André Mas a peu produit d'oeuvres conjecturales mais on lui doit un Les Allemands sur Vénus paru en juillet 1914 (mauvaise date pour une oeuvre germanophile) qui nous raconte la conquête non pas de Mars mais de Vénus et le partage de l'espace par les puissances européennes et les Etats-Unis avec une large part laissée aux pionniers germaniques.
Jean Luc Boutel parle longuement de cette oeuvre sur son site ( lire l'article)
Le texte ne me semble pas très connu en définitive (1) mais on peut trouver dans Le Pionnier, un périodique créé en janvier 1922, ce texte (que je reproduis intégralement):
La
Conférence de
Washington et
le partage
de l'Espace
Les
lignes qu'on
va lire
sont extraites
du dernier
chapitre du
roman «
Les Allemands
sur Vénus
». Ce
roman fut
écrit avant
la guerre.
Il parut
en Juillet
1914.
Utilisant
la découverte
du Français
Hauchet, une
expédition
germanique a
atteint la
planète Vénus.
Elle réclame
du secours...
(N.D.L.R.).
Presque
simultanément
Carnegie,
d'Estournelles
de
Constant
et
Flammarion
proposèrent
une
conférence
internationale.
Washington
fut
choisi
première réunion diplomatique
à
porter
la
marque
entière
de
l'âge
scientifique,
car
il
fallait,
derrière
les
paroles
des
délégués,
une
force
industrielle,
l'or
scintillant
et
la
pesante
volonté
des
foules.
L'Humanité
blanche
et
les
Jaunes
d'abord
se
regardèrent
en
silence.
Le
Japon,
au
moins,
quoique
éprouvé
par
une
récente
crise
financière,
concevait
des
espoirs
sans
limites.
Il
réclama
sa
place
dans
le
Cosmos,
ardemment.
Il
ne
fallait
pas
perdre
de
vue
que
l'homme
avait
mis
cent
mille
ans
pour
asseoir
sa
domination
sur
ce
monde.
Combien
de
temps
faudrait-il
pour
d'autres
planètes
?
L'entente
s'irn
posait,
absolue.
Cependant
le Congrès
ne:
fut
pas
trop tardif,
contrairement
à
beaucoup
de
congrès,
car,
sans
perdre
de
temps,
les
Américains
travaillaient
a
Panama.
L'Allemagne
mettait
en
chantier
une
série
de
croiseurs
interplanétaires,
Adler,
Himmelsgeier,
tous
munis
dès
derniers
perfectionnements
et
de
machines
spécialement
disposées
pour
l'atmosphère
de
Vénus.
Il
fallut
s'accorder.
L'Italie
réclama
une
part
de
Mars,
s'appuyant
sur
les
travaux
de
Sschiaparelli,
le
grand
observateur
de
la
planète
rouge.
Elle
obtint la
zone
équatoriale.
Naturellement
l'Allemagne
garda
Vénus,
occupée par
ses
nationaux,
mais,
sur
leur
demande,
elle
accorda
aux
Yankees
des
tarifs
préférentiels
et
des
options
de
mines.
D'où
trust.
L'énorme
Russie
se:
vit
accorder
la
Lune.
Elle
n'en
demandait
pas
plus,
s'estimant
déjà
suffisante
puissance
terrienne
;
mais
elle
obtint
des
compensations
vers
la
Perse
et
l'Extrême-Orient
Et
puis
ce
fut
l'occasion
d'un
emprunt
garanti
par
la
nouvelle
colonie
— le
4
1/2
%
«
Brouillard
de
Ptolémée
».
L'Autriche-Hongrie
eut
sa
part,
pas
grand'chose,
et
sur
Mars
sans
qu'on
sût
pourquoi.
Mais
au
fond
du
coeur
les
Autrichiens
méditaient
d'y
déporter
les
Hongrois
qui pensaient
aux
Polonais,
qui
se
souvenaient
des
Croates,
qui...
Pour
faire
taire
les
Etats
plus
faibles,
on
leur
attribua
en
bloc
les
astéroïdes
entre
Mars
et
Jupiter.
Peut-être
ne
furent-ils
pas
contents
mais ils
durent
faire
comme
s'ils
l'étaient.
Les
Suisses
industrieux
obtinrent
cependant
Eros,
planétoïde de
deux
cents
kilomètres
de
diamètre,
dont
l'orbite
passe
entre
Mars
et
la
Terre.
Ils
pensaient
déjà
à
une
Hôtellerie
interplanétaire.
Pour
la
première
fois
depuis
qu'il
y
eût
traités
et
congrès,
l'Angleterre
n'eût
rien.
Jamais;
les
Britishers
ne
purent
prendre
la
chose
au
sérieux,
car
il
n'y
avait
pas
de
précédent
l
Après
l'Allemagne
et
l'Amérique,
la
Belgique
avait
raflé
ce
qui
restait,
mines
sur
la
Lune,
pôles
de
Mars,
planétoïdes
divers,
se
réservant
d'en
tirer
parti,
au
moins
pour
des
chemins
de
fer.
L'administration
française
ne
put
procéder
avec
la
sage
lenteur
qu'elle
chérit.
Un
cri
public
et
l'intervention
personnelle
du
Chef
de
l'Etat
nous
firent
accorder
le
continent
Herschell
et
d'autres
terres
martiennes,
un
observatoire
sur
la
Lune,
deux
autres sur
Vénus,
et
l'on
créa,
sans
perdre
de
temps,
le
ministère
des
Relations
planétaires.
Il
fallait
un
astronome
;
on
y
mit
donc
un
avocat.
D'ailleurs
le
territoire
Martien,
le
plus
important,
fut
constitué
en
gouvernement
militaire
et
rattaché
aux
Colonies
;
par
conséquent
les
Hyperavions
étaient
attribués
à
la
Mariné.
Et
7.477
discours
furent
prononcés,
dont
7.473
seulement
sur
la
défense
laïque.
Au
Japon
furent
reconnus
dés
droits
éventuels sur
Jupiter,
le
géant
égal
à
treize
cents
Terres.
L'appétit
dès
Yankees
ne
fut
assouvi
qu'en
annexant
aux
bandes
et
aux
étoiles
les
planètes
lointaines
de
:
Saturne,
Uranus,
Neptune,
et
au-delà
celles
qui
n'étaient pas
encore
découvertes.
Mais
la
diplomatie
allemande
eût
dés
compensations
:
tous
les
satellites
de
ces
mondes
énormes
avec
ceux
de
Mars,
et
sur
chacun
de
ces
immenses
globes
des
rectifications
de
frontières
qui
arrivèrent
à
dix
milliards
de
kilomètres
carrés,
soit
dix-huit
mille
fois l'Empire,
presque
vingt
fois
la
Terre
entière,
ce
qui
contenta
même
les
Pangermanistes.
De
Mercure,
monde
minuscule
sous
un
soleil
de
flamme,
nul
ne
sembla
se
soucier
d'abord.
Puis
les
Grecs
l'annexèrent,
ce
qui mécontenta
les
Italiens.
Ceux-ci
écrivirent
partout
que
Mercure
avait
été
dieu
des
Voleurs.
Donc...
L'Humanité
se
mit
à
l'oeuvre.
La
seconde
expédition
fut
celle
de
Michel
de
Lursac,
vers
Mars,
et
si
elle
n'atteignit
pas
la
planète
rouge,
à
dessein,
elle
résolut
presque
totalement
l'énigme
de
ce
monde.
L'occupation
et
la
conquête
industrielle
de
la
Lune
fut
l'oeuvre
des
années
qui
suivirent.
Une
autre
expédition,
dix
ans
plus
tard,
atteignit
Mars,
et
la
perfection
de
la
T.
S.
F.
en
ces
temps
écoulés
était
déjà
suffisante
pour
permettre
une
communication
constante
à
travers
le
gouffre
de
l'espace.
Sur
Vénus,
l'Homme
étendait
sa
race,
parmi
une
nature
puissante
et
terrible,
tour
à
tour
hostile
et
favorable.
C'était
le
refuge
futur
quand
mourrait
notre
Terre,
dans
des
millénaires
démesurément
loin
encore,
hors
le
manteau
fluide
des
mers
et
des
vents.
Les
croisières
interplanétaires
vers
Vénus,
Mars,
la
Lune:
devinrent
chose
rapide,
courante,
facile
à
partir
du
milieu
du
XXe
siècle.
Une
humanité
ambitieuse,
énergique
et
dure
au
travail
eut
devant
elle
la
tâche
immense
et
joyeuse
de
trois
mondes
à
équiper
suivant
ses
besoins
et
ses
désirs
à
elle.
Et
elle
ne
trouva
ennemie
nulle
autre
Humanité,
car
sur
Vénus
elle
n'existait
pas
encore,
sur
la
Lune
elle
n'existait
plus
et
sur
Mars
elle
finissait.
Nos
lecteurs
ont
tous
lu
l'oeuvre
poignante
de
Jorge
Raubier-Brown
:
Les Cerveaux
qui meurent
— une
Humanité
qui
s'en
va
— un
livre
immortel
consacré
aux
Martiens
agonisants.
L'Heure
avait
été
marquée,
propice,
pour
l'Homme
de
la
Terre.
La
Divinité
l'avait
ainsi
voulu,
dans
ses
plans
gigantesques.
Devant
le
poète
Mayer,
dont
le
chant
célèbre
enflamma
lés
générations
qui
précédèrent
l'ère
du
contrôle
de
Vénus,
se
dessinait
lentement
ce
tableau
formidable.
Sous
ses
yeux
même
la
Cité
des
Etoiles
s'étendait,
immense,
bourdonnante, multitude d'hommes actifs
et
heureux.
Sa
statue
géante le
confrontait,
montrant
du
doigt
le
ciel.
Il
regarda
cette
beauté
nouvelle
faite
d'ordre,
de
jeunesse
et
d'énergie
sans
trêve,
cette
beauté
que
les
Anciens
eussent
admirée.
Et
de
sa
main
déjà
défaillante,
il
écrivit
lés
derniers
mots
de
l'Hymne
Impérial,
Son
oeuvre ultime
qui eut
partout:où:
résonne
sa
langue
le
succès
le plus
colossal, car
il
y
a
enfermé,
mieux
que
nul
ne
le chanta
jamais,
l'ambition
sans
limites
de
'Allemagne, sa
confiance
en
elle-même
et
son
orgueil
immense
:
Nous
sommes de
la race
des fils
du dieu
du Marteau,
Et
nous avons
la volonté de
conquérir l'empire
des Etoiles
Et
de devenir
le peuple
des Seigneurs
de l'Infini.
André
Mas, « La conférence de Washington et la conquête de
l'espace »
in
Le Pionnier n° 9, septembre 1922.
(1) Les éditions Rivière Blanche ont eu la bonne idée de rééditer en un volume deux textes d'André Mas : Dryméa et Les Allemands sur Vénus avec une préface d'Eric Stoffel et une
introduction et des notes de Brian Stableford. Le livre doit paraître prochainement.
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