Nous voici plongés pour la troisième semaine consécutive dans la comédie de Louis Figuier La Femme avant le déluge.
ArchéoSF a présenté le texte et reproduit l'avertissement de l'auteur (épisode 1) puis proposé les deux premières scènes (épisode 2). Nous abordons maintenant la troisième scène de ce "théâtre scientifique" écrit par Louis Figuier. On remarquera certes quelques éléments scientifiques (le mammouth par exemple) mais surtout la poursuite d'une intrigue amoureuse entre Diane et Ludovic.
LA FEMME AVANT LE DELUGE
SCENE
III
LES
MÊMES, LUDOVIC, en costume de lieutenant de marine. Il a un fusil
sur l'épaule et un carnier rempli d'oiseaux morts.
LUDOVIC.
Bonjour,
M. Ramponeau. (A Diane.) Vous permettez, belle cousine ?
Il
lui prend la main, d'un air dégagé, et la porte à ses lèvres.
DIANE,
retirant sa main.
Et
si je ne permettais pas ?
LUDOVIC.
Je
me passerais de la permission.
Il
reprend sa main, et la porte de nouveau à ses lèvres
DIANE,
retirant sa main.
Vous
êtes de plus en plus insupportable !
LUDOVIC.
Et
vous, de plus en plus jolie... Votre costume avec ces fourrures, vous
va à ravir. Ah si je pouvais changer ces arbres en soldats, (Il
montre les sapins) je leur ferais porter les armes devant votre
gracieuse crânerie.
Il
présente les armes.
DIANE,
à Ludovic, d'un petit ton boudeur.
Mais
non, mon cousin, je n'ai pas la moindre crânerie;je suis, au
contraire, fort timide.
LUDOVIC.
Une
veuve n'est jamais timide, ma cousine; et s'il y avait un régiment
de veuves, on vous décernerait, d'une voix unanime, le grade de
capitaine.
RAMPONEAU,
bas à Diane.
Il
a de l'esprit !
DIANE,
avec dépit, bas.
Oui,
à mes dépens.
LUDOVIC,
à Ramponeau.
Et
qu'avez-vous fait de nos deux savants, ce matin?
RAMPOMEAU.
Ils
sont encore au bord de la mer, occupés à dégager leur antique
Mammouth, enfoui sous les glaçons.
LUDOVIC.
Eh
bien, moi, j'ai poursuivi du gibier vivant. (Il ouvre son carnier.)
Tenez, voilà ma chasse.
DIANE,
s'approchant curieusement.
Voyons!
RAMPONEAU,
regardant dans le carnier.
Plongeons,
manchots, grèbes, guillemots et pingouins Cela fera une jolie
brochette! Mais à dire vrai, j'aurais préféré à tout ce gibier
d'eau un petit chevrotain.
LUDOVIC.
Si
cela peut vous être agréable, M. Ramponeau, j'ai le temps d'aller
vous tuer un chevrotain!
DIANE,
prenant les oiseaux morts.
En
attendant, je vais dire à Christiana de plumer ces volatiles!
Elle
entre dans la chaumière.
LUDOVIC,
qui a suivi Diane des yeux. (A Ramponeau.)
Ah
M. Ramponeau, que ma cousine est jolie, qu'elle est gracieuse et
bonne! (Criant, d'un air en colère.) M. Ramponeau ! votre nièce est
adorable!
RAMPONEAU.
Eh
bien, demandez-moi sa main; je vous l'accorde sur le-champ.
LUDOVIC.
Non...
je l'adore, mais je ne veux pas l'épouser.
RAMPONEAU.
Et
pourquoi, Monsieur?
LUDOVIC.
Vous
voulez une confidence?
RAMPONEAU.
Une
explication, tout au plus.
LUDOVIC.
Eh!
bien, sachez, M. Ramponeau, que j'ai fait un serment.
RAMPONEAU.
Un
serment ! et à qui?
LUDOVIC.
A
moi-même.
RAMPONEAU.
Mais,
quel serment vous êtes-vous fait à vous-même ?
LUDOVIC.
Je
me suis juré de ne pas épouser de veuve.
RAMPONEAU.
Pourquoi
donc cela, M. Ludovic ?
LUDOVIC.
C'est
une idée a moi. Ah si Diane ne s'était pas mariée
RAMPONEAU.
Elle
l'a été si peu ! si peu !
LUDOVIC,
vivement.
Si
peu! si peu! Tenez, vous me feriez dire quelque sottise. J'aime mieux
vous quitter. M. Ramponeau, je vais tuer votre chevrotain.
Il
sort par la droite.
A suivre !
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