L'Arrosoir
arrosant Chambéry publié entre le 15 janvier 1884 et le 1er
juillet 1886 compte 58 numéros à la périodicité irrégulière.
Dirigé
par Paul Oney, le périodique se veut « une feuille illustrée,
amusante, satirique et littéraire ». Nulle force politique
n'est épargnée. Parmi les numéros, trois textes sont
conjecturaux, de la forme satirique bien entendu.
NOS
DEPECHES
(Par
fil spécial)
Cognin,minuit.
Grande
découverte! Jean Bambois inventé machine amputation.
—Demande
sujets sérieux pour expériences. Seront logés, nourris gratis.
Auront deux jambes de bois après opération. Course au Nivolet sera
faite tous les samedis.
Bissy,
11 heures soir.
Révolution
hier. Ennemis surpris artillerie.Enlevé plusieurs pièces.
Envoyez
renfort, restons dans les lieux. Ennemi nous connaît pas ; ferons
sentir qui nous sommes.
L'Arrosoir
arrosant Chambéry, n°4, mars 1884
Coup
de griffes
Lundi
26 août. [1884]—
Adieu
fiacres, cochers !
Sous
peu, nous n'aurons plus à souffrir les cochers, et nous ne serons
plus obligés de faire notre testament avant de monter dans un
compartiment de la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée. Nous
allons tous aller en en ballon. Un certain Bernard vient, en effet,
de découvrir un moyen pour diriger les aérostats.
Vous
voyez d'ici la place de l'Hôtel de ville avec cinq ou six rangées
de ballons !
Vous
entendez déjà les voyageurs :
-
Cocher, à Aix ! Je suis en retard, j'ai un rendez-vous pour 6
heures, il est moins 10 !…
-
Nous avons le temps, monsieur !
Les
gens tseng auront leur
ballon. On ne donnera plus rendez-vous dans les bois, on flirtera
dans les airs.
Nous
n'irons plus aux courses à Marlioz ; nous n'aurons plus
d'accident de chevaux, ces derniers seront remplacés par des
ballons ; nous n'aurons les aréostats-courses.
Lorsqu'un
député, un sénateur ou un maire voudra parler au peuple, il
s'élèvera à 10 ou 15 mètres, et de là prononcera son petit
discours. Mais ne
bâtissons
pas de châteaux en Espagne ! Voici ce que nous lisons dans un
journal de Paris :
«
M. Bernard n'a pas pu faire hier sa seconde expérience, l'état
atmosphérique l'en ayant empêché. »
Ce
qui veut dire :
« M.
Bernard voulait aller au nord, mais le vent qui venait de cette
direction ne lui a pas permis de lâcher son ballon. »
La
petite bête n'est donc pas encore trouvée !…
Attendons !
Paul
Oney, « Coup de griffes », L'Arrosoir arrosant
Chambéry, n° 14, 1er septembre 1884
Encore
un instrument
Le
phonographe a vécu. Cet instrument qui, autrefois, a fait fureur,
vient d'être détrôné par l'odorographe.
Cet
instrument a été découvert à Balti. Dans un petit appareil où
roule, mû par un ressort, un cylindre quadrillé de cellules, à
chacune desquelles correspond un fil de cuivre électrique, on envoie
par un tube telle ou telle odeur prise à une rose, à un oeillet, au
thym, à l'haleine même d'une personne.
Un
mois ou quelques années après l'insufflation, on retrouve le
parfum, l'odeur, aussi vifs qu'au premier jour.
Voilà
une découverte qui aura du succès auprès de notre secrétaire, M.
Pontamafray, qui pousse de ces soupirs…
L'Arrosoir
arrosant Chambéry, n°
39, septembre 1885
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