M. Vincent-Marie Viénot de Vaublanc (1756-1845) est de ces hommes politiques qui, dans une période troublée, parviennent à survivre à tous les régimes ou presque. Sa carrière se déroule de 1789 à 1830. Il se rallie successivement aux idées de la Révolution française (tendance royalisme modéré), à Napoléon Bonaparte (après le coup d'état du 18 brumaire), sert Napoléon Ier (il est préfet de Moselle entre 1805 et 1814), se rallie à Louis XVIII puis est député ultra-royaliste entre 1820 et 1827.
Le comte de Vaublanc est connu pour avoir défendu La Fayette en 1792. Dans l'extrait de ses Mémoires (publiés en 1857), Vaublanc livre quelques hypothèses sur des actions que La Fayette aurait pu mener et ainsi changer l'histoire de France.
Le plus grand reproche qu'on ait fait à Lafayette est son inaction pendant la nuit du 6 octobre. C'était pendant son sommeil, à Versailles, que des factieux envahissaient le palais du roi et cherchaient la reine dans tous les appartements pour l'égorger: Cet attentat ne serait pas arrivé si Lafayette avait passé la nuit au château, et peut-être le roi n'aurait pas été dès le lendemain traîné captif à Paris.
II y a quelque apparence que Lafayette était instruit de la fuite du roi en 1791, et qu'il aurait pu l'empêcher s'il l'avait voulu. Lorsqu'il envoya des aides de camp pour l'arrêter, le roi avait une avance si considérable qu'il serait arrivé à Montmédy, comme il le voulait, s'il n'avait pas été reconnu en route.A la fin de 1792, Lafayette commandait une armée qui faisait éclater ouvertement une haine violente contre les jacobins, maîtres alors de Paris. Les régiments de cette armée, leurs colonels et des généraux adressèrent à la chambre des Députés les adresses les plus énergiques contre les factieux. Elles étaient secondées par la voix d'un grand nombre de provinces et de leur administrateur. Si Lafayette avait eu un de ces caractères vigoureux que nous trouvons dans notre ancienne histoire, il aurait marché sur Paris avec trois ou quatre mille hommes ; il y aurait trouvé trois bataillons excellents de garde nationale, plusieurs régiments suisses et un grand nombre de bons citoyens prêts à braver tous les périls pour le soutien du trône, et bien plus encore pour écraser une faction qui menaçait à la fois la vie et les propriétés de tous les hommes qui ne se déclaraient pas en sa faveur. La présence de Lafayette aurait enhardi la majorité des Députés, et il aurait pu facilement la conduire avec le roi à Compiègne ou à Rouen ; il n'aurait eu contre lui qu'une faible populace.
- Mémoires de M. le comte de Vaublanc, Firmin-Didot frères, 1857, p. 175-176
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