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ISSN 2496-9346

mercredi 10 août 2011

Une critique de Le Sous-marin Jules Verne de Gustave Le Rouge par Bernard Blanc

Le sous-marin « Jules-Verne » (Gustave Le Rouge, Gustave Guitton, 1902)A la fin des années 1970 fut lancé le magazine Futurs, le magazine de la science-fiction. Des auteurs, nombreux, y furent publiés. Futurs comportait aussi une partie encyclopédique (des fiches sur des films, des essais littéraires,...) et une série de chroniques sur les nouveautés. Francis Lacassin dont on connaît le travail opiniâtre pour réhabiliter la littérature populaire, ses héros et archétypes ainsi que la bande dessinée, dirigeait la réédition chez 10/18 de toute une série de textes alors quasiement introuvables: Le Rour de Pierre Souvestre et Marcel Allain ou les oeuvres de Gustave Le Rouge par exemple.
Bernard Blanc chronique ainsi dans le numéro de 4 de Futurs la réédition de Le Sous-marin Jules Verne du génial Gustave Le Rouge.


LE SOUS-MARIN JULES VERNE
Gustave Le Rouge
(Ed. 10-18 no 1245)

Jules Verne n'a malheureusement pas attiré que des assassins (1) ! Beaucoup lui ont rendu de sérieux hommages. La toute récente édition d'un court roman de Gustave Le Rouge, Le sous-marin Jules Verne en est un, et non des moindres.


Il ne nous fait pas changer d'avis sur Jules Verne, mais il permet en tout cas de faire la lumière sur ce mystérieux Gustave Le Rouge, qu'on cite toujours comme grand ancêtre de la science- fiction, mais dont on ne connaît pas assez l'ouvre, pourtant fort belle. Les éditions 10-18, sous l'influence laborieuse et entêtée de Francis Lacassin, veulent rendre à Gustave Le Rouge la place qui lui est dûe, en rééditant ses principaux livres, Le Rouge a beaucoup écrit. Des souvenirs, un roman de cape et d'épée et même un gros traité de cuisine. Près de 80 livres. Le plus intéressant de cette production reste sans conteste l'oeuvre d'anticipation. I1 faut absolument lire les trois volumes d e La Conspiration des Milliardaires, les cinq volumes du Mystérieux Docteur Cornélius et surtout Le Prisonnier de la Planète Mars, suivi de La Guerre des Vampires, une épopée spatiale et ésotérique à côté de laquelle bien des spaces operas contemporains font piètre figure.
Le sous-marin « Jules-Verne » (Gustave Le Rouge, Gustave Guitton, 1902)L'intérêt de la SF de Gustave Le Rouge (qui a suivi de très près un autre pionier sur lequel on ne perd pas son temps à se pencher, Rosny Aîné, dont on lira avec plaisir les Récits de SF et La Force Mystérieuse chez Marabout) est qu'elle se situe toujours dans un cadre réaliste. Le Rouge ouvre ainsi la voie à la science-fiction moderne qui, on le sait, a abandonné l'exploration des planètes lointaines pour ne s'occuper que de la Terre.
l'anticipation scientifique, bien sûr, joue toujours un grand rôle. Mais Le Rouge y ajoute une bonne dose de critique sociale. Il s'attaque, avec une extra- ordinaire véhémence, aux milliardaires américains, dont il fait de terribles caricatures, annonçant leur impérialisme.
Dans Le Sous-Marin Jules Verne l'innocente jeune fille ne pouvait être enlevée que par un Yankee sans foi ni loi, fils de milliardaire, évidemment.
C'est toujours très schématique : Gustave Le Rouge écrit de la littérature populaire. Ses dénonciations ne lui font pas oublier qu'il doit intéresser les concierges. De là ces aventures rocambolesques, ces incroyables inventions, et la peinture détaillée de la passion amoureuse. Tout cela est parfois gros comme un sous-marin, mais d'un comique irrésistible. Pourtant, ce serait faire du mal à Le Rouge que de le réduire à un éclat de rire. Le Prisonnier de la Planète Mars et La Guerre des Vampires révèlent de magnifiques pages où l'épique et la poésie surréaliste se glissent partout, du fond des mers à l'infini de l'espace.
Il faut redécouvrir Gustave Le Rouge.


Bernard BLANC


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Pour aller plus loin: une petite biographie de Gustave Le Rouge sur le site Club Verne de l'Association des Amis du Roman Populaire
Les oeuvres de Gustave Le Rouge sont dans le domaine public et peuvent facilement être lues sur le net.

Les images proviennent du site Mobilis in Mobile consacré au Capitaine Nemo et au Nautilus (qui a repris les images de BDFI).

Couverture
(1) Pour ceux qui ne le sauraient pas, Bernard Blanc a publié un essai/pamphlet intitulé Pourquoi j'ai tué Jules Verne dans la collection Dire, éditions Stock 2, 1978.

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