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ISSN 2496-9346

mercredi 28 février 2018

Le Carnaval de Nice et la science fiction (5/8)

Le thème du Carnaval de Nice 2018 est Le Roi de l'espace. Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Nice prend pour objet des éléments conjecturaux.
C'est l'occasion pour ArchéoSF de revenir sur des éditions antérieures présentant des thématiques relevant de l'anticipation et de la conjecture.

En 1910, le thème du carnaval est La Conquête du Pôle. A l'époque la polémique fait rage, notamment outre-Atlantique, car deux explorateurs affirment avoir atteint le Pôle Nord: Frederic Cook en 1908 et Robert Edwin Peary en 1909. L'histoire a retenu le second. Il n'en reste pas moins que le thème est encore conjectural pour l'époque et Georges Méliès réalise en 1912 le film A la Conquête du Pôle.







Ce billet fait partie d'une série consacrée au Carnaval de Nice. Pour retrouver tous les articles de cette série, cliquez ICI

lundi 26 février 2018

Le Carnaval de Nice et la science-fiction (4/8)

Le thème du Carnaval de Nice 2018 est Le Roi de l'espace. Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Nice prend pour objet des éléments conjecturaux.
C'est l'occasion pour ArchéoSF de revenir sur des éditions antérieures présentant des thématiques relevant de l'anticipation et de la conjecture.

En 1937, le Carnaval a pour thème Millionaire à la Loterie Nationale. Le char réalisé par l'équipe dirigée par César Ottino propose la réalisation, grâce à ce gros lot, du rêve vernien de voyage vers la Lune avec "Le Rêve irréalisé". On reconnaît l'obus qui propulse le personnage vers le satellite de la Terre et Pierrot qui s'apprête à le recevoir:






Ce billet fait partie d'une série consacrée au Carnaval de Nice. Pour retrouver tous les articles de cette série, cliquez ICI.

Source des images: Le Carnaval de Nice en cartes postales (1905-1939) (album Flickr de Jean-Marie Manara qui propose les reproductions de près de 300 cartes postales anciennes sur le thème du Carnaval de Nice)

vendredi 23 février 2018

Le Carnaval de Nice et la science fiction (3/8)

Le thème du Carnaval de Nice 2018 est Le Roi de l'espace. Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Nice prend pour objet des éléments conjecturaux. C'est l'occasion pour ArchéoSF de revenir sur des éditions antérieures présentant des thématiques relevant de l'anticipation et de la conjecture.

En 1909 le thème est Niçois, Abat-mage et le char de Sa Majesté Carnaval XXXVII est clairement d'inspiration aéronautique. Entre fantaisie et science, le projet Jarnach est celui qui fut choisi.





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Source des images: Le Carnaval en cartes 

mardi 20 février 2018

Le Carnaval de Nice et la science-fiction (2/8)

Le thème du Carnaval de Nice 2018 est Le Roi de l'espace. Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Nice prend pour objet des éléments conjecturaux.
C'est l'occasion pour ArchéoSF de revenir sur des éditions antérieures présentant des thématiques relevant de l'anticipation et de la conjecture.

En 1934, le Carnaval a pour thème l'Amour. On y trouve des chars relatant l'histoire de l'amour à travers le temps comme "Roméo et Juliette", "Cléopâtre et Antoine",...

Un premier article sur le char "Au temps des cavernes" a été publié sur ArchéoSF (à consulter ICI).
Le second char relevant de la conjecture est consacré à "L'Amour en l'an 2000".




L'Eclaireur du Dimanche illustré du 18 février 1934 qui publie cette photographie l'accompagne d'une description et du texte d'une chanson:



L'Amour en l'An 2.000 Voici une anticipation à la manière de... Wells. C'est un avant-goût de ce que sera l'amour dans une soixantaine d'années. C'est le triomphe du machinisme. Grâce à un appareil compliqué qu'actionne un vieux savant à lunettes, une gentille Niçoise en caireù peut flirter avec un mandarin installé à l'autre pôle du globe terrestre. Le vieux savant tourne gravement la manivelle, tandis que les deux amoureux expriment, par une musique passionnée, les sentiments qu'ils éprouvent.


Air: Ah! si vous voulez d' l'amour.

Dans l'atmosphère et la stratosphère,
Depuis que tourne notre terre,
De stupéfiants et curieux progrès
Ont eu leur petit succès.
Nous avons connu la Té esse effe,
Du plomb le fil, du sing' la greffe,
Mais un savant, c'est curieux
Vient de refair' l'amour trop vieux.

Il a remplacé le cœur
Par un petit moteur
Qui marche avec l' essen...ce ;
Aussi maintenant,
On peut, c'est surprenant,
S'aimer à l'unisson
De Nic' jusqu'au Japon !
Ah ! ah ah ah ah ah
Avoir l'amant à Tokio,
C'est vraiment du brio ;
Ah ! ah ah ah ah ah
Quand on veut le tromper
On peut toujours couper !

Une carte postale (publiée sur ArchéoSF en 2012) a été éditée, reprenant en couleurs, une photographie du char:





Ce billet fait partie d'une série consacrée au Carnaval de Nice. Pour retrouver tous les articles de cette série, cliquez ICI

Source des images: Gallica et ArchéoSF

samedi 17 février 2018

Le Carnaval de Nice et la science-fiction (1/8)

Le thème du Carnaval de Nice 2018 est Le Roi de l'espace. Ce n'est pas la première fois que le Carnaval de Nice prend pour objet des éléments conjecturaux.
C'est l'occasion pour ArchéoSF de revenir sur des éditions antérieures présentant des thématiques relevant de l'anticipation et de la conjecture.

En 1934, le Carnaval a pour thème l'Amour. On y trouve des chars relatant l'histoire de l'amour à travers le temps comme "Roméo et Juliette", "Cléopâtre et Antoine",...



Deux chars nous intéressent particulièrement. Le premier, par ordre chronologique, est "Au temps des cavernes" (le second sera présenté dans un prochain article)



L'Eclaireur du Dimanche illustré du 18 février 1934 qui publie cette photographie l'accompagne d'une description et du texte d'une chanson:


Au Temps des Cavernes L'amour à l'âge de pierre, de la hache de silex et des cavernes de gala. Deux de nos ancêtres primitifs, vêtus de peaux de bêtes et armés d'armes taillées dans la pierre à fusil, s'administrent mutuellement une formidable tatouille et se tirent copieusement la barbe. La petite poule, d'ailleurs laide à faire peur, qui est le prix de ce combat singulier, se coud une petite robe du soir en feuilles d'arbre. Autour des combattants, des animaux fantastiques et préhistoriques, sans doute échappés de quelque lac écossais, contemplent, eux aussi, cette bataille livrée devant la « Cavern-Beach ».

Air : Marie, je t'aime.

Au temps passé dans les cavernes,
La vie n'était pas aussi terne,
Pas de discours et pas d' chichis,
Pas de concierge et pas d' tapis.
Mais pour les beaux yeux d'une belle,
Souvent on se prenait d' querelle
Et pour triompher sous ses yeux,
On se donnait des coups d'épieux.

Après les coups,
L'amour est doux !
Après les coups,
L'amour est doux !
L'amour, l'amour,
Était si frais dans les cavernes,
L'amour, l'amour,
Après les gnons,
Les baisers sont si bons !


Ce billet fait partie d'une série consacrée au Carnaval de Nice.

Source des images: Gallica

jeudi 15 février 2018

Marcel Capy, Un air de circonstance [Illustration], 19??

Marcel Capy a produit quelques dessins d'anticipation (voir par exemple les illustrations accompagnant le texte de Clément Vautel, "La Grève des bourgeois", 1919). En voici un imaginant un futur proche (1920) l'arrivée d'un gouverneur français en avion dans une colonie africaine indéterminée. Le dessin est colonialiste et raciste comme une bonne part de la production de l'époque (sans doute avant 1914). Il fait partie d'un ensemble de dessins parus dans la presse et réunis dans un album numérisé par Gallica sous la forme d'une anthologie de "défets" (extraits dépareillés ici de presse) de la collection Jaquet.







mardi 13 février 2018

Gaston Maréchaux, En l'an 2000 (deux dessins à colorier), 1936

Quand on découvre un ouvrage intitulé Le Jeune peintre et se présentant comme un album à colorier on a quelques doutes sur sa nature science-fictionnelle. Et pourtant... Ce ne sont pas moins que deux dessins que nous propose Gaston Maréchaux (né en 1872 selon la BNF et mort à une date inconnue) dans cet ouvrage publié en 1936 aux Editions Gordinne (Liège, Belgique) !

En l'an 2000. La sortie de l'école maternelle




En l'an 2000. Une promenade au parc Monceau


Source des images: Gallica 

vendredi 9 février 2018

Jean Frollo, Au Vingtième siècle (1894)

La prospective est chose courante dans la presse. En 1894, dans Le Petit Journal, Jean Frollo critique un ouvrage de  Max Nordeau dont il ne donne pas le titre mais qui est Dégénérescence (paru en 1892 en Allemagne, on peut le consulter sur Gallica ICI).





AU VINGTIEME SIECLE

C'est un jeu coutumier que de s'attacher à prédire ce que sera l'avenir. Il a inspiré nombre de fantaisies philosophiques. Que sera l'humanité dans les temps futurs? Le problème s'impose volontiers à notre attention.
Jusqu'à présent, ces rêveries étaient plutôt consolantes. Nous sommes les témoins de tant de tristes choses qu'il est naturel qu'on imagine que les vieilles querelles s'apaiseront, qu'on arrivera peu a peu à un état meilleur.
Or, voici, au contraire, un pessimiste tableau du vingtième siècle, proche de nous, déjà. En ce temps-là, à en croire celui qui le trace, le monde sera complètement toqué, en proie aux atteintes de l'hystérie, sous toutes sortes de formes.
Ce prophète est un savant allemand, M. Max Nordau, qui ne fait que tirer des conclusions de ses opinions sur l'état présent du monde, et - ce qui le rend un peu suspect - sur l'état particulier de la France.
On sait qu'il a écrit deux gros volumes - les Allemands sont généralement prolixes - tout exprès pour prouver que « nous nous trouvons actuellement au plus fort d'une épidémie intellectuelle, d'une peste noire de dégénérescence ». En raison d'une idée fixe, il ne voit autour de lui que déments ou, tout au moins, que malades, et, chez nos écrivains, notamment, il se plaît, à relever les symptômes d'une maladie cérébrale qui se répercute en leurs œuvres. La thèse, toute paradoxale qu'elle soit, serait curieuse, à tout prendre, si, comme je l'ai dit, M. Max Nordau n'était Allemand, et ne laissait percer, parfois, des sentiments très allemands contre la France...

Mais,je reviens à la « consultation » qu'il donne sur le vingtième siècle. Il estime que l'hystérie générale n'aura fait que se développer, que toutes les folies sembleront presque naturelles, que c'en sera décidément fait de la santé morale des civilisés, que l'irritabilité nerveuse, qui fait déjà tant de ravages, aura atteint son paroxysme. Vraiment, d'après lui, on verra alors d'étranges choses. Vous plaît-il de le suivre dans cette suggestive peinture de la société future
Donnons-lui la parole, à titre de curiosité, - non sans réserver notre appréciation, et nos conclusions à nous.
Voici donc ce que sera Paris dans cent ans. Tout ce qui s'observe encore seulement chez les habitants des asiles d'aliénés passera à l'état d'habitudes.
Le haschich, le chloral, l'éther, dont tout le monde usera, auront fait une population de détraqués et d'hallucinés, chez lesquels on relèvera toutes les aberrations du goût et de l'odorat.
Ainsi y aura-t-il des boutiques, luxueusement décorées, où on viendra respirer, dans des vases riches, des odeurs de pourriture et d'ordures. Il se formera nombre de nouvelles professions, comme celles d'injecteurs de cocaïne et de morphine. La pudeur, la réserve, seront considérées comme des superstitions du passé. Les deux sexes porteront des vêtements entre lesquels il y aura peu de différence. Les dépravations des moeurs seront telles qu'elles ne seront plus punies.

Continuons à envisager, d'après M. Max Nordau, ce charmant avenir. La capacité d'attention et de recueillement aura tellement diminué, c'est un des symptômes les plus caractéristiques de la dégénérescence, que les études ne pourront absorber plus de deux heures par jour. Les représentations théâtrales ne dureront guère plus d'une demi-heure. L'art, tel que nous l'entendons encore, en sera d'ailleurs absent ce ne seront que des spectacles devant déterminer de violentes sensations.
Les « impulsions » soudaines, celles auxquelles les hystériques ne peuvent résister, seront à ce point fréquentes que personne ne s'étonnera plus de meurtres accomplis sans cause, sans raison. On se bornera à prendre quelques précautions, à interdire les cloches et les sifflets, qui agissent trop directement sur les nerfs. Les aboiements de chiens produisant le même effet, ces animaux ne pourront être gardés qu'après avoir été rendus muets.
Chaque grande ville aura son club des suicidés, voire des clubs pour assassinat réciproque par étranglement, pendaison ou arme blanche L'appétit de la mort sera un des faits caractéristiques.
Plus de religions, mais des communautés de spirites, des évocateurs de morts, des sorciers, des astrologues, des chiromanciens.
On imprimera encore des livres, mais non plus à la façon d'aujourd'hui. Sur des papiers de différentes couleurs, noir, rouge, doté, ce seront des mots sans suite, même des lettres ou des chiffres, ayant une signification symbolique qu'il s'agira de deviner. Il y aura des sociétés pour les interpréter, et leur enthousiasme sera si fanatique qu'elles se livreront les unes aux autres des combats meurtriers.

Rien de tout ceci, dit M. Nordau, n'est arbitrairement imaginé chaque détail en est emprunté à l'observation de particularités actuelles, cessant, de plus en plus, d'être particulière. pour se généraliser, parce que l'humanité est en proie à une fatigue, à un surmenage causé par les modifications apportées dans l'existence par les grandes inventons et découvertes modernes qui la surprirent l'improviste. Ce surmenage ne peut être nié; mais, au lieu d'être en une période d'hystérie incurable, ne sommes-nous pas plutôt en une période de transition, où ne sont seulement frappées que les organisations débiles ?
Le sombre tableau est, dans la note noire, aussi fantaisiste que le sont, par leur optimisme exagéré, les prédictions auxquelles je faisais tout à l'heure allusion, comme l'An 2000 de Bellamy, où le romancier américain suppose que, dans ce délai rapproché, tous les hommes seront arrivés au parfait bonheur.
Il ne faut pas voir que les misères morales et physiques de ce siècle il faut tenir compte aussi d'un vaste mouvement d'idées qui s'opère. Notre temps est le temps des contrastes certains attentats sont dignes de la barbarie primitive, et déterminent d'implacables représailles. Mais ce sont des « accidents » dans l'histoire de l'évolution humaine.
En dépit de ces explosions de sauvagerie, dans lesquelles semblent remonter les vieux instincts mauvais, comment méconnaître que s'agitent, fût-ce confusément encore, des pensées de justice, de bonté, de pitié ? On en doit tenir compte, quand on pense à l'avenir, et c'est là qu'il est, en effet. Ce que nous sentons seulement, l'avenir le réalisera, ou tendra de plus en plus à le réaliser.

En ne voyant autour de lui que malades, hallucinés, détraqués, « candidats à la folie », M. Max Nordau est lui-même victime d'une étrange obsession.
Dieu merci ! il y a encore des cerveaux sains, il y a encore bien des esprits raisonnables, et ce sont ceux qui ont foi dans l'amélioration du sort de la race humaine, à tous les points de vue ce sont ceux, précisément, qui croient fermement que, après tant de déchirements et tant de luttes, le dernier mot restera il la bonté et à l'équité. Peut-être y aura-t-il encore de grandes crises, de grands soubresauts. Mais les nobles, les fraternelles aspirations qui se produisent sous nos yeux, ne périront pas, et, après ces suprêmes assauts de ce qui représente le passé, elles se manifesteront plus vivaces.
C'est être bien mesquin dans des prédictions relatives au siècle qui suivra celui-ci que de ne les baser que sur les atteintes dont souffrent nos nerfs. Tout n'est pas là, pourtant. Notre cœur doit bien être interrogé, lui aussi. Il a des élans, il a des généreux désirs dont héritera, l'avenir. Ne pas penser à cela, c'est, dans les hypothèse philosophiques sur les âges futurs, se priver volontairement d'un des principaux éléments d'appréciation.
En transformant l'humanité de demain en une vaste maison de fous, M. Max Nordau a fait un mauvais rêve, et voilà tout. Nous dirons, nous, qu'il est non seulement permis, mais qu'il est dans le sens de la vérité d'en faire un meilleur.

Jean Frollo, « Au vingtième siècle », in Le Petit Parisien, 6343, 10 mars 1894.