Les
attractions scientifiques sont très anciennes. Au XIXe siècle avec
la multiplication des «expositions» (universelles,
coloniales, internationales, spécialisées,...) les ingénieurs et
inventeurs rivalisent d'ingéniosité pour présenter au public des
attractions époustouflantes.
Du
25 mai au 25 novembre 1937 a lieu à Paris une exposition spécialisée
sur le thème «Les arts et les techniques dans la vie
moderne ». Dans ce cadre est présenté le «stellarium»
de M. Gamain dont il ne reste pas de trace mais que l'on peut
découvrir dans des articles de presse de l'époque comme celui qui
suit extrait du journal Ric et Rac (n° 427 daté du 12 mai 1937). Source du texte: Gallica.bnf.fr.
Le
stellarium
L'observation
que
nous pouvons
faire
des splendeurs
célestes
ne saurait
l'être
que
d'une manière
limitée,
puisque nous
sommes,
à cause
de
notre
pesanteur,
assujettis
à
nous déplacer
au
fond
de
l'océan
aérien,
nommé
« troposphère »,
à
la
manière
des crustacés
marins
qui errent,
lentement,
au
fond
des
océans.
M.
Ch.-H.-A.
Gamain
nous
offrira,
cours
Albert-1er, le
moyen
d'échapper,
au
moins
en
imagination, à
notre
prison
terrestre
et
cela
d'une façon
vraiment
fort
curieuse:
grâce
à
un voyage
interplanétaire,
qu'il
va
présenter
à l'Exposition
et
qui
sera
un
des
«
clous
»
scientifiques
de
celle-ci.
Mais,
suivez-moi
plutôt.
***
Le
voyageur
interplanétaire
qui
désirera
accomplir
le
trajet
Terre-Mars,
aller
et
retour
(retour, surtout,
à
moins
que,
dégoûté
des
hommes, il
ne
préfère
en
demeurer
éloigné
pour
toujours),
se
rendra,
comme
tout
voyageur
qui
se
respecte,
à
la
gare
d'embarquement,
située
en
sous-sol.
Aucun
lampadaire
n'éclairera
ce
sous-sol.
Je vous
entends.
Vous
craignez
de
ne
point
pouvoir vous
diriger
dans
cette
voie
d'accès
où
régnera,
pensez-vous,
une
obscurité
complète.
Pas
du
tout.
Ne
craignez
rien,
car
l'inventeur
a réalisé
le
plus
merveilleux
et
le
plus
original
système
d'éclairage
que
vous
puissiez
imaginer.
Le
tapis
couvrant
le
sol,
les
parois,
de
ravissantes
fleurs
lumineuses
colorées
féeriquement,
sans
l'intervention
de
la
moindre
ampoule
ou
de
la
plus
infime
source
habituelle
de
lumière, vous
guideront
dans
votre
marche.
Mais,
allez
voir
et
croyez-moi,
lorsque
je
vous
dis que
cette
introduction
au
voyage
est
déjà
par elle-même
une
surprise
des
plus
charmantes
dont
vous
me
permettrez
de
ne
point
vous
gâter l'agrément
par
des
révélations
scientifiques
sur
la
façon
dont
elle
est
obtenue.
Un
peu
de mystère
ne
messied
pas
en
la
circonstance,
A la
gare,
où
vous
ne
vous
étonnerez
pas
de
trouver un
chef
de
station,
vous
vous
embarquerez
dans
l'une
des
huit
fusées
qui
viendront
chacune
à
son
tour,
conduite
par
un
pilote
(spécialisé,
cela
va
sans
dire,
et
vêtu
en
costume
de
l'an
2000),
absorber
ses huit
passagers.
Un
doux
ronflement
et,
sans
heurt,
la
fusée pénétrera
dans
un
appareil
de
lancement
puis,
en
route
pour
l'infini.
***
A
droite
ou
à
gauche
des
voyageurs,
confortablement
assis,
des
hublots
seront
autant
d'énormes yeux
de
65
cm.
de
diamètre,
ouverts
sur
les
espaces
bleu
de
nuit
où
scintilleront
des
millions
d'astres
incandescents.
Certaines
étoiles
vous
paraîtront
tout
proche
et
d'autres
extraordinairement
lointaines.
-
Mais,
voyons,
Madame,
n'ayez
pas
peur
! Vous n'avez
rien
à
craindre.
Vous
serez
à
nouveau
revenue
sur
cette
Terre,
à
laquelle
vous
tenez
tant,
dans
moins
de
cinq
minutes.
Regardez
donc,
plutôt.
Il
n'y
a
que
trente-cinq
secondes
que
vous
êtes
dans
les
cieux
et
déjà
vous
avez
atteint
la
fameuse
stratosphère
illustrée
par
les
ascensions
de
Picard,
Cosyns,
Stewens,
etc.
Tenez,
voici
Mars,
avec
ses
soi-disant
canaux.
Comme
c'est
curieux,
la
fusée
en
fait
le tour
et
se
dirige
vers
Jupiter,
en
traversant
l'essaim
des
petites
planètes.
En
passant,
admirez
les
anneaux
dont
Saturne
a
eu
l'originalité
de
s'entourer.
Maintenant,
nous
voici
hors de
la
Voie
lactée
et,
partout,
luit,
chacune
avec
sa
«
brillance
»
spéciale,
les
étoiles
qui
font
la
beauté
de
nos
nuits
d'été.
La
traversée
des
gaz
lumineux
de
la
queue
d'une
comète vient
de
se
produire
sans
accident.
Vous savez,
pourtant,
qu'ils
sont
toxiques.
***
Malheureusement,
tous
les
plaisirs
ont
une
fin et
le
voyage
interplanétaire
s'achève.
La
Terre apparaît,
à
présent,
aux
yeux
des
passagers,
comme
un
immense
globe
lumineux
sans
relief. Elle
est
sillonnée
de
lignes
noires
(les
cours
d'eau),
et
de
taches
noires
étendues
sur
la presque
totalité
de
la
surface
et
qui
sont
les océans.
La
fusée
a
enfin
atterrit
;
mais,
personne
ne
vous
interdit
de
recommencer
le
voyage, avec
un
plaisir
accru,
à
la
deuxième
fois, par
l'appréciation
plus
exacte
du
charme
des choses.
Roger
SIMONET
Sylvain Ageorges, Sur les traces des Expositions universelles de Paris-1855-1937, Éditions Parigramme, 2006.
En accompagnement musical, cette oeuvre de Federico Mompou "Souvenirs de l'exposition" ( 1937): mor vidéo
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