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ISSN 2496-9346

mardi 14 juin 2022

[Conférence] M. Michon, La femme future, d’après la littérature contemporaine (1906)

Dans Le Mémorial des Vosges du 6 février 1906 est relatée une conférence donnée par M. Michon pour les Amis de l'Université de Nancy ayant pour titre "La femme future, d'après la littérature contemporaine". Il évoque les auteurs Paul Bourget, Marcel Prévost, Paul Adam, Anatole France, etc. Au cours de la conférence puis de la discussion qui suit, ces messieurs imaginent certes une femme libérée, indépendante, émancipée... mais toujours mariée et mère...

 

Les « Amis de l’Université de Nancy »

 

C’est à Epinal que la « Société des amis de l’université de Nancy » inaugurait, il y a quelques années, la série de ses conférences au pays de Lorraine. L’orateur était M. Bichat, doyen de la faculté des sciences, décédé l’an dernier. M. Mieg, adjoint au maire d’Epinal, qui présidait la réunion de dimanche, dans le grand salon de l’Hôtel de Ville, a évoqué la mort du regretté défunt et lui a adressé, en excellents termes, aux applaudissements unanimes d’un auditoire nombreux et choisi, un souvenir ému.

M. Michon, le conférencier du jour, professeur à cette même université de Nancy, auquel M. Mieg a souhaité ensuite la bienvenue, a dit tout d’abord combien ses souvenirs d’enfance lui étaient revenus en foule à son arrivée à Epinal, où il a passé sa toute première jeunesse. Il a continué par une allusion flatteuse à l’ouvrage récent de M. René Perrout : Autour de mon clocher, où l’auteur, qu’anime le véritable esprit lorrain, montre une ferveur si discrète et si profonde pour notre vieille cité.

M. Michon a développé ensuite, en littérateur érudit et fortement documenté, en philosophe averti et éclairé, avec parfois une ironie très fine, et toujours un excellent esprit, le sujet de sa conférence : « La femme future, d’après la littérature contemporaine ».

Il a dépeint cette femme de 1950, de l’an deux mille et au delà, telle que la prévoient les romanciers imaginatifs : Paul Bourget, Marcel Prévost, Paul Adam, Anatole France, etc. Il a montré la femme indépendante, totalement émancipée, entièrement détachée des soins matériels du ménage ; abandonnant la coquetterie et ses moyens naturels de séduction ; l'intellectuelle intransigeante entichée de sa science, la vierge apôtre du féminisme... finissant toutefois par avouer qu’elle n’a pas, trouvé le bonheur dans la sécheresse du cœur.

Le distingué conférencier estime que l’émancipation de la femme future ne peut aboutir qu’au maintien du mariage, et même à sa consolidation, car il y aura toujours l’enfant et par conséquent la mère. Aucun, progrès social ne pourra être acheté au prix de la dissolution de la famille. Le député allemand Richter l’a démontré lumineusement dans cette brochure que le Mémorial a publiée : « Où mène le socialisme ».

La femme de l’avenir, fût-elle libérée moralement et légalement, abandonnât-elle son foyer pour s’adonner à la science, aux plaisirs ou à la politique, restera toujours mère ; le culte de l’enfant sera toujours vivant en son cœur, avec ses devoirs et aussi besoins de tendresse. Cette puissance, cette volonté impérieuse de la nature seront, quoi qu’il -advienne, la meilleure sauvegarde de la société contre les excès du féminisme à outrance.

M. Mieg a félicité M. Michon —que l’auditoire avait, de son côté, chaleureusement applaudi — et il l’a remercié d’avoir démontré que « la femme future ne sera pas supérieure à la femme d’aujourd’hui ».

M. Henry Mengin, président de la société, qui a pris le dernier la parole, a remercié de son hospitalité gracieuse l’aimable municipalité d’Epinal, et en particulier M. Mieg, qui a eu la délicate attention d’adresser un souvenir à la mémoire du regretté M. Bichat. Il a remercié enfin l’assistance, puis très spécialement M. Michon, « professeur éminent, savant distingué et causeur charmant ».

M. Mengin —très applaudi — a terminé par d'heureuses considérations sur la famille et sur le rôle important de la mère, à qui tout homme doit généralement ce qu’il a de cœur, d’esprit et d’intelligence. M. Mengin ignore ce que l’avenir réserve à nos arrière-neveux ; mais il estime qu’ils auront lieu de se déclarer satisfaits s’ils trouvent dans la femme future ces trois vertus qui la font toute : la grâce, le dévouement et la pudeur.

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