Un petit article publié en 1930 dans L'Européen mentionne une pièce de Bernard Shaw dont j'ignore presque tout et que je ne suis pas certain d'avoir vraiment identifié. Le sujet est un débat en 2014 entre un Anglais et un Allemand au sujet de la Guerre de 1914-1918. Une sorte de "Cent ans après"...
En
2014...
Il
paraît
que
l'infatigable
Bernard
Shaw
travaille
à
une
nouvelle
pièce.
Suivant
la
mode
littéraire
du
jour,
il
a pris pour
sujet
la
guerre
de
1914,
mais,
naturellement,
il
va
le
traiter
à
sa
manière,
avec
toute
la
causticité
de
son
esprit.
La
pièce
pourrait
s
intituler
:
Cent ans
après,
car
l'action
se
passe
en
2014.
La
guerre
est
entrée
dans
le
domaine
de
l'histoire,
c'est-à-dire
qu'elle
est
devenue
un
pensum
pour
tous
les
enfants
des
écoles...
Le
1er
août
2014,
pour
le
centième
anniversaire,
un
célèbre
historien
anglais
fait
une
conférence,
et
tandis
qu'il
parle,
le
spectateur
voit
se
dérouler,
dans
des
tableaux
successifs,
divers
épisodes
du
conflit
européen.
Au
deuxième
acte,
on
est
transporté
à
Berlin.
Un
savant
allemand
raconte
lui
aussi
la
guerre
et,
de
nouveau,
plusieurs
scènes
montrent
comment
cet
Allemand
se
représente
les
événements.
En
l'espace
d'un
siècle,
on
aurait
dû
semble-t-il,
fixer
l'histoire
de
ces
années
terribles...
Pas
du
tout.
L'Anglais
et
l'Allemand
voient
toujours
la
guerre
de
1914
avec
des
yeux
différents.
Ils
appartiennent
à
deux
écoles
historiques
opposées
:
l'un
est
partisan
du
matérialisme
historique
et
l'autre
est
féru
d'idéalisme.
Vous
pensez
si
Shaw
se
moque
autant
de
l'un
que
dé
l'autre.
Ces
gens
à
systèmes
n
ont
oublié
qu'une
seule
chose
:
les
horreurs
de
la
guerre,
son
affreuse
réalité,
quotidienne.
Bien
entendu,
la
pièce
ne
serait
pas
de
Shaw
si
elle
n'était
pas
un
canevas
commode
pour
faire
la
satire
de
toute
la
société
européenne
du
XXIe
siècle.
Il
étale
les
progrès
inouïs
de
la
science
:
des
aéroplanes-fusées
font
des
voyages
réguliers
sur
Mars
et
dans
la
lune,
il
y
a
dans
toutes
les
maisons
des
appareils
de
T.S.F.
d'une
puissance
énorme,
on
a
réussi
à
décomposer
l'atome,
etc.
Mais
les
hommes,
que
sont-ils
devenus
au
milieu
du
triomphe
de
la
technique
?
Ils
sont
restés
tels
qu'ils
étaient
jadis,
avec
tous
leurs
défauts,
leurs
vanités,
leurs
mesquineries,
leurs
vices,
et
ni
les
horreurs
de
la
guerre,
ni
les
plus
magnifiques
découvertes
ne
les
ont
rendus
meilleurs...
«
Je
crains
qu'aucun
théâtre
ne
veuille
jouer
ma
pièce
»,
a
déclaré
Bernard
Shaw
dernièrement.
Bien
entendu,
il
pense
tout
le
contraire,
et
ses
prétendues
craintes
ne
sont
que
coquetteries
d'un
dramaturge
gâté
par
le
succès
et
sûr
de
lui.
In
L'Européen, Hebdomadaire économique, artistique et littéraire,
19 février 1930
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire