Jules Lermina a produit quelques textes de science fiction et des textes fantastiques aux côtés d'une importante oeuvre romanesque tendant vers le socialisme avec notamment des suites d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue.
On trouve dans un numéro du quotidien L'Aurore ce "bavardage" dans lequel Jules Lermina se demande : "Que sera le monde de demain ?". Rappelons la proximité de Jules Lermina avec les milieux socialistes et anarchistes et que L'Aurore accueillait Zola, Clémenceau, etc.
Bavardage
Que
sera
le
monde
de
demain
?
Les
utopistes
d'autrefois
ont
toujours
tablé
sur
le
connu,
pour
le
développer,
l'améliorer,
l'idéaliser.
Que
ce
soit
la
République
de
Platon,
la
Cité
du
soleil
de
Campanella,
l'Utopie
de
Thomas
Morus,
les
fantaisies
de
Voltaire
et
dans
des
temps
plus
récents
la
Cité
future,
l'An
2000
de
Bellamy
et
tant
d'autres
dont
la
liste
serait
interminable,
on
a
toujours
tablé
sur
les
faits
actuels
ou
les
institutions
existantes
pour
bâtir
un
système
qui
n'était
après
tout
qu'une
sorte
d'épanouissement
de
ce
qui
était
en
ce
qui
peut
être.
Aujourd'hui,
il
semble
bien
qu'il
n'en
soit
pas
de
même
et,
en
dépit
des
détracteurs
du
temps
présent,
il
est
bien
difficile
de
ne
pas
avouer
qu'un
monde
nouveau
commence,
scientifiquement,
industriellement
si
dissemblable
du
passé
que
tout
point
de
repère
nous
manque
pour
imaginer l'avenir.
L'aviation,
dans
la
catégorie
des
conquêtes
physiques,
le
radium,
dans
le
domaine
des
sciences
naturelles
nous
ouvrent
des
horizons
tellement
imprévus
que
même
avec
l'irnagination
la
plus
envolée
il
est
impossible
de
deviner
ce
que
ces
découvertes
peuvent
produire
de
changements,
dans
la
vie
sociale,
dans
les
rapports
des
peuples
entiers,
dans
la
carte
au
monde,
dans
la
configuration
géographique
de
la
terre.
Nos
fils
seront-ils
plus
heureux
que
nous
?
C'est
notre
espoir,
mais
comme
ce
qui
se
modifiera
le
moins
sera
la
mauvaiseté
humaine,
nous
en
sommes
à
nous
demander
si
tous
ces
progrès
ne
seront
pas
exploités
pour
rendre
plus
âpre,
plus
féroce
la
lutte
pour
la
vie
et
pour
la
domination.
Plus
de
frontières,
c'est-à-dire
plus
de
guerres
plus
de
compétitions
farouches
pour
un
bout
de
terrain,
plus de
douanes,
la
production
universelle
servant
à
satisfaire
les
besoins
de
tous.
sans
monopole
national,
sans
accaparement,
et
produisant
le
bien-être
pour
tous.
Ce
serait
trop
beau,
comme
aussi
cette
pensée
nous
éblouit
de
toutes
les
forces
motrices
produites
par
la
matière
elle-même
par
la
radio-activité,
domestiquée
et
mise
au
service
de
l'effort
humain,
réduit
à
un
rôle
de
direction
et
d'intellectualité.
Voilà
le
rêve
que
peuvent
former
les
utopistes
d'aujourd'hui
:
mais
ne
sont-ils
pas
arrêtés
par
cette
conviction
que
demain
apportera
encore
des
découvertes
nouvelles,
dont
nous
ne
pouvons
avoir
aucune
précision
?
Qui
sait
si
l'X
de demain
ne
bouleversera
pas
toutes
les
notions
acquises,
de
telle
sorte
que
nous
soyons
pour
les
vivants
futurs
les
hommes
d'avant
cet
X,
c'est-à-dire
des
sortes
d'ignorants
et
de
sauvages,
comme
nous
disons
aujourd'hui
les
préhistoriques
ou
les
hommes
du
moyen
âge.
Dormir
mille
ans
-
et
se
réveiller
en
l'an
3000,
ce
que
très
certainement,
nous
aurions
l'air
d'imbéciles
!
Cette
certitude
rabat
un
peu
notre
caquet,
pas
vrai
!
Jules
LERMINA
in L'Aurore,
n° 4659, 10 août 1910
Image : Jules Lermina
L'Effrayante aventure de Jules Lermina
Biographie de Jules Lermina
Bibliographie de Jules Lermina ( fantastique et SF)
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