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mercredi 3 septembre 2014

FR Géris, Quo Vadimus (1903) : politique fiction royaliste

Les écrivains engagés existent depuis les débuts de la littérature. Leurs engagements peuvent être divers, sur tout le spectre de la politique, de gauche comme de droite. L'anticipation et la politique fiction peuvent être les moyens de défendre leurs idées. Ainsi trouve-t-on des oeuvres rédigées par des royalistes. Léon Daudet, le fils d'Alphonse Daudet ayant embrassé les idées de l'Action Française de Charles Maurras, dans Le Napus imagine une monarchie en France dans le futur. 
Sous le pseudonyme de Géris se cache un auteur que je n'ai pas pu identifier. Quo Vadimus (1903) ne compte une histoire politique conduisant au rétablissement de la monarchie au début du XXe siècle. Le Mois littéraire et pittoresque, périodique dans lequel est parue la critique suivante, était une publication catholique sensible aux idées monarchistes.


QUO VADIMUS. Histoire des temps prochains, par F. R. GÉRIS. Un vol. in-8 de 306 pages, 3 fr. 50, 1903. Beauchesne, 83, rue de Rennes, Paris.

Si l'histoire a ses lois; ces dernières doivent, à travers la diversité des peuples et des temps, se retrouver au sein des événements et provoquer les mêmes résultats. Si toujours les excès de la démocratie ont, dans le passé, préparé la voie, à la monarchie, il ne saurait en aller autrement à notre époque, et, fatalement, le socialisme nous amènera, par voie de réaction, l'empire ou la royauté.
C'est de royauté qu'il s'agit dans Quo Vadimus. C'est aux premiers jours du règne de Philippe d'Orléans que se réalise, sous les bénédictions de l'Eglise, le rêve de Bruno Hautefort et de Marcelle de Tréville, ébauché au milieu des expulsions de la troisième République. De cette dernière, M. Géris nous montre les tyrannies croissantes; puis nous voici sous la présidence de M. Waldeck-Rousseau, dont la main a bien pu déchaîner mais ne peut plus retenir la révolution : celle-ci éclate, lugubre et sanglante, jusqu'au jour où le général Vindex, sollicité de sauver la France par le duc d'Orléans, conduit celui-ci au trône.
Très vivement écrit, Quo Vadimus entraîne le lecteur et l'intéresse tristement au tableau d'un passé récent. Mais quand l'écrivain aborde l'avenir, on ne peut s'empêcher de lui adresser un sérieux reproche, celui de laisser transparaître trop clairement les noms des acteurs ou des victimes des événements prochains. De pareilles précisions sont excessives, et les romanciers ne peuvent à ce point se transformer en prophètes.


Emmel, in Le Mois littéraire et pittoresque, décembre 1903

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