En
2012, ArchéoSF avait entrepris de dépouiller Romans Revue,
revue de critique dirigée par le rigoriste Abbé Béthléem.
L'aventure s'était poursuivie en 2013. En 2015, nous reprenons cette
exploration avec cette semaine le numéro de mai 1910 (3ème année,
n° 5), très riche concernant la littérature conjecturale, la
littérature jeunesse et la littérature populaire.
Ce
numéro est en effet exceptionnel pour l'amateur de littérature
populaire sous toutes ses formes avec au sommaire une étude de M.
Henry Pilate consacrée aux lectures des enfants (« c'est-à-dire
sur les livres, les revues, les magazines, les albums et les diverses
publications qui leur sont offerts ou destinés. »), puis un
article de P. de Maigremont sur La Semaine de Suzette, une
critique de plusieurs volumes de la collection Modern
Bibliothèque. La partie « Les revues, journaux et
magazines » critique vertement la publication L'Ecole
nouvelle (une revue pédagogique bien trop laïque et
rationaliste pour Romans Revue) et s'attaque au Journal des
Voyages ( article que nous reproduisons intégralement
ci-dessous). Parmi les romans du mois, Gaston Leroux et André Laurie
sont mentionnés. Enfin le Carnet de Romans-Revue traite de
l'actualité de la lutte « contre la presse malsaine » et
parle du cas Karl May.
Le
premier (long) article est le texte d'une conférence donnée par
Henry Pilate sur le thème des « lectures des enfants ».
Il regrette tout d'abord le défaut de lecture des enfants :
Les
Enfants. — La plupart des enfants ne lisent plus ou lisent mal.
La
faute en est à la vie moderne, à certains parents qui, d'aventure,
ne lisent pas plus ou pas mieux que leurs fils et leurs filles ; mais
surtout aux livres eux-mêmes, aux journaux et revues pour la
jeunesse.
La
vie moderne dissipe les facultés de l'enfant. Il s'attache rarement
à une occupation ; il ne sait pas se divertir avec esprit de suite ;
l'effort lui répugne, la persévérance lui est inconnue. Il joue
mal, et il lit encore plus mal parce que la lecture est moins
séduisante que le jeu…
Le
cinématographe est un grand ennemi de la lecture. Il captive la
jeunesse, alors que les projections expliquées ne l'intéressent
plus guère. C'est que le fantastique, qu'il est inutile de chercher
à comprendre, épargne à l'enfant un effort de la pensée pour
suivre le conférencier, un effort des doigts pour feuilleter le
livre de gravures.
Après
le cinéma, c'est le récit sous bande (ancêtre de la bande
dessinée) qui est attaqué :
C'est
une série de dessins accompagnés d'une courte légende et d'images
coloriées et soulignées par trois lignes de texte. Les images et
les dessins sont souvent de déplaisantes caricatures ; le texte
ne vaut pas mieux. Il n'y a là dedans rien qui soit capable de
laisser dans l'âme des enfants un début de formation morale et
artistique dont se dégagera peu à peu leur honnêteté et leur
goût. Ces mêmes bambins qu'on nourrit physiquement des aliments les
plus purs et les mieux stérilisés, n'ont pour le coeur et pour
l'esprit qu'un aliment à peu près grossier.
Et
si Henry Pilate reconnaît les mérites de Benjamin Rabier, Caran
d'Ache ou Forain, il indique que la caricature échappe trop souvent
aux enfants et que par la même ne leur est guère utile.
L'article
suivant, signé P. de Maigremont, a pour titre « La Semaine de
Suzette ». Ce périodique pour la jeunesse crée en 1905
reçoit les éloges de la rédaction :
« par
ses romans honnêtes, ses nouvelles, ses récits d'aventures, jusque
dans ses fictions elles mêmes et les exploits de Bécassine, non
seulement elle développe l'imagination, forme le goût, mais aussi
et surtout, elle laisse des traces durables et fécondes dans l'âme
et dans le coeur de ses jeunes lectrices.
Dans
les nombreuses publications enfantines que nous ayons là sous les
yeux, on se contente de rester neutre. A la Semaine de Suzette on se
déclare franchement pour Dieu et pour la religion catholique. »
La
rubrique consacrée à la presse a pour tâche d'étudier du point de
vue chrétien les périodiques du temps. Le Journal des Voyages
bénéficie d'un longe article :
LE
JOURNAL DES VOYAGES
Pourquoi
le cacher ? Je viens de parcourir l'année 1909 du Journal des
Voyages et mon attente a été bien déçue. J'espérais — ô
candeur ! — y trouver d'amusants récits de voyages, d'instructives
études géographiques, de suggestifs articles sur les us et
coutumes, les croyances, les moeurs des divers
peuples,
d'abondantes reproductions de sites pittoresques et de paysages
enchanteurs. Fiez-vous à votre imagination !
Sans
doute le Journal des Voyages donne dans ses 16 pages hebdomadaires,
bien imprimées sur beau papier, d'attrayantes photographies et
d'agréables lectures. En particulier, son supplément mensuel Sur
Terre et sur Mer avec ses quatre rubriques intitulées : le Mouvement
Géographique, du Sud au Nord, Les Troupes Coloniales, Les Sports
Modernes m'a paru bien rédigé. Mais à côté de ces pages
intéressantes, que de variétés insignifiantes, d'entre-filets sans
intérêt, de légendes farouches, de romans ineptes et puérils !
Et
pas la moindre annonce : ce qui semble indiquer que le Journal des
Voyages compté des légions de lecteurs. Je doute qu'il ait
autant de sympathies dans le public féminin.
Les
nerfs de ses lectrices doivent être soumis en effet à de rudes
épreuves. Les couvertures de magazines se signalent en général par
la mièvrerie et la frivolité de leurs sujets. C'est un reproche que
je n'adresserai certes pas au Journal des Voyages. Les
gravures sur bois ou les compositions en couleurs qu'il nous donne
n'ont rien de fade; ni d'amollissant. Elles frappent presque toujours
par leur brutalité. Question de goûts, sans doute. Jugez plutôt,:..
Voici la Mort de Saô (1). Monseigneur le tigre Ong Kop dévore un
cadavre étendu dans la jungle mystérieuse ; -— La Vengeance du
Chaman (2) : dans la forêt qu'éclairé la lune impassible, une
panthère bondit sur un petit enfant couché à terré et ligoté.—
Les Bandits des Antipodes (3) : on se croirait dans certains
quartiers de Paris.. Si tu bouges, je te fais sauter la cervelle. —
Le Maître des Vampires (4) : le supplice de Prométhée. — Un
enfant sacrifié aux esprits (5) un sorcier élève une lance à la
hauteur de l'aisselle d'un malheureux enfant ligoté à un arbre.—
La Bastille Turque (6) : à chaque clou est fixée une tête et les
tyrans sanguinaires qui avaient ordonné ces décapitations venaient,
à la lueur des torches; contempler les visages de leurs ennemis. —
Les Esquimaux de l'Extrême-Nord (7) : Suivant une coutume dont ils
ne comprennent pas l'horreur, les Esquimaux transportent les
vieillards qui vont mourir sur les bords de la mer et, avant qu'ils
aient rendu le dernier soupir, ils les jettent dans les flots.
Pour
ma part, je ne comprends que trop l'horreur de ces « pages
dramatiques ». Ah ! si elles n'étaient qu'occasionnelles,
je n'en parlerais certainement pas. Mais ces gravures horribles sont
nombreuses : il n'est pas de numéro où je n'en rencontre deux ou
trois. Quand il serait si facile — certaines reproductions le
prouvent assez — de nous donner des illustrations vivantes,
artistiques et pittoresques !
Les
images, il est vrai, répondent parfaitement aux récits. Et quels
récits ! Des scènes de brigandage et de carnage, assassinats,
bagarres, rixes, batailles et attentats où apparaissent dans toute
leur hideur bandits de grand chemin et escarpes de moindre
envergure, anthropophages odieux et brutes incivilisées, apaches et
gredins, Sioux et Indiens. Revolvers et pistolets, fusils et épées,
dagues et poignards, lancés et cravachés, toutes les armes
y figurent. Y a-t-il eu quelque tuerie en Orient, les Arméniens
ont-ils été massacres ? Vite on nous raconté longuement cette
ignoble boucherie. Est-il dans un coin du globe une légende affreuse
? On ne nous en épargnera pas le moindre détail. Existe-t-il chez
certaines tribus sauvages des pratiques barbares, des coutumes
féroces, des usages cruels, des sacrifices sanglants ? On nous
initiera à leur accomplissement. C'est un véritable musée des
Horreurs.
Eh
! sans doute, je vous accorde volontiers qu'il y a encore des peuples
grossiers aux instincts belliqueux, aux habitudes bestiales, aux
moeurs violentes. Mais pourquoi vouloir arrêter complaisamment nos
regards sur ces races brutales, et nous en parler sans cesse ? Il ne
manque pourtant pas à travers le monde d'autres sujets
dignes de notre attention. Ne connaissons nous pas dans notre propre
pays nombre de légendes tristes ou gaies, attendries ou véhémentes,
simples ou fleuries, de ces aimables contes où l'âme populaire
s'est comme cristallisée dans sa naïveté et sa générosité?
Dites-nous les et nous vous en saurons gré.
Certes,
nous serions bien autrement intéressés que par ces vagues romans
d'aventures, toujours les mêmes avec leurs épisodes
invraisemblables et leurs pâles héros !
Le
Journal des Voyages publie dans chaque numéro trois romans
d'aventures. Si j'en excepte les Robinsons de l'Air et
L'Aviateur du Pacifique, de notre Jules Verne militaire, le
capitaine Danrit, que valent-ils ? Hélas ! ils ne conduiront pas
leurs auteurs sous la Coupole. Vous me direz qu'ils s'adressent à de
jeunes lecteurs et non point à des critiques grincheux comme votre
serviteur. Eh bien, raison de plus pour que le style de leurs écrits
soit très châtié, leur langue très pure et leur inspiration
morale nettement affirmée, il ne faut donner à la jeunesse que de
l'excellent : former le coeur d'un adolescent, éclairer son
jugement, fortifier sa volonté, cultiver son esprit, quelle tâche
noble et délicate ! Aussi, voyez la haute valeur
littéraire et morale des couvres qu'on nous offre !
Voici
Tom le Dompteur, de Louis Boussenard. M. et Mme Dixon
sont propriétaires du Great American Circus, de San Francisco —
évidemment, l'action ne peut se dérouler qu'en Amérique. — Ils
sont en butte aux vexations d'ennemis acharnés, les Treize qui ont
pour chef un millionnaire, s'il vous plaît, Jonathan. Leur fille
Jane est fiancée au dompteur Tom. La fille de Jonathan, Lizzy, a
vainement tenté de l'épouser. Ce Tom, qui a le flair d'un de ses
lions, aidé de son ami le détective Fil-en-Soie — c'était
inévitable — découvre les machinations de la bande.
Un
jour que le cirque se rendait à Mexico, les Treize font dérailler
le train. On se bat : les Dixon sont faits prisonniers. Lizzy, qui
décidément est une jeune fille charmante, veut se venger : si Tom
l'épouse, il sera libre. Quant à Jane, on la mariera à un de ses
Indiens.
Ces
conditions sont refusées. On va massacrer le dompteur et sa fiancée,
quand comme par hasard survient l'indispensable Fil-en-Soie avec un
clown du cirque. Nouveau combat : les Treize et leur chef sont tués.
Lizzy expire après que Jane lui a pardonné. Douces moeurs.
L'auteur
ne nous le dit pas, mais c'est bien certain, Jane et Tom se marièrent
alors, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Le
Roi du Radium de Paul d'Ivoi est bâti sur le même modèle. Mais
ici le détective s'appelle Dick Fann et les rivaux sont des
bijoutiers.
Le
Maître des Vampires, de René Thévenin, dont l'action se
déroule au Venezuela, est un chef d'oeuvre d'invraisemblance.
Les
Chasseurs de Turquoises d'Henry Leturque bataillent en Perse. Le
héros de ce bizarre récit est un jeune télégraphiste, Tape à
l'OEil — ô harmonie des noms — qui se trouve un beau jour de
juillet jeté dans le Nord-Express et tombe en Perse, où à peine
arrivé, il retrouve son père, disparu mystérieusement. Au milieu
d'incidents de toute sorte, il recherche le trésor du Mouton-Noir
caché sous la « pierre qui tonne. »
Ai-je
besoin d'insister sur le caractère factice et enfantin de ces romans
? Ce ne sont que des récits incolores et fantaisistes, aux
péripéties multiples et inattendues, aux personnages sans relief et
sans originalité. On n'y voit aucune suite dans les idées, aucune
liaison dans les faits. « Quand le hasard s'en mêle, il fait de
singulières choses, dit quelque part Tape à l'OEil ». C'est aussi
l'avis de nos auteurs. On dit quelquefois que le hasard est la
Providence des Journalistes. Que feraient les romanciers sans le
hasard ? Les événements les plus extraordinaires surviennent
toujours au moment le plus propice.
Tous
ces romans n'ont du reste aucune portée. Où trouver une idée, un
but moral dans ces lignes si décousues!
Somme
toute, il est très regrettable de voir quelles inepties on offre à
de jeunes lecteurs quand on pourrait leur donner de si beaux récits,
capables de leur inspirer des pensées nobles et généreuses ! Notre
histoire de France abonde en traits héroïques, en épisodes
grandioses, en exploits éclatants : quelle mine magnifique à
exploiter ! Notre histoire coloniale en particulier serait d'un
attrait puissant avec ses campagnes si pleines d'imprévu et de
bravoure, ses héros populaires. Le dévouement de nos missionnaires
ans les terres lointaines, au milieu des dangers les plus graves, des
périls les plus menaçants, quel thème splendide !
Mais
les Nick Carter et les Buffalo Bill sont à l'ordre du jour et je
vous avouerai qu'après tout c'était bien naturel que je trouve de
telles pages dans Le Journal des Voyages quand comme
prime d'abonnement, je recevais six livraisons des
Aventures de Toto Fouinard, le petit détective parisien. Les
titres étaient affriolants et suggestifs : on me donnait L'Etranglée
de la Porte Saint-Martin, L'Introuvable Assassin, Un Clou dans
un crâne, Les Exploits de Piédeboeuf, 600.000
francs de diamants, le Tueur d'Enfants.
II
y a déjà plusieurs années que se sont déclarés
les symptômes de ce mal inquiétant ét depuis les romans
policiers se sont multipliés à profusion. Il est absolument:
nécessaire de réagir contre ce danger, on l'a dit ici même bien
des fois.
Aussi,
bien qu'à l'ordinaire je n'y rencontre rien d'irréligieux (8) ou
d'immoral, j'aimerais peu cependant voir entre les mains de
jeunes lecteurs le Journal des Voyages ; les scènes
de cruautés, violentes, et brutales qui remplissent ses feuilles,
sont de nature à impressionner fâcheusement des adolescents ; elles
exciteraient leur imagination, émousseraient leur sensibilité,
fausseraient leurs caractères. D'autre part, comme il n'ani valeur,
morale ni grande valeur littéraire, sa lecture ne leur profiterait
guère.
Et
quant aux aînés, aux grandes personnes s'intéresseront-elles
à des romans destinés à de petits apprentis frais
émoulus de l'école primaire ? Hélas !
Robert
Devannes
(1)-No
633, 17 janvier. — (2) 637, 14 février. —.(3) 648 2 mai - (4)
650, 16 mai. - (5) 654, 13 juin. — (6) 656, 27 juin. - (7) n° 665,
29 août (8) Que dire pourtant de certains
articles où l'on nous représente la. Nuit de la Saint-Jean, comme
un prétexte à batailles pour, la populace romaine, où l'on nous
montre les pénitents noirs de Villefranche
en discorde avec les pénitents bleus, etc. Je ne nie pas
l'exactitude de ces renseignements, mais de grâce, pensez qu'il y a
bien d'autres faits religieux intéressants, même au point, de vue
pittoresque.
Dans
la rubrique « A travers les romans du mois » R. Varende
nous entretient du Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux et
du Maître de l'abîme d'André Laurie.
Le
Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux est classé comme « Roman
pour grandes personnes »
Voulez-vous
du merveilleux, de l'inédit ?
Cy
le Fantôme de l'Opéra.
Cette
histoire fantastique, mystérieuse, tragique est de celles qu'on ne
résume point.
Le
héros : Erick, laideur affreuse, tête qui semble une tête,de
mort, yeux magiques qui brillent phosphorescents dans la nuit comme
des yeux de chat.
Sa
vie : s'exhibe comme mort vivant, vit en Perse où il amuse la
favorite par ses tours, où il sème des trappes magiques, est
condamné à mort, revient à Paris où il entreprend du travail à
l'Opéra, se construit un abri dans les caves, effraie, terrorise,
épouvante.
Ses
aventures : il aime une cantatrice, se fait passer près d'elle pour
l'ange de la musique, est jaloux du vicomte qui l'aime ; enlèvement,
poursuite, ruse, victoire, toute la lyre. Il laissera partir la jeune
fille, puisqu'elle osera lui donner un jour un baiser et qu'elle ne
mourra point d'horreur.
La
morale : mystère.
Que
peuvent bien faire des histoires fantastiques, si ce n'est dresser
les cheveux du lecteur, s'il en a encore, et s'il est un peu crédule
?
Dans
la catégorie « Romans blancs » nous trouvons André
Laurie avec
Le
Maître de l'abîme
Qui
nous disait donc il y a quelques mois qu'André Laurie
était mort ? Il nous donne un roman.
Roman
d'aventures étourdissantes qui ravira d'aise les jeunes
gens, les
lecteurs assidus de Jules Verne. Jules Verne est mort, et Paschal
Grousset, c'est-à-dire André Laurie. Ils
publient
ericore
l'un et l'autre. C'est
un mystère.
Mais
les
jeenes
lecteurs ne
s'en plaindront pas.
Donc
quelques Français et un Espagnol, qui montaient un
sous-rmarin, ont été enlevés par un autre sous-marin, dans une
île, :admirablement défendue, où règne le maître de l'Abîme.
Comment ? Il serait trop long de le dire. Car leurs aventures leur
font faire des découvertes étonnantes à chaque pas.
Ils
vivent côté à côte, longtemps; réjouis par la gaîté d'un
inoubliable Marseillais; ils pourraient être heureux. Mais la
patrie..; Donc ils fuient en ballon.
Mais chemin
faisant, ils nous ont bien divertis, intéressés, instruits...
La
rubrique « Carnet de Romans-Revue » parle de l'actualité
de la lutte en faveur des « bons livres » à travers
l'Europe. On y apprend qu'en Allemagne une pétition a été signée
par 30.000 femmes contre la « presse malsaine »,
s'insurgeant notamment contre le nombre de mineurs condamnés après
avoir lu la presse immorale (c'est à dire les illustrés!). En
Suisse c'est la lutte contre les fascicules « Buffalo Bill,
Nick Carter et Co. »
et elle obtient des succès célébrés par Romans-Revue :
Les
conseils communaux de Fribourg, de Bulle, - comme ceux de Nyon
et Vallorbe
(canton de Vaud),
de
Neuchâtel,
de Zurich, de Bâle
-
ont interdit
d'exhiber
les
romans policiers ou
brutaux dans les kiosques et de les vendre aux mineurs. Le premier
arrondissement des
chemins
de fer
fédéraux, cédant
à une .emande du Conseiller d'Etat
qui dirige
la
police
du canton de
Fribourg
a fait disparaître la littérature policière et criminelIe(Nick
Carter,
Nat
Pinkerton,
etc.) de
toutes
les bibliothèques de son réseau, le 25 janvier dernier.
Enfin,
Karl May fait l'objet d'un article du « Carnet de
Romans-Revue » :
Karl
May, le Jules Verne allemand, a souvent fait parler de lui. Le
Journal catholique de Cologne, La Gazette populaire, l'accusa , il a
quelques années d'avoir fabriqué au temps jadis des romans
obscènes. Karl May se défendit, il certifia que les passages
obscènes avaient été introduits par l'éditeur dans le corps de
ses ouvrages : le tribunal lui donna raison dans des conditions
qui
restèrent
mystérieuses.
L'affaire
cependant fut oubliée (Voir Romans-Revue, mars 1908). Mais voici
qu'un écrivain nommé Libius a poussé les choses plus loin. Il
prétend que Karl May est un mystificateur effronté. Non seulement
il est l'auteur d'ouvrages pornographiques, non seulement il a commis
des plagiats, mais sa vie passée est infâme. Le Jules Verne
allemand serait, d'après Libius, un repris de justice, un voleur de
profession, un brigand dans toute l'acception du mot.
A
ces accusations, Karl May a répondu par une assignation, et devant
le tribunal des échevins de Charlottenbourg, la vérité a été
péremptoirement établie, Lebius a été acquitté, et Karl May
convaincu de brigandage.
Ces
révélations n'entachent en rien les traductions de Karl May qui ont
été publiées en France par la distinguée femme de lettres qui
signait J. de Rochay. Ces ouvrages, traduits et expurgés, méritent
toujours l'estime des familles chrétiennes.
A dimanche prochain !
A dimanche prochain !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire