Si le prix Goncourt couronne chaque année un roman quelque soit le genre auquel il se rattache, il y a eu nombre d'ouvrages relevant peu ou prou de la science-fiction et du merveilleux scientifique qui furent lauréats au cours de l'histoire de la prestigieuse académie.
Dans son testament, Edmond Goncourt nomma les frères Rosny comme membres de la Société littéraire Goncourt (1903) qui devint ensuite l'Académie Goncourt. Le rôle des Rosny fut très important car Rosny aîné présida l'Académie de 1926 à sa mort en 1940 et Rosny Jeune lui succéda jusqu'en 1945.
Nous proposons un parcours dans les prix Goncourt décernés entre 1903 et 1945...
Les prix Goncourt relevant du merveilleux scientifique et de la science-fiction
Le premier lauréat fut Joseph-Antoine Nau avec
Force ennemie (1903). Husymans, président de la Société littéraire Goncourt déclara plus tard :"C'est le meilleur que nous ayons couronné".
Force ennemie relève du merveilleux scientifique. (lire
une critique de Force Ennemie).
En 1905 c'est le roman
Les Civilisés de Claude Farrère qui est couronné. La conjecture repose sur un conflit entre la France et la Grande Bretagne.
Les lauréats du prix Goncourt ayant oeuvré dans le merveilleux scientifique et la science-fiction
Francis de Momiandre, prix Goncourt 1908, publie 20 ans plus tard
Anticipations... qui se préoccupe des communications interplanétaires (avec Mars en l'occurrence).
Lauréat en 1916 pour
Le Feu, Henri Barbusse a oeuvré dans la conjecture avec les nouvelles
La Force et
L'Au-delà (1926).
Lauréat en 1918, Georges Duhamel est surtout l'auteur de
Les Voyageurs de l'espérance, un roman de SF pour la jeunesse publié en 1953
.
En 1925, Ernest Perrochon publie le merveilleux
Les Hommes frénétiques. S'il n'obtient pas le Goncourt pour cet ouvrage, il avait été lauréat pour le roman Nêne (1920).
En 1921, René Maran remporte le prix avec Batouala et reste dans les annales de la conjecture avec
Le Petit roi de Chimérie (1924).
Lauréat en 1926, Henri Béraud a participé en 1911 à un recueil collectif intitulé
Lyon en l'an 2000.
Herny Deberly, lauréat en 1926, a publié deux ans auparavant le roman
Prosper et Broudilfagne qui se rattache marginalement à la conjecture (tendance satirique).
L'année suivante c'est au tour de Maurice Bedel d'être couronné. Nous retiendrons sa
Nouvelle Arcadie publié en 1934.
Philippe Hériat (1898-1971) obtient le prix Goncourt en 1939 pour le premier volume de la saga
Les Boussardel avec l'ouvrage
Les Enfants gâtés. En 1947 est représentée pour la première fois la pièce
L'Immaculée qui nous raconte une histoire de parthénogenèse par impulsion électrique.
Les oeuvres du merveilleux scientifique et de science-fiction nominées au prix Goncourt
Plusieurs oeuvres relevant du merveilleux scientifique ont obtenu des voix sans décrocher le prix Goncourt. En 1920, Albert t'Serstevens n'obtient pas le prix avec
Un Apostolat (publié en 1919) racontant la vie d'un phalanstère agricole. C'est le cas notamment du roman
Les Formiciens (1932) de Raymond de Rienzi.
Les membres de l'Académie Goncourt ayant écrit du merveilleux scientifique et de la science-fiction
Nous ne reviendrons pas sur la carrière conjecturale des frères Rosny tant elle est importante et connue. Indiquons tout de même que JH Rosny Aîné publia en 1924 la nouvelle "Monsieur Pylastre et le prix Goncourt" dont l'action se déroule 1935.
Un autre fondateur de l'Académie, Gustave Geoffroy, a imaginé "L'Homme immortel" en 1897.
En 1910 Judith Gauthier, fille de Théophile, est la première femme à entrer à l'Académie. Sa principale contribution à la conjecture est le texte d'anticipation accompagnant des vignettes pour le chocolat A la marquise de Sévigné et représentant la marquise confronté, comme le roi Louis XIV dans
Jadis chez aujourd'hui de Robida, à des moyens de transport du début du XXe siècle.
En 1918, Léo Larguier publie
L'Ile des morts qui se déroule sur Saturne. Il est élu à l'Académie en 1936.
Alexandre Arnoux a participé au célèbre numéro de Noël
Le Crapouillot de l'an 3000 (1919) avec "Quelques notes pour servir d’introduction à l’histoire du IIe siècle avant l’ère de l’alliance (XXe siècle P.-J.-C. de l’ancien comput romain)"
Elu en 1944, André Billy a publié
La Malabée en 1917 où il est question d'une plante permettant de revivre ses souvenirs.
Laissons le dernier mot à Clément Vautel avec cette citation sur l'avenir du Goncourt:
En
2030, la littérature sera verbale et radiophonique : on n’écrira
plus, on parlera ; on ne lira plus, on écoutera... Il y aura
cependant, comme chaque année, le prix Goncourt. Les Dix, après
avoir avalé quelques boulettes synthétiques, couronneront un moins
de dix ans qui se sera distingué entre tous les émetteurs d’ondes
sonores.