L. D'HAMPOL (Jean
CARMANT)
Un dictionnaire
national, qui magnifie volontiers les contemporains, donne à notre
collaborateur des titres que ce dernier repousse avec sa bonne grâce
souriante : peintre, prosateur et poète français.
Peintre, il le fut
peu, comme Ingres fut violoniste.
J'ai vu de d'Hampol
quelques céramiques exposées en 1894, passage de l'Opéra, quelques
tableaux figurant dans des expositions particulières, des dessins,
parus dans le Mondain, dans le Charivari et c'est tout.
Quant au poète, il vaut le peintre : des monologues en vers parus
chez Bressot, un opéra comique Pierrot amoureux, en
collaboration avec Ed. Denancy, un volume Au Clair de la Lune,
édité par Bernot, un éditeur disparu du ciel de l'édition, etc.
L. d'Hampol est
surtout un journaliste, il n'a, d'ailleurs, jamais ambitionné
d'autre titre.
Si ma mémoire me
sert bien, L. d'Hampol doit être né à Paris en 1864 ou 1865, bien
que le dictionnaire national des contemporains le fasse naître en
1863.
Il vit la fin de
l'Empire, c'est ce qui explique assez plaisamment d'ailleurs sa
curieuse ressemblance avec l'empereur Napoléon III.
Nous laisserons son
enfance, ses études et ses succès, parce qu'il serait ridicule d'y
insister étant donné que nous parlons d'un confrère, qui n'a rien
de commun avec Mme Réclamier.
Les premiers essais
de d'Hampol eurent pour cadre l'Impartial, où il publia un
roman : la Main rouge, qui resta inachevé, le journal ayant cessé
de paraître avant l'épilogue de cette œuvre de jeunesse. Nous le
retrouvons ensuite au Progrès universel à
l'Ingénieur Civil, à la Revue
Exotique et Coloniale, à la Revue
de France, au Petit Caporal, au Soleil du Dimanche,
au Bonhomme breton, au Petit Rennais, à la
Nation, à l'Evénement, au Mondain
illustré, à la Presse où il publie de nombreux
romans et de nombreuses nouvelles.
Mais où ce bûcheur
se révèle surtout, c'est chez l'éditeur Juven, où il entra après
avoir dirigé pendant deux ans la Bretagne, journal
royaliste quotidien du Finistère.
Chez Juven,
chroniques, nouvelles, romans, science vulgarisée, études
historiques, s'accumulent dans toutes les publications de cet
éditeur.
On voit le nom de
d'Hampol, dans la Vie scientifique, dans la Contemporaine, dans la
Lecture illustrée, dans le Monde moderne, enfin dans la Vie
illustrée.
Dans cette dernière
publication l'œuvre de L. d'Hampol est considérable : Sous les
pseudonymes de J. Grey, de Leo Cahu, de Jean Carmant, d'un
Volontaire, de Johnson, etc., il donne des nouvelles fantastiques
comme l'Homme aux yeux fixes, la Vengeance d'un Dieu,
Hyparxis, des romans, comme les Conspirateurs,
des romans traduits de l'anglais, comme les Adieux de Nikolas,
le Captif de Pekin, Voyage au pays
des Boers, le Journal d'un volontaire, des
études comme le Monde Juif, la Défense
des côtes avec la collaboration de M. Edouard Lockroy, ou, pour
être plus exact, avec les renseignements fournis par l'ancien
ministre de la marine ; l'Affaire Humbert, reportage complet
que je voudrais voir donner en exemple aux jeunes reporters qui
s'essaient dans la carrière, etc.
Une blessure grave
que reçut L. d'Hampol l'obligea à abandonner la plume pendant plus
de deux ans. Mais son activité ne lui permet pas de quitter la
presse, comme le lui conseillaient les médecins.
Il entre à Femina,
à Musica, à la Vie au grand air, à Je Sais tout,
et y accomplit de prodigieux tours de force, en réussissant des
reportages sensationnels. Il reste deux ans avec Pierre Lafitte, et
quitte la maison pour Madame et Monsieur où il continue ses
contes fantastiques et scientifiques et ses reportages amusants.
Madame et
Monsieur change de direction, et voici L. d'Hampol parti pour
l'Angleterre. Aussitôt, nous voyons paraître dans les magazines
anglais des nouvelles et des articles sous son nom et sous son
pseudonyme Jean Carmant.
Revenu en France, il
donne les Déboires d'un détective
au Soleil ; le Crime impossible au Supplément ;
les Mystères de Russel Square, au Paris-Journal. Il
vient d'écrire encore pour le Soleil : Le Manuscrit rouge
qui doit paraître incessamment.
Dans le Charivari,
il se signale par une vigoureuse campagne anti-allemande qui lui valu
avec la haine des Germains l'approbation de tous les patriotes.
Citons pour mémoire
: la Goélette du diable et les Millions de
Van-Beden, romans parus autrefois dans la Bretagne. Une
série de nouvelles : le Plomb fondu ; L'Autre;
Un ami infernal; les Trois petites vieilles
de l'omnibus, etc., etc. parus dans Nos loisirs et de
nombreux articles dans le Monde illustré.
Citons encore un
curieux roman, le Trésor des Jacobins, paru dans
l'Omni-Revue.
L. d'Hampol aime à
dire souvent qu'avec ce qu'il a écrit et ce qui a été publié de
lui, on remplirait une bibliothèque, rien n'est plus exact.
Je passe sous
silence ses chansons qui furent interprétées par Dayle, aux «
Poètes chansonniers », ses monologues et les actes auxquels il
collabora.
Quant aux journaux
qu'il fonda, je ne dirai pas qu'ils sont légions, mais ils sont
nombreux, et combien ont réussi ! Prenons par exemple, Bourse et
Parlement, un de nos plus grands organes illustrés, et que
dirigent brillamment nos distingués confrères Henri Benoit et
Maurice Richard.
L. d'Hampol, que les
années ne touchent pas, est rédacteur en chef de l'un de nos plus
vieux quotidiens « La France Nouvelle », créée en 1828 et que
dirigea pendant longtemps le grand Dumas, le Pierre des deux
Corneille.
Détail amusant :
Notre confrère qui a publié plus de 20 volumes, qui a attaché son
nom à des milliers d'études scientifiques, littéraires,
artistiques, qui a écrit des milliers d'articles, n'est même pas
officier d'académie.
Il met une certaine
coquetterie, à ne pas fleurir sa boutonnière, pour qu'il n'y ait
pas d'équivoque possible.
JULES DE BIENNES. In
L'Idée moderne, revue bi-mensuelle politique, littéraire et
économique, 3è année Nouvelle Série n° 4-28 daté du 1er juin
1913
A lire sur ArchéoSF:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire