Pages

jeudi 27 mai 2021

[10 ans ArchéoSF] Le premier billet du blog ArchéoSF (2011)

 Le 27 mai était publié le premier billet sur le blog ArchéoSF. Il reprenait la première partie de Voyage au ciel de Samuel Henri Berthoud (1841). Rapidement repéré par François Bon, ce texte est édité dans la collection e-styx chez publie.net en juin 2011. Il constitue la première apparition du label ArchéoSF chez cet éditeur qui porte depuis 10 ans la collection.

Première édition de Voyage au ciel de Samuel Henri Berhoud, 
collection e-styx, label ArchéoSF (n°1), éditions publie.net, juin 2011.

L'ouvrage est repris avec une nouvelle couverture dans la collection ArchéoSF, le 17 juin 2012


Deuxième édition de Voyage au ciel de Samuel Henri Berhoud, 
collection ArchéoSF, éditions publie.net, 17 juin 2012. Couverture de Roxane Lecomte

Voyage au ciel est disponible en numérique sur le site de l'éditeur (et dans toutes les librairies numériques) en cliquant ICI.


dimanche 23 mai 2021

Fragments uchroniques sur la Commune de Paris de 1871 (3)

La Commune de Paris hante nos imaginaires même si elle a mis du temps à apparaître régulièrement dans la fiction. Pourtant dès 1872, on trouve quelques anticipations, utopies, dystopies et uchronies imaginant - pour le pire ou pour le meilleur selon le point de vue idéologique des auteurs - qui ont été rassemblées dans l'anthologie Demain, la Commune ! Anticipations sur la Commune de Paris de 1871 (1872-1899).

La presse et les livres anciens recèlent aussi des courts fragments uchroniques. Pendant la Semaine sanglante, ArchéoSF vous propose des fragments uchroniques sur la Commune de Paris extraits des fonds de Gallica. Pour retrouver tous les billets de cette série, cliquez ICI.

Pour ce troisième épisode, dans son essai sur la Révolution française, Gustave Le Bon n'est guère tendre sur l'avenir de la Commune, si elle avait pu durer...

 

Toute révolution populaire qui triomphe est un retour momentané à la barbarie. Si la Commune de 1871 avait duré, elle aurait répété la Terreur. N'ayant pas eu le pouvoir de faire périr beaucoup d'hommes, elle dut se borner à incendier les principaux monuments de la capitale.  


Gustave Le Bon, La Révolution française et la psychologie des révolutions,
Editions Les Amis de Gustave Le Bon, 1983.

samedi 22 mai 2021

Fragments uchroniques sur la Commune de Paris de 1871 (2)

La Commune de Paris hante nos imaginaires même si elle a mis du temps à apparaître régulièrement dans la fiction. Pourtant dès 1872, on trouve quelques anticipations, utopies, dystopies et uchronies imaginant - pour le pire ou pour le meilleur selon le point de vue idéologique des auteurs - qui ont été rassemblées dans l'anthologie Demain, la Commune ! Anticipations sur la Commune de Paris de 1871 (1872-1899).

La presse et les livres anciens recèlent aussi des courts fragments uchroniques. Pendant la Semaine sanglante, ArchéoSF vous propose des fragments uchroniques sur la Commune de Paris extraits des fonds de Gallica. Pour retrouver tous les billets de cette série, cliquez ICI.

Pour ce deuxième épisode, voici un texte signé Le Sage dans le Gil Blas du 31 octobre 1880. L'auteur, dans cet article intitulé "A travers la politique", condamne l'utopie exprimée par Sigismond Lacroix qui défend l'idée de l'autonomie communale. Il conclue par ces mots:

 

En 1871, du 18 mars au 22 mai, c'était la monnaie courante de la Commune de Paris. M. Lacroix n'a pas même le mérite d'avoir inventé. Tout ce qu'il propose, le Comité central l'a non-seulement inventé, mais appliqué en partie S'il n'a pas tout fait, c'est que certaines résistances l'ont gêné d'une part, et que de l'autre les novateurs plus hardis que pratiques se sont noyés dans les détails et ont fini par se contenter de jouer aux dictateurs et aux soldats.
Quand, en pleine paix, sans l'excuse de l'excitation du siège, de ce qu'on a appelé la fièvre obsidionale, on. voit se produire de semblables propositions, on se demande avec stupeur à qui l'on a affaire ; si ces inventeurs sont des utopistes de bonne foi, des rêveurs, ou bien des farceurs sinistres, ou bien encore des ennemis de la patrie.
Je ne veux pas juger; il me répugne de soupçonner,d'accuser en aussi grave occurrence ; mais, en vérité, quand on voit cette persistance dans l'erreur, on frissonne à l'idée de ce que serait devenue la France si la Commune de 1871 avait triomphé, cette Commune dont quelques-uns poursuivent à cette heure la réhabilitation, disons mieux, la glorification.

 

Le Sage, "A travers la politique", Gil Blas, 31 octobre 1880.

 


vendredi 21 mai 2021

Fragments uchroniques sur la Commune de Paris de 1871 (1)

La Commune de Paris hante nos imaginaires même si elle a mis du temps à apparaître régulièrement dans la fiction. Pourtant dès 1872, on trouve quelques anticipations, utopies, dystopies et uchronies imaginant - pour le pire ou pour le meilleur selon le point de vue idéologique des auteurs - qui ont été rassemblées dans l'anthologie Demain, la Commune ! Anticipations sur la Commune de Paris de 1871 (1872-1899).

La presse et les livres anciens recèlent aussi des courts fragments uchroniques. Pendant la Semaine sanglante, ArchéoSF vous propose des fragments uchroniques sur la Commune de Paris extraits des fonds de Gallica. Pour retrouver tous les billets de cette série, cliquez ICI.

Nous commençons par un court texte de 1878 signé Ernest Delloye:


« Incendiaire. » — Si la Commune de 1871 avait survécu à l’incendie de Paris, les républicains qui en furent les chefs eussent, eux aussi, ajouté de nouveaux otages aux otages précédents, « sous prétexte d’incendie. » Ferré eût été là pour jurer sur serment que le « flambez finances » était de la main et de la signature de Monseigneur Darboy. 


Ernest Delloye, 1878. L'Exposition, notes et souvenirs,
édition Edouard Baltenweck, 1878

 




lundi 10 mai 2021

[Critique] Henri Austruy, L'Eupantophone

Un certain nombre de romans d'anticipation, de merveilleux-scientifique ou de science-fiction ont pour titre une merveille scientifique qui est, autant que les personnages humains, le moteur de la narration.

C'est le cas de L'Eupantophone d'Henri Austruy publié en 1904 en feuilleton dans La Nouvelle Revue et repris en volume en 1905 chez E. Flammarion puis aux éditions de La Nouvelle Revue en 1909.

Ce roman sentimental présente un appareil tout à fait extraordinaire (tout au moins pour l'époque) qui a retenu l'intérêt de quelques critiques contemporains (à moins que l'auteur ait bénéficié de quelques amitiés médiatiques...) dont voici deux exemples.

 

L’Eupantophone, par H. Austruy. — E. Flammarion, éditeur. — Ne vous effrayez pas, ami lecteur, de ce titre rébarbatif. L'Eupantophone inventé par l’auteur est un phonographe fort ingénieux qui à l’aide de l’ouïe lit l’écriture ordinaire et l’impression typographique. Grâce à cet appareil, un savant aveugle, voit comme tout le monde. Henri Austruy marie, durant quatre cents pages, avec une virtuosité extrême, l’invraisemblance la plus... scientifique au réalisme le plus gai. Henri Austruy est un ironiste, mais c’est aussi un psychologue averti et ses notations révèlent un esprit profond sous leur apparence primesautière. Le succès de L'Eupantophone sera grand et classera Austruy, non seulement comme un des meilleurs de nos auteurs gais, mais comme un écrivain de premier ordre, à l’observation aiguë, au style pénétrant.

La Cité, bulletin de la Société historique et archéologique du IVe arrondissement, 1904  



L'EU-PAN-TO-PHO-NE : ami lecteur, ne vous effrayez mie de ce vocable truculent et d'ailleurs bien sonnant. L'instrument qu'il désigne n'est autre qu'une serinette; mais, une serinette compliquée, perfectionnée, mue par l'électricité, capable de lire un livre ou un journal, comme vous et moi, je me trompe mieux que vous et moi, car elle est pourvue de tous les registres et selon votre caprice, sa voix sera d'or comme l'ancienne voix de Sarah, ou de rogomme, comme celle de la doyenne du pavillon de la marée. Seulement, ne vous y fiez pas; l'innocente serinette de nos pères n'a jamais tué personne et — comme vous le verrez — le perfide eupantophone est expert à foudroyer les femmes sensibles et curieuses.

 

Le savant M. Berthelot, opérant une expérience de thermochimie, eut l'oeil gauche désorbité par une explosion intempestive. Courageusement, il prit dans sa main cet oeil qui pendait au bout du nerf optique et le porta chez un chirurgien du voisinage qui le réintégra habilement en son habitacle primitif. M. Austruy blâme cette façon d'agir et démontre qu'en semblable occurrence, il est préférable de sacrifier l'oeil restant; car le patient, s'il sait s'y prendre, y verra mieux que devant. Ne criez pas au paradoxe ! Vous n'ignorez point cette loi admirable de la substitution des organes d'après laquelle les animaux, par exemple, qui vivent dans des endroits où la lumière ne pénètre pas, perdent leurs yeux inutiles et les remplacent par des palpes déliés. Il en va de même pour l'homme chez qui un sens atrophié est bientôt suppléé par le concours des autres sens. Dans le cas de cécité, l'ouïe peut suppléer à la vue; mais les vibrations lumineuses étant infiniment plus rapides que les vibrations acoustiques, il est nécessaire de les accommoder à l'organe de manière qu'on voie littéralement au moyen de l'oreille, comme on y voyait jadis au moyen de l'oeil. Le diapason, indispensable à cette transformation, est conçu sous forme de besicles lumineuses d'un dispositif très ingénieux.

Est-ce un roman que j'essaie d'analyser ici,- bien qu'il soit - difficilement analysable; est-ce une thèse scientifique ? — C'est un roman en vérité, un roman plein d'humour, d'observations piquantes et d'une imagination exubérante. Le héros de M. Austruy, Victor Beaucadet, l'aveugle voyant, l'inventeur de l'eupantophone, flanqué que d'un journaliste dépourvu de préjugés, Baillargal— dont le type est poussé à fond et qui m'a tout l'air d'un portrait d'après nature — flanqué de la maîtresse dudit journaliste, Virginie Lauria — une cocotte si réussie qu'elle pourrait bien être, elle aussi, un portrait —, part à la conquête de la toison d'or; c'est-à-dire d'une fiancée idéale qui doit être aveugle de naissance, rara avis in terris noslris. La conquête brillamment accomplie, Blancadet rend la vue à sa femme, le jour même des noces, en lui insinuant subrepticement le diapason dont il a tiré pour lui-même de si heureux effets. L'opération réussit à merveille et passe pour un miracle grâce à la collaboration intéressée d'un évoque, d'une somnambule, d'un préfet et d'un médecin. Les époux s'installent à Paris où la jeune, aimante et charmante Cecilia fait.. le plus mauvais usage du sens nouveau que lui a révélé son cher mari : la vue dont elle n'a encore qu'une expérience de débutante. Ainsi, elle prend pour un-membre de l'Académie française un croqué-mort dont la tenue correcte la séduit. Le croque-mort amoureux (rappelez-vous que Mme Ackermann a dit en très beaux vers les affinités de l'amour et de la mort) dépêche à la naïve Cecilia une déclaration enflammée qu'elle s'empresse de se faire lire par l'eupantophone. Mais cet instrument vertueux se révolte et foudroie l'innocente. Blancadet est accusé du meurtre de sa femme; il est jugé, il est acquitté. Inconsolable, il tombe dans une croque-mort dont la tenue correcte la séduit. Le croque-mort sorte d'indifférence comateuse.

J'ai déjà dit que ce roman, tout de fantaisie, se prêtait malaisément à l'analyse; mon compte rendu est -inapte à en traduire la savoureuse originalité et j'ai dû négliger nombre d'épisodes charmants. On a mené grand bruit autour de Wells ; on a chanté sur tous les tons sa prestigieuse imagination scientifico-humoristique. Nous avons notre Wells, qui est M. Henri Austruy et, à mon humble avis, il vaut bien l'autre. 

René Samuel, "L'Eupantophone", La Chronique, février 1905.

dimanche 2 mai 2021

[10 ans ArchéoSF] En 2018, première réédition de Une Utopie moderne de H.-G. Wells depuis 1907 !

En 2018, la collection ArchéoSF réédite pour la première fois en langue française depuis 1907, Une Utopie moderne d'H.-G. Wells, livre qualifié par Joseph Altairac d'"ouvrage fondamental".

Voici une critique parue en 1908 de Une Utopie moderne

Cette fois, H -G Wells recrée un monde tout entier. L'Utopie moderne n'est rien moins qu'une planète identique à notre Terre, avec les mêmes continents, les mêmes villes, les mêmes habitants, mais tout cela est merveilleusement et magnifiquement reconstruit, avec la puissante logique du savant et la prodigieuse imagination du romancier qui nous a donné déjà tant d'autres œuvres inoubliables. Après les méthodiques argumentations de la Découverte de l'avenir, après les stupéfiantes et prophétiques Anticipations, dont un laps de quelques années a suffi pour démontrer la justesse, 'Wells se devait de parachever son œuvre par l'Utopie moderne, cet éblouissant coup d'œil sur l'humanité telle qu'elle pourrait et devrait être Les traducteurs, MM. Henry.D. Davray et B Kozakiewicz, ont réussi à rendre, avec une remarquable fidélité, ces audacieuses fantaisies.


« Les livres », in La Nouvelle revue, n° de février 1908.


A lire sur ArchéoSF:

Redécouvrez H.-G. Wells avec Une Utopie moderne