La Revue universelle proposait des critiques des livres parus. On y trouve toutes sortes d'ouvrages des manuels pratiques aux romans. On peut donc parfois y lire quelques lignes ou même pages complètes sur des ouvrages relevant de l'anticipation et de la science-fiction.
Marc Andiol est l'auteur du livre Le Paradis de l'homme, roman des temps prochains ( éditions Perrin et Cie, 1903). A lire le nombre de critiques parues dans les revues et journaux les plus divers, le roman connu, à n'en pas douter, un certain succès... nous y reviendrons la semaine prochaine.
Le Paradis de l'homme par Marc ANDIOL. L'illustre savant Astié ayant offert une place à son ancien élève Jean Randal dans la cité du Nouvel-Eden (Mélanésie), qu'il vient de fonder en l'an de grâce 2003, celui-ci, quelques jours après, quitte avec sa jeune femme Marie la maisonnette de Montbars où s'abrite leur bonheur. Et, certes, ce qu'ils voient là-bas méritait le voyage, quarante heures d'un glissement très doux en aéromobile. La société nouvelle les émerveille par la rectitude et la simplicité de son mécanisme. Seul pontife, seul banquier, seul industriel, seul commerçant, seul propriétaire foncier, seul employeur, l'État se charge non seulement d'assurer la subsistance des citoyens, mais encore de pourvoir à leurs plaisirs, de satisfaire leurs aspirations aussi bien que leurs besoins, de les rendre parfaitement heureux. Pourtant les Edéniens,après quelques années de ce bienfaisant régime, commencent à donner des signes de fatigue. Les voici, chose absurde, chose irritante, qui trouvent leur vie fastidieuse, qui soupirent après des félicités chimériques. Plusieurs se suicident, un grand nombre s'évadent. Astié n'y comprend rien. Quant à Jean et à Marie, ils abandonnent, suffisamment édifiés, l'île merveilleuse, et, revenus dans leur petit chalet rustique, y trouvent le véritable paradis. Et telle est l'histoire que nous raconte M. Marc Andiol, un peu longuement parfois, mais avec assez d'esprit le plus souvent et assez de verve pour que nous ne lui en voulions pas trop de la manière très irrévérencieuse dont il traite la science, le progrès, voire les intellectuels.
La Revue Universelle, 1903
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