Anticiper les éléments du quotidien est une occupation régulière des chroniqueurs. Ici Le petit Grégoire imagine la mode du futur...
SOURIRES
Ce
que
sera
la
mode
en
1950
ou
en
l'an
2000
?
A
ce
sujet,
les
Américains
se sont
livrés
à
des
prévisions
fantaisistes.
En
France,
nous
étudions
le
problème plus
sérieusement
et
j'aperçois,
d'ailleurs,
au
tréfonds
d'un
article
publié
par
le
docteur
P.
E.
Morhardt,
dans
la
«
Vie
Médicale »
quelques
indices
qui
se
traduiront
fatalement
- tôt
ou
tard
- par
des
réalités...
Ce
docteur,
en
avance
d'un
siècle
au moins
sur
son
époque,
ne
tari
pas
d'éloges sur
le
costume
féminin.
Et
je
crois, fichtre,
qu'il
a
raison
nos
soeurs
respirent
mieux
que
nous,
elles
n'enfouissent pas
leurs
bras,
ni
leurs
jambes, ni
leur
gorge
dans
des
tissus
épais, elles
reçoivent
très
intelligemment
le
maximum
de
radiations
solaires...
Ce
maximum
est
même
franchi,
en
été,
sur
les
plages,
mais
passons...
Il
est
donc
scientifiquement
établi
que le
vêtement
hygiénique
est
le
vêtement
fin,
aéré,
transparent,
décolleté.
-
A bas
les
faux-cols
! ajoute
le
docteur Morhardt,
s'adressant
surtout
aux hypertendus
qui
risquent
chaque
soir une
hémorragie
cérébrale...
Et
si
vous
m'en
croyez,
messieurs,
utilisez
les fards
afin
d'éviter
les
vieillissements
précoces...
Très
bien.
Je
constate
avec
plaisir
que l'homme
est
appelé
à
s'orienter
vers la
dentelle,
la
chaussette
ajourée,
la
poitrine
au
vent,
pendant
que
la
femme,
de
plus
en
plus,
manifestera
son
goût
pour
le
feutre
à
large
bord, les
gilets,
les
cravates,
les
bottes
à
l'écuyère...
Laissons
le
temps
faire
son ouvrage,
mais
un
jour
- ne
me
demandez pas
de
date
précise,
je
vous
en
prie
un
jour
- les
deux
tendances
se rejoindront
: la
logique
exigera
alors que
les
couturiers
sortent
de
leurs
ateliers
le
complet
convenant
aux deux
sexes,
le
costume
léger
et
ouvert, combinaison
idéale
issue
de
la
robe
et
du
pantalon,
du
veston
et
du
corsage!...
Cette
solution
est
conforme,
après
tout,
aux
suggestions
élastiques
du
docteur Morhardt...
Et
elle
implique,
au surplus,
une
économie
appréciable
dans
les
budgets
familiaux,
l'habit
étant endossé
par
Monsieur
dès
que
Madame est
de
retour
à
la
maison...
-
Mais qui
portera
la
culotte
?
interroge le
vieux
légiste
imbu
des
préjugés du
Code
Napoléon...
-
La question
ne
se
pose
pas,
Monsieur
le
vêtement
unique,
en
égalisant
les
sexes,
supprime
le
problème
de l'autorité
conjugale...
Le
Petit
Grégoire,
chronique « Sourires », in L'Ouest
Eclair,
n° 9873, 7 novembre 1928
A lire sur ArchéoSF: La mode en l'an 2000 (1898)
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