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ISSN 2496-9346

vendredi 12 août 2011

André Héléna, la Planète des Cocus

Tout commence par une superbe illustration de Jef de Wulf:
Couverture

Et nous voici plongés dans un monde si loin et si proche de notre bonne vieille Terre.
La planète des cocusAndré Héléna n'est guère connu pour être un auteur de SF. Père avec Léo Malet du roman noir français, il fut à la fois génial et considéré comme un tâcheron par les éditeurs. Léo Malet a connu le succès tardivement, André Héléna n'a pas eu cette chance. Ses oeuvres sont pourtant régulièrement rééditées et ce fut le cas en 2010 de La Planète des cocus (éditions E/DITE). Bizarrement le livre est souvent mal classé chez les libraires, on le met en polar, rarement en SF.

Il semble donc nécessaire de préciser certains points et de se demander de quelle manière André Héléna use de la science-fiction.

Un truand, Pierrot le tordu, poursuivi par la police française, trouve refuge auprès d'un professeur souhaitant quitter la Terre à bord d'une fusée. L'affaire est rapidement entendue et nos deux héros se retrouvent sur une planète lointaine espérant y trouver la paix. Manque de chance les humains qui y vivent ont les mêmes défauts que les Terriens: les dirigeants veulent dominer le monde, les affaires sont les affaires, les blocs politiques les blocs politiques et l'humanité est très humaine, trop humaine. Ecrivant comme ses pieds des textes incompréhensibles Pierrot devient le plus grand écrivain de sa planète d'adoption. Il prend une pose politique qui le conduit à avoir admirateurs et ennemis. Invité dans le camp d'en face, il voit que ce n'est guère mieux (totalitarisme, totalitarisme...). Rejeté par les uns et par les autres mais avec le professeur comme compagnon fidèle, il arpente la planète à la recherche d'un havre de paix. Est-ce si facile? Candide pouvait finir par cultiver son jardin mais quand les hommes possèdent la bombe atomique c'est beaucoup plus difficile. Tandis la planète est menacée d'explosion, le bon sens populaire affirme: « les survivants seront les maîtres du monde », c'est à désespérer de l'espèce humaine...
Alors que Voltaire faisait descendre Micromégas sur Terre, André Héléna, dans ce pamphlet qui n'épargne aucun des camps, envoie nos bonshommes sur une planète lointaine. Le résultat est le même: dénonciation acerbe des travers de l'humanité. Derrière le masque de la SF, alors à la mode en France avec le débarquement massif de la SF américaine, Héléna nous livre une belle satire... car la SF sert aussi à faire réfléchir et les mondes lointains sont souvent les masques de nos petites vies terriennes...

Edition originale: La Planète des cocus, Le Crépuscule, Editions Armand Fleury, 1952
Réédition E/DITE, 2010
Ce billet est publié dans le cadre du challenge Summer Star Wars lancé par Lhisbei

summer+star+wars.jpg (215×203)

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