Les écrivains engagés existent depuis les débuts de la littérature. Leurs engagements peuvent être divers, sur tout le spectre de la politique, de gauche comme de droite. L'anticipation et la politique fiction peuvent être les moyens de défendre leurs idées. Ainsi trouve-t-on des oeuvres rédigées par des royalistes. Léon Daudet, le fils d'Alphonse Daudet ayant embrassé les idées de l'Action Française de Charles Maurras, dans Le Napus imagine une monarchie en France dans le futur.
Sous le pseudonyme de Géris se cache un auteur que je n'ai pas pu identifier. Quo Vadimus (1903) ne compte une histoire politique conduisant au rétablissement de la monarchie au début du XXe siècle. Le Mois littéraire et pittoresque, périodique dans lequel est parue la critique suivante, était une publication catholique sensible aux idées monarchistes.
QUO
VADIMUS.
Histoire des
temps
prochains,
par
F.
R.
GÉRIS.
Un
vol.
in-8
de
306
pages,
3
fr.
50,
1903.
Beauchesne,
83,
rue
de
Rennes,
Paris.
Si
l'histoire
a
ses
lois;
ces
dernières
doivent,
à
travers
la
diversité
des
peuples
et
des
temps,
se
retrouver
au sein
des
événements
et
provoquer
les
mêmes
résultats.
Si
toujours
les
excès
de
la
démocratie
ont,
dans
le passé,
préparé
la
voie,
à
la
monarchie,
il
ne
saurait
en
aller
autrement
à
notre
époque,
et,
fatalement,
le
socialisme nous
amènera,
par
voie
de
réaction,
l'empire
ou
la
royauté.
C'est
de
royauté
qu'il
s'agit
dans
Quo Vadimus.
C'est
aux
premiers
jours
du
règne
de
Philippe
d'Orléans
que
se
réalise,
sous
les
bénédictions
de
l'Eglise,
le
rêve
de
Bruno
Hautefort
et
de
Marcelle
de
Tréville,
ébauché
au milieu
des
expulsions
de
la
troisième
République.
De
cette
dernière,
M.
Géris
nous
montre
les
tyrannies
croissantes; puis
nous
voici
sous
la
présidence
de
M.
Waldeck-Rousseau,
dont
la
main
a
bien
pu
déchaîner
mais ne
peut
plus
retenir
la
révolution
:
celle-ci
éclate,
lugubre
et
sanglante,
jusqu'au
jour
où
le
général
Vindex, sollicité
de
sauver
la
France
par
le
duc
d'Orléans,
conduit
celui-ci
au
trône.
Très
vivement
écrit,
Quo Vadimus
entraîne
le
lecteur
et
l'intéresse
tristement
au
tableau
d'un
passé
récent. Mais
quand
l'écrivain
aborde
l'avenir,
on
ne
peut
s'empêcher
de
lui
adresser
un
sérieux
reproche,
celui de
laisser
transparaître
trop
clairement
les
noms
des
acteurs
ou
des
victimes
des
événements
prochains.
De pareilles
précisions
sont
excessives,
et
les
romanciers
ne
peuvent
à
ce
point
se
transformer
en
prophètes.
Emmel,
in Le Mois
littéraire et pittoresque,
décembre 1903
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire