En 1930, le périodique Comoedia demande à différentes personnalités "Quelles sont les statues de Paris
qu'il faudrait supprimer ?". Paul Reboux répondait déjà dans un programme théâtral:
M. Paul Reboux
Nous n'avons pas eu
le plaisir d'interroger M. Paul Reboux. A peine cette enquête
était-elle commencée que nous trouvions ces lignes de lui dans un
programme de théâtre.
Imaginez qu'un
cataclysme ait soudain plongé la France entière dans un océan
Atlantique subitement élargi.
Les
scaphandriers-archéologues du XXXe siècle; en découvrant Paris
dans les profondeurs abyssales de la mer, seraient exposés à de
bien singuliers raisonnements.
— Etrange
découverte! diraient-ils. Nous avons constaté que les habitants de
cette fameuse Ville-Lumière ne devenaient importants que bien après
l'âge mûr. En effet, les statues dont les fragments ont été
trouves sur les places publiques sont toutes des statues de vieux
messieurs. Les Français avaient-ils donc coutume de ne trouver de
valeur aux-hommes qu'à l'âge où ceux-ci avaient cessé d'en avoir?
Ou bien les personnes mûres avaient-elles coutume, chez ce peuple,
d'opposer une solide barrière au développement des mérites
nouveaux? Quoi! Pas un homme beau et bien fait, dans la force de
l'âge, n'a mérité de Paris une statue ? ne rendait-on hommage qu'à
la décrépitude.? Il y aurait du vrai -en de telles réflexions.
Pourquoi,
d'ailleurs, garnir de statues nos places et nos refuses, au point de
les rendre aussi encombrés que nos chaussées ? Il est pourtant des
moyens plus habiles, plus logiques, et de meilleur goût pour
perpétuer le souvenir d'un grand homme...
Qu'on donne à une
découverte le nom de son auteur ; à une loi scientifique le nom du
savant qui, le premier, l'a formulée à ,un remède le nom du
médecin ou du chimiste qui l'a imaginé. Voilà l'hommage rationnel.
Pour l'écrivain,
pour le poète, une édition soignée, mais d'un prix accessible au
populaire, fixerait harmonieusement, la pensée et l'art d'un auteur.
Il vaut mieux, en
effet, répandre et célébrer les œuvres des gens, que de figer
ceux-ci en une altitude quelconque, pour que, cinquante ans plus
tard, cette statue d'un illustre oublié ne serve plus que de point
de rencontre aux amoureux, à l'heure crépusculaire des
rendez-vous...
In Comoedia n° 6334 daté du 21 mai 1930
Il existe un dessin signé André Hellé (1871-1945) sur le même thème de l'invasion des squares par les statues. La date et la provenance restent inconnues pour le moment :
In Comoedia n° 6334 daté du 21 mai 1930
Il existe un dessin signé André Hellé (1871-1945) sur le même thème de l'invasion des squares par les statues. La date et la provenance restent inconnues pour le moment :
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