Son père, René (1889-1940), revenu blessé de la Grande Guerre, se chargea de l’éducation de son fils unique, qui fréquenta juste le temps d’une année scolaire le lycée de Clamecy (Nièvre), commune bourguignonne où il grandit « entre les livres », selon sa propre formule.
C’est là que ses parents se retirent dès 1930, quittant Paris et leur appartement de la porte Maillot, en face du domicile personnel de Raymond Poincaré, que le petit garçon voit passer, « rare souvenir parisien des toutes premières années ». Le père, qui a lancé en 1927 une revue mensuelle, littéraire et politique, La Nouvelle Lanterne, dont il est l’unique rédacteur, transmet à l’enfant une double tradition familiale : monarchiste, mais détachée de toute pratique catholique, et dreyfusienne – le tuteur de René de Planhol, Edgar Demange, avocat pénaliste, défendit le capitaine Dreyfus dès 1894 ! Ce qui explique que le publiciste, auteur d’un virulent essai, Le Monde à l’envers (1932), à bien des égards proche de l’Action française, ne collabora jamais à la publication de Charles Maurras, malgré leur proximité de vues.
Cet extrait m'a éveillé ma curiosité car il m'avait semblé que René de Planhol était bien plus proche de l'Action française. Après quelques recherches, il en effet pas niable que René de Planhol fut un collaborateur de l'Action française et de ses publications satellites. Il est assez étrange de vouloir dédouaner son fils de lien avec une idéologie paternelle en recourant à la réécriture d'une histoire familiale. Après tout, il n'est nullement comptable des choix politiques de son père...
Ce ne serait pas si "grave" si cet article n'apparaissait pas dans les premiers résultats d'une recherche Google "René de Planhol". Il faut donc rétablir la vérité et apporter quelques preuves...
Dans le n° 210 du 6 août 1940, Charles Maurras lui-même rappelle avec force de louanges la publication, vieille de dix ans du Désastre et y montre, selon lui, les qualités de visionnaire de René de Planhol:
Si Edgar Demange fut bien l'un des avocats du capitaine Deryfus, il défendit aussi le marquis de Morès, fondateur avec Edouard Drumont de la Ligue antisémitique de France, qui tua en duel un capitaine juif de l'armée nommé Armand Meyer. En faire un Dreyfusard est un peu une extrapolation, il n'a fait que son métier d'avocat...René de Planhol fut bien plus proche de l'Action française (ce que nie l'article du Monde) comme en témoigne la notice nécrologique parue dans l'Action française du 1er novembre 1940:
Quant à prétendre que René de Planhol "ne collabora jamais à la publication de Charles Maurras" il suffit de consulter la collection du périodique sur Gallica pour constater que c'est une affirmation totalement fausse: nous ne relèverons qu'un article (signature de rené de Planhol dans le n° 149 du 29 mai 1921:
On trouvera d'autres articles notamment sur la littérature signés par René de Planhol dans l'Action française.
De même, sa signature apparaît dans l'Almanach de l'Action française pour l'année 1929 avec un article "Fragments des mémoires secrets de M. Poincaré" et l'on pouvait acheter à la Librairie d'Action française ses oeuvres.
Si la pratique religieuse de René de Planhol fut peut-être nulle (rien ne l'infirme ni ne l'atteste), il n'en reste pas moins que sa haine de la République trouve une partie de ses fondements dans l'anticléricalisme des Républicains qu'il combat:
Extrait de l'article de Juliette Rennes, "L'argument de la décadence dans les pamphlets d'extrême droite des années 1930", in Mots, Volume 58, n° 1, 1999
Ceci posé (et au passage la vérité rétablie), il est plus aisé de cerner les motivations idéologiques de René de Planhol quand il écrit Désastre (fragment d'une histoire future) en 1930. (à suivre!)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire