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ISSN 2496-9346

vendredi 1 juin 2012

Fernand Kolney, L'Amour dans cinq mille ans


Fernand Kolney, écrivain et polémiste d'inclination anarchiste et spécialiste de la littérature libertine des XVIIe et XVIIIe siècles a publié une oeuvre d'anticipation: L'Amour dans cinq mille ans (première version en 1905 et seconde version en 1928).

Dans un monde post-apocalyptique, les naissances se font par insémination artificielle et l'amour a été banni. Pourtant tout se dérègle quand le grand procréateur utilise de vieux germes corrompus datant du XXe siècle et les pulsions humaines se réveillent entraînant la fin du monde. Mais c'est en fait une seconde apocalypse. La première a été provoquée par des Martiens un peu énervés par les bains de sang successifs qui ont eu lieu sur Terre:

« les habitants de Mars, justement indignés [par les multiples guerres sur Terre], décidèrent d’en finir avec notre sphère infectieuse, exclusivement déléguée, il fallait le croire, à la véhiculation des monstres et des aliénés... Grâce à la photographie inter-astrale, ils avaient pu lever des images parfaites de ce qui se passait ici-bas. Et comme nous avions épuisé depuis longtemps le crédit de leur patience, ils se déterminèrent, par souci de prophylaxie cosmique, à nous exterminer sans pitié ni délai. Oui, ils résolurent de purger le système solaire d’un globe scélérat qui en était la honte et la désolation... Sans plus tarder, ils se mirent à l’œuvre, et réussirent à transformer leur planète en une sorte de fabuleuse machine électrique dont le mouvement de rotation, par frottement contré l’atmosphère en partie dissociée, dégagea dès lors un fluide vertigineux, lequel tomba sur nous à l’improviste. Le cataclysme magnétique nous prit dans ses étreintes, nous jeta pantelants dans le creuset des Espaces, nous malaxa dans le sein de l’Univers transformé en baratte d’épouvante, et le choc en retour fut tel qu’il donna des syncopes à la gravitation et ébrécha le Soleil... »


Si le texte n'a pas été réédité depuis 1928 en France, il a été adapté en anglais par les éditions Black Coat press qui doivent publier en avril 2013 le texte revu par Brian M. Stableford sous une fort jolie couverture de Jean-Félix Lyon récemment disparu.



Une chronique plus longue est à paraître dans le n° 18 de Galaxies Science Fiction.

2 commentaires:

  1. @ Gromovar: il y a des passages imbuvables genre:
    « Atteinte de cataracte, la prunelle chassieuse de l’astre clignota vers l’occident et ne filtra plus qu’une lumière maculée. Un suaire grisâtre et crasseux enveloppa la Terre qui parut claquer des dents avec ses canines de falaises, ses molaires de rochers. Le ciel se mua en un baldaquin de catafalque, déjà larmé d’étoiles, et prêt à dérouler sur la planète agonisante les crêpes et les draps mortuaires de la Nuit définitive. Une pluie de cendres sembla enliser toutes choses, estompant peu à peu la violence des colorations, engluant le décor somptueux, souillant les perspectives lointaines, enroulant le paysage édénique dans la housse gigantesque de ses linges malpropres. Ce qui restait du monde habité, apparut éclairé comme un taudion visqueux. Et une panique sacrée poignait les êtres, faisait clamiter les hommes, scandait des mesures de déroute en cette marche funèbre des obsèques de l’Espoir. Dans la nue coléreuse, un Soleil spongieux et plein d’escarres, un Soleil purulent, rongé par un cancer d’ombre, semblait pris de syncope, défaillait dans le giron de nuages amincis qui s’allongeaient vers lui comme des bras d’infirmiers... »

    Donc c'est incontournable ;-)

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