Obsèques
de
M,
J.-H.
Rosny
aîné
président
de
l'académie
Goncourt
Ce
matin,
à
10
h.
15,
ont
eu
lieu
les
obsèques
de
M.
J.-H.
Rosny
aîné,
président
de
l'académie
Goncourt, président
honoraire
de
la
Société
des
gens de
lettres.
De
nombreux
amis
appartenant
au monde
de
la
littérature
et
des
arts
s'étaient
réunis à
la
maison
mortuaire.
Des
discours
ont
été
prononcés,
notamment
par
le professeur
Jean
Perrin,
de l'Académie
des
sciences, ancien
sous-secrétaire
d'Etat
à
la
recherche,
scientifique, parlant
au
nom
de
M.
Yvon
Delbos,
ministre de
l'éducation
nationale,
par
M.
Léo
Larguier,
au
nom
de
l'académie
Goncourt,
et
par
M. Jean
Vignaud,
président de
la
Société
des
gens
de
lettres.
Discours
de
M.
Jean
Vignaud
M.
Jean
Vignaud
a
retracé
en
termes
émus
la
longue et
brillante
carrière
de
son
maître
et
ami,
auquel il
a
apporté le
tribut
d'admiration
et
de
reconnaissance de
tous
les écrivains
de
France.
Après avoir
dit
quelle
impression
de
nouveauté
et de
force
avait
produite
1
apparition
de
son
premier
roman
Nell Horn,
et
passé
en revue
ses
romans préhistoriques
tels
que
Vamireh,
la Guerre
du feu,
et
ses
autres
romans
de
mœurs
révolutionnaires
:
le
Bilatéral,
les
Amours
rouges,
la
Charpente
et
l'Impérieuse
bonté,
M.
Jean
Vignaud
a
dit
en
ces
termes
quels
étaient
les
dons
magnifiques de
l'illustre
écrivain,
et
quel
fut
le
retentissement de
son
oeuvre
:
De
cette
oeuvre
énorme
à
laquelle
collabora
pendant
plusieurs années
Rosny
jeune,
que
nous
associons
aujourd'hui
dans
notre
admiration
et
notre
chagrin,
on
ne peut,
faute
de
temps,
que
souligner
la
grandeur
et le
rayonnement.
Hors
de
nos
frontières,
certains
écrivains,
comme
Wells,
devenus
justement
célèbres,
se sont
inspirés.
de
ce
merveilleux
sçientifique
dont
Rosny
aîné
a
été
le
créateur.
«
Il
possède,
a
dit
de
lui
le grand
savant
Jean
Perrin,
une
connaissance
vaste
et
précise
des
lois
de
la
nature.
Mathématiques,
astronomie,
physique,
géologie,
biologie
lui
sont
également
familières.
En
science
comme
en
littérature,
Rosny,
a
les dons
d'un
créateur
génial.
«
Après
la
lecture
de
bon
beau
travail:
le Pluraliste,
Jean
Perrin
a
dit
combien
il
regrettait
que
Rosny
n'ait
pu
trouver
le
temps
nécessaire
à
l'expérimentalisme.
Observation
pénétrante, rigueur
logique,
imagination
prodigieuse,
sens
profond de
la
beauté
propre
aux
sciences
«
ce
sont
plus qu'il
n'en
fallait,
dit-il,
pour
en
faire
un
des
premiers
physiciens
de
tous
les
temps
».
Enfin,
l'imagination
du
romancier
est
si
puissante
qu'elle
donne
à
ses
productions
la
réalité
des
choses
vues.
Chacun
de
ses
personnages,
- a
dit
plus
loin
M.
Jean
Vignaud -
se
demande
avec
désespoir
au
nom
de
quelle fatalité
la
vie
est
toujours
souillée
par
les
ténèbres
du
meurtre.
Depuis
vingt-cinq
ans, les
hommes
de notre
temps
tiennent
le
même
propos.
Et
quand
Rosny aîné
parle
de
ces
ferromagnetaux,
de
ces
êtres
de fer
vivant
qui
cherchent
à
précipiter
la
mort
de
l'humanité,
il
semble
qu'il
ait
prévu
la
barbarie
germanique,
qui
par
ses
déportations
de
peuples,
par
le
rétablissement de
l'esclavage,
par
sa
haine
de
tous
les
cultes, voudrait
ramener
une
partie
de
l'Europe
aux
jours les
plus
obscurs
de
la
préhistoire,
et
faire
peser
sur ses
populations
je
ne
sais
quelles
vieilles
terreurs
primitives.
Mais
le
.visionnaire
aura
raison
jusqu'au
bout,
car
il
nous
montre
dans
tous
ses
romans
l'esprit
d'union
et
d'amour
triomphant
de
la-férocité
et
de
l'infamie.
Dans
les
fresques
révolutionnaires
brossées
par
J.-H. Rosny
aîné,
ses
personnages
les
plus
audacieux
défendent
éloquemment
l'idée
de
patrie. Il
fut aussi
un
ardent
féministe.
Si
la
foule
n'a
pas
entendu
ses
prophéties,
ses
cris
d'alarme ou
ses
appels
désespérés,
a
dit
en
terminant
M. Jean
Vignaud,
c'est
parce
que,
semblable
aux
grands oiseaux
du
large,
il
est
demeuré
au-dessus
d'elle, trop
haut
dans
l'espace.
Il
n'a
jamais,
par
des
complaisances, par
des
compromissions,
par
des
soumissions,
recherché
ses
suffrages.
Il
a
demandé
à
son
art
seul
des
forces
secrètes
et
des
points
d'appui.
C'est
pourquoi
Rosny
aîné
représente
pour
nous,
ses
admirateurs
et
ses
amis,
l'homme
de
lettres
fier,
pauvre, indépendant,
l'artiste
à
l'état
pur,
l'honneur
et la
dignité
de
notre
profession.
In
Le Temps, n° 28647, 20 février 1940
Jean Vignaud prononça en 1936 un discours en l'honneur de JH Rosny aîné que l'on peut lire sur le blog JH Rosny.
Jean Vignaud prononça en 1936 un discours en l'honneur de JH Rosny aîné que l'on peut lire sur le blog JH Rosny.
(1) Force ennemie de John-Antoine Nau est disponible aux éditions Publie.net dans la collection ArchéoSF.
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