ce soir-là, je sondai l'espace.
La journée se passa bien, je ne vis absolument rien, mais la nuit m'apprit du nouveau; tout à coup, vers onze heures, je vis passer à 14.725 myriamètres une sorte de dirigeable lumineux , qui représentait assez bien une étoile.
Malgré la perfection de mon télescope, il me fut impossible de voir par qui ce ballon était monté; mais ce que j'aperçus parfaitement, c'est la direction et la vitesse acquises ; ce dirigeable marchait en droite ligne vers le soleil. Je ne le perdis pas de vue; je le suivis pendant trois semaines et je le vis aborder le soleil; quand il en sortit, une nouvelle tache s'était formée à la surface, partie Est Nord-Est du Soleil. Nul doute, ce dirigeable venait d'enlever une énorme quantité de Radium La chose se compliquait; qu'allait-il faire de ce Radium? Dans quel but le prenait-il ? Quels étaient les êtres plus avancés que nous qui se rendaient ainsi maître de l'Infini? Où allaient-ils? D'où venaient-ils ?
Plus intéressé que jamais, je suivis mon dirigeable à son retour ; il pointa directement vers Mars et ne s'arrêta là que cinq semaines après. Donc, indubitablement, les Martiens s'emparaient de notre soleil par des moyens que nous sommes trop arriérés pour discuter, et c'est en faisant le trajet du Soleil à Mars qu'ils avaient laissé tomber mes deux bolides en Radium.
Ma découverte était sensationnelle. J'en fis part à mes confrères, et nous étudiâmes la question avant de la lancer à la face du monde. Hélas ! nous ne pûmes que confirmer la nouvelle : les Martiens s'emparent progressivement, et suivant leurs besoins, de la lumière et de la chaleur de notre soleil; dans quelques siècles, nous serons plongés éternellement dans l'obscurité et nous succomberons sous le froid de l'atmosphère, à moins que, ne regardant pas à la dépense, la Civilisation et la Science ne mettent à la disposition de quelque savant qui se sentira capable d'accomplir ce travail, les moyens nécessaires pour faire un nouveau soleil en Radium, moins éloigné que l'ancien, et que nous pourrons par conséquent protéger.
E. TOF.
Le Pêle-Mêle, n° 27, 10e année, 3 juillet 1904
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