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jeudi 7 février 2019

Jules Verne n'était pas un utopiste (1944)

Gallica a mis en ligne récemment plusieurs années de publication de V Magazine. Ce périodique édité par le Mouvement de Libération Nationale (à partir du 23 septembre 1944) est au départ un magazine plutôt politique avant de s'orienter vers une revue un peu légère dont les principaux acteurs sont les nudistes de multiples fois mis en scène et des pin-ups afin de proposer aux lecteurs quelques images osées.

Par commodité nous utiliserons la dénomination V Magazine même si le titre a beaucoup varié tout comme les sous-titres l'accompagnant (successivement V, V Magazine, Voir Magazine, Voir et avec les sous-titres "L'Hebdomadaire du M.N.L"., "L'Hebdomadaire du reportage",...).

Le premier numéro paraît le 23 septembre 1944 sous l'égide du Mouvement de Libération National (on retrouve une croix de Lorraine en couverture dans les premiers temps du magazine).
Dans les pages de V Magazine, on peut repérer, entre 1944 et 1948 pour les 184 numéros disponibles sur Gallica, une trentaine de textes et dessins relevant de la prospective ou de la conjecture.

Pour ce premier billet de la série V. Magazine, nous nous plongeons dans le numéro du 9 décembre 1944 avec un article intitulé: "Une fois de plus, il est démontré que Jules Verne n'était pas un utopiste" (qui cite aussi H.G. Wells) et nous partons à la conquête de l'espace!





Une fois de plus, il est démontré que Jules Verne

n'était pas un utopiste.

En effet, chaque jour semble nous apporter la réalisation d'une des idées que cet inventif auteur développa dans ses romans.
Et, peut-être qu'après les week-end interplanétaires, nous pourrons aller nous promener au centre de la terre, pour aller voir ce qui s'y passe.

Toujours est-il que les romans du génial auteur de notre enfance semblent être une source intarissable où puisent les savants qui pensent qu'il n'est pas d'utopie qui ne mérite un examen des plus sérieux.
Il n'y a pas très longtemps, des astronomes américains de Passadéna [sic il s'agit de Pasadena] ont déposé un rapport, considéré par les uns comme une mirobolante idée, digne de H.-G. Wells, et par les autres, bien au contraire, comme un problème des plus sérieux.
Ce rapport traitait de l'établissement futur d'un circuit aérien interplanétaire.
Le problème le plus ardu, au dire des savants, auteurs du projet, serait de trouver un carburant convenant à la propulsion des engins destinés à franchir l'immensité des espaces planétaires.
Ces savants ajoutent que cette idée de liaisons d'astre à astre n'est pas si fantastique qu'elle pourrait le paraître au premier abord… Ils prennent comme argument l'exemple des avions-fusées, actuellement employés dans la guerre en Europe.

LE MERCURE PLUS LEGER QUE LE LIEGE

Ces respectables astronomes déclarent que la construction des fusées interplanétaires doit être considérée comme la merveille des inventions. De plus, continue le rapport, il peut être prédit que, dans un temps plus proche que ne le croit la plupart des gens, des savants pourront voyager des mois durant à travers l'espace, et ce, dans une sécurité absolue. Alors, la création de puissants observatoires sur la lune deviendra une réalité.
Ces savants qui n'ont pas l'air de plaisanter ont fait des calculs très sérieux, et très poussés, qui ont démontré que la puissance de gravité et d'attraction de la lune est de beaucoup inférieure à celle de la terre. D'où il ressort que les matériaux transportés sur cette planète acquerront une extrême légèreté.

PREMIERE ESCALE INTERPLANETAIRE

Continuant leurs calculs de probabilités, les chercheurs de Pasadéna admettent que d'ici une centaine d'années, la lune sera une tête de ligne des communications interplanétaires. Les savants « terriens » pourront ainsi aller sur la lune construire des télescopes et autres engins d'observations qui, du fait de leur extrême légèreté, seront de dimensions gigantesques et atteindront une puissance inconnue de nos jours.
Quant au logement, en ce pays inconnu, il est prévu que les savants vivront dans d'immenses cavernes creusées dans la croûte lunaire et respireront un air « expédié de la terre » produit au moyen de réactions chimiques sur l'atmosphère de la lune.

Il y a une chose que ne nous disent pas les chercheurs de Pasadéna : c'est s'il y a des habitants sur ces planètes qu'ils veulent conquérir. Si ces dits habitants vivent en paix et heureux, accepteront-ils que nous apportions toutes « les belles choses » qui sont notre raison de vivre… ou de mourir ?

Anonyme, "Une fois de plus, il est démontré que Jules Verne n'était pas un utopiste", in V, l'hebdomadaire du M.N.L., n°12, 9 décembre 1944.

Source: Gallica 


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