Un petit texte paru en 1934 dans la rubrique "Sourires" à la Une de L'Ouest-Eclair imagine que le Kid du film du même nom de et avec Charlie Chaplin a vécu sa vie à l'envers, à l'instar de ce qui se passe dans L'Horloge des siècles d'Albert Robida.
SOURIRES
Mettre
la
charrue
devant
les
boeufs,
commencer
par
où
l'on
devrait
finir,
constitue
un
exercice
acrobatique
peu
en
vogue
chez les
Français
: n'empêche
qu'il
est
très
américain...
En
douteriez-vous
en
lisant
la
vie
de
Jackie
Coogan
?
Cette
vie
est
une
marche
à rebours
qui
inflige
un
solennel
démenti
à
tous
les
professeurs
d'expérience
et
de
sagesse... Elle
n'est
pas
encore
écrite,
je
sais... Mais
je
peux
vous
en
tracer
les
grandes
lignes
:
«En
1919,
cinq
lustres
brillant
sur
sa
jolie tête,
Jackie
avait
déjà
conquis
une
gloire mondiale
réservée
d'ordinaire
aux
vieillards
éminents...
Entre
deux
parties
de bille,
il
tournait
les
chefs-d'oeuvre
de
l'écran, lesquels
tournaient
ensuite
tous
les
cervelets
de
la
planète...
On
l'appelait
l'enfant prodige
en
réalité,
il
était
le
vieux « prégosse
»,
c'est-à-dire
le
mortel
qui
a
été
quinquagénaire
avant
d'être
gamin.
« En
1924,
l'artiste
couvert
de
lauriers
et de
dollars
prenait
une
retraite
bien
gagnée.
A
l'âge
de
dix
ans,
on
aspire
non
à
la
pompe
mais
au
repos
- cela
se
conçoit
- quand
on
a
porté
la
perruque
des
jeunes premiers
d'Hollywood
et
abîmé
ses
prunelles aux
feux
pleins
d'artifices
des
sunlights...
« En
1935,
ayant
décroché
sa
majorité
à la
manière
d'un
président
du
Conseil
luttant contre
les
coups
du
destin,
le
petit
père
conscrit
obtenait
la
démission
de
son
conseil judiciaire...
Tout
comme
un
barbon
séquestré en
raison
de
ses
folles
dépenses.
«
En
1955,
Coogan
songea
- il
n'est
jamais trop
tard
pour
bien
faire
- à
acheter
un
peu
d'instruction...
Il
en
avait
les
moyens...
On
le
vit,
quadragénaire
studieux,
briller
dans
la
lecture
et
l'écriture.
Vers 1960,
il
passait
son
certificat
d'études
américaines.
«
Enfin,
en
1985,
il
atteignait
l'enfance,
cette
enfance
joyeuse
et
sans
soucis
qui laisse
de
si
beaux
souvenirs
chez
les
hommes...
»
Ainsi
se
termina
l'aventure
fantastique
du «
Kid
»
qui
descendit
le
chemin
de
l'existence au
lieu
de
le
monter...
Plus
tard,
les
enfants
d'Amérique
étudieront,
non
sans
ébahissement,
cette
course d'une
lumineuse
écrevisse
dans
le
livre que
prépare
un
érudit
californien
et
qui aura
pour
titre
«
De
viria
illustribus
urbis...
Hollywoodis
».
Le
Petit
Grégoire,
« Sourires », L'Ouest
Eclair,
n° 13873, 31 octobre 1934.
Notes:
Il y a des coïncidences étonnantes entre la vraie vie de Jackie Coogan et cette biographie fictive:
En 1935, il a 21 ans, il gagne un procès lui permettant de récupérer une partie des droits dont il avait été spolié par sa mère et son beau-père.
Dans les années 1960, il ne s'instruit pas mais joue dans la série La Famille Adams (il incarne l'oncle Fester).
Il n'atteint pas tout à fait l'enfance en 1985 car il meurt d'une crise cardiaque en 1984.
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