En 1937, Hervé Baille imagine dans les colonnes du quotidien Le Journal l'avion de l'an 2000.
Source: Gallica
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jeudi 16 avril 2015
mardi 14 avril 2015
Stop, Fantaisie préhistorique (1877)
Sous le pseudonyme de Stop, Louis Morel Retz a signé de très nombreux dessins dans la seconde partie du XIXe siècle mais bien peu appartiennent à la conjecture.
Dans le recueil Bêtes et gens (1877), il nous donne à lire un poème, accompagné de six vignettes, intitulé "Fantaisie préhistorique" dans lequel défilent les animaux préhistoriques avant que n'arrive l'homme qui s'impose.
Fantaisie
préhistorique
Quel spectacle
étrange et terrible
Notre globe devait offrir
Quand, les eaux de la mer venant à découvrir
Les vastes horizons de la terre accessible,
Notre globe devait offrir
Quand, les eaux de la mer venant à découvrir
Les vastes horizons de la terre accessible,
Un troupeau d'êtres
monstrueux
Apparut ! Pour peupler ces grandes solitudes,
Le Créateur fit naître un flot tumultueux
D'étranges animaux, géants aux formes rudes,
Du chaos en travail essais prodigieux.
Redirai-je les noms barbares
Dont la science d'aujourd'hui,
Fouillant le temps qui s'est enfui,
A baptisé ces familles bizarres?
Nous avons tous eu sous les yeux
Leurs types apocalyptiques :
Apparut ! Pour peupler ces grandes solitudes,
Le Créateur fit naître un flot tumultueux
D'étranges animaux, géants aux formes rudes,
Du chaos en travail essais prodigieux.
Redirai-je les noms barbares
Dont la science d'aujourd'hui,
Fouillant le temps qui s'est enfui,
A baptisé ces familles bizarres?
Nous avons tous eu sous les yeux
Leurs types apocalyptiques :
Ichthyosaures fantastiques,
Mastodontes hyperboliques
Ou Ptérodactyles hideux.
Nous avons pu
toucher du doigt la tête informe
D'un Dinothérium un beau jour exhumé,
D'un Dinothérium un beau jour exhumé,
Et dans un bloc de glace un Mammouth enfermé
Apporta jusqu'à nous sa silhouette énorme.
Représentez-vous leurs conflits,
Leurs amours, et leurs épousailles,
Et les monceaux de
victuailles
Exigés par leurs appétits!
Le sol tremblait à leur passage,
Leur vol obscurcissait les airs;
Ils soulevaient les flots amers
Comme l'eût fait un vent d'orage,
Et leurs ébats troublaient les vastes mers.
Tout à coup apparut un être
Sans griffes et sans crocs, faible, petit et nu;
Exigés par leurs appétits!
Le sol tremblait à leur passage,
Leur vol obscurcissait les airs;
Ils soulevaient les flots amers
Comme l'eût fait un vent d'orage,
Et leurs ébats troublaient les vastes mers.
Tout à coup apparut un être
Sans griffes et sans crocs, faible, petit et nu;
C'était l'homme : aussitôt devant cet inconnu
Le troupeau s'écarta comme devant un maître.
Qu'avait-il donc
pour exercer soudain
Cette puissance surprenante?
Il avait la parole, une âme consciente,
Et dans l'œil un rayon divin.
Cette puissance surprenante?
Il avait la parole, une âme consciente,
Et dans l'œil un rayon divin.
« Fantaisie
préhistorique » in Bêtes et gens, fables et contes
humoristiques à la plume et au crayon, E. Plon, 1877,
illustrations de l'auteur
dimanche 12 avril 2015
Paris en l'an 3000 (1968)
Sous ce titre qui rappelle celui du livre d'Henriot (1911) voici une maquette exposée dans la vitrine de l'agence d'Air France aux Champs Elysées en 1968.
Publié dans France-Aviation n° 159 daté du 15 février 1968
Publié dans France-Aviation n° 159 daté du 15 février 1968
jeudi 9 avril 2015
Clément Vautel, Les villes de l'avenir (1927)
Clément Vautel propose de nombreux contes et nouvelles d'anticipation sur le mode humoristique. Ce même humour est souvent présent dans ses chroniques où il ne dédaigne pas aborder un avenir plus ou moins lointain.
Clément Vautel, "Mon film" (chronique régulière) in Le Journal, n°12785, daté du 19 octobre 1927
Mon Film
Un visionnaire
américain - qui doit avoir beaucoup lu les romans de Wells — vient
de répondre à cette question, que personne ne lui avait d'ailleurs
posée : « Que sera Londres en l'an 2000 ? »
A l'en croire, la
métropole britannique comptera, à la fin de ce siècle, une
vingtaine de millions d'habitants. Et, cependant, on n'y verra plus
une seule maison : à part quelques édifices historiques conservés
à titre de souvenirs archéologiques, Londres sera devenu un immense
parc.
Où seront les
Londoniens ? Dans le sous-sol. Transformés en termites, ils vivront
dans une immense fourmilière, parfaitement aérée, éclairée a
giorno et pourvue d'un chauffage d'autant plus central qu'il sera
fourni par le centre de la terre. Grâce à des ascenseurs
probablement nombreux, les vingt millions de citadins pourront, leur
tâche quotidienne terminée, aller prendre le frais dans le square
d'en haut. Et rien ne sera pratique comme d'habiter au trente-sixième
au-dessous de l'entresol, quand les sirènes d'alarme annonceront la
prochaine arrivée des avions ennemis. Mais les offensives futures
seront, sans doute, souterraines aussi, et les combats de nègres
dans un tunnel passeront du répertoire de Jules Moy au programme de
l'Ecole supérieure de guerre.
Ainsi, pour le
prophète transatlantique, l'avenir de notre civilisation n'est pas
sur l'eau ou en l'air, mais dans le royaume des taupes : les grandes
cités de l'an 2000 seront des manières de catacombes surencombrées.
Mais on peut tout
aussi bien prédire le contraire, et peut-être plus logiquement.
Bien que n étant ni
Américain ni visionnaire, je vous annonce donc que le siècle
finissant assistera à la décadence de Londres, de Paris, de Berlin,
de New-York. Les tentacules de ces cités monstrueuses seront
atrophiés, il y aura partout d'innombrables logements à louer,
l'herbe croîtra entre les pavés des rues aujourd'hui les plus
embouteillées.
En effet, les
perfectionnements prodigieux des moyens de transport auront créé un
état d'esprit nouveau chez les civilisés, qui ne consentiront plus
à s'enfermer dans des villes-prisons.
Pouvant parcourir
les plus grandes distances en très peu de temps, ils auront de moins
en moins besoin, pour leurs affaires ou leurs plaisirs, de vivre en
tas : la T. S. F., la transmission instantanée des images, d'autres
inventions encore, leur permettront d'habiter la campagne sans s'y
sentir seuls. Au fait, ne voyons-nous pas déjà les banlieues se
peupler au détriment des centres des villes, où les bureaux
remplacent les foyers ? Dans cinquante ans, les « banlieusards »
rentreront, le soir, en Bretagne, en Auvergne, en Savoie, peut-être
même aux colonies, et leur avion arrivera plus vite à destination
que le train de Bécon-les-Bruyères.
Bref, les grandes
villes, qui menaçaient de tout absorber, seront victimes de leur
propre fille, la civilisation : l'homme de l'avenir pensera avec
pitié à ces lugubres entassements de pierres où grouillaient ses
aïeux, et il bénira un progrès qui lui aura donné l'air, la
lumière et la liberté.
Clément Vautel, "Mon film" (chronique régulière) in Le Journal, n°12785, daté du 19 octobre 1927
lundi 6 avril 2015
Luc Durtain, Dans cent ans (critique du livre de Bellamy)
Luc Durtain a écrit quelques textes relevant de la science-fiction parmi lesquels Voyage au pays des Bohohom (1938). Il a aussi critiqué des textes de science-fiction. En 1939, il évoque Dans cent ans (version originale : Looking Backward, 1888, première traduction française 1891) de Bellamy en ces termes élogieux:
Lorsqu'un
livre atteint à un succès immense, universel, les circonstances de
la parution ces sent de jouer : il faut chercher la cause du triomphe
dans les qualités intrinsèque de l'œuvre. Or Looking backward
(1), ou, si l'on veut, Cent ans après, du romancier américain
Edward Bellamy, a été vendu à plus d'un million d exemplaires,
traduit dans toutes les langues ; et des « Sociétés Bellamy » ont
essaimé dans le monde entier. Après un demi-siècle, son action
n'est pas épuisée.
Depuis
Thomas Morus, et son roman l'Utopie, que de récits imaginaires nous
ont proposé une société idéale !
Il
suffit de rappeler la Cité du Soleil, de Campanella, ou l'icarie, de
Cabet. Plus direct, Bellamy nous transporte dans Boston de 1887 dans
celui de l'an 2000.
Pour
qui connaît le Boston actuel — les immenses souffles brumeux qui
attaquent la pyramide de Bunker Hill, la vision de Mystic River, et
de l'Université de Harvard, les îles et les ports hérissés de
mécaniques — le lieu de cette anticipation est choisi d'assez
adroite façon ! Boston, avec sa société très fermée, ses
admirables et coûteuses musiques, son intellectualité raffinée,
parmi un mercantilisme suffocant, est une des villes les plus «
vieille Amérique » du nouveau Continent.
Le
thème de Bellamy est fort simple, Julien West, un jeune homme de la
meilleure, de la plus conventionnelle société bostonienne, s'endort
d'un sommeil cataleptique. Il se réveille cent treize ans après, en
l'an 2000, dans une société entièrement nouvelle.
Le
bon docteur Leete la lui explique et la jeune Edith se chargera de
l'y attacher.
Quels
sont les traits essentiels de cet âge futur ? On n'y trouve plus, ni
monnaie, ni salariat, ni lutte féroce entre les capitaux. L'Etat a
mis la main sur toutes les formes de l'industrie et du commerce. Tous
les citoyens sont tenus, de vingt et un à quarante-cinq ans, à un
service obligatoire dans l'armée du travail. Ensuite, commencent
leur vie libre, les occupations nettes et indépendantes.
Bellamy,
dans cette rigoureuse uniformité, sauvegarde avec soin la liberté
des lettres, des arts, des sciences. Et il sait compenser l'aisance
agréable, mais un peu limitée, dévolue à n'importe quel citoyen,
par la splendeur des édifices et des divertissements publics.
Il
faut étudier ce tableau extrêmement ingénieux, circonstancié et
précis, où l'on trouvera les anticipations les plus prophétiques
comme celles de la T.S. F., tort excellemment décrites.
Mais,
ce n'est point par de tels détails, si curieux soient-ils, que vaut
surtout le livre de Bellamy. C'est par le sentiment plein et
magnifique de l'abondance. « Cette abondance dont, en Amérique, les
technocrates surtout, et en France Jacques Duboin, se sont fait les
prophètes : abondance qui est, sans nul doute, devant nos yeux
aveugles, le fait le plus important des temps actuels. »
L'humanité
a fait fortune. Elle a fait fortune au point du pouvoir consacrer à
des dépenses improductives et destructrices — celles des armements
— une large part de ses forces. Elle est arrivée à produire
aisément en laissant inemployés des millions de chômeurs. Elle
doit même restreindre ou détruire toute une part de sa production,
tandis que les misères s'accroissent. Une époque d'abondance
gouvernée par les règles du temps de pénurie, voilà le spectacle
extravagant que nous avons devant les yeux.
Le
livre de Bellamy est fait pour dessiller nos paupières. Il a cette
force de ne pas s'adresser seulement à notre raison, mais à notre
cœur. Un tel ouvrage a sans doute quelque chose à dire à chacun de
nous.
(1)
Edition Fister
Luc
Durtain, « Cent ans après », in Marianne,
29 mars 1939
jeudi 2 avril 2015
Paris en l'an 2000 (1921)
En 1921, le Théâtre du Palai-Royal proposait une publicité dans la presse mettant en scène le thème de Paris en ruines en l'an 2000. Evidemment, les touristes se pressent dans le seul monument parisien resté intact (tout comme le répertoire d'ailleurs)...
A lire:
Paris futurs, petite anthologie rétrospective des Paris du futur (version numérique et papier)
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