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ISSN 2496-9346

samedi 11 septembre 2021

Robert Schlesincer, Voyage interplanétaire (1937)

Le quotidien Ce soir publie, le 24 mai 1937, la nouvelle "Voyage interplanétaire". signée par le journaliste Robert Schlesincer.

Le jeune Marius Larrive répond à une petite annonce et se retrouve sur la planète Mars (ou presque...).

La nouvelle est illustrée par une vignette anonyme nous montrant l'intérieur du bolide interplanétaire.


 

Voyage Interplanétaire

 

Marius Larrive était depuis trois semaines sans emploi lorsqu'un jour lui tomba sous les yeux une petite annonce, parue dans une revue scientifique et ainsi conçue :

« On offre haute situation à un monsieur jeune, courageux, ayant beaucoup souffert et perdu ses illusions sur le bonheur terrestre.

S'adresser au professeur Astrolabe, 21, rue de….»

 

Marius se sentit brusquement l'âme d'un martyr et avec un peu d'imagination il établit mentalement le compte approximatif de ses désillusions jusqu'à l'heure présente.

Ayant frappé à la porte du professeur Astrolabe, il fut reçu par un petit vieillard à la barbiche satanique et aux yeux pétillants de malice.

Le professeur conduisit Marius dans un bizarre laboratoire rempli d'appareils inquiétants qui lançaient des étincelles multicolores. Au milieu de la pièce trônait une espèce de torpille immense dotée d'une portière à glace par où on pouvait apercevoir les organes de commande : un volant et quelques boutons, le tout devant un confortable fauteuil.

— Regardez ceci, lui dit le professeur, c'est le bolide A-37, de mon invention. Grâce à lui vous pourrez atteindre la planète Mars en moins de 24 heures. Je suis trop vieux pour tenter l'expérience et tous ceux qui se sont présentés d'après l'annonce ont eu peur d'y monter. Le bolide est dirigé par des ondes électriques de mon laboratoire même. Vous n'avez qu'à tenir le gouvernail suivant les instructions que je vous transmettrai par la radio.

Marius réfléchit un long instant : la situation qu'on lui offrait était plus haute qu’il ne l'avait soupçonnée, même un peu trop car elle lui donna le vertige. Mais il accepta. A peine quelques heures plus tard il s'enfermait dans le bolide après avoir fait, aux frais de l'inventeur, une provision de boites de sardines, de fromage et surtout de quelques bonnes bouteilles car, se dit-il, il se pourrait que Mars ne soit pas très vinicole.

Il prit son vol par une ouverture pratiquée au plafond du laboratoire et le lendemain, après un long voyage à travers les ténèbres interplanétaires, Marius débarqua sur Mars.

Le paysage ne différait pas beaucoup de celui de la Terre et les Martiens entourèrent son bolide, sans trop de curiosité d'ailleurs, et reconnurent sans difficulté en Marius Larrive l'un de ces petits mammifères qu'ils voyaient depuis des siècles, à travers leurs lunettes astronomiques, fourmiller sur la surface de notre globe. Les Martiens même étaient semblables aux hommes, mais ils avaient une allure plus calme et paraissaient beaucoup moins enclins aux démonstrations bruyantes et à l'enthousiasme enfantin.

Marius Larrive commençait à se sentir mal à l'aise dans ce monde nouveau lorsqu'une voix stridente jaillie d'un immense haut-parleur le ramena à la vie :

« Allo ! Allô ! ici radio Mars, poste central. Le grand conseil de la Confédération martienne vient de clore ses débats au sujet des problèmes suscités par l'arrivée d'un homme de la Terre sur notre planète et décide :

« L'encouragement méthodique de l'immigration en vue de l'enrôlement des volontaires dans notre armée martienne pour renforcer l'ordre sur notre globe et la sécurité dans les espaces interplanétaires ;

« La nomination de Marius Larrive, en sa qualité de premier venu, et en vue de récompenser son héroïsme, au grade de général honoraire de l'armée de Mars. »

Après avoir entendu ces paroles, Marius se précipita vers le palais du Conseil :

« Qu'on me rende mon bolide, s'écria-t-il, je veux rentrer chez moi. J'étais mieux à Marseille, beaucoup mieux. »

Mais ses supplications furent vaines car il n'était pas permis de discuter les décisions du Grand Conseil.

Et Marius, abandonné au désespoir le plus profond, se mit à verser des larmes, mais les Martiens furent sans pitié.

Et finalement, Marius, qui dormait dans un fauteuil de la salle d'attente du professeur Astrolabe, fut réveillé par l'assistant de celui-ci car il poussait des cris qui auraient pu alerter le quartier.

— Réveillez-vous, monsieur, le professeur vous attend. Seulement, si vous venez à la suite de la petite annonce, sachez que la place est déjà prise.

— Quelle place ? fit Marius en ouvrant les yeux et en jetant un regard d'halluciné.

— Je parle de l'emploi de garçon de laboratoire qui était vacant.

— Très bien ! s'écria Marius-sorti de son cauchemar, mais il ajouta aussitôt : « — Au fond, tant pis. »



3 commentaires:

  1. ah merci. Ces derniers mois, j'ai lu plus de romans de science-fiction (français notamment). cette histoire est simple et rapide. J'imagine qu'une société sur Mars serait... unique, en dehors de la nôtre. peut-être que je suis trop pressé

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  2. ah merci. Ces derniers mois, j'ai lu plus de romans de science-fiction (français notamment). cette histoire est simple et rapide. J'imagine qu'une société sur Mars serait... unique, en dehors de la nôtre. peut-être que je suis trop pressé

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  3. ah merci. Ces derniers mois, j'ai lu plus de romans de science-fiction (français notamment). cette histoire est simple et rapide. J'imagine qu'une société sur Mars serait... unique, en dehors de la nôtre. peut-être que je suis trop pressé

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