ArchéoSF sera présent aux 12e rencontres de l'imaginaire de Sèvres (28 novembre 2015).
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vendredi 16 octobre 2015
lundi 12 octobre 2015
Le soldat de l'avenir (1911)
Blouzouga Memphis, gallicanaute assidu, m'a transmis les références de cette caricature publiée en 1911. Le blog de Blouzouga Memphis est une mine insolite incontournable !
Le Journal du dimanche, 1er janvier 1911
Le Journal du dimanche, 1er janvier 1911
samedi 10 octobre 2015
L. Charme, Une interpellation en 2896 (1896)
Une
interpellation en 2896
L'INTERPELLATEUR. —
Messieurs, la situation est grave. Sous les ordres du gouvernement il
vient de se commettre l'acte de vandalisme le plus monstrueux que
l'histoire ait eu à enregistrer. Une armée de bûcherons, à la
solde de l'Etat, vient de s'abattre sur le Bois du Quai
d'Orsay, justement recherché des Parisiens. De quel droit s'est
donc autorisé le ministère pour agir delà sorte? Les distractions
qu'il offre au peuple sont-elles donc , si nombreuses, qu'il ne
craint pas de lui supprimer la plus chère? Y a-t-il nous dire que
les nécessités du budget l'ont poussé à ce crime ? Le pays
demande à ses représentants de mettre un terme aux abus du pouvoir;
la Chambre en a l'occasion, qu'elle la saisisse. (Applaudissements
sur tous les bancs).
M. LE PRÉSIDENT. —
La parole est à M. le Président du Conseil.
M. LE PRÉSIDENT DU
CONSEIL. — Messieurs, je n'ai que quelques mots à dire pour
justifier notre conduite. Le bois qu'on nous reproche d'avoir saccagé
n'a pas toujours été un bois (rires). C'était autrefois un
monument (nouveaux rires).
UNE VOIX. — Sous
Charlemagne ?
M. LE PRÉSIDENT DU
CONSEIL. — Ce monument, dit Cour des Comptes...
UNE VOIX (à
l'extrême-gauche).— A bas la noblesse !
M. LE PRÉSIDENT DU
CONSEIL. — La Cour des Comptes fut incendié en 1871. Peu de temps
après, le Parlement chargea le ministère d'élaborer un projet de
reconstruction. Ce projet fut soumis à une étude approfondie de la
part des bureaux ; il nous est enfin parvenu il y a 8 jours.
Devions-nous considérer la végétation qui s'était développée
naturellement, à l'endroit? Nous ne l'avons pas cru. La Chambre dira
si nous avons bien fait.
(L'ordre, du
jour, pur et simple, accepté par le gouvernement, est repoussé à
200 voix de majorité. Le ministère se retire).
L. Charme, "Une
interpellation en 2896", Le Pêle-Mêle, 2ème année, n°26, 27 juin 1896
vendredi 9 octobre 2015
Georges Lepape, La coiffure à succès en l'an 2000 (1924)
Georges Lepape (1887-1971) est connu comme illustrateur de mode et voici une, peut-être la seule, incursion dans le domaine de la conjecture. L'illustration est accompagnée de cette explication : "Cette coiffure fut créée par Léontine pour donner une idée de ce que sera la mode des Martiennes en l'an 2.000, car à cette époque la réputation des grandes modistes parisiennes sera telle que les habitantes de Mars elles-mêmes viendront leur commander leurs chapeaux. Le casque est en velours rouge semé de morceaux de glace, tandis que les boucles rappelant les nuages floconneux sont en soie végétale dégradée du rouge au blanc."
Georges Lepape, La coiffure à succès en l'an 2000 exécuté pour une martienne par Léontine, in Vogue n° 5, volume 5, 1er mai 1924.
Georges Lepape, La coiffure à succès en l'an 2000 exécuté pour une martienne par Léontine, in Vogue n° 5, volume 5, 1er mai 1924.
mercredi 7 octobre 2015
[critique] André Laurie, Les Exilés de la Terre (1888)
Les parutions de livres relevant du merveilleux scientifique ou du roman scientifique ont toujours fait l'objet de critiques au moment de leur parution. André Laurie avec Les Exilés de la Terre n'échappe pas à la règle...
M.
Laurie a emprunté à M. Jules Verne sa méthode d'exposition et ses
procédés dramatiques, de manière à mélanger avec beaucoup d'art
les éléments scientifiques et les éléments romanesques.
Certes,
M. Jules Verne aurait eu le droit de refaire lui-même, sous une
forme un peu différente, son Voyage à la lune.
Rien de plus original que le Voyage à la lune de
M. Jules Verne ;
mais la répétition de cette œuvre excellente ne peut plus rien
avoir d'excellent, ni d'original, et M. Laurie avait peut-être plus
de ménagements à garder dans l'imitation qu'il donne.
Voici
pour la critique. Mais nous devons, après ces dures observations,
auxquelles les auteurs de livres d'étrennes sont peu habitués,
louer sans réserve le talent de M. Laurie. L'idée première est
bien curieuse. Un jeune savant français suppose que, l'attraction et
l'électricité étant deux forces de même nature, on pourra, avec
de très forts courants électriques, développer assez de force pour
exercer une attraction jusque sur notre satellite lunaire. La lune
n'est pas très loin de nous. Pourquoi ne serait-elle pas alors
attirée ? Donc notre savant, après divers incidents sur
lesquels nous n'insisterons pas, va s'établir sur une montagne
isolée de la Nubie, et là, à l'aide e machines dynamo-électriques
mues par la force solaire, il actionne un immense aimant. Alors la
lune, lentement attirée, descend vers la terre ; un choc
formidable a lieu, et voilà l'imprudent ingénieur, avec toute sa
petite colonie, y compris les traîtres (puisqu'il faut toujours des
traîtres), entraîné dans la lune. L'odyssée de ces hardis
explorateurs dure quelques temps. Mais l'oxygène manque,
et, comme il faut survivre, on fait machine arrière. Aussitôt, par
un simple contact électrique, l'attraction s'exerce de nouveau de la
lune à la terre, si bien que nos voyageurs, quittant la lune
inhospitalière, reviennent sur le globe terrestre.
Bien
entendu, cette sèche description, que nous donnons en quelques
lignes, ne peut rendre, même de loin, toute la saveur du livre de M.
Laurie. La fable qui accompagne les détails scientifiques est fort
bien imaginée. Bref, en laissant de côté la trop grande similitude
avec l'une des ouvrages de Jules Verne, nous avons là un livre
d'étrennes à la fois instructif et amusant.
« Causerie
bibliographique » in Revue scientifique,
1888
Les Exilés de la Terre est disponible dans la collection ArchéoSF (version numérique)
lundi 5 octobre 2015
Roland Catenoy, Time is money (1910)
La
monétarisation du temps est un thème qui, finalement, reste rare
dans la science-fiction. Nous citerons bien sûr la nouvelle « La
carte » (pré-originale dans La Gerbe, n° 90 daté du 2
avril 1942, recueilli dans Le Passe-muraille, 1943) de Marcel
Aymé et le film « Time out » (2011) réalisé par Andrew
Niccol. Dans la nouvelle « Time is money » (1910) de
Roland Catenoy, le processus ne va pas jusqu'au bout mais l'idée est
bel et bien posé.
TIME
IS MONEY
Comme cet individu
avait craché sur mon tapis en pénétrant dans mon bureau, j'en
avais déduit que c'était un original ou un malappris. Dès ses
premières paroles ma conviction fut faite : c'était surtout un
original.
— Monsieur, me
dit-il en manière de préambule, vous êtes un voleur.
Poliment je
m'inclinai.
— J'ai même
rarement vu, insista sévèrement ce quidam, un banquier aussi
fripouille que vous, et votre Société anonyme pour le
rapatriement des oiseaux migrateurs est une de ces combinaisons
tortueuses où un Esquimau ne risquerait pas vingt sous. C'est
d'ailleurs pour cela que je m'adresse à vous de préférence à tout
autre financier : puisque vous trouvez des capitaux pour ces
spéculations saugrenues, vous en trouverez plus facilement encore
pour la géniale affaire que je vous apporte.
« Je suis
inventeur, vous êtes capitaliste, unissons-nous et notre fortune est
faite. »
Je jugeai prudent de
me séparer de mon visiteur par une solide barricade et je commençai
subrepticement quelques travaux de fortifications à l'aide de
répertoires et de bottins; puis je pris mon air le plus aimable.
Cependant, ayant
jeté dans le feu son chapeau haut-de-forme qui gênait ses
mouvements, l'inventeur m'exposait gravement :
— Écoutez-moi
bien, c'est si bête que vous comprendrez certainement.
Pour la deuxième
fois je m'inclinai.
—Sur quoi repose
le Monde? Sur le Temps.
« Qu'est-ce que la
vie? Un passage infime dans le Temps infini. Être maître du Temps,
c'est n'avoir pas de fin et, par conséquent, c'est égaler Dieu. Il
serait stupide de s'attarder à démontrer que le Temps est le bien
suprême, l'unique richesse. Tous les hommes en désirent ardemment
une parcelle : l'humanité tout entière réclame du Temps. Eh bien,
monsieur, nous allons lui en vendre à terme et au comptant. »
J'accueillis ces
prolégomènes avec un bon sourire. Je n'en avais d'ailleurs pas
écouté un mot, occupé que j'étais à amonceler à portée de ma
main des encriers, presse-papiers, cendriers et autres objets ayant
une valeur balistique éventuelle.
— Mon affaire est
toute simple, comme vous le voyez, continuait l'inventeur; mais c'est
comme l'œuf de Colomb, il fallait y penser. La grosse difficulté,
direz-vous, est de se procurer du Temps. Mais rien n'est plus facile
! Il y a cent moyens de le faire, et à vil prix encore !
« Nous pourrons
ouvrir des comptoirs d'achat au comptant où nous recevrons ces
bougres désœuvrés qui échangeraient volontiers quelques années
de leur vie pour un peu d'or. Nous aurons également des équipes de
« ramasseurs » qui seront chargés de suivre, sur les boulevards et
au Bois, les oisifs qui perdent leur temps.
« En revendant
nos heures vingt-cinq francs l'une, nous pouvons compter sur un
bénéfice net de quatorze millions par jour, même en tenant compte
de la dépréciation de nos articles pendant les mois de vacances.
« En somme, il ne
me reste à étudier que quelques points de détail : le transport du
Temps et sa conservation pendant les chaleurs, par exemple.
— Peut-être,
risquai-je, un puissant appareil frigorifique.
— Taisez-vous,
hurla l'inventeur, vous êtes un ignorant et une brute. Si vous avez
compris un seul mot de ma géniale affaire, prenez dans votre coffre
13 millions, donnez-les-moi et reposez-vous sur moi du soin de vous
en faire gagner dix fois autant avant demain soir,
— Je n'ai pas
douze sous dans mon coffre, fis-je avec fermeté.
Mais un de mes bons
amis cherche précisément une affaire de ce genre pour occuper une
soixantaine de millions ; je vais vous adresser à lui. »
Et je le fis. Mon
homme partit avec un chaleureux mot d'introduction pour rendre visite
à un de mes commanditaires importants qui n'avait, à ce moment (je
venais d'y penser), aucun titre de commandite entre les mains.
J'appris, par les
journaux du soir, que cet homme de bien avait péri assassiné par un
fou dans la même journée et que son corps avait été sectionné en
1380 morceaux.
Cette affaire-là
m'avança beaucoup dans les miennes.
Roland Catenoy, in
Le Rire, n° 392, 6 août 1910.
samedi 3 octobre 2015
Honoré Daumier, Les Arènes législatives
Le baron Carl de Vinck de Deux Orp (1859-1931) a constitué une imposante collection d'estampes (28000 documents rassemblés en 248 volumes) relatant l'histoire politique de la France entre 1770 et la fin de la Commune (1871). Parmi ces documents, conservés à la Réserve du département des Estampes, se trouve cette estampe d'Honoré Daumier (1808-1879) Les Arènes législatives ou les Ruines de la Chambre en 2870 dont l'origine ne m'est pas connue et qui date sans doute de 1870-1871 :
jeudi 1 octobre 2015
Appel à textes Dimension Merveilleux scientifique II
Appel à textes Dimension Merveilleux scientifique II
(Rivière blanche)
Dimension Merveilleux scientifique, anthologie éditée chez Rivière blanche (http://www.riviereblanche. com/dimmerveilleux.htm)
et qui rendait hommage à la première science-fiction française du XIXe
siècle au milieu du XXe, a rencontré un réel écho dans le milieu
spécialisé. Dans le même temps, Serge Lehman développe les aventures du
Nyctalope en bandes dessinées, le Carnoplaste continue de proposer ses
aventures dans le système solaire en 1920, au parfum délicieusement
rétro, et un film adapté de La Brigade chimérique augure même de l’apothéose du merveilleux scientifique au cinéma.
Autant
d’éléments qui nous ont poussés à mettre rapidement en chantier un
second volume, qui contiendra quelques surprises, des développements
critiques, mais dont la plus grande part sera bien sûr dédiée à la
fiction. Dans la continuité de cette entreprise, mais avec un souci
appuyé de renouvellement, nous avons décidé de faire de nouveau appel à
des auteurs actuels afin qu’ils proposent des nouvelles inédites,
célébrant le merveilleux scientifique dans son esprit, transposé en
milieu contemporain ou non, privilégiant une forme désuète ou au
contraire s’efforçant de vivifier ce genre pionnier par une narration
plus audacieuse, croisant les œuvres d’antan pour les subvertir ou en
offrir des suites inattendues, mettant à profit les possibilités de
l’uchronie, du steampunk et du rétrofuturisme en conservant le cap d’un
imaginaire scientifique ancré dans son temps…
Nous
avons également décidé d’élargir les bornes de l’exercice : cette fois,
il sera possible de s’inspirer non seulement de la matière française,
mais également de ce qui s’est écrit hors des frontières nationales,
jusqu’à embrasser l’ensemble du continent européen (Russie / URSS
comprise) ; on pense évidemment au Royaume-Uni, mais l’Allemagne,
l’Italie, la Suisse, entre autres, ont bien des richesses à nous offrir.
D’autre part, sur le plan chronologique, il est possible de reprendre
des éléments littéraires ou de situer l’action entre la Révolution
française et notre début de XXIe siècle. Enfin, pour corser le tout, une
contrainte est ajoutée : dans la rédaction de sa nouvelle, chaque
écrivain devra absolument utiliser un personnage ou un auteur du
patrimoine merveilleux scientifique, mais de n’importe quelle manière
qui lui conviendra, y compris (surtout ?) la plus originale possible !
Les textes, d’une longueur maximale de 50 000 signes, devront être envoyés en format RTF au plus tard le 1er mai 2016 à Jean-Guillaume Lanuque ( jeanguillaume.lanuque[chez] wanadoo.fr ). Pour les auteurs n’ayant pas participé au premier Dimension Merveilleux scientifique,
ils devront en outre être accompagnés d’une postface explicitant
comment ils ont rencontré et comment ils perçoivent le merveilleux
scientifique, ainsi que d’une présentation biographique.